Très bien.
Plus de 200 000 personnes ont regardé cette vidéo d'elle agressée alors qu'elle avait été droguée et était inconsciente. Ce jour d'août, mortifiée après la découverte de cette trahison qui lui a donné le vertige, elle a pensé se suicider:
Elle se souvient: « J'étais dans mon garage, tenant un nœud coulant accroché à une poutre, mais j'ai finalement changé d'idée. » Elle poursuit: « Je me suis dit que s'il m'a fait ça il va faire la même chose à quelqu'un d'autre demain. » Elle a décidé de trouver une solution et de se battre, pour empêcher qu'il arrive la même chose à d'autres filles.
Plusieurs des témoins que nous avons entendus nous ont raconté des histoires similaires.
M. Kristof insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas là de pornographie, mais bien d'un viol et d'une agression sexuelle. Il a également entendu une étudiante canadienne dire: « Je n'ai pas de problème à ce que des adultes ayant donné leur consentement tournent des scènes pornographiques. » Ce qui la préoccupe est que nombre de personnes apparaissant dans ces scènes ne soient pas des adultes consentants, comme ce fut son cas. M. Kristof raconte que, quand elle a eu 14 ans, un homme l'a incitée à s'adonner à des jeux sexuels sur Skype. Il l'a enregistrée en cachette. Un clip vidéo dans lequel on donnait son nom au complet s'est retrouvé sur le site XVideos, le site de pornographie le plus visité dans le monde. Google facilitait la recherche de cette vidéo illégale d'abus sexuels d'un enfant. L'étudiante canadienne a raconté à Nicholas Kristof l'insistance avec laquelle elle a demandé à XVideos de retirer ce clip. Au lieu de cela, XVideos en a hébergé deux copies de plus afin que des centaines de milliers de personnes puissent la regarder avec concupiscence au moment le plus horriblement gênant de sa vie.
Je tiens aussi à souligner qu'une autre étude parue au début du mois pourrait se révéler importante pour les travaux du Comité. Publiée par le British Journal of Criminology, elle a examiné la mesure dans laquelle les scènes d'agression sexuelle et de violence semblent être devenues la norme dans le domaine de la pornographie. En analysant les vidéos et les titres figurant sur les sites d'hébergement de pornographie les plus populaires au Royaume-Uni, c'est-à-dire XVideos, Pornhub et XHamster, cette étude a constitué le plus important échantillon de recherche sur la pornographie en ligne à ce jour, avec plus de 130 000 vidéos. Elle est unique par l'intérêt qu'elle porte au contenu publicisé immédiatement auprès des nouveaux utilisateurs. Les chercheurs ont constaté qu'un titre sur huit de ceux montrés à un nouveau visiteur sur la page principale des sites pornos annonce des violences sexuelles ou des contenus non consensuels.
Monsieur le président, nous avons entendu des gens de toutes origines nous raconter comment ils ont été ciblés et exploités par des entreprises comme Pornhub et c'est précisément le sujet de cette étude.
Kate avait 15 ans et son ancien ami en avait 20. Il aimait, entre autres, enregistrer des vidéos tournées à domicile et il l'a filmée. Un jour il lui a montré la vidéo sur un site pornographique. Elle a essayé de faire retirer le contenu de Pornhub, mais il lui a fallu des années pour y parvenir.
Rosa avait 16 ans et elle avait trop bu lors d'une fête chez un ami. Quand elle s'est réveillée, il y avait des photos d'elle nue sur Pornhub avec son nom et son numéro de téléphone. Elle a été tellement harcelée au téléphone et dans des messages texte qu'elle a dû changer de numéro.
Nicole a décidé à 14 ans d'avoir sur FaceTime une discussion à caractère sexuel avec un inconnu. C'est une décision qui allait changer sa vie. Elle ne savait rien de son interlocuteur, ni son nom, ni son âge, ni rien d'autre. Elle a raconté lui avoir montré des parties intimes de son corps. Elle l'ignorait à ce moment-là, mais il a enregistré une vidéo et l'a téléversée sur Pornhub, sous le titre « Jeune adolescente ». Ce qualificatif n'a pas retenu l'attention de Pornhub alors qu'il aurait du suffire à faire effacer cette vidéo de son site. « Des années plus tard, des camarades de classe ont découvert que j'avais fait de la pornographie, alors que j'étais enfant. Je me suis adressée maintes fois à la police pour faire supprimer cette vidéo, mais je n'y parviens pas. »
Voici maintenant une vidéo de Rosella qui a été violée quand elle avait 14 ans. Cette vidéo est pourtant toujours en ligne sur Pornhub.
À 15 ans, Kyra a été contrainte de participer à un acte sexuel filmé. La vidéo a été téléversée sur Pornhub, par un mineur et sans son consentement. Personne n'a vérifié l'âge de la jeune fille ni si elle avait donné son consentement. « À la suite de cela, j'ai fait face à des problèmes d'images, de TSPT et j'éprouvais de la gêne face aux questions sexuelles. Cela a duré de cette époque jusqu'à l'âge adulte. C'est ce qui m'est arrivé, mais j'ai entendu des histoires similaires d'autres femmes. Je ne pardonnerai jamais à Pornhub d'avoir permis ainsi qu'on abuse de moi et de l'avoir rendu public. Cela m'a fait revivre ma peine, année après année après année. »