Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole au sujet de cette motion.
Je tiens d'abord à remercier et féliciter tous les agents de sécurité de l'excellent travail qu'ils font sur la Colline du Parlement, comme l'ont démontré notamment les événements du 22 octobre.
Quand je songe à mes premiers jours passés au Parlement, en 2011, je me souviens que, à mon arrivée, j'ai été impressionné de voir la rapidité avec laquelle chaque agent de sécurité arrivait à reconnaître chacun d'entre nous, et de constater à quel point ils étaient aimables et serviables. Pour bon nombre d'entre nous, il n'aura fallu que quelques années pour que tous se connaissent par leur prénom. Nous avons eu des discussions formidables au sujet de nos familles, nos amis, nos intérêts, nos passe-temps et nos régions d'origine.
C'est un aspect important, car l'excellence d'un service de sécurité repose avant tout sur les gens qui en font partie. Je puis dire aux députés que nous ne sommes pas les seuls à bénéficier de ce service personnalisé, car les Canadiens que nous accueillons tous les jours de l'année ont droit aux mêmes égards. Nous devons pouvoir maintenir cette relation tout en aidant le personnel à faire son travail.
Je suis très impressionné de voir le personnel de sécurité s'investir autant dans son travail, avec tant d'énergie, indépendamment de toutes les mesures tangibles de sécurité que nous pouvons mettre en oeuvre, sous forme d'équipement, de formation ou de stratégies opérationnelles. Les efforts et l'énergie que les membres du personnel de sécurité déploient pour comprendre ceux qu'ils doivent servir est probablement le principal facteur permettant d'assurer la sécurité de tout le monde sur la Colline du Parlement, et j'en remercie le personnel de sécurité.
Évidemment, depuis le 22 octobre, jour que personne n'oubliera de sitôt, je remarque la vigilance soutenue des services de sécurité sur la Colline du Parlement et dans l'ensemble de la cité parlementaire.
La motion d'aujourd'hui traite de l'intégration des services de sécurité. On a relevé, au cours du débat actuel, que cinq services de sécurité ou de police se côtoient sur la Colline du Parlement et dans la Cité parlementaire, dans un rayon d'environ 150 mètres autour du Parlement lui-même: le service de sécurité de la Chambre des communes, le service de sécurité du Sénat, la Gendarmerie royale du Canada, la police d'Ottawa et même la Police provinciale de l'Ontario, qui exerce certaines fonctions dans la région.
Il y a quatre services principaux, et nous souhaitons qu'ils soient intégrés et collaborent bien ensemble. Ils l'ont déjà fait à maintes reprises, à l'occasion de nombreux événements, pendant des années, et ils continueront de bien le faire à l'avenir.
Je dois souligner que la présente motion, qui est bien formulée, est très claire sur deux points.
La motion dit que la sécurité devrait être intégrée. Elle ne parle pas d'un remplacement. Il n'est aucunement question de remplacer les hommes et les femmes dévoués qui sont à notre service dans cet édifice et dans les autres édifices de la cité parlementaire. Il est plutôt question de voir à ce que les services actuels, avec leur effectif en uniforme — service de sécurité de la Chambre des communes, services de police et Gendarmerie royale du Canada —, puissent communiquer et collaborer efficacement.
À mon avis, nous devons cela aux Canadiens, non seulement parce qu'ils s'attendent à avoir un gouvernement sûr et efficace, capable de faire ce qu'il doit faire sans crainte d'être interrompu par un acte de violence, mais parce qu'ils s'attendent à ce que nous soyons capables de protéger et de servir les gens que nous invitons ici tous les jours. Je crois également que nous devons cela aux membres de notre personnel de sécurité.
Nous leur devons de leur fournir le système le plus performant et intégré possible, afin qu'ils ne soient pas en danger, qu'ils ne courent pas plus de risques, qu'ils n'aient pas de mauvaises surprises, et qu'ils aient suffisamment de temps pour anticiper, prévenir et gérer toute menace ou crise à laquelle nous sommes confrontés.
Il n'y a pas que la menace de violence. Les situations d'urgence et les crises ne se limitent pas à des gens armés qui prennent d'assaut la Colline du Parlement comme ce fut le cas le 22 octobre. Il y a également les événements imprévisibles, comme les incendies, les tremblements de terre, les urgences médicales, les pertes massives de vies, les foules et les manifestations. Il ne s'agit pas toujours de situations très spectaculaires et dangereuses. Il peut également s'agir de situations graves qui peuvent survenir dans n'importe quel environnement de sécurité, surtout ici, sur la Colline.
Il nous incombe, bien sûr, de nous assurer que tous les services existants, dans la Cité parlementaire et aux alentours, soient capables de gérer tous les incidents qui touchent à la sécurité.
L'accès des Canadiens à la Colline et leur sécurité constituent deux autres bonnes raisons d'intégrer au maximum les services de sécurité et de les rendre aussi efficaces que possible. Après les attentats d'octobre, les Canadiens nous ont clairement fait comprendre qu'ils ne voulaient pas qu'on leur coupe l'accès à la Colline du Parlement. Pour eux, il est fondamental qu'ils puissent avoir accès librement et de manière à peu près ininterrompue à la Colline.
Nous les avons écoutés. Nous avons évité les réactions excessives. Nous nous en sommes tenus aux objectifs que nous nous étions fixés et avons tâché de comprendre les dangers qui planaient sur nous ce jour-là et qui pourraient peut-être se manifester de nouveau. Comme je le disais, le danger ne vient pas seulement de la violence directe, mais de toutes les situations d'urgence qui pourraient survenir dans nos murs.
Nous comptons sur ces gens pour que nos systèmes de sécurité soient fonctionnels et pour que les parlementaires, le personnel de soutien, les agents de sécurité ainsi que nos invités puissent, dans toute la mesure du possible, avoir accès librement et sans entrave à la Colline du Parlement et au Parlement lui-même.
La Cité parlementaire va au-delà de la seule Chambre des communes. J'écoutais le débat, ce matin, et j'ai remarqué qu'il a souvent été question des attentats du 22 octobre, lors desquels le suspect a réussi à parcourir une partie de la Colline et à se rendre jusqu'aux portes principales du Parlement. Il a aussi été question du rôle des services de sécurité et des relations entre la GRC et nos services internes, notamment ceux qui assurent la sécurité de l'édifice du Centre.
En fait, la Cité parlementaire s'étend des terrains de la Cour suprême jusqu'à l'édifice de l'Est. C'est assez vaste. Les zones dégagées sont sous la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada. De nombreux véhicules et moyens de transport sillonnent la Cité. Les parlementaires se déplacent d'un édifice à l'autre, ce qui veut dire que nous passons d'un système de sécurité à un autre. Nous passons d'une enclave à une autre. D'un système de communications à un autre. Et à chaque endroit sa stratégie opérationnelle, ses uniformes et ses protocoles. C'est le gros bon sens qui nous demande de fusionner ces protocoles et ces procédures et de les intégrer selon une méthode logique qui permettra de les uniformiser et de les rendre plus fluides.
En parallèle, comme la motion le prévoit, il faut respecter l'indépendance complète des deux Chambres et faire en sorte que les postes des agents des services de sécurité soient protégés, ce qui est très important pour tous les parlementaires. Les agents ont fait un travail remarquable, et pas seulement le 22 octobre, ce dont nous avons d'ailleurs fait grand cas, à juste titre, et j'ai pu le constater chaque jour depuis que j'ai été élu, que nous avons accédé au pouvoir et que j'ai franchi les portes du Parlement.
Je sais que je ne suis pas nécessairement facile à reconnaître, et c'est pourquoi je n'oublierai jamais lorsque je suis arrivé à l'édifice La Promenade. Un agent de sécurité m'a reconnu au premier coup d'oeil, il m'a appelé par mon nom et il a su me guider; j'en étais renversé. Je ne pouvais pas croire qu'il me reconnaissait, puisque je venais tout juste d'arriver. J'ai d'ailleurs souligné au début de mon intervention que les agents de sécurité connaissent très bien leurs clients ainsi que leurs besoins.
Lorsque le processus d'intégration débutera et que nous ferons en sorte que chacun des services de sécurité fasse le même travail avec le même niveau d'intérêt et la même approche, nous serons tous alors plus en sécurité. Nous serons beaucoup plus confiants. Nous pourrons nous concentrer sur la tâche à accomplir. Nous aurons alors le sentiment d'être grandement appuyés lorsque nous invitons des gens ici, nous nous sentirons en confiance. Nous saurons que, chaque jour, nous faisons la bonne chose pour les Canadiens.
Je tiens à parler brièvement des avantages de l'intégration. À titre d'ancien membre de la Gendarmerie royale du Canada, j'ai de l'expérience dans ce domaine. Durant les 20 années ou j'ai travaillé dans les forces de l'ordre, j'ai occupé des postes dans des domaines très divers: amélioration de la sécurité des quartiers, service correctionnel, application de la loi visant les parcs et la conservation, et sécurité dans le secteur privé. Je comprends la notion de cloisonnement des services de sécurité. Lorsqu'il est question de sécurité et de maintien de l'ordre, je sais de quoi il en retourne: j'en comprends les points communs et les synergies ainsi que les différences.
Je vais vous donner un bref exemple qui expliquera l'avantage d'intégrer les services de sécurité. Ce n'est pas quelque chose d'unique. Nous n'inventons rien de nouveau. C'est une mesure qui est employée partout au pays pour toutes sortes de raisons.
En 2007, lors des Jeux d'hiver du Canada, au Yukon, j'avais été embauché pour diriger les services de sécurité. La firme privée ayant obtenu le contrat avait désigné 90 employés pour assurer la sécurité des jeux. Il y avait évidemment des centaines de bénévoles assurant la sécurité qui n'étaient pas visés par le mandat de l'entreprise et n'étaient pas placés sous son contrôle opérationnel. En outre, la ville, dont le maintien de l'ordre était assuré par la Gendarmerie royale du Canada, était entièrement responsable de la gestion du site, y compris des interventions d'urgence et de la coordination des agents de sécurité bénévoles et payés travaillant sur le site, que ce soit dans le village des athlètes, les lieux où se déroulaient les compétitions sportives, les lieux de célébration ou l'endroit où se tenait la cérémonie d'ouverture.
Si, à l'époque, les bénévoles et la GRC avaient décidé de travailler isolément, de remplir leur mandat chacun de leur côté, ils n'auraient pas été en mesure d'assurer la sécurité des athlètes et des visiteurs présents sur les lieux. Ces jeux n'auraient jamais pu être une telle réussite. S'ils ne s'étaient pas sentis en sécurité, les athlètes n'auraient pas pu se concentrer sur leur tâche et les spectateurs n'auraient pris aucun plaisir à les regarder.
Qu'avons-nous fait? La GRC a pris les rênes de l'opération, même si l'entreprise pour laquelle je travaillais, et non la GRC, avait reçu le mandat d'assurer la sécurité du village des athlètes. Nous assurions l'intégration des communications, et nous nous rencontrions tous les soirs pour parler des événements de la journée. Nous tenions aussi des séances d'information.
Voilà ce que signifie l'intégration. Il s'agit de l'intégration des communications et de la coordination des rôles, qui sont clairement définis. Cela suppose une formation commune, qui est hautement profitable pour tous et serait hautement profitable ici. Cela suppose des breffages communs, de l'échange d'information et de renseignements de sécurité, la mise en place de chaînes de commandement et de liens hiérarchiques et l'interopérabilité des systèmes, des outils et du matériel. Il va sans dire que c'est très important lorsque plusieurs forces de sécurité et de police travaillent ensemble. L'interopérabilité des systèmes de communication est extrêmement importante, mais aussi celle des outils et de la formation.
Le 22 octobre, ici même, divers moyens qui n'auraient pas normalement été utilisés par les services du Parlement ont été mis en oeuvre. Il est non seulement important, mais aussi capital, que les hommes et les femmes qui travaillent ici sachent quels sont ces moyens et comment les utiliser et les intégrer. Jusqu'à maintenant, nous ne leur en avons pas donné la possibilité. Nous avons maintenant la possibilité de leur faire connaître ces outils, systèmes et procédures et de mettre à leur disposition l'éventail des outils et des capacités opérationnelles de la GRC. Nous allons leur donner un ensemble de possibilités, des cours et des connaissances qui ne les rendront que meilleurs dans ce qu'ils font. J'en profite pour dire qu'ils excellent déjà dans leur travail.
Nous avons saisi une occasion semblable d'intégrer les systèmes lorsque je travaillais pour les Jeux d'hiver du Canada. Nous avons regroupé toutes les forces sans qu'il n'y ait de lutte de pouvoir. Aucune des forces concernées ne se pensait supérieure à l'autre. Là n'était pas la question, pas plus que ce ne l'est aujourd'hui. Il s'agissait plutôt de mettre de côté ce genre de discussion pour accomplir notre tâche, qui consistait à veiller à la sécurité de nos clients, des amateurs, des spectateurs et des athlètes et à assurer le bon déroulement d'un merveilleux événement sportif sur notre territoire. Il va sans dire que ce n'était pas une approche unique. Nombre d'organisations importantes utilisent cette approche à l'occasion de toutes sortes d'événements de premier plan. On l'utilise également à l'échelle municipale, et dans les milieux de la police et de la sécurité.
Je répète qu'il ne s'agit pas d'un précédent. Les parlements australiens et britanniques sont déjà passés par là.
Ce n'est pas seulement à l'occasion des Jeux d'hiver du Canada de 2007 que nous avons procédé à l'intégration des services afin que diverses organisations puissent communiquer, travailler et s'entraîner ensemble. Tout au long de ma carrière, nous avons préconisé une telle approche, que ce soit au groupe chargé de l'application de la loi dans les parcs ou pour la conservation ou à la Gendarmerie royale du Canada, pour inciter les groupes communautaires et nos partenaires à former des partenariats et pour nous assurer que nos initiatives soient toujours dans l'intérêt des clients que nous servons, sans chercher à savoir qui a le plus de responsabilités, qui est plus important et qui exerce le plus grand contrôle. Dès qu'on se lance dans de telles considérations, on s'éloigne de la tâche à accomplir, du mandat central, qui consiste à veiller au bon fonctionnement du gouvernement au nom des Canadiens.
Je ne demande pas l'intégration pour garantir ma sécurité personnelle. Je la demande d'abord et avant pour garantir la sécurité des hommes et des femmes dévoués qui travaillent ici, qu'il s'agisse des agents de la GRC ou du personnel de sécurité de la Chambre des communes, pour que ces personnes soient en sécurité et puissent travailler efficacement. Ainsi, lorsque ces gens se retrouveront sur la ligne de front et devront faire face à une situation d'urgence, qu'il s'agisse d'une menace de nature violente, d'une urgence médicale, d'un cas de force majeure ou d'une catastrophe naturelle, j'aurai l'esprit tranquille, car je saurai que nous leur aurons donné les outils nécessaires pour accomplir leur travail comme il se doit et que nous n'aurons pas refusé de les leur fournir de peur que ce soit mal perçu et qu'un service paraisse meilleur qu'un autre.
Une fois de plus, je tiens à souligner que la motion n'a absolument rien à voir avec la qualité des services offerts par une organisation par rapport à une autre. La Chambre ne doit pas se laisser entraîner dans ce genre de débat, car ce n'est pas l'objectif. L'objectif est de veiller à ce que le gouvernement s'acquitte de ses responsabilités et abandonne toute tradition qui confine le Parlement à l'âge des ténèbres. Il s'agit d'abord d'assurer la sécurité des Canadiens, des hommes et des femmes qui travaillent ici et des gens que nous invitons, et de faire en sorte que la Chambre puisse se concentrer d'abord et avant tout sur la tâche à accomplir. Ainsi, elle ne doit pas se concentrer sur les menaces qui frappent à sa porte, mais bien sur les menaces qui viennent de l'étranger et qui arrivent jusqu'à nos frontières. Nous pourrons donc vaquer à nos activités quotidiennes en toute confiance, sachant que les hommes et les femmes qui sont ici pour nous protéger sont capables d'accomplir leur travail à la perfection pour que nous puissions poursuivre les travaux à l'ordre du jour avec fierté, sans crainte pour notre sécurité et en sachant que nous ne serons ni interrompus ni troublés par les événements qui perturbent l'Amérique du Nord et les autres pays du monde, de même que par tout autre événement qui pourrait survenir ici. Nous voulons également que les Canadiens aient l'assurance que nous pouvons siéger en tout temps à la Chambre des communes.
En conclusion, nous remercions tous ces professionnels pour le travail qu'ils accomplissent ici chaque jour. Nous sommes conscients des sacrifices qu'exige leur travail. Ils se sont déjà trouvés en danger par le passé et devront encore affronter des risques à l'avenir. Ils ont toute notre gratitude. Nous verrons à leur fournir les outils dont ils ont besoin pour travailler efficacement et répondre aux besoins des Canadiens.