Je vous remercie, madame la présidente.
Bonjour à toutes et à tous. Je remercie le comité de cette invitation.
Je vais faire une brève présentation sur le Regroupement québécois des Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel — ou CALACS — et, par la suite, cibler les meilleures pratiques. Je tiens à vous dire d'emblée que je pourrai répondre aux questions tant en anglais qu'en français.
Le Regroupement québécois des CALACS existe depuis 1979 et compte 27 membres dans 16 différentes régions du Québec.
Nous intervenons en relation d'aide et en prévention auprès des jeunes et du public par la voie d'activités de sensibilisation. Nous faisons des interventions auprès des médias, de la recherche et de la représentation auprès des gouvernements. Nos grandes préoccupations sont l'intersectionnalité des discriminations, l'hypersexualisation de l'espace public, la banalisation de la violence sexuelle, la question de la prostitution et la violence sexuelle sur Internet.
Je vais maintenant aborder la question des meilleures pratiques. Je voudrais insister sur le fait que les 27 CALACS membres de notre organisme constituent en soi des mesures de prévention de la violence sexuelle et des meilleures pratiques. Nous nous inscrivons comme une alternative au système judiciaire, parce que nous savons que 75 % des femmes ne portent pas plainte. Il est donc essentiel de leur fournir des services bien ancrés dans leur communauté qui leur viendront en aide, à elles et à leurs proches.
Les CALACS offrent des services d'aide individuels et en groupe. Ils offrent aussi de l'accompagnement qui peut aller jusqu'à un accompagnement judiciaire, si la femme le décide.
Ces centres sont nés dans la foulée du mouvement des femmes des années 1970. Ils ont développé une approche d'intervention féministe qui vise la reprise de pouvoir par les femmes. Ils voient la violence sexuelle comme un acte qui prend sa source dans l'inégalité entre les hommes et les femmes. Ils ont contribué à l'élargissement de la définition de la violence sexuelle. Maintenant, cette définition comprend non seulement le viol, mais également le harcèlement sexuel, l'inceste, la cyberprédation, l'exploitation sexuelle à des fins de prostitution, de pornographie et de trafic sexuel.
Je dois cependant signaler au comité que les CALACS ont toujours un grand besoin de financement et que quelques ressources humaines supplémentaires nous permettraient de mieux répondre à la demande, d'éviter que les femmes subissent des périodes d'attente avant d'être prises en charge et de développer éventuellement des services dans le Nord du Québec.
Comme deuxième meilleure pratique, je voudrais souligner que les CALACS interviennent auprès des jeunes dans les écoles au moyen de programmes de prévention des agressions sexuelles. On y parle de sexualité, de rapports de pouvoir, de consentement et d'hypersexualisation.
Nous intervenons également auprès du grand public dans les communautés locales par l'entremise de conférences et d'activités publiques. Chaque année, nous organisons une Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes. Cette journée se tient le troisième vendredi de septembre.
En ce qui a trait à une autre meilleure pratique, nous voulons souligner le fait que nous avons mis sur pied une formation sur la prévention de la violence sexuelle envers les personnes âgées. Nous avons également élaboré un guide d'intervention sur l'hypersexualisation. En ce moment, nous travaillons à développer des meilleures pratiques en matière de cybercriminalité.
En plus des services directs et des activités de prévention, les CALACS ont développé ce qu'on appelle l'approche intersectionnelle pour mieux inclure les femmes autochtones, les femmes handicapées et les femmes immigrantes et réfugiées de façon à mieux tenir compte de leur réalité particulière et de leur vulnérabilité aux agressions sexuelles. Ce projet comprend la prestation de la formation de nos membres, mais il est également ouvert à d'autres personnes. Nous pouvons dire aujourd'hui que quatre CALACS ont développé une expertise auprès des femmes autochtones
Cette année, grâce à une contribution de Condition féminine Canada, nous avons créé une communauté de pratiques francophone touchant la violence sexuelle, qui regroupe les organismes intervenant au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick.
Le projet prévoit la constitution d'une bibliothèque virtuelle qui regroupera les programmes, les projets et les activités en vue de permettre un meilleur partage. Le projet vise également à tenir des forums de discussion sur diverses préoccupations. Nous pensons que cette communauté de pratiques aura une incidence sur la capacité des ressources participantes à mieux intervenir.
En ce qui concerne les pratiques prometteuses de prévention, soulignons le fait que le Regroupement québécois des CALACS a permis la création de la Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle — la CLES —, qui a fait un énorme travail quant au progrès législatif au Canada au sujet de la question de la prostitution.
Le Regroupement québécois des CALACS participe également à plusieurs recherches dans le milieu universitaire. Nous le soulignons comme meilleure pratique parce que c'est essentiel. Nous nous penchons présentement avec des universitaires sur la traite et l'exploitation sexuelle, ce qui nous permet de former 45 formatrices qui, à leur tour, dissémineront cette formation dans d'autres milieux.
Nous avons également un projet de recherche sur la question de l'intersectionnalité. Nous menons une recherche qui vise à documenter la violence sexuelle dans les milieux universitaires. Récemment, nous avons vu surgir, un peu partout au Canada, la question liée à la violence sexuelle en milieu universitaire. Nous faisons face à la nécessité d'ajuster les pratiques institutionnelles en la matière.
Nous menons une recherche qui vise à doter les CALACS d'un programme commun en matière d'intervention auprès des jeunes. Enfin, une dernière recherche vise à améliorer notre système de cueillette de données pour en arriver à dresser un meilleur profil des femmes faisant appel aux services des CALACS.
Au cours des derniers mois, nous avons vu, lors de la campagne « Been raped, never reported/Agression non dénoncée », que beaucoup de femmes ont besoin de parler de ce qui leur est arrivé. C'est une avancée importante, mais le traitement médiatique des agressions sexuelles actuel doit être plus grand afin que l'effort que font les femmes pour parler de ce qui leur est arrivé ne soit pas vain.
Nous souhaitons que le gouvernement investisse dans une campagne de sensibilisation sur les agressions sexuelles. Nous trouvons qu'il y a une lacune à cet égard. On sensibilise les gens à l'alcool au volant et au tabagisme, mais on ne parle pas suffisamment de la violence sexuelle envers les femmes. On pourrait expliquer ce qu'est une agression sexuelle et ce qu'est un consentement. Notre objectif est de lutter contre les mythes et les préjugés dans le but de faire changer les mentalités à long terme.
À elle seules, les ONG ne peuvent pas investir dans de telles campagnes, qui sont tout de même très coûteuses. Nous voudrions que les hommes prennent la parole dans ces campagnes. Ces dernières devraient être déployées tant à la télévision, à la radio et dans les médias sociaux qu'au moyen de matériel imprimé.
On ne peut pas uniquement compter sur les médias sociaux ou les médias traditionnels pour faire progresser la sensibilisation à la violence sexuelle envers les femmes. On doit pouvoir en parler dans un contexte qui vise un large public. On doit absolument répondre aux besoins des femmes qui se sont exprimées dans la campagne « Been raped, never reported/Agression non dénoncée ». On doit le faire d'une façon qui permette de rejoindre les femmes en région qui ne sont pas nécessairement sur Twitter. On doit soutenir davantage les activités de prévention et de sensibilisation du public.
Je vous remercie.
Thank you, Madam Chair.
Good morning, everyone. I would like to thank the committee for this invitation.
I will make a brief presentation about the Regroupement québécois des Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel—or RQCALACS—and then focus on best practices. I would like to mention that I can answer your questions in French and English.
The Regroupement québécois des CALACS was established in 1979 and has 27 members in 16 different regions of Quebec.
We are involved in providing assistance and prevention among young people and the public through outreach activities. We provide information to the media, do research and are involved as representatives with governments. Our main concerns are the cross-sectional approach of discrimination, hypersexualization of the public space, the trivialization of sexual violence, prostitution and sexual violence on the Internet.
I will now address the issue of best practices. I would like to underscore the fact that the 27 CALACS members in our organization are themselves preventative measures for sexual violence and are examples of best practices. We provide an alternative to the legal system because we know that 75% of women do not file complaints. So it is essential to provide them with services that are rooted in their community that can provide them and their families with assistance.
The CALACS provide individual and group assistance services. They also provide accompanying services and can even accompany a woman through the legal system, if that is what she decides.
These centres came out of the women's movement in the 1970s. They developed a feminist approach to intervention that aims to give the power back to women. These centres view sexual violence as an act rooted in the inequality between men and women. They helped to broaden the definition of sexual violence. Now, this definition doesn't include just rape, but also sexual harassment, incest, online luring, sexual exploitation for the purpose of prostitution, pornography and sex trafficking.
However, I must point out to the committee that the CALACS are still in dire need of funding and that a few additional human resources would help us better respond to the demand, to prevent long wait times before women can get assistance and to eventually develop services in northern Quebec.
I would like to mention our second best practice. The CALACS work with young people in schools through sexual assault prevention programs. We talk about sexuality, power relationships, consent and hypersexualization.
We also work with the general public in local communities through lectures and public activities. We organize a day of action against sexual violence against women that is held every year on the third Friday in September.
In terms of other best practices, we have also developed training on preventing sexual violence against seniors. We have also created a guide for responding to hypersexualization. At the moment, we are working on developing best practices for cybercrime.
In addition to direct services and prevention activities, the CALACS have developed what we call a cross-sectional approach to better include aboriginal women, disabled women, immigrant women and women refugees to better take into account their unique circumstances and their vulnerability to sexual assaults. This project includes providing training to our members, but it is also open to other people. We can tell you today that four CALACS have developed expertise for working with aboriginal women.
This year, a contribution from Status of Women Canada has enabled us to create a francophone community of practice dealing with sexual violence that brings together organizations working in Quebec, Ontario and New Brunswick.
The purpose of the project is to create a virtual library of programs, projects and activities to ensure better sharing. The project also aims to provide a forum for discussing various concerns. We think this community of practices will have an impact on the ability of participant resources to intervene better.
In terms of promising practices for prevention, I would like to mention that Regroupement québécois des CALACS has made it possible to create the Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle, or CLES, which has done a significant amount of work on making legislative progress on prostitution in Canada.
The Regroupement québécois des CALACS is also involved in various research projects at the university level. We mention this as a best practice because it is essential. We are currently working with academics to focus on trafficking and sexual exploitation, which enables us to train 45 trainers who, in turn, provide this training to others.
We also have a research project that deals with the cross-sectional approach. We are also doing research that aims to document sexual violence in universities. We have seen this issue of sexual violence in universities on the rise recently in Canada. We are looking at the need to adjust institutional approaches to this problem.
We are also doing research on equipping the CALACS with a shared program on working with youth. Lastly, we are doing research on improving our data collection system to create a better profile of the women who use our services.
In recent months, during the “been raped, never reported” campaign, we have seen that many women need to talk about what has happened to them. It's an important step forward, but the current media treatment of sexual assaults must be better so that the effort the women are making to talk about what has happened to them does not fall on deaf ears.
We would like the government to invest in a sexual assault awareness campaign. We find that there is a gap in this respect. The government raises awareness about smoking and drunk driving, but there isn't enough discussion about violence against women. The government could explain what exactly sexual assault is and what constitutes consent. Our goal is to fight against the myths and bias to change people's thinking in the long term.
NGOs alone cannot invest in campaigns like this, which are very expensive. We would like to have men speak out during these campaigns, which should be rolled out on television, radio and on social media, as well as in print.
We can't just rely on social media or traditional media to boost awareness about sexual violence against women. We have to be able to reach out to a large audience. We absolutely must respond to the needs of women who spoke out during the “been raped, never reported” campaign. We must do so in a way that makes it possible to reach women in the regions who are not necessarily on Twitter. We must increase our support of prevention and public awareness activities.
Thank you.