Monsieur le Président, tout projet de développement doit d'abord respecter les critères de base de développement durable. Je trouve très drôle, très particulier et pathétique d'entendre le gouvernement et les députés du Parti libéral nous dire qu'ils ne comprennent pas la nuance entre « être ouvert à un projet » et « être en faveur d'un projet ». On est ouvert au projet à condition qu'il respecte les critères de base de développement durable. Là est la question.
Aujourd'hui, je tiens à m'adresser à tous les Canadiens mais principalement aux femmes et hommes de ma circonscription qui m'ont interpellé quant à l'inquiétant projet de port pétrolier de Cacouna. Je suis inquiet de constater que le gouvernement fédéral refuse — oui, refuse — de prendre ses responsabilités afin d'assurer la protection de l'écosystème complexe qu'est le fleuve Saint-Laurent.
La circonscription Montmorency—Charlevoix—Haute-Côte-Nord a l'immense privilège de border certaines des zones les plus magnifiques et les plus biologiquement diversifiées du fleuve emblématique de notre nation.
Comme je l'ai déjà mentionné à la Chambre, que ce soit la Réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix, le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, le Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins, notre région peut se targuer de compter sur des organismes de renommée mondiale liés aux merveilles du fleuve.
Ces institutions constituent non seulement un formidable atout pour l'environnement et notre région, mais également un moteur essentiel au développement de notre industrie touristique. C'est pourquoi la protection de cet écosystème me tient particulièrement à coeur. Chaque personne qui a grandi ou qui réside près du fleuve ne peut que souhaiter sa protection et sa conservation pour les générations futures. Malheureusement, le gouvernement conservateur semble abdiquer ses responsabilités en matière d'environnement, ce qui laisse de nombreuses personnes de notre région avec de sérieuses inquiétudes et plusieurs questions, sans réponse.
Une voix: À raison.
M. Jonathan Tremblay: Oui, monsieur le Président, à raison.
Récemment, les activités de forage contestées et inquiétantes à Cacouna qui ont tout de même étaient autorisées par les gouvernements fédéral et provincial ont fait couler beaucoup d'encre. J'aimerais revenir en arrière, afin de mettre en lumière l'inaction du gouvernement en matière d'environnement.
Je me souviens, l'automne dernier, de la fermeture des postes clés à l'Institut Maurice Lamontagne, laboratoire de recherche sur les bélugas. Je me souviens aussi que la ministre de l'Environnement esquivait les questions, démontrant ainsi sa volonté de continuer ses attaques contre les scientifiques qui, eux, permettent de suivre l'évolution des bélugas et des autres mammifères marins qui sont menacés.
On comprend tous que le gouvernement faisait son lit pour mettre en avant avec le projet du port Gros-Cacouna: moins d'argent dans la recherche scientifique, moins de données sur la population des mammifères marins et moins de données sur l'écosystème, donc moins d'embûches à la réalisation du projet.
Nous avons aussi demandé à la ministre de l'Environnement de cesser de jouer à cache-cache et de rendre publics les avis scientifiques sur les activités au large de Cacouna qui, je le rappelle, est non seulement le coeur de l'habitat du béluga, mais aussi la pouponnière de cet espèce menacée. Ce qui fut refusé. Bien que nous ayons obtenu une réunion d'urgence, le président du Comité permanent des pêches et des océans a tenu à ce que cette rencontre se fasse a huis clos. Tout porte à croire que le gouvernement essaie de cacher quelque chose.
D'ailleurs, il est inconcevable que la ministre des Pêches et Océans réponde à la Chambre que, pour obtenir des données scientifiques, il suffit d'utiliser Google. J'en suis sincèrement désolé pour tous les Canadiens qu'une ministre réponde ainsi à la Chambre. Est-ce à dire que la ministre et ses fonctionnaires se fient à Google pour se faire une idée de ce dossier?
C'est amusant de constater que l'avis scientifique qui se trouve en faisant une recherche sur Google est le même avis scientifique officiel que celui qui a été envoyé au ministre québécois de l'Environnement.
Le titre d'un article du Journal de Québec, le 1er octobre, est assez révélateur: « Un avis scientifique inventé » par le ministère.
Il traite du jugement de la Cour supérieure du Québec sur l'arrêt des forages jusqu'au 15 octobre.
On peut y lire que, selon la juge de la Cour supérieure, la lettre du 8 août du ministère des Pêches et Océans du Canada — on parle d'une lettre et non d'un avis scientifique — envoyée au gouvernement du Québec ne fournit pas d'avis scientifique.
Si tout se trouve sur Google, comme le prétend la ministre des Pêches et des Océans, pourquoi faire toutes ces rencontres à huis clos? Pourquoi cacher autant de choses par rapport à ce dossier?
Contrairement à la ministre des Pêches et des Océans, je crois fermement qu'il est de notre devoir, en tant qu'élus, de nous assurer que les décisions gouvernementales sont conformes à l'intérêt public. La réponse de la ministre des Pêches et des Océans est une autre preuve du manque transparence du gouvernement. La protection des bélugas, une espèce menacée du fleuve Saint-Laurent, est la responsabilité du gouvernement. En tant qu'élus responsables, il est de notre devoir de veiller sur cette espèce.
D'ailleurs, cet été, M. Richard Nadeau, directeur général régional de Pêches et Océans Canada, nous assurait, dans un article du Devoir du 26 juillet, que le gouvernement fédéral avait dans ses plans la protection de l'estuaire du Saint-Laurent, et que le mandat du groupe de travail Canada-Québec, mis en place il y a plus de 15 ans, n'a aucunement été modifié. Je rappelle que l'objectif derrière la création d'une zone de protection marine est de protéger l'habitat des mammifères marins présents sur ce territoire. Nous voilà rassurés, me dira-t-on. Moi, je ne le suis pas.
Une accablante nouvelle a été publiée par voie de communiqué la semaine dernière. Nous apprenions, le 26 septembre dernier, par la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec, qu'en réponse à sa demande d'accès à l'information afin d'obtenir des renseignements sur le travail effectué par le groupe Canada-Québec, dont je parlais tout à l'heure, on lui a dit qu'aucun document n'existait.
Je cite un extrait de la réponse de la ministre à la Société:
Aucun document n'a été fourni concernant le groupe de travail. [...] Il s'agit d'un groupe fédéral-provincial qui, après plusieurs années d'inactivité, a été réactivé récemment. À ce jour, il n'a jamais traité la question du site d'intérêt de l'estuaire du Saint-Laurent.
Cette réponse surprenante signifie non seulement que I'étude de la zone à protéger n'a pas été faite par le groupe, mais aussi que le groupe n'existe pas vraiment. II existe, mais c'est une coquille vide, comme l'a si bien exprimé M. Patrick Nadeau, directeur général de la section Québec de la SNPC. Personnellement, un seul qualificatif me vient en tête quand je pense à ce groupe de travail: un groupe fantôme qui vient nous hanter à quelques jours de I'Halloween.
Malgré tous ces faits qui prouvent que le gouvernement est irresponsable en ce qui concerne les enjeux environnementaux, nous pourrions oser espérer que le premier ministre intervienne, mais non, il persiste et signe. Cette semaine, il a refusé de rencontrer un envoyé spécial de la France pour parler de la lutte contre les changements climatiques en vue des préparations de la prochaine grande conférence internationale sur les changements climatiques, une autre preuve que I'environnement n'est pas au coeur des préoccupations du gouvernement actuel.
Tous les députés et les gens qui nous écoutent savent que ce n'est pas une révélation. On sait tous que tout ce qui touche I'environnement n'est pas une priorité pour le gouvernement en place, sauf dans le cas où l'environnement nuit aux énergies fossiles, évidemment.
En terminant, j'aimerais souligner les efforts des groupes de citoyens de mon comté qui, tout comme moi, demandent au gouvernement de mettre fin aux activités de forage au nom des générations futures.
Je tiens également à souligner les efforts des femmes et hommes de Cacouna qui veillent au grain. Bravo! Je suis avec eux. Je remercie aussi certaines personnes de ma circonscription qui m'ont fait part de leurs inquiétudes quant au projet pétrolier du port de Gros-Cacouna. Je partage leurs inquiétudes.
C'est pourquoi nous avons mis sur pied une équipe de bénévoles qui feront signer des pétitions afin que cessent ces travaux. Le 18 octobre prochain, nous serons présents dans Charlevoix et sur la Haute-Côte-Nord pour cogner aux portes des citoyens et pour recueillir des signatures. Il est impératif que tous travaux soient arrêtés.
Ce sera avec fierté que je reviendrai à la Chambre pour déposer ces pétitions qui demandent au gouvernement de cesser les travaux à Cacouna. Entre-temps, je tiens à remercier mon collègue de Drummond, qui me permet, par l'entremise de sa motion, d'exprimer les préoccupations des citoyens de ma circonscription. Je remercie aussi mon collègue de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, qui tente depuis le début d'obtenir des réponses et des études sur le projet de Gros-Cacouna.
Il est vrai que le port de Gros-Cacouna, qui ne servirait qu'à l'exportation du pétrole canadien non transformé, aura un impact négatif sur l'économie canadienne en entraînant des pertes d'emplois bien rémunérés. Il constituera une menace environnementale pour l'écosystème du Saint-Laurent, notamment la population de bélugas, et par conséquent, n'est pas un principe de développement durable et doit être rejeté.