Monsieur le Président, avant d'en arriver à mes observations personnelles, je veux faire remarquer que le temps dont nous disposons au cours des périodes de questions et observations est très limité. Comme nos hommes et nos femmes en uniforme contribuent grandement à faire de notre pays ce qu'il est aujourd'hui, non seulement à l'intérieur de nos frontières mais aussi à l'étranger, je veux revenir sur cette question.
Je suis heureux que le député ait parlé de nos militaires. Je lui ai posé une question précise afin d'obtenir une réponse précise, mais tout ce qu'il a dit, c'est que le gouvernement a nommé un ombudsman. C'était une partie de la recommandation. Que fait un ombudsman? Il reçoit les plaintes.
Je veux informer les députés que j'ai présidé le comité en question et que j'ai vu des parents ainsi que des militaires en pleurs devant le comité, nous réclamant de l'aide. Ces gens ne voulaient pas un ombudsman. Bien sûr, c'est un progrès, mais ces gens voulaient des services, et il faut des fonds pour leur en donner. Encore une fois, le gouvernement a trahi nos militaires. Il n'a pas prévu de financement à ce chapitre.
J'amorce maintenant mon intervention dans ce débat en félicitant nos athlètes paralympiques qui nous ont rendus très fiers d'eux. Les Jeux paralympiques viennent de se terminer. Je crois que le Canada a bien montré que non seulement nous sommes présents, mais que nous sommes en pleine ascension.
Au sujet de nos athlètes, paralympiques et autres, le gouvernement, qui venait d'être élu à l'époque, avait été assez aimable pour souligner, dans le discours du Trône du 4 avril 2006, l'investissement du gouvernement libéral dans le programme À nous le podium. Je l'en remercie. Cela se trouve à la page 3 du premier discours du Trône du gouvernement.
L'autre jour, j'ai vu à la télévision le directeur général du Programme À nous le podium, M Jackson. Il a reconnu que, sans le financement de ce programme qui existe toujours, nos athlètes n'auraient pas pu compétitionner à un tel niveau et nous permettre ainsi de célébrer avec eux.
Dick Pound, qui a été associé à nos projets olympiques pendant la plus grande partie de sa vie, comme nous le savons tous, a aussi émis l'opinion que ce programme nous a bien servis et qu'il doit être maintenu. J'ai lu il y a quelques jours dans le StarPhoenix que la Grande-Bretagne allait copier notre programme À nous le podium. Je l'en félicite. Le Canada donne l'exemple encore une fois. Nous sommes très fiers de nos athlètes.
Comme le premier ministre et le gouvernement ont, semble-t-il, sous-estimé l'intelligence et la mémoire des Canadiens, je vais, durant les 15 ou 20 minutes dont je dispose, expliquer comment, dans le discours du Trône, qui coïncide avec le discours du budget, le gouvernement a dénaturé les chiffres ou en quoi ces chiffres comportent des incohérences. Les chiffres ne font tout simplement pas le compte.
Je vais également montrer que le gouvernement dit une chose et fait le contraire. Par exemple, dans le discours du Trône et dans le budget, il dit qu'il réduira les impôts. Je vais citer le plus récent exemple exposé ici même en cet honorable lieu, vendredi, par mon collègue de Dartmouth—Cole Harbour, qui a expliqué que les étudiants au doctorat doivent maintenant payer de l'impôt. Les gens peuvent trouver son explication dans le Hansard. Les étudiants ne payaient pas d'impôt il y a un an et, cette année, ils le feront. Dans le discours du Trône, le gouvernement dit qu'il réduira les impôts; or, les étudiants payent maintenant plus d'impôts.
Je vais montrer tout le tort que le gouvernement a fait aux personnes âgées sur le plan financier. Cela remonte à la promesse qui a été faite avant les élections de 2006, lorsque le chef de l'opposition d'alors, qui est aujourd'hui premier ministre, a fait la promesse écrite que les conservateurs ne toucheraient pas aux fiducies de revenu. Ils ont fait peur aux Canadiens et aux personnes âgées en disant que les libéraux allaient gâcher leur avenir et annihiler leurs revenus de retraite. Or, quelle a été la première chose que les conservateurs ont faite? Ils ont augmenté de 31,5 p. 100 l'impôt sur les fiducies de revenu. Il y a de quoi avoir honte.
Non seulement cela, mais les conservateurs ont affaibli la capacité des sociétés canadiennes de soutenir la concurrence internationale en ne leur accordant pas la déduction d'intérêts octroyée par tous les autres pays. Je vais démontrer qu'ils n'ont littéralement rien fait pour la santé et qu'ils ont géré l'économie en dépit du bon sens. Je suis surpris lorsqu'on les décrit comme de bons gestionnaires financiers parce qu'un bon gestionnaire financier, ce n'est pas quelqu'un qui hérite d'un excédent de 13,2 milliards de dollars comme celui dont ils ont hérité en 2006, pour ensuite, à peine trois années plus tard, se retrouver avec un déficit de près de 56 milliards de dollars, dont nous ignorons d'ailleurs le montant exact. Toutefois, si nous additionnons 56 milliards de dollars et environ 13 milliards de dollars, c'est un recul de près de 70 milliards de dollars que nous avons, et ce, en seulement trois ans et demi. C'est carrément ahurissant.
Lors de son intervention, le député du nouveau Parti conservateur a dit que le Canada possède un solide système bancaire et que les institutions financières nous ont permis de traverser la récession. Il a absolument raison, néanmoins, je précise que cet état de fait est attribuable à Jean Chrétien et à Paul Martin.
Lorsque j'étais secrétaire parlementaire du ministre de l'Industrie, je me suis réveillé un matin en apprenant que les banques avaient décidé de faire fusion. Comment a réagi le gouvernement du Canada à cette nouvelle? Le gouvernement libéral a fait preuve de responsabilité et il a pris la décision qui s'imposait; il a informé les banques qu'elles ne pouvaient se lancer dans un tel projet qui mettrait les institutions financières dans une position très vulnérable. Qui a critiqué cette politique à l'époque? L'actuel premier ministre, qui a affirmé qu'il fallait laisser les banques prendre leurs décisions sans intervention gouvernementale. Il a même ajouté que les Canadiens ne voulaient pas de réglementation.
Aujourd'hui, toutefois, le ministre des Finances, après avoir montré son savoir-faire en Ontario au sein du gouvernement Harris, et le premier ministre clament sur toutes les tribunes internationales que le Canada possède le meilleur système bancaire grâce aux mesures prises par les conservateurs. En réalité, nous savons fort bien que c'est le gouvernement libéral qui a protégé notre système bancaire, sous la direction de Jean Chrétien et de Paul Martin.
Je vais indiquer en quoi les politiques du gouvernement nuisent à l'emploi, non seulement à l'heure actuelle mais également pour l'avenir, et pourquoi nos entreprises sont vulnérables, comme je l'ai dit précédemment. Je souligne que c'est le gouvernement libéral qui a veillé à faire les bons investissements pour créer les emplois nécessaires à l'époque. Au cours de cette période difficile, le gouvernement libéral a tenu compte des préoccupations des employeurs notamment au chapitre de l'assurance-emploi et il a fait les investissements appropriés à l'égard des emplois de l'avenir.
À l'instar de bon nombre de personnes, j'estime que les décisions actuelles du premier ministre préoccupent les Canadiens. Au fond, c'est une question de crédibilité et de confiance. Il y a moins d'un an, le premier ministre a fermé les portes du Parlement en disant entre autres qu'une coalition s'organisait, que ses membres n'avaient pas été élus pour se faire. Les députés sont élus démocratiquement et forment le Parlement. Nous n'avons pas un système présidentiel comme aux États-Unis. Notre système est totalement différent et je me permets d'ajouter qu'il est nettement meilleur.
Cependant, qu'a fait le premier ministre? Nous savons ce qui est arrivé la première fois. Il s'est rendu chez la Gouverneure générale pour lui forcer un peu la main afin qu'elle lui accorde la prorogation demandée. En fait, il a carrément fermé le Parlement.
Nous savons ce qui s'est passé ensuite. Au lieu de présenter à la Chambre des mesures de stimulation de l'économie élaborées par les conservateurs pour aider les Canadiens à se remettre au travail, le premier ministre a tout simplement informé les partis de l'opposition qu'il leur enlèverait les outils nécessaires à leur survie. Tout le monde s'est alors énervé, et on connaît la suite.
Il y a quelques mois à peine, il a suffi au premier ministre d'un coup de fil pour paralyser le gouvernement. Ce n'est pas très rassurant de savoir que le premier peut faire cela au moyen d'un simple appel téléphonique.
Cependant, je pense également que la Gouverneure générale n'aurait pas dû obtempérer à cette demande. Elle aurait dû examiner la question et réfléchir à tout cela. Je rejette une partie du blâme sur la Gouverneure générale. Elle n'aurait pas dû se contenter d'accorder la prorogation, surtout que c'était la deuxième fois en moins de 12 mois qu'on assistait à ce genre de chose.
Permettez-moi d'expliquer pourquoi cette question me préoccupe. Voici ce qu'a déclaré un homme respecté à ce sujet:
Je ne sais pas si tout cela s'appuie sur une grande stratégie. À mon sens, le problème, c'est que les arguments du gouvernement n'ont pas une grande crédibilité. Tout le monde sait que le Parlement a été prorogé pour faire cesser l'enquête sur l'Afghanistan. Le gouvernement ne veut pas expliquer pourquoi c'était nécessaire.
Ces paroles ont été prononcées par Tom Flanagan, ancien directeur de campagne et stratège principal du premier ministre. Il remet lui aussi en question la crédibilité du premier ministre.
Permettez-moi de lire d'autres citations, ne serait-ce que parce que certaines personnes ont demandé pourquoi le premier ministre ne devrait pas agir ainsi. C'est parce que, comme je l'ai déclaré au sujet des fiducies de revenu, il a tendance à faire le contraire de ce qu'il dit.
Le 18 avril 2005, le premier ministre a fait la déclaration suivante à la Presse Canadienne: « Quand un gouvernement commence à essayer d'éliminer ou d'éviter les dissensions [...] il perd alors rapidement son autorité morale de gouverner. » En gros, il a perdu aujourd'hui l'autorité morale de gouverner, et c'est ce qu'il devrait s'employer à rétablir dès maintenant.
Dans le hansard du 20 octobre 2003, on peut voir que le premier ministre a également déclaré ceci:
Est-il vrai que le gouvernement prorogera la Chambre afin de ne pas être tenu responsable de son bilan honteux?
Le premier ministre a évidemment prorogé la Chambre parce qu'il ne voulait pas qu'on le tienne responsable de son bilan honteux.
M. Michael Savage: Il a fait volte-face.
M. John Cannis: Il a complètement fait volte-face.
Le premier ministre a tenu les propos suivants le 5 janvier, à l'émission The National, sur les ondes de CBC:
Prendre la décision de proroger le Parlement lorsque le gouvernement a la confiance de la Chambre est une question constitutionnelle de routine.
L'hon. Rob Nicholson: Bravo!
M. John Cannis: Le ministre de la Justice a dit « bravo ». Nous sommes bons amis et nous nous entendons sur beaucoup de choses qu'il fait. En fait, j'appuie certaines mesures que propose le ministre de la Justice. Cela, il le sait bien. Par contre, au sujet d'autres questions, nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Le premier ministre ne peut pas dire une chose et en faire une autre, mais peut-être en est-il capable.
Quoi qu'il en soit, le premier ministre et son gouvernement perdent de leur crédibilité, ce qui fait que les Canadiens et les députés n'ont plus confiance. Le premier ministre semble prendre des mesures en fonction du programme qu'il s'est donné.
Je pourrais continuer longtemps en répétant ce que le premier ministre a dit l'an dernier, ou ce qu'il a écrit à l'ancienne Gouverneure générale, Adrienne Clarkson, en collaboration avec les chefs des deux autres partis de l'opposition, le chef du Bloc québécois et le chef du NPD. C'était correct à l'époque de demander à la Gouverneure générale de faire, en gros, ce qui a été demandé en 2010, mais aujourd'hui, ce ne l'est plus.
J'ai fait part l'autre jour à la Chambre des préoccupations d'un de mes électeurs, M. Frandsen, et je vais les répéter aujourd'hui:
Si le premier ministre peut agir comme il le fait au sein d'un gouvernement minoritaire, pouvez-vous imaginer ce qu'il ferait s'il était à la tête d'un gouvernement majoritaire?
Cela donne des frissons.
Je veux passer à d'autres sujets. Dans le discours du Trône, le gouvernement parle de santé. Chaque élection, chaque année depuis que j'ai été élu pour la première fois, en 1993, la question no 1 a toujours été la santé. Le débat fait d'ailleurs rage aux États-Unis. Le gouvernement américain a enfin décidé de permettre aux compagnies d'assurances de vendre plus de polices. Là-bas, tout passe par des polices d'assurances. Pas au Canada.
Le gouvernement ferme les yeux sur la question la plus importante. Il n'a rien fait pour la santé. En fait, quand l'ancien ministre de la Santé de l'Ontario est passé à la politique fédérale, il a été nommé ministre de la Santé. Il est aujourd'hui ministre de l’Industrie. Il y a quelques années, à la Chambre, en réponse à une question sur ce qu'il avait l'intention de faire en matière de santé, il a répondu que le gouvernement allait poursuivre le financement. De quel financement parlait-il? De l'accord de financement signé par le gouvernement Martin selon les recommandations du rapport Romanow. M. Romanow s'est fait interviewer à la télé par Peter Mansbridge et a dit que les libéraux n'avaient pas seulement atteint les objectifs fixés dans le rapport, ils les avaient dépassés. Je crois qu'on parlait de 58 milliards de dollars sur 10 ans. Les provinces veulent commencer à en parler dès maintenant, car cette entente prend fin en 2014.
Le gouvernement et le premier ministre ne font que se défiler. Ils n'ont malheureusement rien fait en matière de santé. C'est bien dommage, car comment un pays qui n'est pas en santé peut-il envisager son avenir?
Je suis heureux de signaler à la Chambre un fait qui a été porté à ma connaissance l'autre jour par une personne qui m'a remis une coupure presse, à savoir que Sarah Palin, nouvelle personnalité du mouvement néoconservateur aux États-Unis, aurait confirmé que sa famille et elle ont reçu des soins de santé au Canada. Sarah Palin, qui l'eût cru? La morale de l'histoire est que nous avons un bon système de santé; en tout cas, il est bien meilleur que le système américain.
Or, sur la très importante question des soins de santé, le gouvernement reste muet. Pourquoi? J'aimerais citer un monsieur à qui on a demandé, lors d'une émission télévisée du réseau anglais de Radio-Canada, ce qu'il pensait de la création d'un système de santé privé parallèle au Canada et qui a répondu: « Je pense que ce serait une bonne idée. » Qui a dit cela? Le premier ministre.
Un autre de ses ministres de premier plan, en l'occurrence le ministre actuel de l’Immigration, a déclaré au Calgary Herald qu'il est favorable à l'idée de soins de santé privés.
Les conservateurs forment un gouvernement minoritaire. Comme on le sait, Preston Manning et Mike Harris ont organisé des forums de discussion sur les soins de santé privés. Que Dieu protège notre pays. Qu'Il nous protège tous, si jamais ils venaient qu'à former un gouvernement majoritaire, car c'est là leur vision des soins de santé.
Les conservateurs parlent des fiducies de revenu. Non seulement ont-ils fait du tort aux aînés qui préparaient leurs vieux jours et qui doivent maintenant se contenter de moins, mais ils ont également affaibli les industries canadiennes. Dans leur budget, ils ont dit qu'ils faciliteraient la tâche aux gouvernements étrangers qui souhaitent investir chez nous. Le hic, c'est que leur politique fait en sorte que les entreprises canadiennes ne peuvent plus se prévaloir, comme le font les entreprises étrangères, de la déductibilité des intérêts lorsqu'elles investissent. Autrement dit, les entreprises étrangères peuvent emprunter des fonds, venir chez nous acheter des entreprises canadiennes et passer par profits et pertes les frais d'intérêt. Les entreprises canadiennes qui pouvaient autrefois faire de même ne sont plus autorisées à la faire. Cela nous met dans une position désavantageuse.
J'aime beaucoup les propos de M. Frandsen, selon qui ce serait bien effrayant si le premier ministre et son gouvernement venaient jamais qu'à former un gouvernement majoritaire.