Je vous remercie. Je suis, moi aussi, un peu nerveuse.
Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous présenter quelques réflexions sur cette étude au nom de l'Initiative pour les micronutriments. Avant d'aborder le fond du sujet, je voudrais vous dire quelques mots de l'IM.
Comme mère, je sais que je veille à ce que mon fils ait assez à manger, mais je surveille aussi ce qu'il mange. Les micronutriments tels que la vitamine A, le zinc, l'iode et le fer sont des éléments essentiels d'une bonne nutrition, des éléments essentiels à la santé humaine. Pourtant, à l'échelle de la planète, des milliards de personnes — j'ai bien dit des milliards — n'absorbent pas suffisamment des vitamines et des minéraux dont elles ont besoin pour survivre et s'épanouir.
Les déficiences en vitamines et en minéraux affectent tout un tiers de la population mondiale, nuisant à la santé des gens et en empêchant beaucoup de réaliser leur plein potentiel. Par conséquent, depuis près de 20 ans, l'Initiative pour les micronutriments, qui a son siège au Canada, s'est efforcée de trouver et de mettre en oeuvre des solutions peu coûteuses mais hautement efficaces pour combattre les déficiences en vitamines et en minéraux dans les populations les plus pauvres de la planète. En fait, nous sommes devenus des chefs de file mondiaux dans ce domaine. La portée et l'impact de nos efforts sont vraiment impressionnants. Au cours de la seule année dernière, nos programmes ont touché près de 500 millions de personnes.
Cela est attribuable au leadership que nous avons manifesté ainsi qu'au généreux appui du gouvernement du Canada, par l'entremise de l'Agence canadienne de développement international, et de partenaires exceptionnels comme Teck, dont je vous parlerai un peu plus tard. Avant d'aborder le partenariat d'IM avec Teck, j'ai pensé qu'il serait bon, parce que votre étude est surtout centrée sur l'aide et le secteur privé, de passer en revue certains aspects de notre travail dans lesquels le secteur privé a joué et peut jouer un rôle dans le succès et la durabilité de nos programmes.
L'iodation du sel a été une grande victoire non seulement pour l'IM, mais pour le monde entier. La déficience en iode est la principale cause évitable de lésions cérébrales. Elle peut baisser considérablement le quotient intellectuel de populations entières. Les effets les plus graves des déficiences en iode se produisent au stade du développement foetal et dans les premières semaines de la vie. Il est donc critique de toucher les femmes en âge de procréer et les jeunes enfants.
Comme le sel est un produit de consommation courante, même dans les régions très pauvres du monde, c'est un véhicule idéal pour administrer des suppléments d'iode. En fait, la stratégie mondiale préférée de prévention des troubles dus au manque d'iode est l'iodation universelle du sel. Nous tenons pour acquis, lorsque nous allons à l'épicerie, que tout le sel offert dans le commerce est iodé, mais cela n'est pas vrai dans de nombreux endroits des régions pauvres du monde.
L'iodation du sel constitue l'une des interventions mondiales les plus grandes et les plus efficaces en santé, intervention qui n'aurait pas été possible en l'absence du rôle central joué par le secteur privé. Au milieu des années 1990, 20 p. 100 seulement du sel consommé dans le monde était iodé. Aujourd'hui, ce pourcentage a grimpé à environ 75 p. 100.
L'IM travaille avec de petits et moyens producteurs de sel, leur offrant de l'assistance technique, des connaissances spécialisées et parfois même des applications technologiques, pour faire en sorte d'ioder les 25 p. 100 restants de sel non iodé dans le monde. Je dois ajouter que cette intervention, qui ne coûte littéralement que quelques sous par personne, a un énorme impact.
Le mois dernier, j'étais à Bima, coin très isolé de l'Indonésie. En compagnie d'un certain nombre de nos employés, je me promenais dans les marais salants pour m'entretenir avec les ramasseurs de sel. Ceux-ci remplissaient des bassins peu profonds d'eau tirée de l'océan à l'aide de pompes actionnées par le vent ou par des pédales. L'eau s'évapore sous l'action du soleil, et la solution de plus en plus concentrée est pompée dans différents bassins jusqu'à ce que le sel puisse littéralement être ramassé par les femmes à l'aide d'un râteau pour être séché et apprêté en vue du traitement.
À Bima, nous travaillons avec ces petits producteurs de sel pour améliorer leurs entreprises. Nous appuyons les efforts qu'ils déploient pour établir une coopérative de sel qui leur permettra d'augmenter leurs bénéfices, nous leur accordons une certaine aide technique pour les aider à satisfaire aux normes du gouvernement et à améliorer leur méthode de traitement et nous leur fournissons du matériel mobile d'iodation qui pulvérise de l'iode sur le sel pendant qu'il est moulu afin de produire le sel iodé qui améliorera la vie de la population et favorisera le développement de cerveaux sains. En iodant le sel, on peut relever le quotient intellectuel moyen d'une population de 13 points. Voilà un exemple de situation où l'intervention du secteur privé sert l'intérêt public.
Voici un autre exemple. J'ai apporté avec moi quelques accessoires. Vous me pardonnerez, je suis incorrigible. Nous appelons ceci des chispitas. Ce sont de petits sachets contenant de multiples micronutriments en poudre: fer, vitamines A et C, zinc. Ils permettent d'augmenter la valeur nutritive des aliments donnés aux petits enfants. Imaginez un petit village dans une région rurale — ce mélange vient de Bolivie — où ce qui cuit dans la marmite familiale est servi à tous les membres de la famille, même aux tout petits d'un an ou de moins de deux ans. Il peut s'agir par exemple d'une bouillie d'avoine. Si vous ajoutez le contenu de ce petit sachet — qui ne coûte vraiment que quelques sous — à la portion des enfants, vous leur donnerez un repas d'une excellente valeur nutritive.
En Bolivie, l'IM travaille avec le ministère de la Santé sur une soumission visant à produire des micronutriments en poudre et à offrir de l'assistance technique aux producteurs du secteur privé. Les producteurs étaient motivés parce qu'ils ont un acheteur garanti du secteur public. En fin de compte, les chispitas ont été vendus avec succès aux utilisateurs ultimes dans le cadre d'un programme de ventes subventionnées organisé par le secteur privé. Encore une fois, c'est un exemple d'intervention du secteur privé qui sert l'intérêt public.
Je vais vous donner un dernier exemple avant de parler de notre partenariat avec Teck. Il s'agit de vitamine A.
Cette petite capsule rouge a un petit bouton à l'une de ses extrémités. On arrache le bouton et on pince la capsule pour en vider le contenu de vitamine A dans la bouche d'un enfant. Elle a l'air très simple, mais c'est une petite merveille de technologie et de santé. Elle coûte deux cents, et il suffit d'en donner deux par an pour prévenir la cécité, renforcer le système immunitaire et sauver des vies. Je répète: deux cents par capsule et deux capsules par an pour sauver une vie.
Avec l'aide de l'ACDI, l'IM a distribué 7 milliards de ces capsules à des enfants partout dans le monde. Pour arriver à le faire, nous collaborons avec des fabricants du secteur privé afin de nous assurer de la production de la quantité voulue de vitamine A de grande qualité pour répondre à la demande mondiale. La production du secteur privé doit satisfaire aux normes les plus élevées. Imaginez, en effet, la technologie qu'il faut pour s'assurer que cette petite capsule gardera son précieux contenu en bon état dans une chaleur torride et survivra au transport à destination des endroits les plus éloignés du monde. J'ai vu des flacons de ce produit dans des cliniques du Kenya et dans des postes sanitaires isolés de l'Éthiopie.
L'administration de suppléments de vitamine A a contribué à une véritable révolution dans le domaine de la survie des enfants. Encore un autre exemple où le secteur privé sert l'intérêt public.
Enfin, mon dernier exemple — qui est aussi l'un des plus intéressants — concerne la collaboration de l'IM avec le gouvernement du Canada et la société Teck Resources pour former un partenariat privé-public-société civile appelé l'Alliance du zinc pour la santé de l'enfant.
Il y a une maladie persistante qui tue plus de 4 000 enfants par jour ou 1,5 million par an: c'est la diarrhée. Malheureusement, personne n'en parle. On entend parler de pneumonie et de paludisme, mais pas assez de diarrhée. Il est vraiment temps de commencer à en parler.
La réhydratation orale combinée à 10 doses de zinc constitue le nouveau traitement extrêmement puissant pour combattre les maladies diarrhéiques. De nombreux pays essaient d'ajouter du zinc à leurs programmes de santé pour enfants et demandent à cette fin l'aide d'organismes tels que l'Initiative pour les micronutriments. C'est là qu'intervient la société Teck. Dans le cadre de son engagement en matière de responsabilité sociale des entreprises, Teck a offert à l'IM un financement de 5 millions de dollars pour renforcer ses programmes de traitement de la diarrhée par réhydratation orale et administration de zinc. À cette généreuse contribution s'ajoute un financement à trois pour un offert par l'ACDI, qui est une autre partenaire de l'alliance.
Le premier projet de l'alliance sera réalisé au Sénégal avec l'aide et le leadership du gouvernement sénégalais. Nous envisageons d'étendre ce projet à quatre autres pays où nous pensons obtenir des résultats. Nous pensons que l'alliance peut sauver et améliorer la vie d'enfants partout dans le monde. Elle permettra donc au Canada non seulement d'atteindre ses objectifs de Muskoka, mais aussi de montrer la voie de la prochaine révolution en matière de survie des enfants. Voici encore un autre exemple du secteur privé au service de l'intérêt public. L'IM est honorée d'être partenaire de cette entreprise.
Je voudrais dire, pour terminer, que l'IM apprécie beaucoup ses relations avec des partenaires privés tels que la société Teck et considère que ce partenariat fait partie intégrante des moyens mis en oeuvre pour s'acquitter de sa mission. Par conséquent, nous nous félicitons de la décision du comité d'entreprendre cette étude.
Je vous remercie.