Monsieur le Président, tout d'abord, je voudrais me joindre à ceux qui ont déjà exprimé leurs condoléances à la famille de notre ami Ron Duhamel, avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur de nombreuses questions, incluant celle des anciens combattants lorsqu'il était ministre des Anciens combattants.
Je me souviens récemment d'être allé avec lui à l'hôpital des anciens combattants avant qu'il ne quitte son poste. Il portait une perruque. Il me disait à quel point c'était difficile de subir les premiers effets du cancer.
C'était un homme remarquable que j'estimais beaucoup. Je présente encore une fois toutes mes condoléances à sa famille.
J'étais en Norvège en août et j'ai eu l'occasion de parler au secrétaire d'État de l'Environnement de ce pays. Il me disait avec quelle fierté la Norvège avait ratifié le Protocole de Kyoto. Ce fut un des premiers pays à le faire avant même l'Union européenne.
Il me disait que la Norvège, qui est un des plus grands producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz au monde, allait en partie financer son plan de Kyoto par le biais des redevances des compagnies pétrolifères en Norvège.
Quel contraste immense avec le premier ministre de l'Alberta, M. Klein, qui nous fait des menaces de quitter la fédération, de se séparer de nous, à cause de Kyoto! Aujourd'hui, nous avons entendu le chef de l'opposition officielle nous dire qu'il allait se servir de toutes les astuces de son parti pour bloquer le processus de Kyoto et se joindre aux provinces récalcitrantes pour faire en sorte que ce protocole ne soit pas ratifié. Quelle confiance!
Et pourtant, l'évidence est très claire. Depuis plusieurs années déjà, les Nations Unies ont accrédité 2 500 experts scientifiques de premier calibre. Ceux-ci sont arrivés à la conclusion que l'apport anthropologique, soit l'effet des humains, sur le changement climatique, est tout à fait significatif. Ils nous ont pressés de prendre les mesures les plus rapides pour changer notre façon de faire et pour changer notre façon de vivre.
Kyoto est loin d'être parfait. Aucun de ces accords internationaux n'est parfait. On peut tous les passer en revue; les accords internationaux ne sont jamais parfaits. Pourtant, c'est une résolution collective des pays, surtout les pays les plus riches et industrialisés, de changer leurs façons de faire, de vivre différemment, de créer et de fabriquer différemment afin de sauver la planète.
En fait, il est ironique que ce soient les pays les plus riches et les plus favorisés qui aient créé tous les dégâts. En fait, ce sont ces mêmes pays qui ont le plus bénéficié du développement incontrôlé des dernières décennies. En même temps, ce sont les pays innocents, par exemple, les petits pays insulaires, qui ont souffert des causes qui ont été manufacturées par les pays riches et développés.
Ces pays innocents nous disent: «Qu'avons-nous fait pour mériter cela? Il vaut mieux que vous changiez vos façons de faire et vos habitudes de vie le plus tôt possible.»
Il ne fait aucun doute que l'accord de Kyoto revêt une importance planétaire, bien qu'il s'agisse par-dessus tout d'une question d'équité internationale. Au nom des pays innocents, nous devons modifier nos façons d'agir. L'accord de Kyoto représente un processus collectif, une volonté collective de modifier nos façons d'agir. Compte tenu des compétences énormes et des ressources abondantes dont il dispose, le Canada demeure le pays le moins avancé sur le plan des énergies renouvelables.
Les statistiques abondent au sujet de l'énergie éolienne. À titre d'exemple, l'Allemagne produit 6 000 mégawatts. Un petit pays comme le Danemark produit 2 500 mégawatts et a créé des milliers d'emplois liés à l'énergie éolienne. Le Canada présente une production d'à peine 200 mégawatts.
Sur le plan de l'énergie solaire, le Japon a atteint 128 mégawatts, tandis que le Canada se situe à peine à 2 mégatonnes. En ce domaine, un pays pauvre comme l'Inde devance nettement le Canada. Il possède le deuxième parc d'éoliennes en importance dans le monde et a investi 450 millions de dollars US dans un projet visant à dispenser de l'énergie solaire dans le secteur domiciliaire.
L'autre jour, j'écoutais une entrevue avec le directeur général adjoint de la British Petroleum, M. Rodney Chase, qui participait à l'émission As It Happens. Il expliquait qu'au cours des huit dernières années, la BP, un producteur de pétrole, a réduit ses émissions de 10 p. 100 par rapport à 1990 sans la moindre dépense supplémentaire. Il a ajouté que la production avait parallèlement augmenté de 5,5 p. 100 et que cette tendance se poursuivra maintenant jusqu'en 2005 sans l'ombre d'une pénalité pour BP.
Il est ironique de constater que Calgary, la ville du premier ministre de l'Alberta, a installé des capteurs solaires sur ses abris d'autobus. La ville fait appel à l'énergie éolienne pour assurer la propulsion des trains du réseau C-Train en ville.
En 2000, les gagnants des prix d'efficacité énergétique dans le domaine du logement ont été récompensés parce qu'ils ont amélioré l'efficacité de leurs maisons de 25 à 42 p. 100 par rapport à la norme R-2000. Selon l'Office de l'efficacité énergétique, si les gens acceptaient d'investir un montant de 4 000 $ au fil des ans, ils pourraient réduire leur facture énergétique de 25 p. 100 l'an. Pourtant, le Canada continue d'utiliser l'additif MMT et est un des seuls pays industriels à ajouter du MMT dans son essence alors qu'il serait possible d'utiliser et de produire en quantité des biocarburants.
Le Canada est le pays le moins avancé sur le plan de l'énergie renouvelable. L'accord de Kyoto nous aidera à changer nos façons d'agir. En réalité, il nous forcera à le faire.
Le chef de l'opposition n'a jamais mentionné les avantages pour notre santé. Comment peut-on dissocier l'environnement de la santé? Comment peut-on dissocier la santé de l'environnement? Les chiffres présentés par le ministre de l'Environnement dans la solution proposée indiquent qu'un programme de santé pourrait réaliser des économies de 500 millions de dollars par année grâce à une meilleure qualité de l'air. Ce sont 5 milliards de dollars sur dix ans que nous devrions utiliser pour atteindre l'objectif de 6 p. 100 fixé dans l'accord de Kyoto. Les opposants ne font qu'offrir des statistiques négatives comme la perte de 450 000 emplois et, pourtant, ils ne savent pas comment cela va se produire.
J'aimerais vous lire un extrait de l'entrevue avec le président-directeur général adjoint de la société British Petroleum. Ce dernier ne se contente pas de fournir des statistiques et de faire des déclarations à l'emporte-pièce. Il a dit ceci à propos du changement climatique:
...nous pensons qu'on ne peut prouver cela et nous préférons prendre immédiatement des mesures que nous ne regretterons pas plus tard. S'il y a vraiment un réchauffement de la planète et que ce phénomène a quelque chose à voir avec nous, si les conditions climatiques changent pour le pire et que c'est notre faute, alors nous pouvons prendre ces mesures sans regret, sans compromettre pour autant les emplois et les niveaux de vie dans les pays développés. C'est notre opinion, et tout ce que nous avons fait au cours des quatre dernières années n'y a rien changé. En fait, nous pouvons dire maintenant que l'on peut faire beaucoup plus pour prévenir les émissions de gaz à effet de serre avant même de commencer à se préoccuper des effets que cela pourrait avoir sur l'efficacité de notre industrie.
Encore une fois, il est faux de prétendre que le protocole de Kyoto ou le changement climatique menacent l'efficacité de notre économie.
Je félicite le gouvernement d'avoir pris la décision de ratifier le protocole de Kyoto avant le mois de décembre. Le Canada doit prendre l'initiative et montrer au reste du monde que nous faisons partie d'un mouvement collectif, d'un regroupement international qui veut changer nos façons de penser, nos modes de vie, et faire preuve d'équité à l'égard des nations innocentes auxquelles nous nuisons avec notre pollution.
Je serai heureux le jour où le gouvernement présentera le projet de loi portant sur la ratification du protocole et je l'appuierai de toutes mes forces.