Monsieur le Président, comme je le disais avant la période des questions, pour mes électeurs et moi-même, et pour bien des Canadiens je crois, c'est une simple question de confiance envers le gouvernement quant à ce qu'il promet.
Prenons l'exemple des engagements qu'on prend au cours d'une campagne électorale. Les gens votent pour nous ou pour un autre parti en fonction de ces promesses. Dans le cas présent, le premier ministre, qui voulait alors se faire élire, a fait campagne à Terre-Neuve-et-Labrador. Certains de ses documents de campagne électorale et des documents du parti conservateur contenaient des promesses, dont celle de ne pas toucher aux fiducies de revenu.
Bon nombre de gens, notamment les personnes âgées, ont cru à cette promesse et ils ont voté en faveur du premier ministre parce qu'ils lui faisaient confiance. Je dis bien « ont cru » et « faisaient confiance ». Les personnes âgées ont cru qu'il ne toucherait pas aux fiducies de revenu. Il y a des décennies, ces gens ont fait certains investissements pour qu'au moment de la retraite ils puissent s'assurer chaque mois une somme x d'argent.
Le premier ministre a obtenu un gouvernement minoritaire dans deux élections d'affilée. Cela montre que les Canadiens n'étaient pas tout à fait à l'aise d'élire un gouvernement conservateur. En fait, trois Canadiens sur cinq n'ont pas voté pour les conservateurs. Ceux-ci ont tout de même obtenu un nombre suffisant de votes pour former un gouvernement minoritaire.
Quel fut l'un des premiers gestes posés par le premier ministre? Il a renié sa promesse. Il est revenu sur sa parole. Il a choisi de s'attaquer aux fiducies de revenu en leur appliquant un impôt de 31,5 p. 100, le plus élevé de l'histoire du pays. Les personnes visées ont déchanté. Elles allaient perdre des revenus.
Il faut comprendre que les aînés ne génèrent pas de revenus. Ils en dépendent. Ils dépendent d'un revenu fixe qu'ils avaient planifié des années plus tôt, revenu qui a soudainement diminué de x p. 100. Ils ont dû réduire leur train de vie, ce qui est totalement injuste. Voilà le résultat d'une promesse non tenue du premier ministre. Selon la publicité électorale du premier ministre, il n'y avait pas pire tromperie qu'une promesse non tenue. Selon les propres mots du premier ministre, celui-ci a essentiellement trompé les gens, car il n'a pas tenu sa promesse.
Un progressiste conservateur, et j'insiste là-dessus, le premier ministre Danny Williams, de la belle province de Terre-Neuve, a commenté en ces termes la déclaration du premier ministre selon laquelle il n'y a pas pire tromperie qu'une promesse non tenue:
Il a utilisé cette phrase pour tenter, avec succès, de convaincre les électeurs de cette province de ne pas voter pour le parti adverse. C'est avec naïveté que nous l'avons cru. Il a récompensé cette confiance en revenant sur sa promesse. Selon sa propre brochure, il a trompé la population.
Mon discours a pour thème la confiance. Les Canadiens ont fait confiance au premier ministre, pensant qu'il tiendrait sa promesse, ce qu'il n'a pas fait.
Je vais à nouveau citer le premier ministre Danny Williams:
Ses propres candidats et députés admettent que la promesse n'a pas été tenue, mais disent que nous devrions pardonner et oublier. Le pardon est peut-être une vertu, mais l'oubli est tout simplement de l'inconscience.
Il y a un an, le propre candidat du premier ministre, dans la circonscription de St. John's-Est a déclaré ceci: « Qui peut faire confiance au premier ministre, compte tenu de sa façon de gérer la péréquation? » C'est ce que je répète depuis le début. C'est une question de confiance.
Lorsqu'ils prennent la parole, les conservateurs nous donnent des chiffres différents. Les Canadiens n'ont qu'à examiner leur bilan. Ils peuvent faire des recherches sur Google. Grâce à la technologie moderne, les gens peuvent faire des recherches et trouver eux-mêmes les chiffres pertinents. Les conservateurs négligent constamment de mentionner que, lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir en 2006, ils ont hérité d'un excédent budgétaire de 13,2 milliards de dollars et qu'il n'y avait pas de déficit. Le taux de chômage était de 6,1 p. 100 ou 6,2 p. 100. Nous savons tous ce qu'il en est aujourd'hui. Selon les données nationales, ce taux a grimpé en flèche et, lorsqu'on y ajoute le chômage chez les jeunes et les données non officielles, je crois qu'il dépasse largement les 12 p. 100.
Je vais citer le plan d'action du gouvernement, « Tracer la voie de la croissance et de l'emploi », et utiliser les données qui se trouvent dans le budget parce que, si je dis quelque chose, les conservateurs diront que je manque un peu d'objectivité et que je dis les choses comme bon me semble.
En ce qui concerne l'assurance-emploi, les données du graphique du gouvernement, pour les années allant de 2000 à 2010, indiquent une diminution des cotisations à l'assurance-emploi, ce que nous avions commencé à faire en 1997. Une fois l'équilibre budgétaire atteint, nous avons réduit les cotisations à l'assurance-emploi annuellement. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, elles étaient de 3,05 $ par 100 $. Lorsque nous avons quitté le pouvoir, elles étaient de 1,75 $ ou 1,76 $, niveau auquel elles ont été gelées.
Comme je l'ai fait plus tôt, je vais citer l'actuel ministre des Finances qui a dit que ces cotisations sont « une de ces mesures fiscales qui tuent l'emploi, un impôt direct réclamé aux employeurs et aux employés ». Nous partageons son avis. Avant 1993, les employeurs nous ont dit qu'ils souhaitaient embaucher du personnel et que, si les charges sociales étaient moins élevées, ils investiraient dans ce domaine. Nous les avons écoutés attentivement, nous avons mis en place un tel programme et nous avons vu le nombre d'emplois augmenter.
Je tiens à souligner que ces chiffres remontent à l'époque où les libéraux, et non les conservateurs, étaient au pouvoir. Quelle a été l'une des premières mesures que les conservateurs ont prises en arrivant au pouvoir? Ils ont commencé à augmenter les charges sociales. En fait, pour être plus précis, disons qu'ils ont menacé de les augmenter de façon considérable, puis ils ont réduit le taux d'augmentation en disant qu'ils diminuaient les taxes. Par exemple, au lieu de payer 90 $, les gens allaient payer 30 $, mais il s'agit tout de même d'une hausse. Au lieu d'imposer aux gens une augmentation de 16 milliards de dollars, le gouvernement appliquera une hausse de 6,5 milliards de dollars — mais il s'agit tout de même d'une hausse.
J'aimerais citer quelques observations du premier ministre et du ministre des Finances concernant les charges sociales. Par exemple, en janvier 2009, le ministre des Finances a dit: « Bon nombre d’entreprises auraient plus de difficulté à maintenir les emplois existants si les charges sociales devaient augmenter. » Nous partageons son avis. Mais alors pourquoi augmente-t-il les charges sociales?
Dans l'édition du 29 mars 2009 du Toronto Star, on rapporte que le premier ministre a dit ce qui suit:
Il n'est pas nécessaire d'augmenter les taxes. Nous n'avons pas de déficit budgétaire structurel comme c'est le cas aux États-Unis, ce qui limite évidemment les options de leur gouvernement.
Voici une autre déclaration tirée de l'énoncé de politique des conservateurs pendant la campagne électorale de 2008:
Nous croyons que les cotisations sociales ne devraient pas être supérieures au montant requis pour financer adéquatement le régime d’assurance-emploi, car des cotisations sociales inutilement élevées sont une taxe sur la création d’emplois. La réduction des cotisations sociales stimule l’embauche et l’expansion des entreprises.
Nous sommes du même avis. C'est d'ailleurs pourquoi, si nous regardons le bilan des libéraux, année après année, ces charges sociales diminuaient — jusqu'à aujourd'hui évidemment, où le gouvernement fait la même chose que Brian Mulroney. Quand les taux de chômage étaient à la hausse, il augmentait les charges sociales.
Vingt ans plus tard, nous effectuons un retour vers le futur. Les conservateurs refont exactement ce qu'avait fait l'administration de Brian Mulroney. Nous les exhortons à agir autrement.
Le milieu des affaires a fait quelques déclarations favorables. Évidemment, le gouvernement voulait augmenter les charges sociales de 15 p. 100. Maintenant qu'il les diminue, qu'il dit que l'augmentation ne sera pas aussi prononcée et qu'il nous accorde un répit, les gens d'affaires sont bien sûr heureux. C'est pourquoi certaines déclarations du milieu des affaires paraissent favorables.
Les conservateurs parlent de recherche et de développement et d'investissement dans l'économie. Nous sommes d'accord. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, l'un des domaines dans lesquels nous avons investi était l'économie du savoir. Toutefois, pour progresser dans ce nouveau domaine, nous devons investir.
À la page 95 du livre des conservateurs, on peut lire:
Le Canada fait plus d’investissements directs dans la R&D publique que tout autre pays du G7.
Quels sont les chiffres utilisés? Des chiffres qui vont jusqu'à 2006 et qui placent le Canada en tête, bien sûr. Cela se trouvait dans notre budget de 2005-2006. On lit ici que les données sont celles de 2007, soit la dernière année pour laquelle on dispose d’informations pour tous les pays du G7. Que s'est-il passé après 2007? Nous avons glissé au dernier rang.
Comme le député de Kings—Hants, qui est le porte-parole en matière de finances, l'a mentionné auparavant, la Chine a investi beaucoup plus d'argent que nous. Les États-Unis ont eux aussi investi plus d'argent. Ils ont adopté une économie verte, et ils créent de nouveaux emplois.
En ce qui concerne la dette, il y a un graphique intéressant à la page 188 du budget qui montre le ratio de la dette au PIB en 2004-2005. Les projections des conservateurs pour 2013-2014 ramènent ce ratio au même niveau qu'en 2004-2005. Les conservateurs nous ramènent 10 ans en arrière, d'après leurs projections.
Le graphique décrit très clairement le ratio de la dette au PIB. Cela commence à partir de 2008. Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, ils ont pris tous les excédents laissés par notre gouvernement, et ils ont utilisé cet argent pour rembourser la dette. Était-ce une bonne décision? On réalise maintenant que ce n'en était pas une parce que, comme les députés s'en rappelleront, nous avions à l'époque une réserve pour éventualités de 3 milliards de dollars. L'argent qui n'était pas utilisé pour des situations urgentes servait à rembourser la dette.
J'ai souvent établi un parallèle entre la situation financière du pays et celle des Canadiens moyens. Quand nous recevons nos chèques de paie toutes les semaines, nous ne nous en servons pas seulement pour payer notre hypothèque. Nous utilisons cet argent pour la nourriture, l'essence, les vêtements et l'hypothèque, et nous mettons peut-être un peu d'argent de côté pour les jours difficiles. S'il nous reste de l'argent à la fin de l'année, il serait judicieux de l'utiliser pour rembourser l'hypothèque le plus rapidement possible, comme le Parti libéral l'a fait. Au bout d'une certaine période, nous avons réussi à économiser, selon les statistiques de l'époque, près de 3 milliards de dollars en paiements d'intérêts. Les Canadiens profitaient de cette économie parce que cet argent était investi dans des programmes comme les soins de santé, les études postsecondaires et l'armée.
J'aimerais signaler que le ratio de la dette au PIB pour 2008-2009 était de 29 p. 100 dans ce graphique. Il grimpe ensuite à 33,9 p. 100 et à 35,4 p. 100. Puis, en 2012-2013, il baisse à 35,2 p. 100 et se stabilise ensuite. J'espère qu'il diminuera à 31,9 p. 100 en 2014-2015.
Cependant, nous ne pouvons pas nous fier à ces chiffres parce que, selon le directeur parlementaire du budget, le ministère des Finances cite un chiffre tandis que lui en cite d'autres.
Nous savons tous que M. Kevin Page, le directeur parlementaire du budget, n'a pas été nommé par les libéraux, mais bien par le premier ministre et le gouvernement conservateur. Il avait été présenté comme un homme gentil. C'est un homme juste et il a dit les choses comme il les a vues.
À partir du moment où il a fait des déclarations au sujet des chiffres que je citerai tout à l'heure, le premier ministre et le gouvernement conservateur ont commencé à réduire son budget parce que ça leur avait déplu. Ils lui ont d'abord enlevé les outils dont il avait besoin pour faire son travail et il est donc évident qu'il n'a pas pu présenter les renseignements dont les Canadiens, pas nous les députés, avaient besoin.
Par exemple: prévisions budgétaires pour 2012-2013, déficit de 17,5 milliards de dollars. Le directeur parlementaire du budget prévoit, pour sa part, un déficit de 20,6 milliards de dollars. Pour 2013-2014, le gouvernement affirme que son déficit sera de 8,5 milliards de dollars. Le directeur parlementaire du budget prévoit lui, un déficit de 16,3 milliards de dollars. Pour 2014-2015, le gouvernement prévoit un déficit de 1,8 milliard de dollars. Le directeur parlementaire du budget en prévoit un de 12,3 milliards de dollars. Et je pourrais continuer. C'est pourquoi je parle constamment de confiance. C'est ici une question de confiance.
Étant donné la déclaration que j'ai faite et que j'ai choisi de ne pas répéter pendant la campagne, nous ne pouvons pas faire confiance au premier ministre et au gouvernement. Nous ne pouvons pas nous fier à leurs chiffres. Ce n'est pas nous qui l'affirmons, c'est ce que montrent les chiffres.
Lorsque je m'entretiens avec mes électeurs, ils me font part de sérieuses préoccupations en raison de ce qui se passe dans l'économie mondiale. Plus tôt aujourd'hui, des députés ministériels comparaient les manifestations de la crise dans différents pays. J'ai été étonné d'apprendre que l'endettement moyen des ménages canadiens est d'environ 42 000 $. nous savons que la Grèce éprouve des difficultés, mais l'endettement moyen y est juste d'un peu plus que de 30 000 $. Qui est dans la pire situation? Je vous le demande.
Les conservateurs ont hypothéqué notre avenir, celui de nos enfants et celui de nos petits-enfants. Tout ce que je dis, c'est que, s'ils veulent retrouver la confiance des Canadiens, il leur faudra produire des chiffres qu'ils peuvent étayer, des chiffres précis et des chiffres dont nous pouvons discuter et qui semblent réalistes aux yeux de la communauté internationale, l'OCDE, par exemple. Ce sont leurs chiffres, pas les nôtres. Il est gênant de voir nos représentants se présenter sur des tribunes internationales et déclarer que tout est merveilleux au Canada alors que, sous une mince couche de vernis, les choses ne sont pas aussi brillantes que cela.