Merci, monsieur le président. Je m'en réjouis.
Monsieur Chong, merci encore pour votre travail, qui est des plus intéressant.
Comme vous, je m'inquiète beaucoup de notre manière de faire. À l'instar de la plupart d'entre nous, je suis entré en politique pour changer les choses que je désapprouvais, mais je dois dire que l'expérience a un peu tempéré mes ardeurs. J'ai compris que changer pour changer n'apporte pas forcément grand chose. Il faut savoir faire preuve de bon sens — surtout quand les traditions du Parlement sont en jeu — et aussi de prudence.
Comme d'autres ici, j'ai pas mal d'expérience dans ces domaines, puisque j'ai été membre de conseils municipaux et régionaux et député à l'assemblée législative de l'Ontario. J'y ai posé des questions et j'ai répondu à d'autres en qualité de ministre, et j'ai fait tout ce qu'il fallait pour me préparer pour la période de questions. J'ai aussi été leader à la Chambre et vice-président, et cela fait déjà plus de six ans que je suis ici. J'ai donc une bonne idée de ce qui se passe sur d'autres tribunes aussi.
Je tiens à dire pour commencer que depuis plus de 26 ans que j'occupe une charge élective, sur toutes les tribunes que j'ai connues, les clowns du moment ont toujours été pires que ceux qui les avaient précédés, et c'est toujours le décorum qui était en cause. Ce peut être justifié quand des membres du conseil municipal d'Hamilton, par exemple, règlent leurs comptes à coups de poing dans le stationnement arrière, mais de façon générale, il en a toujours été ainsi et les prédécesseurs étaient toujours mieux.
Il y en a eus. C'est vrai. Certains d'entre vous, ici, le savez.
Je tiens à être clair. Je vais lancer quelques idées, sans ordre particulier, Michael, et vous pourrez me dire ce que vous en pensez.
Au sujet de l'augmentation du temps accordé pour les questions, j'ai été de ceux qui ont dû s'adapter quand le temps accordé pour poser les questions a été réduit d'une minute à 35 secondes et, comme j'ai un penchant pour les longues tirades, cela ne m'a pas été facile. Je vous avouerai que pour ce qui est de la qualité des réponses, je ne sais toujours pas si elles sont meilleures ou pires maintenant. Pour la personne qui posait la question, c'était souvent mieux, parce qu'elle avait un peu plus de temps pour décrire l'enjeu, pour mettre les choses en contexte de manière à ce que les observateurs puissent savoir de quoi il retournait. La plupart sont peu au fait du sujet traité, surtout si c'est un enjeu local, ou un sujet très pointu qui relève d'un portefeuille. Les ministres peuvent employer cette minute, et ils en prennent généralement deux fois plus, pour faire l'éloge de leur ministère et de leur gouvernement, de leur chef, etc.
Je dois dire aussi, je m'en suis rendu compte, que c'est l'un des avantages qu'il y a d'avoir connu la Chambre sous tous ses angles. Il arrive que la réponse à une question soit non, mais que le Président décrète que puisque la formulation de la question a pris 45 secondes, la réponse doit en prendre autant, eh bien, non, non, non... Cela peut tourner en comédie. Je ne crois pas vraiment que cela suffise.
Puisque je n'ai pas beaucoup de temps, je vais escamoter quelques réflexions pour aller droit au but. Je crois que la solution à tout ce que vous avez soulevé, du moins en grande partie, serait que le Parlement enjoigne le Président de renforcer la discipline en appliquant les règles. J'ai connu des vice-présidents qui n'avaient pas avec le Parlement le même type de relation que celle qu'entretient le Président actuel avec lui. Mais le Président est souverain. Tout ce qu'il décide est sans appel. Il n'y a pas d'autre issue. J'ai aussi connu des Présidents à qui il suffisait de se lever pour faire tomber le plus grand silence. Les chahuteurs ont tout intérêt à garder un oeil sur le Président, parce qu'il peut leur faire regretter le chahut.
Chris Stockwell, certains d'entre vous le connaissez peut-être, a été l'un des meilleurs Présidents que j'ai jamais connus, en partie parce qu'il appliquait les règles à la lettre, tout en étant toujours juste. Il était très soucieux d'équité. Je tenais à le dire.
L'idée de réserver une journée au premier ministre est probablement de celles qui me séduisent le plus, ne serait-ce que parce que le premier ministre ne répond pas aux questions que la plupart d'entre nous lui posons. Nous pouvons lui poser une question durant la troisième, la quatrième, la cinquième intervention. Le premier ministre n'y répond généralement pas et s'en remet à un autre ministre ou au Président. La seule fois où le premier ministre... C'était pareil à mon époque: les premiers ministres ne répondaient qu'aux questions des chefs de parti. Ils s'y sentaient obligés parce que théoriquement, tout chef de parti peut un jour devenir premier ministre, donc ils se levaient pour répondre, en signe de respect. Parfois, les premiers ministres répondaient en regardant l'auteur des questions, d'autres fois pas, selon les rapports qu'ils entretenaient, mais ils se levaient et répondaient aux questions que leur posaient les chefs de parti. Autrement, ils laissaient quelqu'un d'autre y répondre.
L'idée qu'un simple député puisse obtenir une réponse du premier ministre est intéressante. À bien y penser, sans parti pris, la proposition de libérer le premier ministre du moment — pas les autres ministres, c'est moins intéressant, j'expliquerai pourquoi si j'en ai le temps — pour qu'il consacre plus de temps à sa tâche de premier ministre, a du mérite. Nous avons un pays complexe, dans un monde complexe, alors je trouve que c'est intéressant.
Je suis moins intéressé à ce qu'il en soit de même pour les ministres. Je comprends ce que vous dites au sujet du temps perdu. J'ai connu tout cela — les palpitations chaque fois qu'un sujet fait les manchettes, alors qu'on se prépare pour la période des questions, sachant qu'on va se faire cuisiner et que l'enjeu est de taille. D'un autre côté toutefois, les ministres ne savent pas à tout coup quelles questions leur seront posées, et c'est pourquoi les bons ministres doivent se tenir parfaitement au courant de tous leurs dossiers. Un mauvais ministre, très franchement, peut vaguement suivre trois ou quatre dossiers ou se préparer pour un jour ou deux. Mais nous pourrions n'importe quand nous faire interroger sur n'importe quel aspect d'un dossier de notre portefeuille; nous avons alors tout intérêt à connaître nos grands dossiers, à connaître les procédures qui s'appliquent et à bien connaître la situation, car, si nous ne la connaissons pas, cela devient très vite manifeste.
L'autre chose, c'est qu'aussi difficile que ce puisse être, et malgré le temps perdu, il n'y a rien de plus doux aux oreilles d'un ministre que d'entendre « la Chambre s'ajourne », parce qu'alors les questions cessent, on reprend le contrôle de tout. La vie d'un ministre est vraiment très douce quand la Chambre ne siège pas. La vie n'est pas mal, mais elle est nettement plus difficile quand la Chambre siège.
Alors je pense qu'il y a un équilibre à trouver. J'ai d'autres réflexions, mais je vais vous donner une chance de répondre, s'il reste du temps.