Permettez-moi de vous remercier de votre brillant témoignage. Les informations que vous nous avez communiquées sont d'autant plus utiles que les témoins précédents nous ont laissés avec un grand nombre de points d'interrogation. Merci, donc, de nous avoir apporté un certain nombre de réponses.
Je crains que notre comité ne soit victime d'une certaine désinformation quant aux précédents. On entend beaucoup parler, ces jours-ci, d'incidents appartenant au passé et qui sont remis sur le devant de la scène. Ces histoires sont rapportées par le public, ou encore par différents ministères fédéraux — étant donné, bien sûr, que notre étude traite du harcèlement sexuel dans les lieux de travail relevant du fédéral. Certes, nous nous en réjouissons car nous sommes opposés au harcèlement sexuel dans les lieux de travail fédéraux; il est donc bon qu'on en parle; cependant, je voudrais rappeler que certaines de ces affaires sont vieilles de 10 ou 15 ans et que les choses ont beaucoup évolué depuis, notamment pour ce qui est des processus mis en place dans le contexte fédéral.
Je tenais à faire cette distinction car cela risque de créer une certaine confusion lorsque vous répondez à nos questions.
Je tenais à vous dire que j'ai la plus grande estime pour votre travail et pour les études que vous menez dans ce domaine, et j'enchaîne en vous demandant si vous pensez que le gouvernement fédéral est dans la bonne voie.
Depuis que nous sommes au gouvernement, nous nous sommes fixé pour objectif à atteindre de façon déterminée, celui de la tolérance zéro dans les lieux de travail fédéraux. Donc, nous ne voulons pas que quiconque se sente harcelé sur des lieux de travail ou doive être le témoin d'un harcèlement. Vous avez dit clairement, je crois, que ce genre de comportement crée un environnement toxique, qu'il est très décourageant et qu'il induit toutes sortes de phénomènes de stress et d'autres risques en milieu de travail.
En deuxième lieu, nous devons élaborer et mettre en œuvre des politiques et des normes, et c'est là, selon moi, qu'intervient la notion de tolérance zéro au niveau fédéral. En troisième lieu, nous devons nous fixer des objectifs précis, et certains de vos travaux ont à ce propos une grande pertinence, notamment en ce qui a trait à la sensibilisation obligatoire, que vous avez évoquée.
Je vais donc décrire brièvement certaines des mesures prises par notre gouvernement et vous demander si vous avez des suggestions de mesures complémentaires qui pourraient être prises, puisque tel est l'objet de notre examen. Nous sommes à l'écoute de toute proposition nouvelle que vous pourriez faire à notre comité, car nous prenons cette question tout à fait au sérieux.
Donc, nous avons pris plusieurs mesures: le Conseil du Trésor a élaboré une politique applicable à tous les ministères fédéraux et à toutes les sociétés d'État; en deuxième lieu, nous avons prescrit une formation en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et de comportement respectueux sur le lieu de travail, et je pense d'ailleurs que vous avez souligné l'importance de ce volet; en troisième lieu, nous avons instauré des actions impulsées par la direction des organismes afin d'en modifier la culture; à ce propos, nous avons reçu des échos de la part de très grands ministères fédéraux confirmant que, lorsque la direction s'implique, cela entraîne un changement effectif de la culture du lieu de travail, puisque les dirigeants se font les champions de l'évolution dans ce milieu; en quatrième lieu, différentes démarches sont proposées pour le signalement des incidents, dont certaines officielles et d'autres officieuses; ainsi, certains ministères ont désigné de façon spécifique des conseillers en harcèlement sexuel, voire constitué des unités chargées des plaintes et de leur traitement. Toutes sortes de régimes de soutien ont été mis en place afin d'aider les employés et de les orienter, sans parler évidemment de l'assistance dans le domaine juridique.
J'ajoute que j'ai beaucoup apprécié votre insistance pour que l'on dépersonnalise la question, car je pense que nous devons vraiment faire passer l'idée qu'il s'agit d'un problème d'ordre social, ou encore lié au lieu de travail. Il est hors de doute que les harceleurs sont des personnes qui ont des problèmes du côté des femmes ou du pouvoir, et peut-être pourrions-nous approfondir ces aspects. Je suis également très favorable à votre idée selon laquelle les témoins ont la responsabilité de signaler un incident.
Par ailleurs, nous avons imposé des sanctions pour les responsables de harcèlement sexuel. Ainsi, la chose peut être mentionnée dans le dossier personnel de l'employé; en outre, nous essayons d'obtenir que l'on aille jusqu'au licenciement, mais là, nous nous heurtons à la résistance des syndicats, qui appuient généralement le harceleur; ceci, selon moi, est source de tensions dans le milieu de travail.
Puis-je savoir quel est votre sentiment sur les questions que je viens d'évoquer?