Madame la Présidente, la motion que nous débattons aujourd'hui porte sur la confiance que tout gouvernement doit mériter et préserver.
Or nous sommes face à un gouvernement qui a multiplié les tromperies et les assauts contre la démocratie, et qui fait preuve d'un manque d'intégrité sans borne.
Nous sommes face à un gouvernement et à un premier ministre qui ont fait une croix sur le Québec.
Il n'y a donc plus aucune confiance possible dans ce gouvernement conservateur.
Le seul fait qu'il soit reconnu coupable d'outrage au Parlement, une première dans l'histoire canadienne, est déjà très grave.
Ce n'est pas une erreur de parcours, et le premier ministre ne peut faire état d'aucune circonstance atténuante.
La décision du chef conservateur de cacher la vérité était préméditée.
De plus, le chef conservateur est un récidiviste notoire. Lui et son parti ont un dossier très chargé en la matière.
Le chef conservateur et sa suite ont érigé le mensonge et la tromperie en mode de gouvernement.
Ils n'ont que faire des faits, de la réalité et de la vérité, comme nous l'avons vu dans le cas des prisonniers afghans.
Cela continue comme cela, les tromperies succédant aux tromperies.
Par exemple, en ce qui a trait à l'achat des avions de chasse, le gouvernement a caché les chiffres.
De même, les projets de loi populistes des conservateurs sur la loi et l'ordre coûteront plusieurs milliards de dollars.
Le chef conservateur et sa suite ont décidé de reprendre la recette américaine, une recette qui a lamentablement échoué et qui coûte cher.
Ils le savent, mais pour eux, ce ne sont pas les résultats des politiques publiques qui sont importants, ce sont les résultats idéologiques.
Le chef conservateur sait très bien que si la population apprend que ses politiques coûtent des milliards, il va échouer à imposer son ordre du jour idéologique.
Pendant des années, le chef conservateur et sa suite ont prétendu qu'ils voulaient redresser le système de justice, mais à chaque fois qu'on leur a donné l'occasion d'éliminer la libération automatique au sixième de la peine, ils ont refusé, trouvant à chaque occasion un nouveau prétexte.
Les conservateurs n'ont pas hésité à répandre des faussetés sur le Bloc québécois, et il aura fallu l'indignation générale face à la libération de Vincent Lacroix pour qu'ils cessent leur petit jeu hyper partisan.
Autre exemple: les conservateurs veulent faire croire à la population qu'ils sont responsables du retour de la croissance économique.
C'est tout le contraire!
S'il n'y avait pas eu un projet de coalition contre son gouvernement à la fin de 2008, le chef conservateur aurait coulé l'économie canadienne et l'économie québécoise.
La seule raison pour laquelle il y a eu un plan de stimulation de l'économie, au demeurant insatisfaisant, c'est que les partis de l'opposition l'ont obligé à le faire.
Le premier ministre affirme aujourd'hui que l'idée même d'une coalition est illégitime, et en cela, il trompe la population.
Car en 2004, il avait lui-même planifié la formation d'une telle coalition, et il le sait. Je vais lire la lettre qu'il a rédigée et que le chef du NPD et moi avons signée.
Le premier ministre pourrait vous demander à n’importe quel moment de dissoudre le 38e Parlement si la Chambre des communes refusait d’appuyer une partie du programme du gouvernement [libéral alors]. Avec respect, nous voulons vous signifier que les partis d’opposition, qui ensemble forment une majorité à la Chambre, ont été en étroite consultation. Nous croyons que si une telle demande de dissolution devait survenir, cela devrait vous amener, considérant les précédents constitutionnels, à consulter les chefs de l’opposition afin de considérer toutes vos options avant d’exercer votre autorité constitutionnelle.
Cette option, c'était que le chef conservateur devienne premier ministre après s'être entendu avec le chef du Bloc et le chef du NPD sur le contenu d'un discours du Trône et d'un budget. Voilà ce qui s'est passé!
Autre mensonge: depuis des mois le premier ministre répète qu'il ne veut pas d'élections.
Or tous les gestes des dernières semaines disent exactement le contraire.
Il n'a pas hésité à orchestrer une campagne publicitaire pré-électorale de 26 millions de dollars avec l'argent des contribuables.
Il a délibérément fait une croix sur le Québec dans son budget pour s'assurer que nous ne puissions pas voter en sa faveur.
Mercredi, le chef conservateur a encore répété qu'il ne voulait pas d'élections, mais il a rejeté du revers de la main toute possibilité d'amender son budget.
Tous les gestes du chef conservateur pointent dans la même direction: il voulait des élections.
Il a dit à la population exactement le contraire de ce qu'il pensait.
Après toutes ces tromperies, comment pourrait-on faire confiance au chef conservateur et à sa suite? D'autant que le dossier conservateur est encore bien plus chargé.
À cet outrage au Parlement, il faut rajouter le patronage, le trafic d'influence, la fraude électorale et les enquêtes de la GRC. Le gouvernement conservateur a multiplié les nominations partisanes, contrairement aux engagements de mettre fin à ces pratiques.
Des enquêtes criminelles sont en cours sur un ancien conseiller du chef conservateur et du ministre des Ressources naturelles. Le parti est accusé d'avoir violé la Loi électorale du Canada, et on ne parle pas ici d'un incident isolé. Selon Élections Canada, on parle d'un système prémédité de fraude électorale. On parle de violations qui seraient le fait des plus hauts responsables du Parti conservateur, des proches du premier ministre et de plusieurs de ses ministres. Pour un parti qui se prétend le champion de la loi et de l'ordre, c'est plutôt pathétique.
Le dossier du gouvernement est très chargé et il n'y a aucune circonstance atténuante. Les conservateurs sont des récidivistes et ne méritent certainement pas la confiance de la population québécoise. Nous allons donc voter en faveur de la motion de défiance contre ce gouvernement, ce parti et son chef. Nous allons le faire sur cette question précise d'intégrité, mais nous allons aussi le faire parce que le chef conservateur n'a pas respecté ses engagements envers le Québec.
Les conservateurs ont fait une croix sur le Québec pour provoquer des élections. Le chef conservateur s'est assuré que les besoins économiques et financiers du Québec seraient complètement ignorés. Le refus de donner une compensation au Québec pour l'harmonisation des taxes en est un exemple frappant. Tous conviennent que cette compensation de 2,2 milliards de dollars est une question de justice élémentaire. Tous les partis de l'Assemblée nationale sont d'accord. L'entente est prête à être signée. Le Québec attend depuis 19 ans.
Mercredi, le lieutenant politique du premier ministre du Québec a osé dire que les élections allaient retarder les négociations avec le Québec. C'est prendre les gens pour des valises, surtout sachant que les conservateurs ont tout fait pour provoquer des élections. La vérité, c'est que les conservateurs savaient qu'ils perdraient des votes au Canada en rendant justice au Québec. La vérité, c'est que les députés conservateurs sont prêts à sacrifier les intérêts du Québec pour obéir à leur maître. Quand vient le temps de parler pour le Québec, de se faire les porteurs de ces consensus québécois, ils se taisent, comme toujours. Il y a un choix délibéré d'ignorer le Québec, de lui tourner le dos. Les Québécois ne l'oublieront pas.
Il y a entre Ottawa et Québec des contentieux qui s'élèvent en tout à 5 milliards de dollars, mais les conservateurs les ont complètement ignorés. On parle d'une somme qui équivaut à 630 $ par Québécois, incluant les bébés. Pour une famille de quatre personnes, ça représente une somme de 2 500 $. Deux milles cinq cents dollars, c'est la somme dont les familles québécoises sont privées en services de santé et d'éducation, par exemple. Pour chaque Québécois et chaque Québécoise, il y a une perte tangible de 630 $ par personne. Nous allons le rappeler aux Québécois et aux Québécoises. Nos demandes font consensus et ne sont que justice. L'Ontario, la Colombie-Britannique, l'Alberta, Terre-Neuve-et-Labrador, les provinces Atlantiques, la Saskatchewan et le Manitoba ont tous eu leur tour. C'est le tour du Québec, et le chef conservateur a choisi, avec la complicité de ses députés du Québec, de nous tourner le dos. Les Québécois ne l'oublieront pas.
Sur le plan social, les conservateurs démontrent qu'ils n'ont que faire de la classe moyenne. Le budget ignore les nécessités maintes fois démontrées d'amorcer une véritable réforme de l'assurance-emploi. Le triste sort des chômeurs et des chômeuses, les conservateurs s'en balancent. Ils déforment les faits, comme d'habitude, en affirmant qu'avec le seuil d'admissibilité de 360 heures réclamé par le Bloc québécois, les gens reçoivent des prestations pendant 50 semaines. C'est faux et ils le savent. Avec un tel seuil, en Gaspésie, c'est 32 semaines, au Lac-Saint-Jean, c'est 20 semaines et à Gatineau, c'est 16 semaines — pas 50.
Pire encore, les conservateurs nous annoncent qu'ils vont puiser à deux mains dans la caisse de l'assurance-emploi pour payer leur déficit, comme l'ont fait les libéraux avant eux. Disons-le franchement et sans détour: c'est carrément du vol.
Au Québec, l'industrie forestière est en crise depuis plus de sept ans et de nombreuses usines ont fermé, jetant des milliers de travailleurs à la rue. Les travailleurs âgés qui ont perdu leur emploi ont besoin d'un programme d'aide. Ça aussi, les conservateurs l'ont ignoré.
Pour ce qui est du Supplément de revenu garanti, les personnes âgées les plus démunies se voient offrir une légère augmentation, mais personne n'est dupe: le seul but des conservateurs était de faire du millage politique, car les conservateurs n'ont même pas eu le coeur de mettre en place l'inscription automatique.
Cela signifie que des milliers de personnes âgées vont être laissées en plan, sans ressources. On voit toute l'étendue de la sournoiserie et du cynisme de ces idéologues qui prétendent vouloir aider les personnes âgées les plus pauvres. Il n'y a qu'un mot pour décrire cette attitude répugnante des conservateurs, c'est « hypocrisie ».
Avec ce budget, l'économie des régions continue d'être ignorée. Après avoir vu l'industrie automobile de l'Ontario comblée d'un cadeau de 10 milliards de dollars, c'était le tour de l'industrie de la forêt au Québec. Mais non, il n'y a là que des miettes. C'est la même chose pour le secteur manufacturier québécois, qui ne pourra compter sur une politique fédérale étoffée pour l'aider à surmonter la hausse du dollar canadien dopé par les prix du pétrole. Tout ce que les conservateurs ont à offrir aux régions du Québec, ce sont des pertes bien tangibles.
Bref, de toutes les façons que nous puissions regarder ce budget, on voit que les conservateurs ont fait l'impasse sur le Québec. Nous allons le rappeler aux Québécois et Québécoises.
Et les dossiers s'accumulent. Par exemple, hier, le gouvernement annonçait avoir conclu une entente avec le Québec au sujet du gisement Old Harry, au large des Îles-de-la-Madeleine. Mais le gouvernement conservateur refuse de mettre ses culottes et de ratifier l'entente conclue entre le Québec et les provinces Atlantiques sur le tracé des frontières que rejette Terre-Neuve. Les conservateurs refusent d'exiger un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du côté de Terre-Neuve tant que le Québec n'aura pas terminé son évaluation environnementale.
Une autre question se pose. Est-ce que le gouvernement conservateur a l'intention d'offrir au Québec les mêmes conditions qu'a reçues Terre-Neuve avec les « side deals » qui lui ont permis de toucher une somme de 4,5 milliards de dollars lors de la signature de cette entente? Ce même mercredi, le ministre de la Défense nationale a affirmé clairement que les intérêts du Québec étaient secondaires et que ceux du Canada devaient primer.
Le gouvernement s'apprête à offrir une garantie de prêt pour l'érection d'un câble sous-marin de transport électrique qui fera économiser des centaines de millions de dollars à Terre-Neuve-et-Labrador et qui nuira à Hydro-Québec et, donc, au Québec tout entier. Que font les députés conservateurs du Québec? Ils avalent la couleuvre et ils se taisent.
Le Québec ne peut pas faire confiance aux conservateurs pour son avenir, cela est très clair. C'est d'autant plus clair que le chef conservateur a pour ambition d'obtenir une majorité et le risque qu'il atteigne son objectif au Canada est bien réel. Il y a là un vrai danger pour le Québec. Si cela arrivait, les conservateurs seraient libres d'imposer leurs politiques idéologiques, des politiques néfastes et contraires aux intérêts et aux valeurs des Québécois et Québécoises. L'idéologie conservatrice, c'est une politique étrangère belliqueuse qui fait honte aux Québécois.
Ce sont des milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires et, souvent, inutiles. L'idéologie conservatrice, c'est la protection des intérêts des grandes pétrolières. C'est toujours plus de prisons et plus d'armes en circulation. L'idéologie conservatrice, ce sont des assauts répétés contre l'environnement, contre le partage de la richesse, contre l'égalité hommes-femmes, contre la science, contre la vérité et contre la démocratie. Une majorité conservatrice, cela signifie la négation complète de ce que nous sommes et de nouveaux assauts contre la culture québécoise. Cela signifie que nos intérêts économiques seront complètement ignorés et nos régions, encore plus délaissées.
Nous ne pouvons ignorer cette menace. Les Québécois sont donc placés devant un choix très clair. D'un côté, il y a les conservateurs qui ont une attitude cynique, sournoise, faite de tromperies et de tricheries. Leur ambition consiste à obtenir une majorité pour imposer sans limite aucune leur idéologie passéiste et dangereuse. Et quand vient le temps de parler pour le Québec, les conservateurs se taisent, ils s'écrasent devant leur maître et laissent tomber les Québécois. On l'a vu à Québec sur la question de l'amphithéâtre et dans tellement d'autres dossiers.
De l'autre côté, il y a le Bloc québécois, le seul parti au Québec capable de barrer la route aux ambitions du premier ministre. Aujourd'hui, nous votons pour signifier que les élus de la population québécoise n'ont pas confiance en ce gouvernement qui a tourné le dos au Québec. Nous ne pouvons faire confiance à ces conservateurs qui ont voulu tromper la population, qui ont multiplié les actions antidémocratiques et qui ont écarté toute notion d'intégrité.
Le chef conservateur et sa suite sont des récidivistes notoires. Ils doivent être condamnés sans hésitation. Ils ne méritent pas la confiance. Aujourd'hui, ce sont les représentants de la population qui votent. Dans quelques semaines, ce sera au tour des électeurs de le faire. Il n'y a qu'un moyen de protéger nos valeurs et la démocratie et ce moyen, c'est justement la démocratie elle-même.