Bonjour à tous.
Au nom d'Emploi et Développement social Canada, j'aimerais remercier le comité de m'avoir invité aujourd'hui pour parler des engagements du gouvernement à améliorer les compétences et les possibilités d'emploi de la population autochtone au moyen de ses programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones.
EDSC entretient des relations positives avec de nombreuses organisations autochtones et les considère toutes comme d'importantes partenaires pour le développement social et économique.
Je sais que le comité souhaite obtenir des renseignements et des réponses à des questions précises concernant les programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones d'EDSC et leurs répercussions sur la population autochtone. Je ferai de mon mieux pour répondre à ces questions. J'aimerais tout d'abord présenter un aperçu du contexte du marché du travail autochtone au Canada. Je serai ensuite très heureux de répondre à vos questions.
La population autochtone continue d'être confrontée à des défis complexes et tenaces qui ont une incidence sur sa participation au développement économique et social du Canada.
Le taux de chômage de la population autochtone constitue un bon exemple de ces défis. En 2011, ce taux était de 15 %, par rapport à 7,5 % pour la population non autochtone. La ventilation des données donne les chiffres suivants pour chacun des trois groupes autochtones en 2011: Métis 10,4 %, Premières Nations 18,3 % et Inuits, qui affichaient le taux de chômage le plus élevé, 19,6 %.
Ces statistiques nous montrent que, dans une optique d'efficacité du marché du travail, la population autochtone est une source de main-d'oeuvre sous-utilisée.
À cette situation s'ajoute le fait que la population autochtone représente le plus jeune segment de la population canadienne, avec un âge médian de 13 ans de moins que celui de l'ensemble de la population du pays.
La population autochtone augmente quatre fois plus rapidement que la population non autochtone. En effet, entre 2006 et 2011, la population autochtone a augmenté de 20,1 %, comparativement à une augmentation de 5,2 % de la population non autochtone.
La population canadienne continue de vieillir, et plusieurs personnes quittent leur emploi pour la retraite.
Par ailleurs, la demande en ressources naturelles canadiennes a entraîné une croissance des attentes quant aux possibilités d'emploi alors qu'augmenteront les besoins en matière de main-d'oeuvre qualifiée. Pour plusieurs collectivités des Premières Nations, la proximité des emplacements où se réalisent des projets économiques d'envergure offre la formidable possibilité de remédier à certaines des pénuries de compétences du Canada tout en améliorant les possibilités économiques pour la population autochtone.
Cette source sous-utilisée et inexploitée de main-d'oeuvre met en évidence la raison pour laquelle les investissements d'EDSC dans le développement des compétences et la formation des Autochtones sont en ce moment d'une importance vitale.
EDSC appuie depuis longtemps le développement des compétences et la formation des Canadiens autochtones en travaillant avec les organismes autochtones dans le but de concevoir et d'offrir des programmes relatifs au marché du travail adaptés qui satisfont aux besoins uniques de leur population cliente.
Je voudrais vous parler aujourd'hui de trois programmes clés qui aident les Autochtones à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour participer à l'économie canadienne. Il est important de souligner que deux des programmes sont offerts à tous les Autochtones — Premières Nations, Inuits et Métis — indépendamment de leur lieu de résidence (dans une réserve ou hors réserve), alors que le troisième est destiné aux membres des Premières Nations vivant dans les réserves.
La Stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones, que nous appelons la SFCEA, est le programme phare d'EDSC. Il aide les Autochtones, c'est-à-dire les Premières Nations, les Inuits et les Métis, à se préparer au marché du travail, puis à trouver et à conserver un emploi dans un secteur à forte demande.
Lancée en avril 2010, la SFCEA doit investir 1,68 milliard de dollars sur 5 ans, entre 2010 et 2015, dans des organisations autochtones de prestation de services qui offriront à la population autochtone des possibilités de formation et de perfectionnement des compétences partout dans le pays. Il y a 85 de ces organisations qui gèrent plus de 600 points de service au Canada, aussi bien en milieu urbain que dans les régions rurales et éloignées.
La SFCEA est fondée sur trois piliers stratégiques: fournir des possibilités de développement des compétences axées sur la demande, promouvoir les partenariats avec le secteur privé et d'autres ordres de gouvernement et garantir la responsabilité des intervenants à l'égard de l'amélioration des résultats.
La SFCEA produit des résultats de plus en plus positifs en matière d'emploi et de retour aux études. Depuis 2010, les efforts déployés dans le cadre de la SFCEA ont permis à quelque 48 000 clients de trouver un emploi, à 22 000 autres de retourner aux études et à 128 000 de terminer une intervention ou plus. Dans l'ensemble, plus de 50 % des clients ont décroché un emploi ou sont retournés aux études.
Je tiens également à mentionner un élément important des programmes de la SFCEA qui facilite la participation des clients à la formation et à l'éducation: la garde d'enfants. Dans le cadre de la SFCEA, 55 millions de dollars par an sont investis dans l'Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits en vue d'appuyer un réseau de 8 500 places en garderie dans plus de 450 établissements des collectivités inuites et des Premières Nations du Canada.
La garde d'enfants constitue une dépense admissible dans le cadre des programmes de la SFCEA. Tout organisme de prestation de services de la SFCEA peut donc utiliser une partie des fonds qu'il reçoit de la SFCEA pour financer la garde d'enfants de parents en formation. Cela s'applique aux Métis, aux Indiens non inscrits et aux membres des Premières Nations vivant hors réserve.
Compte tenu de l'orientation de l'étude du comité, j'aimerais vous faire part d'un exemple de la façon dont le programme a aidé un participant à acquérir les compétences et la formation nécessaires pour trouver un emploi.
Lucien Ledoux est un soudeur autochtone qui travaille pour Running Deer Resources, au Manitoba. Il a été choisi comme modèle afin de parler au nom des jeunes lors d'une conférence autochtone sur l'exploitation minière. Il a dit: « Être certifié [en tant que soudeur] m'a permis d'avoir accès à des possibilités que je n'aurais pas eues autrement. Ma vie est maintenant structurée et je trouve que les choses que j'ai acquises ont davantage de valeur parce que je les ai méritées. » II a ajouté: « On a l'impression d'avoir vraiment réalisé quelque chose quand on sait que ce qu'on a construit sera encore là pour les générations à venir. » Il a noté que les membres de sa famille sont très fiers de ses réalisations qui les ont amenés à faire eux-mêmes davantage d'efforts pour améliorer leur vie. Son succès a été possible grâce à la SFCEA, qui a fourni du soutien financier à un organisme local de prestation de services de la SFCEA à Winnipeg, au Manitoba.
Dans le cadre de la SFCEA, les organisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis encouragent une main-d'oeuvre plus forte et plus dynamique par l'entremise de partenariats avec les employeurs de partout au Canada. Que les organismes autochtones encouragent les petites entreprises à embaucher des Autochtones grâce à des subventions salariales ou qu'ils négocient des partenariats multilatéraux complexes avec d'importantes entreprises, le résultat demeure le même: une formation harmonisée à des occasions d'emploi concrètes.
Le Fonds pour les compétences et les partenariats, ou FCP, est le deuxième programme relatif au marché du travail autochtone géré par EDSC. Le FCP a été lancé en juillet 2010 et bénéficie d'un financement de 210 millions de dollars sur cinq ans.
Le FCP est un programme flexible axé sur les projets qui tire parti des partenariats et répond aux priorités du gouvernement et aux besoins émergents et inexploités du marché du travail afin de permettre aux Autochtones de trouver des emplois. Le FCP encourage les Autochtones à acquérir des compétences et à obtenir de la formation, notamment pour des emplois spécialisés dans les secteurs à forte demande.
Le programme cible également de grands projets économiques de formation menant à l'emploi dans les secteurs à forte demande. Jusqu'ici, le FCP a lancé trois appels de propositions. Les deux premiers étaient ouverts et de nature générale. Ils ont permis de financer plusieurs projets à court terme de petite et moyenne envergure (jusqu'à 3 millions de dollars) axés sur l'acquisition de nouvelles compétences pour de petites et moyennes initiatives à court terme de développement des compétences et d'innovation dans la prestation de services.
Dans le cadre des deux premiers appels de propositions, le FCP a pu obtenir diverses contributions partenariales des employeurs. En 2012, le troisième appel de propositions comprenait une approche ciblée pour appuyer des projets du secteur des ressources naturelles, et plus particulièrement dans les domaines des mines et de l'énergie.
Cette approche s'est fondée sur les réussites et les pratiques exemplaires du programme de Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones. Elle se concentrait sur les secteurs où il y a une demande connue d'emplois à long terme, et prévoyait une contribution minimale de 50 % des partenaires, qu'il s'agisse du secteur privé, des provinces et territoires ou d'établissements d'enseignement.
Le FCP aide les collectivités et organisations autochtones à former des partenariats avec l'industrie dans le cadre d'importants projets de développement économique afin de créer des emplois et de procurer des avantages économiques aux collectivités situées dans la zone de recrutement de ces projets.
Par exemple, certains projets sont réalisés dans des secteurs à forte demande, comme le Cercle de feu dans le nord de l'Ontario, la construction navale dans la région de l'Atlantique et les projets de pipelines en Colombie-Britannique.
À l'heure actuelle, 80 projets sont mis en oeuvre au titre du FCP, et la majorité d'entre eux sont des initiatives de formation menant à l'emploi. Ainsi, des employeurs ont ciblé les emplois disponibles et se sont associés avec des organismes en vue de former les Autochtones pour ces emplois. Le FCP devrait aider plus de 8 000 personnes à décrocher un emploi pendant la durée du programme. Tous les fonds du FCP sont alloués jusqu'en 2015.
Enfin, mes collègues d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada vous parleront du projet de réforme de l'aide au revenu dans les réserves. En effet, le gouvernement a annoncé dans le budget 2013 qu'il avait l'intention d'améliorer le programme d'aide au revenu dans les réserves, qui est conjointement géré par AADNC et EDSC. La réforme de l'aide au revenu est une initiative de quatre ans qui bénéficiera d'un financement de 241 millions destiné à réduire la mesure dans laquelle les réserves dépendent de l'aide au revenu.
Le Fonds pour l'emploi des Premières Nations, qui représente la partie du projet relevant d'EDSC, sera doté d'un financement de 109 millions de dollars. Le programme offrira de la formation en milieu de travail à des jeunes de 18 à 24 ans désignés par les collectivités participantes des Premières Nations. Le FEPN sera mis en oeuvre par l'entremise du réseau de prestation de services de la SFCEA et appuiera les mêmes activités que celles qui sont financées en vertu de la stratégie.
La SFCEA et le FCP prendront fin le 31 mars 2015. Par conséquent, EDSC cherche à obtenir le renouvellement du mandat des programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones. Le ministère a engagé à cette fin des discussions avec les organismes de prestation de services de la SFCEA et du FCP, les organismes autochtones nationaux, les provinces et les territoires, d'importants employeurs et d'autres intervenants afin de planifier l'avenir des programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones après 2015.
EDSC a tenu, de septembre à novembre, 15 séances régionales de mobilisation au pays. En plus de ces séances, EDSC a rencontré les provinces et territoires ainsi que les employeurs, et a visité certains projets au titre du FCP. Les enjeux soulevés lors de ces discussions constituent un élément important et de valeur pour éclairer l'élaboration de nos activités stratégiques à venir.
De plus, EDSC a officiellement formé des partenariats avec des organismes autochtones nationaux, notamment pour s'occuper de priorités stratégiques conjointes et recueillir le point de vue des intervenants sur la façon d'améliorer les programmes relatifs au marché du travail pour les Autochtones. Ces consultations serviront de base à la définition de l'orientation future des programmes autochtones. De telles ententes de partenariat ont été conclues avec l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami, le Ralliement national des Métis, le Congrès des peuples autochtones, l'Association des femmes autochtones du Canada et l'Association nationale des centres d'amitié. Les trois derniers organismes représentent les membres des Premières Nations vivant hors réserve.
Au cours des prochains mois, nous analyserons les commentaires des intervenants lors de nos activités de mobilisation. Une analyse des données et des résultats des programmes est actuellement menée, mais il serait prématuré, pour le moment, de tirer toute conclusion à propos de l'avenir de ces programmes au-delà de 2015.
Pour conclure, je voudrais dire qu'EDSC est déterminé à travailler en étroite collaboration avec les organisations autochtones, y compris celles qui travaillent dans les réserves, hors réserve, en milieu urbain et dans les régions rurales et éloignées, pour s'assurer que les populations autochtones jouent un rôle actif dans le développement économique et social du Canada.
Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de m'adresser à vous aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.