Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de Sherbrooke.
J'ai le plaisir de prendre la parole sur la motion des libéraux concernant les coûts délirants liés à la sécurité dans le cadre des sommets du G8 et du G20, dont voici le libellé:
Que, de l’avis de la Chambre, tout en étant fiers, à juste titre, de voir le Canada accueillir les sommets du G8 et du G20 et déterminés à assurer la sécurité des chefs d’État de la manière la plus efficace et efficiente possible, les Canadiens sont scandalisés que les choix partisans irresponsables et la mauvaise gestion financière aient fait monter en flèche le budget de sécurité qui s’établit maintenant à plus de 1 milliard de dollars, soit six fois plus que le budget initial et plus que le budget total dépensé pour assurer la sécurité des Jeux olympiques d’hiver 2010 pendant 17 jours, la Chambre demande au gouvernement de présenter aux Canadiens une ventilation détaillée de la façon dont les fonds alloués pour la sécurité sont dépensés et des explications quant aux raisons pour lesquelles il a laissé le budget de sécurité escalader de façon vertigineuse.
Je reconnais, dans le libellé obséquieux de cette motion, la marque libérale qui ne veut pas déplaire à son électorat, qui fond comme neige au soleil en ouvrant avec ce rappel que les Canadiens sont fiers, à juste titre, de la tenue de ces événements. Allons donc! Si on demandait aux Canadiens s'ils préfèrent payer 1 milliard de dollars pour le G8 et le G20 ou conserver cet argent à d'autres fins et que ces sommets se tiennent ailleurs, on se doute de la réponse.
Le Bloc québécois est évidemment favorable à la motion et, soyons clairs, à la tenue de ces événements, mais pas à n'importe quel prix. Mille millions de dollars, voyons donc!
Si on payait un voyage à Varadero, à Cuba, à tous ceux qui témoignent leur intention de manifester, sept nuits tout inclus, pas de prix de gros, on pourrait envoyer un million de manifestants en vacances, et il nous resterait 500 millions de dollars pour la sécurité.
On dépense un milliard de dollars, et pas à n'importe quel moment. On dépense cette somme après les Jeux olympiques de Vancouver, qui ont coûté 650 millions de dollars au gouvernement fédéral.
Je me pose une question. N'y a-t-il aucun matériel ayant servi à la sécurité des Jeux olympiques — barrières métalliques, détecteurs de métal hyper-sophistiqués, caméras de surveillance — qui aurait pu être prêté pour le G8 et le G20?
Mine de rien, en 2010, la sécurité commence à coûter cher.
Évidemment, il est impératif d'avoir un lieu sécurisé pour tenir des événements internationaux sur le territoire canadien. On ne doit pas lésiner sur le prix lorsqu'il est question d'assurer la sécurité des grands dirigeants de la planète. Mais parmi tous les endroits au Canada où devaient se tenir le G8 et le G20, on a choisi celui qui coûte 1 milliard de dollars.
Les documents budgétaires du gouvernement ont révélé que la facture pour assurer la sécurité des deux sommets est passée de 179 à 930 millions de dollars, puis à plus de 1 milliard de dollars maintenant.
Le budget a quintuplé en quelques mois sans débat ni justification. Le ministre de la Sécurité publique s'est borné à dire ceci à propos des 933 millions de dollars investis dans la sécurité: « Les experts nous ont dit que c'était nécessaire. Je ne pense pas que les gens comprennent exactement combien de personnes sont impliquées dans ce genre de sommet. »
Non, les gens ne comprennent pas que la sécurité du G8 et du G20 coûte 13 millions de dollars l'heure, tout comme ils ne comprennent pas qu'on ait choisi un endroit qui coûte aussi cher.
La sécurité du G20 à Londres a coûté 30 millions de dollars, et celle du G20 à Pittsburgh, en 2009, a coûté 20 millions de dollars. Les coûts peuvent être plus élevés, certes. Le sommet du G8 de Gleneagles, en Écosse, a coûté 110 millions de dollars, celui du Japon, en 2008, 381 millions de dollars, celui du G8 de Kananaskis, qui s'est déroulé pendant deux jours en Alberta, 190 millions de dollars. Mais cela n'a jamais coûté 1 milliard de dollars.
On dépense un milliard de dollars pour un G8 alors que le premier ministre vante la gestion extraordinaire de la crise financière par son gouvernement. Or il n'est pas capable de gérer un sommet.
La vérité, c'est que lorsqu'il est question de force brute, de sécurité et de défense, les conservateurs signent des chèques avec grand plaisir, mais lorsqu'il est question de solidarité, d'équité et de compassion, ils sont complètement absents. Oups, tout d'un coup, on n'a plus d'argent.
Ce gouvernement du milliard de dollars refuse une loi proactive sur l'équité salariale. C'est ce gouvernement du milliard de dollars. Je n'en reviens tout simplement pas. C'est celui-là même qui refuse aux travailleurs âgés un programme de soutien du revenu d'à peine 55 millions de dollars. Quoi? C'est tout au plus quatre heures de sommet. Avec 1 milliard de dollars, on bonifie l'assurance-emploi, on finance les Francofolies, le Festival International des Rythmes du Monde, les Fêtes de la Nouvelle-France pour des 200 prochaines années.
Je lisais sur le site du journal Le Devoir le commentaire d'un internaute qui proposait, devant la somme ahurissante mise dans la sécurité du G8 et du G20, qu'à l'avenir on fasse une conférence téléphonique, question d'épargner un petit peu.
Voyez-vous, au-delà du milliard de dollars, il y a la question de l'idéologie. Ces conservateurs n'ont pas de difficultés à dépenser pour augmenter le budget de la défense, pour installer des francs-tireurs sur les toits des édifices à Toronto, mais ils restent de glace devant la misère.
Ainsi, un des sujets privilégiés dans le cadre du G8 sera la santé maternelle, enjeu crucial s'il en est un. Or, dans le rapport de l'Organisation mondiale de la santé intitulé « Les femmes et la santé », on peut lire ceci à la page 43:
Les avortements à risque sont responsables d’une grande partie des décès maternels. Près de 70 000 femmes meurent chaque année des suites de complications en résultant. On a pu constater que les femmes désireuses de se faire avorter le feront, quelle que soit la loi en vigueur. Or, les avortements clandestins sont généralement dangereux et pratiqués par des personnes non qualifiées dans de mauvaises conditions d’hygiène. Les femmes pauvres et celles touchées par les crises et les conflits sont particulièrement exposées à ces risques. Lorsqu’il existe peu de restrictions à l’avortement médicalisé, les décès et les affections se trouvent considérablement réduits.
Les moyens de contraception modernes ont réduit le nombre d’avortements provoqués. Pourtant, les jeunes femmes, surtout lorsqu’elles ne sont pas mariées, ont souvent du mal à se les procurer et peuvent recourir à l’avortement à risque. Dans le monde, des femmes de tous âges interrompent leur grossesse. Toutefois, la charge de morbidité et de mortalité imputable aux avortements non médicalisés est la plus élevée en Afrique subsaharienne, où, de surcroît, un de ces actes sur quatre est pratiqué sur des adolescentes âgées de 15 à 19 ans.
Pour aider ces femmes qui meurent suite à un avortement dans les pays en voie de développement, combien le gouvernement conservateur, qui a fait de la santé de la mère la priorité au prochain G8, est-il prêt à investir? Pas un sou.
Ce gouvernement des 13 millions de dollars de l'heure n'entend pas rouvrir le débat sur l'avortement, comme si les autres pays du G8, eux, allaient faire mine que cet enjeu inhérent à la santé des femmes ne devrait pas être débattu. Hillary Clinton a été d'ailleurs assez claire là-dessus.
Voilà pourquoi nous appuierons la motion des libéraux, et ce, afin de continuer à maintenir et à soutenir les revendications du Québec, à appuyer et à débattre en Chambre contre la pauvreté, pour la santé, pour l'éducation, pour les organismes de femmes, des organismes qui ont été coupés. On a un registre des armes à feu qui coûte 4 millions de dollars par année. Avec ce 1 milliard de dollars, ou ces 500 millions de dollars qui resteraient en sécurité, cela deviendrait important. On pourrait continuer à énumérer plusieurs exemples. Voilà pourquoi nous appuierons la motion du Parti libéral.