Monsieur le Président, je vous présente mes excuses. Je vois bien pourquoi les députés d'en face ne veulent pas que le nom soit prononcé, pas même dans une citation. Vous avez raison.
Dans son énoncé économique, le ministre des Finances nous prouve que la vérité et lui ne font pas bon ménage. Comme Don Martin l'a dit, le ministre des Finances a grandement trafiqué les chiffres.
Permettez-moi maintenant de vous lire quelques extraits d'un article de James Bagnall, tiré lui aussi du numéro de vendredi du journal The Ottawa Citizen. Voici ce qu'il écrit:
La force du Canada par rapport aux autres pays du G-7 est telle que [le ministre des Finances] renonce à augmenter sensiblement les dépenses pour les routes et les autres travaux publics, bien que certains voient une telle augmentation comme nécessaire pour compenser le ralentissement économique.
Puis, il écrit ceci:
Comparativement à la tempête financière qui sévit dans d'autres pays, la situation du Canada est remarquablement saine. Il serait bien d'entendre le [ministre des Finances] rendre à César ce qui est à César. Le bon état des finances publiques est en grande partie attribuable au gouvernement libéral de Jean Chrétien. Grâce aux mesures prises par M. Chrétien au milieu des années 1990, [le ministre des Finances] dispose de divers moyens pour combattre le ralentissement économique. Les libéraux du [chef actuel de l'opposition officielle] et le reste de l'opposition au Parlement sont en colère parce que le ministre refuse d'avoir recours à ces moyens.
L'auteur parle de l'assise financière que l'on doit à un premier ministre précédent et à son ministre des Finances.
M. Bagnall écrit encore:
En 2008, la dette fédérale avait été réduite de plus de 100 milliards de dollars. Le gouvernement paie actuellement 30 milliards de dollars par année en intérêts sur la dette, comparativement à 46 milliards de dollars en 1995.
Les finances du Canada sont saines juste au moment où il le faut.
Toutefois, le ministre des Finances n'a pas reconnu pourquoi il en est ainsi. Un peu plus tard, je soulignerai que non seulement le gouvernement avait de bonnes bases financières au départ, mais qu'il a miné ces bases financières, quoi qu'en dise la propagande du secrétaire parlementaire du premier ministre qui a affirmé aujourd'hui que c'est parce que son gouvernement a bien su gérer l'économie qu'elle repose sur des assises solides.
En réalité, comme l'explique James Bagnall dans son article, ce n'est pas le cas:
La solvabilité du Canada est en grande partie due au gouvernement libéral de Jean Chrétien. Grâce aux mesures que M. Chrétien a prises au milieu des années 90, [l'actuel ministre des Finances] dispose d'une gamme d'options pour combattre le ralentissement de l'économie.
Le ministre des Finances aurait dû agir. Il disposait de bases solides. Il disposait d'une capacité financière que lui avait léguée le gouvernement précédent. Il n'a pas profité de cette capacité et a plutôt joué le jeu de l'idéologie. Il a attaqué les fonctionnaires, le principe de l'équité salariale et a semé la dissension politique au pays au lieu de présenter un plan pour stimuler l'économie alors que la capacité de le faire était meilleure au Canada que dans tout autre pays.
Je veux dire clairement ce que le ministre des Finances a fait. Dans cet énoncé économique, le ministre des Finances est loin de la vérité. De la façon dont les choses se déroulent, le premier ministre, de par ses gestes, a démontré qu'on ne peut pas lui faire confiance.
Aujourd'hui, cependant, le premier ministre essaie de gagner du temps et lance la machine à propagande à pleine vitesse. Il s'attaque à l'idée d'une coalition et pire encore, il invente des histoires pour faire croire que nous sommes dans une situation financière plus stable que les autres pays du monde. Permettez-moi de remettre les pendules à l'heure. Au cours des deux dernières années, le premier ministre et le gouvernement conservateur ont agi de telle sorte que le Canada est maintenant au bord d'un déficit budgétaire alors que sa situation faisait auparavant l'envie du monde industrialisé.
Ce qui me préoccupe au sujet de l'énoncé économique, c'est que, lorsqu'on l'examine, on constate qu'il prévoit de légers excédents dans l'avenir. Comment le ministre des Finances peut-il faire de telles projections? Le gouvernement envisage de vendre certains actifs canadiens. Cependant, lorsqu'on leur pose la question, les hauts fonctionnaires ne sont pas en mesure de préciser quels actifs seront vendus pour obtenir ces 2,6 milliards de dollars, chiffre qui permet au gouvernement d'afficher un excédent.
Le premier ministre avait-il raison de dire pendant la campagne électorale que c'est le bon moment pour acheter? Le ministre des Finances dit-il au reste du monde « Venez au Canada. Le premier ministre est l'encanteur et nous vendons les actifs des Canadiens»? Ce ne sont pas les actifs du gouvernement. Ce sont ceux des Canadiens que le premier ministre envisage de vendre pour permettre au ministre des Finances d'afficher un excédent fictif dans l'énoncé économique, en faisant une vente au rabais.
Il est temps de faire preuve d'honnêteté. Le gouvernement doit jouer franc jeu et faire connaître sa position financière, admettre qu'il a le budget des dépenses le plus considérable de toute l'histoire canadienne et que le manque à gagner annuel d'environ 12 milliards de dollars attribuable à la réduction de la TPS n'a absolument pas stimulé l'économie. Nous en constatons les effets. Cette réduction a, au contraire, empêché le gouvernement fédéral de prendre les mesures nécessaires pour aider les Canadiens à affronter la présente crise économique.
Il y a deux ans, le gouvernement central de notre pays était solide et disposait des ressources nécessaires pour réagir aux situations difficiles. Aujourd'hui, les coffres sont vides.
Pourquoi le ministre des Finances n'a-t-il pas admis cela dans son énoncé économique? Nous aurions pu l'accepter. C'est un fait. Il est temps pour le gouvernement d'être honnête et franc en ce qui concerne la situation financière du Canada. Nous devons aider les Canadiens, nos secteurs des forêts, de la fabrication, de l'automobile et de l'agriculture, et nos aînés en stimulant l'économie, en protégeant les pensions et en mettant en oeuvre d'autres programmes. C'est ce qu'il faut faire et le gouvernement a échoué à cet égard dans son énoncé économique. Je ne sais pas si cette orientation provient du premier ministre ou du ministre des Finances, mais le gouvernement a tenté de trafiquer les chiffres, de faire de la politicaillerie et de faire passer son idéologie avant le bon sens économique.
Nous savons que l'actuel ministre des Finances a déjà fait des siennes ailleurs et que l'Ontario a déjà souffert à cause de lui. À titre de parlementaire et de Canadien, je refuse que le ministre des Finances fasse au Canada ce qu'il a fait à l'Ontario. C'est pour cela que les partis d'opposition dénoncent le manque de stimulation économique et de coopération du gouvernement. On dirait que la question de savoir s'il méprise les lois laisse le gouvernement indifférent. J'ai abordé le sujet dans mon recours au Règlement jeudi matin.
Le député dit que j'ai l'air pathétique. Et la loi, qu'en font-ils? Jusqu'où le gouvernement ira-t-il? Il ne permet même pas la tenue d'élections démocratiques au sein des organisations agricoles. Il a tenté d'en influencer les résultats en usurpant les privilèges de franchise postale des députés. Monsieur le Président, vous êtes saisi de cette question de privilège. Bref, le gouvernement semble se moquer des lois, tout comme il n'a pas hésité à trafiquer les chiffres dans son énoncé économique, pour autant que le premier ministre puisse imposer son idéologie.
En réalité, l'énoncé économique nous fait abandonner la planification prudente fondée sur des réserves financières nous permettant d'agir en partenariat avec les milieux de l'entreprise et les gouvernements provinciaux pour affronter les difficultés, comme par le passé pour le SRAS, l'ESB et d'autres situations. À l'heure actuelle, une crise économique mondiale frappe le Canada. Assez étrangement, le premier ministre semble s'en être rendu compte après les élections, mais il n'était pas prêt à le reconnaître avant. Le problème, c'est que le gouvernement du Canada, à mesure qu'il réduit nos réserves financières, amoindrit notre capacité de faire face aux difficultés. Le gouvernement a eu l'occasion, avec l'énoncé économique, de nous donner les chiffres exacts pour que nous sachions à quoi nous en tenir, mais il a choisi de nous présenter les chiffres qui lui conviennent, pour l'essentiel.
Deux brèves années ont suffi pour que le gouvernement réduise sérieusement notre marge de manoeuvre. Comme je l'ai dit, le gouvernement a produit une grande quantité de propagande au cours du week-end et nous pouvons nous attendre à ce qu'il continue d'agir de la sorte au cours des prochaines semaines.
Je dirai en terminant que le gouvernement a prouvé par sa mise à jour financière qu'il ne comprend rien à la crise économique grandissante à laquelle tous les autres pays industrialisés réagissent de façon résolue et qu'il ne la prend pas au sérieux.
Le ministre des Finances prétend qu'il peut conserver un excédent durant cette crise, ce qui est, pour le moins, une tromperie. Les conservateurs ont produit un déficit de 6 milliards de dollars et ils en prennent prétexte pour effectuer des compressions idéologiques aux services gouvernementaux essentiels, pour vendre des éléments d'actif du gouvernement et pour réduire la rémunération des fonctionnaires. Il n'était pas nécessaire d'agir de la sorte.
Le ministre des Finances aurait pu agir de façon honnête et transparente, proposer un ensemble de mesures de stimulation, collaborer avec les dirigeants du G20 comme il avait manifesté l'intention de le faire, collaborer avec les premiers ministres provinciaux comme il avait dit qu'il le ferait et collaborer avec les partis à la Chambre, comme le premier ministre en avait manifesté l'intention dans le discours du Trône. Il est triste de constater que le premier ministre et le ministre des Finances présentent un tel énoncé économique et un tel programme idéologique alors que nous savons qu'il aurait pu en être tout autrement.
Ce qui ressort de tout cela, c'est que le premier ministre a clairement perdu notre confiance et, selon moi, celle des Canadiens également. Il aurait pu en être tout autrement.