Merci, monsieur le président.
Je tiens à dire combien j'ai apprécié l'occasion qui m'a été donnée d'aller en Haïti juste avant la cérémonie d'entrée en fonction de René Préval. J'ai appris beaucoup de choses. Certaines de mes craintes ont été confirmées, et sur d'autres choses, j'ai changé d'avis. J'espère bien que c'est ce que nous faisons tous quand nous faisons un tel voyage.
J'ai tellement de questions à poser; j'essaierai de me résumer.
Je suis très heureuse de vous entendre souligner l'importance des droits de la personne et de la règle de droit, et tout cela, mais j'aimerais commencer par parler de ce qui pourrait provoquer de l'embarras, quelque chose à quoi nous devons vraiment faire face.
Vous savez que nous avons eu le privilège de rencontrer M. Préval en Haïti, avec son conseiller principal, Jacques Edouard Alexis. Quand M. Préval est venu au Canada, juste avant son entrée en fonction, M. Alexis a été empêché d'entrer au Canada — ce qui a été source d'un embarras monumental, je pense, pour le Canada — parce qu'en principe son nom figurait sur une « liste noire ». Je me demande si vous pouvez préciser exactement ce que cela signifie.
Par la suite, la nomination de M. Alexis a été confirmée par une vaste majorité du Sénat et du Parlement, au poste de premier ministre désigné de Préval. Je me demande si vous pouvez m'expliquer comment nous allons remettre de l'ordre dans nos affaires et ce que cela signifie.
Deuxièmement, je partage cet optimisme prudent, vraiment. On a, jusqu'ici, l'impression d'une véritable célébration, à en juger des espoirs qu'exprime la population, mais en même temps, des violations terribles des droits de la personne continuent, notamment la détention de prisonniers politiques qui n'ont jamais été accusés de quoi que ce soit. J'ai eu l'impressions, lorsque nous étions là, que l'une des tensions sous-jacentes venait de la nécessité de s'attaquer à cela avec détermination. Neptune, par exemple, est encore en prison. J'avais eu clairement confirmation qu'il serait libéré avant la cérémonie d'entrée en fonction. Il semble que ce ne soit pas arrivé. Je me demande ce que fait le Canada à ce propos.
Troisièmement, je pense que ce que nous nous efforçons de faire, en matière de réforme pénale, de réforme des prisons, et de rendement du système judiciaire est très important. Je devrais préciser que je n'ai pas été étonnée, à la veille de la cérémonie, qu'il y ait eu un vaste soulèvement dans ce qui est certainement le pire pénitencier que j'ai vu de ma vie. Je n'en ai pas vu énormément, mais les conditions y étaient absolument épouvantables. Des adolescents qui avaient peut-être volé des poules pour sauver leur famille de la famine sont détenus avec des prisonniers politiques — coupables d'on ne sait quoi, et jamais accusés de quoi que ce soit — avec des assassins et des revendeurs de drogue. Personne ne sait exactement qui est coupable de quoi, parce que personne n'a jamais fait l'objet d'accusations. Nous avons vu une prison ou, selon les normes internationales, il devrait y avoir quatre ou six prisonniers par cellule, mais il y étaient 40. Ils pouvaient à peine se tenir debout, et ils avaient droit à une heure de sortie par jour. Je me demande si vous pourriez parler de ces choses-là.
Enfin, j'aimerais dire combien j'ai été impressionnée par le leadership dont ont fait preuve les policiers, nos soldats, et quelques fonctionnaires là-bas. C'était rafraîchissant de les entendre insister sur le fait que la sécurité et le développement économique sont liés. Ils ont plaidé, vraiment, pour la réduction de la pauvreté et l'assainissement environnemental. Comme ils l'ont dit, nous pourrions nous retrouver à tenter de sauver un pays qui n'est pas viable si nous ne le faisons pas, et il est certain que c'est beaucoup de travail à faire.
Je sais que j'ai posé quatre questions. J'aimerais entendre vos commentaires.