Monsieur le Président, je propose que le cinquième rapport du Comité permanent des finances, qui a été présenté à la Chambre le mercredi 14 décembre 2011, soit adopté.
Je partagerai mon temps de parole avec le remarquable et éloquent député de Dartmouth—Cole Harbour.
Au cours des derniers mois, nous avons entendu comment les conservateurs qualifient leur gouvernement. Voici le premier rapport du Comité des finances qui est produit par ce gouvernement majoritaire qui prétend avoir un mandat ferme. Si Tommy Douglas siégeait encore à la Chambre, il dirait certainement qu'il se dégage du gouvernement une forte odeur de ferme.
Si l'on considère les activités économiques des derniers mois, depuis la réélection du gouvernement le 2 mai, on constate que le rapport ne parle pas de ce qui se passe réellement pour la grande majorité de familles canadiennes.
Avant de céder la parole à mon collègue de Dartmouth—Cole Harbour, je consacrerai la majeure partie du temps qui m'est alloué à parler exactement de ce qui est arrivé aux familles canadiennes sous le gouvernement conservateur.
Je veux parler de quelques statistiques cruciales, au sujet desquelles nous aimerions obtenir des réponses du gouvernement même si nous n'avons pas toujours le temps de l'interroger pendant la période des questions. Les deux premières questions concernent les statistiques sur le commerce. Le gouvernement affiche le pire déficit commercial de l'histoire canadienne. Le déficit courant de la balance des paiements est aussi le pire de l'histoire du pays. C'est à cela que le gouvernement en est arrivé après six ans. Maintenant, qu'est-ce que cela signifie?
D'abord, nous avons assisté à l'érosion complète de notre secteur manufacturier. Nous avons assisté à la perte de 400 000 emplois bien rémunérés dans le secteur manufacturier. Tout cela explique certainement notre déficit commercial record.
Le gouvernement répondrait que nous envoyons des matières premières à l'extérieur du pays et que cela compense les pertes d'emplois. En réalité, si l'on s'attarde au déficit courant de la balance des paiements, le pire que nous ayons jamais eu, on constate, même en tenant compte de l'exportation de billes de bois brut, de minéraux bruts et de bitume brut, que le gouvernement a tout simplement mis en péril les emplois du secteur manufacturier, des emplois de bonne qualité dont jouissait notre économie, à cause de politiques qui ne peuvent qu'être qualifiées de pure folie. Le cinquième rapport ne reflète pas cette réalité.
Parlons de la qualité des emplois, un autre élément sur lequel le rapport majoritaire du Comité des finances reste muet. Lorsqu'on analyse la question, on constate que la plupart des emplois créés sous le règne conservateur sont à temps partiel ou temporaires, des emplois très précaires. Ce sont des familles canadiennes qui parviennent difficilement à joindre les deux bouts, qui cherchent si possible à cumuler les emplois à temps partiel et à passer d'un contrat temporaire à l'autre. Sous le règne du gouvernement actuel, la qualité des emplois est manifestement en baisse. Les 400 000 emplois perdus dans le secteur manufacturier, que j'ai déjà mentionnés, sont une tache au dossier du gouvernement, une tache qui persistera des générations durant.
Parlons maintenant de la quantité d'emplois. Les conservateurs adorent prendre la parole à la Chambre pour lancer des chiffres sur la création d'emploi sous leur règne. Selon Statistique Canada, la réalité est tout autre parce qu'au lieu de les inventer de toutes pièces, l'organisme observe et produit de vraies statistiques sur l'état de l'économie canadienne.
De mai 2008 jusqu'à l'automne dernier — j'y reviendrai dans un instant —, le gouvernement a créé 200 000 emplois à peine. Le problème, c'est qu'au cours de la même période, le bassin de main-d'oeuvre s'est accru non pas de 200 000, ni de 300 000, ni de 400 000, mais bien de 450 000 personnes. Ce que ça veut dire pour le Canadien moyen, c'est que le gouvernement a créé 200 000 emplois alors qu'il en fallait 450 000 pour maintenir les choses au même niveau, pour préserver le statu quo.
C'est une fois de plus un véritable échec de la part du gouvernement. Il manquait un quart de million d'emplois avant même le début de l'automne. Que s'est-il passé à l'automne? Les néo-démocrates le savent très bien parce qu'ils entretiennent des liens avec leurs électeurs et leur collectivité. Bien des députés de notre côté de la Chambre, de même que des conservateurs, ont vu des usines fermer dans leur circonscription.
Ce qui s'est passé, c'est l'élimination de 60 000 emplois à plein temps. Soixante mille ménages ont perdu leur gagne-pain. À 60 000 reprises, des travailleurs ont senti l'angoisse leur serrer la gorge à l'idée d'annoncer à leur famille que les enfants ne pourraient peut-être pas aller au camp de vacances l'été prochain, qu'il faudrait se serrer la ceinture et qu'il ne serait peut-être pas possible de conserver leur maison. Sous le règne du gouvernement actuel, ça s'est produit 60 000 fois en quelques mois à peine.
Passons maintenant aux salaires. La famille canadienne moyenne a perdu 2 p. 100 de son revenu réel l'an dernier. Les familles peinent à joindre les deux bouts avec de moins en moins d'argent sous le gouvernement actuel. Les emplois que les conservateurs ont créés rapportent 10 000 $ par année de moins que les emplois qui avaient été perdus. Les centaines de milliers d'emplois éliminés ont été remplacés par des emplois à temps partiel et des emplois temporaires qui rapportent 10 000 $ de moins par année.
La dernière catégorie concerne la façon dont les familles canadiennes s'en sortent sous les conservateurs. Les néo-démocrates savent, car ils écoutent leurs électeurs, que l'endettement de la famille canadienne moyenne n'a jamais été aussi élevé dans l'histoire de notre pays que sous le gouvernement conservateur actuel. Les familles ont de la difficulté à garder la tête hors de l'eau et à payer leurs factures parce que le gouvernement ne sait tout simplement pas comment gérer l'économie.
De plus, nous assistons à des inégalités de revenus record, aussi importantes qu'à l'époque de la Grande Crise. Une petite minorité de Canadiens gagnent la majeure partie du revenu réel de ce pays. Ces statistiques sont choquantes, mais bien vraies. C'est ce que de nombreux Canadiens ont déclaré au Comité des finances et à l'occasion d'audiences prébudgétaires tenues partout au pays. Cela ne figure pas dans le rapport majoritaire. C'est un problème fondamental lorsque les membres conservateurs du comité ne reconnaissent tout simplement pas la réalité économique de tant de familles canadiennes.
Comment les conservateurs ont-ils choisi de procéder? On en a une idée dans ce cinquième rapport, mais c'est bien plus évident quand on examine le Budget principal des dépenses dont il est question depuis quelques jours, et à la lumière des points et des questions que les députés néo-démocrates soulèvent à la Chambre en réaction aux besoins et aux commentaires de leurs électeurs. Ceux-ci estiment en effet que le gouvernement fait totalement fausse route en voulant dépenser des milliards de dollars pour des avions de combat criblés de problèmes majeurs et achetés sans appel d'offres.
Les F-35 devaient coûter 9 milliards de dollars. Ce coût a grimpé à 15 milliards de dollars, puis à 16, 20, et maintenant 30 milliards de dollars. Comme la plupart des députés le savent, personne de ce côté-ci de la Chambre ne sait quel sera le coût final des F-35. Le gouvernement dit que ce sera 30, peut-être 40 milliards de dollars. De ce côté-ci de la Chambre, nous pensons qu'il faut tout reprendre à zéro. Si nous voulons remplacer les F-18, nous devons lancer un nouvel appel d'offres à prix fixe et nous assurer de bien contrôler tous les coûts avancés par le gouvernement fédéral.
Le gouvernement a également mis de l'avant un programme d'incarcération très coûteux. Des évaluations ont été effectuées, mais aucun membre du Parti conservateur n'a pu dire avec certitude quels seraient les coûts engendrés par ce programme. Selon les évaluations indépendantes qui ont été menées, le coût total s'élèverait à approximativement 19 milliards de dollars. Ce programme ne répond pas aux priorités des familles canadiennes qui sont plus endettées que jamais et qui ont besoin d'un répit. Elles veulent un gouvernement qui se préoccupe de leur bien-être, qui est prêt à investir dans la création d'emplois et dans la mise en place de services pour les aider et qui est prêt à mettre en avant des priorités conformes aux valeurs canadiennes fondamentales que nous partageons tous.
Le rapport majoritaire ne tient pas du tout compte de ces priorités. Il ne reflète même pas les priorités des Canadiens qui ont comparu devant le Comité des finances.
Heureusement, dans le rapport minoritaire du NPD, on parle de renforcer le système de pensions afin de pouvoir sortir les aînés de la pauvreté et d'assurer la solidité du système pendant des années à venir. Dans notre rapport minoritaire, nous parlons de programmes de création d'emplois, de la nécessité que le gouvernement fédéral accorde la priorité à la création de bons emplois permettant de faire vivre une famille, le genre d'emplois que les conservateurs ont perdus au cours des dernières années. Nous parlons d'apporter des modifications à la politique de recherche et de développement, qui n'a pas donné de bons résultats sous les conservateurs. Nous parlons d'ouvrir l'accès à l'éducation postsecondaire, de prendre des mesures pour empêcher les consommateurs canadiens d'être victimes quotidiennement de pratiques financières douteuses, de privilégier une économie verte et d'investir dans des infrastructures essentielles. Nous parlons d'investir dans l'éducation préscolaire et d'assurer la qualité de l'éducation postsecondaire afin de permettre aux jeunes de se préparer aux emplois de demain.
Bref, le rapport porte sur les priorités réelles des Canadiens, les valeurs que nous partageons tous et la direction dans laquelle les citoyens veulent que le pays se dirige.
Le rapport minoritaire du cinquième rapport du Comité des finances décrit ce que les Canadiens veulent: une économie qui tient compte du pays que nous souhaitons tous avoir, c'est-à-dire un pays où tout le monde est important et où personne n'est oublié. C'est le genre d'économie que les Canadiens désirent et c'est celle qui est décrite dans notre rapport minoritaire.