Monsieur le Président, d'entrée de jeu, permettez-moi de mentionner que je partagerai mon temps de parole. On ne m'en accorde malheureusement pas beaucoup, mais comme je suis un bon équipier, j'en céderai une partie à la députée de Gatineau.
Permettez-moi de vous dire à quel point je suis déçu de constater que le débat sur cette importante mesure a, une fois de plus, été limité. À l'étape de la deuxième lecture, nous aurons peut-être 10 heures au total pour débattre du projet de loi, ce qui signifie que la grande majorité des députés de la Chambre, soit les deux tiers d'entre eux, n'auront pas l'occasion de prendre la parole et de représenter leur circonscription. C'est honteux.
Nous parlons d'un projet de loi d'exécution du budget qui compte 350 pages et près de 500 articles et qui modifie des dizaines de lois. Le projet de loi accorde au ministère dont je suis le porte-parole pour mon parti, à savoir Pêches et Océans, un budget de 1,6 milliard de dollars, et on me donne 10 minutes pour en parler à la Chambre.
L'autre jour, nous avons eu l'occasion, en comité, de parler à la ministre du Budget principal des dépenses. Je ne disposais que de 10 minutes qu'il m'a fallu partager avec les membres de mon caucus. Pour être franc, je trouve que le niveau de reddition de comptes du gouvernement est absolument choquant. Nous continuons d'en avoir la preuve.
L'un des éléments que les conservateurs modifient, à savoir l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, concerne la région d'où je viens. Ils vont non seulement supprimer entièrement la Société d'expansion du Cap-Breton, qui donnait aux personnes sur le terrain une certaine voix au chapitre, mais ils vont aussi se débarrasser du conseil d'administration de l'APECA. Ils vont éliminer l'obligation du PDG de l'APECA de rendre compte, tous les cinq ans, de la contribution de l'organisation au développement économique de la région.
Quelle façon de supprimer la reddition de comptes à chaque étape du processus. Il est intéressant de constater, par exemple, que l'on démantèle la SECB au moment ou le vérificateur général mène une enquête sur l'irrégularité de la décision que celle-ci a prise concernant un investissement de quatre millions de dollars dans la construction d'une nouvelle marina à Ben Eoin. On pourrait dire que cela donne une impression de déjà-vu; cela fait beaucoup penser au projet de loi C-23, la loi sur le manque d'intégrité des élections. Les conservateurs sont en train de supprimer les dispositions qui permettraient à Élections Canada de porter des accusations contre certains députés conservateurs qui font l'objet d'une enquête pour avoir fait fi des règles lors de leur élection.
Encore une fois, c'est une habitude du gouvernement. Il semble se moquer de la démocratie, de l'intégrité des élections et de la reddition de comptes. Comme je l'ai dit, pour un budget de 1,6 milliard de dollars au ministère des Pêches et des Océans, nous obtenons une heure en tout, dont la plus grande partie est consacrée aux discussions avec la ministre. Ce n'est pas suffisant, selon moi, et selon les électeurs que je représente dans Dartmouth—Cole Harbour.
Je ne dispose que de quelques minutes, mais je veux parler de ce que le gouvernement aurait pu faire. Il a fait bien des choses que je n'approuve pas, et d'autres que j'approuve. Il y a beaucoup de choses, cependant, que le gouvernement n'a pas su faire, comme investir dans l'innovation, assurer le développement économique et créer des emplois de qualité pour la classe moyenne. Nous avions espéré que les conservateurs continueraient de miser sur un crédit d'impôt existant pour la création d'emplois à l'intention des petites et moyennes entreprises. Ils ont décidé de ne pas le faire.
Nous voulions qu'ils élaborent une stratégie globale pour résoudre les problèmes persistants de chômage et de sous-emploi structurels chez les jeunes du pays, créer des emplois pour les jeunes canadiens et aider les entreprises à en créer, et éliminer les stages non rémunérés afin que les jeunes soient payés pour le travail qu'ils accomplissent.
Il y a un grave problème dans ce pays: les jeunes qui sortent de l'école secondaire ou de l'université ont beaucoup de difficulté à décrocher un emploi qui correspond à leurs compétences. Ils ont beaucoup de mal à trouver un emploi pour acquérir de l'expérience et gagner de l'argent, que ce soit pour soutenir une famille ou poursuivre leurs études. Il n'y a pas d'emplois, et les conservateurs n'ont pas proposé d'autre plan pour remédier à ce problème que le plan canadien pour l'emploi, qui n'aide pas les étudiants. Il a été annoncé l'an dernier et ce n'est que maintenant qu'il est accepté par certaines provinces. Il menace les ententes relatives au marché du travail qui prévoient du financement pour les Canadiens les plus vulnérables, des cours d'alphabétisation et de préparation au marché du travail dans ma province, la Nouvelle-Écosse, et un peu partout au pays.
Les provinces ont été contraintes, presque sous la menace, de signer cet accord, car elles savaient qu'elles perdraient le financement qu'elles avaient déjà prévu dans le cadre de ces ententes relatives au marché du travail, qui permettent de soutenir des organismes tels que le réseau d'apprentissage de Dartmouth dans ma province, pour n'en nommer qu'un, et des programmes d'un bout à l'autre du pays. C'est extrêmement malavisé et cela illustre bien le manque de compréhension des conservateurs à l'égard de la complexité de la formation professionnelle au pays.
Nous avions espéré que le gouvernement établisse des critères explicites et transparents pour l'évaluation de l'avantage net prévu dans la Loi sur Investissement Canada en mettant l'accent sur l'incidence des investissements étrangers sur les collectivités, les emplois, les pensions et les nouveaux investissements de capitaux. Beaucoup d'employeurs de ma circonscription m'ont demandé pourquoi le Canada ne semble pas se soucier des emplois au pays alors que les Américains protègent les leurs. Les gens sont extrêmement frustrés que ce soit interdit aux entreprises qui mènent des activités aux États-Unis au moment où leurs pendants américains viennent déclasser leurs rivaux canadiens.
Enfin, nous avions espéré qu'une étude soit menée sur les méthodes employées pour encourager la production nationale à valeur ajoutée dans le secteur énergétique.
La liste est longue, mais une des choses qui me préoccupent particulièrement est que les conservateurs n'ont pas rétabli le programme écoÉNERGIE Rénovation -- Maisons. Cette initiative a donné de bons résultats et représentait un investissement dans le secteur de l'énergie renouvelable. C'était un investissement dans la façon dont les Canadiens contrôlent leur consommation d'énergie, et une bonne manière d'aller de l'avant. Toutefois, les conservateurs ont manqué de jugement et ont plutôt décidé de ne plus s'engager dans cette voie.
Je vais conclure en disant à quel point je suis déçu en tant que député de Dartmouth—Cole Harbour de participer sans cesse à des débats dans le cadre desquels le gouvernement actuel étouffe notre démocratie. Il me prive de mes droits de député en m'empêchant chaque jour d'examiner les projets de loi et les budgets et d'exprimer les préoccupations de mes électeurs. C'est ce que font sans cesse les conservateurs.
Les habitants de Dartmouth—Cole Harbour me disent que c'est inacceptable. Ils veulent que je transmette ce message chaque fois que j'en ai l'occasion, en attendant d'avoir eux-mêmes l'occasion de le faire en 2015.