Madame la Présidente, elle était intelligente, active au sein de sa collectivité et elle soutenait sa famille. Elle avait vécu des tragédies causées par l'ecstasy et elle avait demandé à sa famille de lui faire confiance, disant qu'elle ne prenait pas de drogues. Pourtant, il y a quelques semaines de cela, un samedi, plutôt que de se rendre à une fête, elle s'est rendue à un rave où les gens prenaient de l'ecstasy. Après le rave, elle a dormi 15 heures d'affilée. Lorsqu'on a appelé l'ambulance, son coeur battait très faiblement. Elle est morte à l'hôpital.
Le Canada s'efforce de réduire le nombre de décès causés par la consommation de drogues de même que les torts que l'alcool et d'autres drogues causent aux toxicomanes, aux familles et aux collectivités. Le projet de loi C-475 constitue un pas important dans ce sens, car il interdit la possession, la production, la vente et l'importation de substances chimiques destinées à la fabrication de crystal meth ou d'ecstasy. Aux termes du projet de loi, les contrevenants sont passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de dix ans.
Contrairement à d'autres drogues vendues dans les rues, la métamphétamine peut être fabriquée à partir de substances chimiques qu'on peut se procurer librement, des substances telles que l'acétone, les nettoyeurs de tuyaux d'écoulement, l'iode, l'alcool à friction, voire des médicaments contre le rhume. Auparavant, la possession de ces précurseurs, en l'absence du produit fini, ne constituait pas une infraction à la loi. Le projet de loi change la donne, si bien qu'il facilite les poursuites à l'encontre des fabricants de drogues illégales.
L'amphétamine, une drogue synthétique qui cause la contraction des vaisseaux sanguins, qui stimule le coeur et la respiration et qui provoque l'insomnie, a été commercialisée en Amérique du Nord sous le nom de Benzédrine, dans les années 1920. Les drogues de type amphétamine sont rapidement devenues des drogues de prédilection dans les rues. Ces substances communément appelées en anglais « bennies » et « pep pills » ont été interdites dans la plupart des pays dès les années 1950 à cause de leurs effets nocifs: illusion de pouvoir, insomnie grave, hyperactivité, agressivité accrue et nausée. Leurs effets négatifs à long terme sont, entre autres, des troubles du coeur, du foie, des reins et des poumons.
La métamphétamine est une variante chimique de l'amphétamine. Elle entraîne sur le système nerveux central des effets beaucoup plus prononcés que la drogue originale. Elle est connue sous les noms de chalk, crank, dirt, glass, grit, ice, koolaid, kryptonite, entre autres, et à doses élevées, elle crée une dépendance encore plus grande que la drogue originale. Elle provoque aussi une sensation d'euphorie plus intense que la drogue originale, sensation suivie d'une période d'agitation conduisant parfois à la violence chez certaines personnes.
C'est dans les années 1960 qu'on a commencé à vendre la métamphétamine dans la rue, sous le nom de « speed ». Après quelques tragédies, sa consommation a diminué. C'était à l'époque du slogan « Le speed tue! ». Toutefois, dans les années 1980, on a commencé à fabriquer une forme de métamphétamine qu'on pouvait inhaler. Depuis, sa popularité n'a cessé de croître.
La métamphétamine stimule les cellules du cerveau, améliore l'humeur et les performances physiques et donne une sensation d'éveil plus vive. Pour certains, elle crée la dépendance et ce, même à faibles doses. À doses élevées, particulièrement lorsqu'on la fume ou qu'on se l'injecte, elle provoque une sensation d'euphorie intense immédiate qui ne dure que quelques minutes. Les consommateurs de métamphétamine deviennent rapidement dépendants, si bien qu'ils ont besoin de plus en plus de doses de plus en plus élevées.
À forte dose achetée dans la rue, la méthamphétamine cause de l'anxiété, de la confusion, des hallucinations, de l'insomnie, de l'irritabilité et de la paranoïa. À très forte dose, la meth peut entraîner la mort, qui est causée par la rupture de vaisseaux sanguins dans le cerveau, une fièvre intense, une insuffisance cardiaque, des convulsions et le coma. Il n'existe aucun antidote contre les effets de cette drogue.
La production et la consommation de meth a aussi des répercussions sociales. Les collectivités deviennent sujettes à l'augmentation du trafic de stupéfiants, des dangers pour la santé, des délits mineurs, des troubles sociaux et de la violence.
Le Rapport mondial sur les drogues 2009 des Nations Unies indique que, au cours des dernières années, les trafiquants ont commencé à jouer un rôle important et inquiétant au Canada. De plus, le Canada et le Mexique ont pris la relève en matière de production de méthamphétamine.
On peut lire ce qui suit dans ce rapport:
Il semble que les bandes de motards criminalisées [...] du Canada ont augmenté de façon significative la quantité de méthamphétamine qu'elles fabriquent et exportent [depuis 2003] vers le marché américain, mais aussi vers l'Océanie, l'Asie orientale et l'Asie du Sud-Est.
À titre d'exemple, l'Australie a signalé que 83 p. 100, en terme de poids, des importations de méthamphétamine saisies venaient du Canada. Pour le Japon, il s'agit de 62 p. 100.
Le crystal meth est devenu la drogue la plus répandue et la plus populaire, principalement parce qu'elle est si facile à fabriquer que n'importe qui peut installer un laboratoire. Les instructions nécessaires sont faciles à trouver dans Internet.
La police a signalé qu'un investissement de 150 $ peut permettre de produire une quantité de drogue dont la valeur peut atteindre 10 000 $. Cependant, la drogue est souvent impure, le processus de fabrication peut être dangereux et provoquer des incendies, ce qui cause de graves risques pour la sécurité de ceux qui se trouvent à l'intérieur et aux alentours des installations de production. La production de méthamphétamine peut être à l'origine de blessures graves en raison des explosions, des incendies, des brûlures chimiques qu'elle peut causer et des vapeurs toxiques qu'elle dégage, sans compter les risques pour l'environnement. Le démantèlement de laboratoires et l'enlèvement des produits chimiques qui s'y trouvent peuvent également entraîner des risques pour la santé et des coûts importants.
Une enquête récente de Statistique Canada auprès d'adolescents montre que, parmi ceux qui ont répondu aux questions sur la consommation de drogue, 34 p. 100 avaient essayé la marijuana, 4 p. 100 avaient consommé de l'ecstasy et 2 p. 100 avaient consommé du crystal meth. La police a indiqué que, dans certains secteurs, le crystal meth est en train de remplacer l'ecstasy en tant que drogue consommée par les adolescents et les jeunes adultes qui fréquentent les raves. Dans plusieurs secteurs, le crystal meth coûte moins cher que l'ecstasy, soit environ 10 $ pour un dixième de gramme. Une dose d'ecstasy peut coûter le double, soit environ 20 $.
Selon les experts, le crystal meth est l'une des drogues les plus toxicomanogènes qui soient vendues dans la rue, et la dépendance à cette drogue est l'une des plus difficiles à traiter. Les intervenants en toxicomanie affirment que les symptômes de sevrage associés au crystal meth, plus particulièrement la dépression et la douleur physique, sont pires que ceux associés à la cocaïne ou à l'héroïne. Par conséquent, les toxicomanes quittent souvent les programmes de désintoxication. Le taux de rechute, qui est de 92 p. 100, est plus élevé que pour la cocaïne.
La composition chimique de l'ecstasy est similaire à celle de l'amphétamine, un stimulant, et de la mescaline, un hallucinogène. C'est une drogue qui est habituellement vendue dans la rue sous forme de capsules, de poudre ou de comprimés. Elle est seulement fabriquée dans des laboratoires illégaux. Les comprimés peuvent avoir différentes formes, tailles et couleurs et contenir des quantités différentes d'ecstasy. Parfois, ils ne contiennent même pas d'ecstasy, mais plutôt de la fécule de maïs, des détergents et d'autres drogues, y compris de l'éphédrine, du LSD et de la méthamphétamine.
Après qu'une personne a consommé de l'ecstasy, la drogue est absorbée par le sang et se rend jusqu'au cerveau. Cela prend habituellement environ une heure pour en ressentir les effets, qui peuvent durer de trois à six heures. Les effets de l'ecstasy sont imprévisibles et différents pour chaque personne. Certaines personnes peuvent se sentir proches des autres et ressentir de l'empathie, de l'euphorie et des sentiments amicaux, tandis que d'autres peuvent ressentir de l'angoisse et de la panique.
L'ecstasy élève la température du corps, facteur qui, combiné à des activités physiques comme la danse dans un environnement chaud, peut entraîner des conséquences graves, notamment une insuffisance rénale ou cardiaque, un AVC ou une crise épileptique. Certaines personnes boivent trop d'eau pour éviter la déshydratation. Cela peut réduire dangereusement la quantité de sel dans le sang, ce qui peut provoquer de la confusion, des convulsions et le délire et mener rapidement au coma et à la mort.
Quand les effets de l'ecstasy se dissipent, la personne peut se sentir anxieuse, désorientée et déprimée, et elle peut avoir de la difficulté à dormir. Les rappels d'images, les problèmes de mémoire et la paranoïa sont d'autres effets secondaires possibles.
Les gens peuvent s'accoutumer rapidement aux effets de l'ecstasy s'ils en consomment régulièrement, et il n'est pas inhabituel que cette drogue prenne une importance exagérée dans le vie d'une personne.
Le crystal meth et l'ecstasy sont deux substances très toxicomanogènes contre lesquelles de nombreuses organisations et personnes ont uni leurs efforts. Le projet de loi C-475 tente de s'attaquer à la source du problème en s'en prenant directement aux précurseurs de ces drogues.
Finalement, en corrigeant une autre lacune, nous pouvons peut-être protéger un plus grand nombre de personnes, de familles et de collectivités et nous assurer qu'aucune autre mère ne devra se rendre à l'hôpital seulement pour apprendre que l'ecstasy a tué son enfant, comme cela s'est produit il y a quelques semaines.