Merci, monsieur le président.
Je suis ravie d'avoir entendu mentionner à plusieurs reprises qu'il est important de s'assurer sérieusement que toutes les actions, quelles qu'elles soient, se fondent sur un consensus haïtien. Il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un qui visite un pays pendant quatre ou cinq jours et qui en revient convaincu de l'avoir compris.
Avec certains de mes collègues, j'ai eu l'occasion de me rendre en Haïti juste avant l'inauguration de René Préval. Ce qui m'a profondément troublée, à vrai dire, ce n'est pas seulement le lourd bagage historique du pays, auquel vous avez fait référence, mais aussi l'impression d'être en présence d'une société civile de type ONG presque artificielle, qui semble avoir très peu de marge de manoeuvre. De toute évidence, cette situation est en partie créée par des forces extérieures ou exogènes. J'ai aussi eu l'impression que si Haïti ne s'alignait pas sur une démarche foncièrement d'inspiration américaine, on lui retirerait sans doute cette marge de manoeuvre ou elle perdrait son financement.
J'ai tellement de questions à poser.
Tout le monde semble s'entendre aisément sur la criante nécessité d'apporter des améliorations matérielles — j'entends par là un véritable relèvement de la qualité de vie, ce qui veut dire des emplois, une infrastructure, etc. La question est de savoir comment s'y prendre pour que tout cela se concrétise assez rapidement pour engendrer des succès avant que les gens perdent toutes leurs illusions.
J'ai été étonnée d'entendre M. Graham, si je ne m'abuse, dire qu'il faudrait peut-être mettre en veilleuse les priorités environnementales. En effet, l'une des choses qui s'est imposée à mon esprit, lorsqu'il a été question des mesures à prendre, est l'urgence d'apporter des mesures correctives environnementales. En fait, l'un de nos propres officiers militaires a fait à cet égard une déclaration plutôt brutale. Il a dit que même si l'on garantit la sécurité, à moins d'agir rapidement pour contrer l'érosion à grande échelle résultant de la déforestation et de régler les graves problèmes de salubrité de l'eau et de gestion des déchets, et ainsi de suite, on créerait sans contredit une société non viable qui ne pourrait tout simplement pas survivre, et encore moins prospérer.
La deuxième priorité qui a été mentionnée est le réseau routier. Il semble assez évident que l'on a de sérieuses difficultés ne serait-ce qu'à acheminer des denrées vers les marchés locaux, sans parler des marchés internationaux. Il faut donc régler cela.
La troisième priorité dont vous avez parlé est la faible rémunération des officiers de police. On nous a dit souvent qu'il est arrivé qu'ils ne soient pas payés pendant des mois et des mois. On nous a répété a maintes reprises qu'à moins de remédier à la situation sans délai, il serait impossible de mettre un terme à la corruption au sein des forces de sécurité ou à l'épidémie de vols, d'agressions, de kidnappings, etc., parce que les Haïtiens et leurs familles ne mangent pas à leur faim.
J'aimerais avoir vos commentaires sur ces trois priorités, qui semblent assez évidentes. Quels sont les obstacles? Que peut faire le Canada pour contribuer aux processus, quels qu'ils soient, qu'il faudrait entreprendre si l'on veut vraiment obtenir des résultats?
Trois questions simples...