Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de Wascana pour son excellent résumé de l'histoire des finances publiques du Canada. Il a pris part, de différentes façons, à des décisions très importantes pour l'économie du Canada au cours des dernières années. Les libéraux reconnaissent son apport, mais je ne suis pas certain que tous les députés d'en face lui en sont aussi reconnaissants que nous.
Une voix: C'est juste.
L'hon. John McKay: Mon collègue vient de dire que c'était juste.
Monsieur le Président, je veux commencer par discuter d'un article rédigé par Brian Lee Crowley et Robert Murphy qui est paru dans le Globe and Mail cette semaine. M. Crowley est originaire du Canada atlantique et il est bien connu là-bas. Je le décrirais comme étant plutôt conservateur sur le plan financier, et j'espère qu'il serait d'accord. Il a travaillé pour le ministère des Finances. Il a rédigé un livre qui révèle les leçons que les États-Unis pourraient tirer de l'histoire récente des finances publiques du Canada; le livre porte plus précisément sur la période où les libéraux étaient au pouvoir.
Voici ce que dit cet article:
Au milieu des années 1990, le Canada a été aux prises avec une crise financière bien pire que celle à laquelle les Américains sont confrontés aujourd'hui, et les solutions qu'ils proposent font piètre figure à côté des mesures que nous avons prises. En agissant avec fermeté, le Canada a résolu sa crise rapidement et avec étonnamment peu de grincements de dents. Comme le souvenir de cet exploit s'estompe, ou que la jeune génération...
...et mes collègues d'en face, si je peux me permettre...
[...] n'en connaît même pas l'existence, cela vaut la peine de se remémorer les événements.
Au milieu des années 1990, le gouvernement fédéral canadien était aux prises avec des déficits budgétaires depuis une vingtaine d'années. Le tiers de tous les revenus du fédéral était consacré au remboursement des intérêts sur la dette. Dans l'éditorial du Wall Street Journal du 12 janvier 1995, on pouvait lire ceci: « [Le Canada] est maintenant devenu un membre honoraire du tiers monde à cause de son incapacité à gérer sa dette [...] il a perdu sa cote de crédit triple A et ne peut s'attendre à ce que les prêteurs soient disposés à refinancer sa dette grandissante. »
J'ajouterais que mon prédécesseur dans la circonscription de Scarborough-Est a beaucoup fait pour que le Canada conserve sa cote triple A pendant le pire de la crise de 1995-1996.
La délivrance s'est produite le mois suivant, lorsque le gouvernement libéral de centre-gauche a déposé son budget historique. Ce document a constitué un moment marquant de l'histoire financière du Canada.
Le plus étonnant, ce ne fut pas les plans audacieux prévoyant des réductions massives, mais le fait qu'Ottawa a effectivement mis en oeuvre ces plans. Les dépenses globales ont chuté de plus de 7 % en deux ans, et les dépenses liées aux programmes — excluant les intérêts — de près de 10 %. Les dépenses fédérales en proportion de l'économie sont passées de près de 22 % à 19 % pendant la même période. En janvier 1998, 51 000 postes, soit environ 14 % de l'effectif, avaient été retranchés de la fonction publique fédérale. Le gouvernement fédéral a enregistré 11 excédents budgétaires consécutifs à partir de l'exercice 1997-1998. Comme il remboursait sa dette et que l'économie était florissante, la dette publique totale a fondu au cours de la décennie suivante.
L'article continue en présentant des solutions pour l'économie américaine.
Je ne prétends pas, et ne veux pas, m'engager dans un tel débat, mais il vaut la peine de souligner que le Canada s'en était sorti, mais que ce n'est plus le cas. Je tiens aussi à souligner que le prix à payer a été très lourd pour les premiers ministres Chrétien et Martin, le caucus libéral et le Parti libéral. J'ai été élu à la Chambre en 1997. Nous n'avions que quatre ou cinq sièges de majorité. C'était en partie dû aux conséquences du remède de cheval que nous avions dû imposer sur le plan fiscal.
Aucun budget n'est présenté dans un vide politique; les circonstances étaient très difficiles pour nous en 1997. Le révisionnisme de l'histoire politique auquel s'adonnent le premier ministre et le ministre des Finances s'inscrit dans le cadre de la campagne de désinformation conservatrice. Les conservateurs ont hérité d'un excédent de 13 milliards de dollards, et quelques années plus tard, ils en ont fait le déficit le plus important de l'histoire du Canada; depuis, ils ne cessent d'enregistrer des déficits. Ils se vantent même du fait que, cette année, le déficit sera inférieur à ce qu'il était l'année dernière, ou encore de la position du Canada en comparaison avec d'autres pays. Il va sans dire qu'on se porte très bien comparé à la Grèce, au Portugal, à l'Espagne ou à l'Italie. Les conservateurs omettent de mentionner qu'on ne se porte pas particulièrement bien comparé à l'Allemagne, à la Suède ou à la Norvège, des économies bien évidemment plus performantes.
Ce n'est pas pour rien qu'on parle d'économie politique; il peut y avoir de bonnes décisions politiques tout comme il peut y en avoir des mauvaises. Le courage politique qu'ont démontré MM. Chrétien et Martin, anciens premiers ministres, ainsi que l'ensemble du caucus libéral, a garanti un certain niveau de santé financière, santé que mine le premier ministre depuis qu'il est arrivé au pouvoir. Des décisions politiques lâches comme la réduction de la TPS ont gâché toutes les chances que nous avions de rétablir l'équilibre financier dans un avenir prévisible.
Les décisions politiques lâches comme celles qui consistent à faire fi de nos partenaires de la Confédération et à refuser de les rencontrer sèment le chaos au sein de la Confédération ainsi que la zizanie parmi les premiers ministres provinciaux, qui doivent composer avec l'incohérence qui règne au niveau des politiques. Les décisions politiques lâches qui cherchent à plaire à la base conservatrice, qui représente 35 % de la population, et qui ne tiennent aucunement compte du reste de la population ne font que nourrir la colère et l'apathie.
Comment un gouvernement peut-il prétendre savoir gérer l'économie si le nombre de chômeurs canadiens a crû de 34 % au cours de son mandat? Ces 1,4 million de chômeurs canadiens ne sont pas impressionnés par la prétendue gestion de l'économie des conservateurs. Sachant que, depuis quatre ans, il y a plus de chômeurs dans les secteurs de l'agriculture, de la construction et de la fabrication, comment les conservateurs peuvent-ils affirmer qu'ils savent gérer l'économie?
Évidemment, leur réponse à tout est l'allègement du fardeau fiscal. Si les gens sont sans emploi, baissons les impôts. S'ils se sont fait réduire leur pension, baissons les impôts. S'ils font faillite, une baisse des impôts leur fera le plus grand bien. Si leur industrie a été dévastée, baisser les impôts est la solution toute trouvée. S'ils ont le cancer, il leur faut une baisse d'impôts. Si des troubles secouent le Moyen-Orient, baissons les impôts. La cassette de Mitt Romney est le remède à tous nos maux. Avec les baisses d'impôts, nous pouvons échapper à tous les problèmes. Se sont-ils déjà posé la question fondamentale: comment nous sommes-nous retrouvés dans ce pétrin au départ?
Alors, Crowley et Murphy ont raison. Les États-Unis pourraient s'inspirer de Chrétien et de Martin. Toutefois, je suis prêt à admettre que les contextes politiques et économiques diffèrent passablement.
Nous devrions appuyer cette motion. Cependant, nous pourrions l'appuyer avec plus d'enthousiasme si son auteur ne créait pas lui-même sa propre version du chaos. Qualifier les premiers ministres provinciaux de messagers du premier ministre du Canada et passer sous silence diverses questions présentant un grand intérêt à l'échelle nationale minent la crédibilité de l'auteur de cette motion. Il a refusé lui-même de rencontrer les premiers ministres des provinces lors de ses voyages, ce qui mine également sa crédibilité relativement à la motion qu'il présente. Comme les conservateurs le soulignent à raison, le NPD s'est opposé à tous les accords de libre-échange. On ne saurait être un chef de file crédible sur le plan économique si l'on n'est pas capable de saisir les occasions de développer les échanges commerciaux du pays.
Le premier ministre du Canada a besoin de consulter les premiers ministres des provinces et il doit le faire beaucoup plus rapidement. Par conséquent, nous, les députés libéraux, appuierons cette motion.
Mr. Speaker, I want to commend my colleague, the member for Wascana, on what I thought was an absolutely excellent outline of Canada's fiscal history. He was, in many measures, front and centre in some very critical decisions on Canada's fiscal history in the last number of years. We in the Liberal Party recognize his contributions. I do not know if some colleagues across the way quite appreciate him in the way that we do.
An hon. member: That's a fair comment.
Hon. John McKay My hon. colleague says that's a fair comment.
Mr. Speaker, I want to start by talking about an article I read in The Globe and Mail this week by Brian Lee Crowley and Robert Murphy. Mr. Crowley is a well-known Atlantic Canadian. I would describe him, and I hope he would see the description the same way, as very much a fiscal conservative. In fact, he has been working with the Department of Finance. He wrote a book which talks about what the U.S. could learn from Canada's recent fiscal history, particularly the period of time in which the Liberal government was in power.
The article states:
Canada faced an even larger fiscal crisis in the mid-1990s than America does today, and our achievement dwarfs anything being proposed in Washington. By acting decisively, Canada resolved its crisis quickly and with surprisingly little pain. Since the memory of this momentous achievement is fading, or is unknown to the younger generation--
--and may I say colleagues opposite--
--it is worth recalling how it unfolded.
In the mid-1990s, the Canadian federal government had been in budget deficit for two decades. A third of all federal revenue was being frittered away on interest on the debt. A Wall Street Journal editorial from Jan. 12, 1995, declared that the country “has now become an honorary member of the Third World in the unmanageability of its debt problem … it has lost its triple-A credit rating and can’t assume that lenders will be willing to refinance its growing debt.”
May I add as a parenthetical comment that my predecessor in Scarborough East had a lot to do with trying to keep Canada's AAA credit rating in some of the worst part of the 1995-96 crisis.
Deliverance came the following month when the centre-left Liberal government tabled its historic budget. This document was a defining moment in Canada’s fiscal history.
More astonishing than the bold plans for a massive rollback was the fact that Ottawa actually did what the document said. Total spending fell by more than 7 per cent over two years, while program spending (excluding interest) fell by almost 10 per cent. As a share of the economy, federal spending fell from almost 22 per cent to 19 per cent during the same period. By January, 1998, federal employment was down 51,000 – about 14 per cent. Ottawa ran 11 consecutive budget surpluses beginning in 1997/98. With the federal government paying down its debt and the economy expanding, total public debt plummeted over the following decade.
The article went on in effect to prescribe medicine for the U.S. economy.
I do not pretend to, nor want to, engage in that debate, but it is worth remembering that Canada was there and we are no longer there. I want to point out again that there was an enormous political price to be paid by prime ministers Chrétien and Martin, the Liberal caucus and the Liberal Party. I came here in 1997. We came within four or five seats of actually losing a majority. Part of it had to do with the difficulties of the fiscal medicine we had to impose.
No budget is ever presented in a political vacuum and in 1997 it was a very difficult environment for us. The rewriting and reinventing of political history by the Prime Minister and the Minister of Finance is all part of a misinformation campaign by the Conservatives. The Conservatives inherited a $13 billion surplus and in a few short years turned it into Canada's largest deficit in history, having run deficits ever since. They even brag that this year they will have less of a deficit than they had last year, or they brag about how we compare to other countries. Certainly we are doing terrifically compared to Greece, Portugal, Spain or Italy. The Conservatives do not mention that maybe we are not quite so hot when we compare ourselves to Germany, Sweden or Norway, which is of course a better economy.
There is a good reason why this is studied as a political economy, because political decisions can be good and they can also be bad. The political courage shown by former prime ministers Chrétien and Martin and the Liberal caucus has brought Canada into a relative state of fiscal health and the Prime Minister has been dining out on it ever since. Gutless political decisions such as cutting the GST have, for the foreseeable future, killed any chance of ever going into a fiscal balance.
Politically gutless decisions such as ignoring Confederation partners and refusing to meet with them creates Confederation chaos, with premiers fighting with each other and with policy incoherence. Gutless political decisions that cater to the Conservatives' 35% base and ignore the rest are simply that, just creating anger and apathy.
How can a government say it knows how to manage the economy when the number of unemployed Canadians has risen 34% during its mandate? These 1.4 million unemployed Canadians are not impressed by the so-called management of the economy by the Conservatives. How can the Conservatives say that during the last four years there are more unemployed people in agriculture, construction and manufacturing trade and still say they know how to manage the economy?
Of course the answer is tax cuts. If people are unemployed, it is tax cuts. If they have just had their pension lopped off, the answer to that is tax cuts. If they are bankrupt, tax cuts are really going to work for them. If their industry has been devastated, tax cuts are going to be the answer. If they have cancer, that is tax cuts. For unrest in the Middle East, tax cuts. It is simply the Mitt Romney robo-answer to all our ills. Tax cuts will save us from everything. Do they never ask themselves the fundamental question of how we got ourselves into this mess in the first place?
So Crowley and Murphy are right in the sense that the U.S. could look to Chrétien and Martin for inspiration, but I am perfectly prepared to admit that the political and economic contexts are quite different.
This motion should be supported. However, it would be more supportable if its author did not go around creating his own chaos. Calling the premiers the Prime Minister's messengers and remaining mute on various issues that are of great national interest erodes his credibility when presenting a motion such as this. In his own trips, refusing to actually meet premiers again erodes his credibility with respect to the presentation of his motion. As the Conservatives rightly say, the NDP has opposed every free trade agreement. One cannot be a credible economic leader unless one deals with various opportunities to create trade in this country.
The Prime Minister does need to consult with the premiers, and he does need to do it much more quickly. He does need to do it, and therefore we in the Liberal caucus will be supporting this motion.