Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de l'invitation à comparaître pour discuter du Plan d'action sur les marchés mondiaux.
Avant de commencer ma déclaration liminaire, permettez-moi de vous parler un peu de notre organisation. Le Conseil canadien des chefs d'entreprise est une organisation sans but lucratif et non partisane composée des PDG des 150 plus importantes entreprises canadiennes. Les sociétés membres administrent collectivement 4,5 billions de dollars, ont des revenus annuels de plus de 850 milliards de dollars et sont à l'origine de la majorité des exportations, des investissements et des activités de R-D et de formation du Canada.
Nous sommes responsables d'un programme actif de recherches, de consultation et de défense en matière de politiques publiques. Le CCCE est une source de commentaires bien réfléchis et fondés sur la perspective des affaires sur des questions d'importance nationale quant à la structure économique et sociale du Canada.
Mes remarques d'aujourd'hui, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, reposent sur un simple fait: la prospérité des Canadiens et la santé de l'économie dépendent du commerce.
En 2013, les exportations totales du Canada s'élevaient à 530 milliards dans une économie de 1,9 billion de dollars. Afin de maintenir notre compétitivité et notre qualité de vie, il faut impérativement faire la promotion des intérêts commerciaux canadiens à l'étranger.
Par ailleurs, tous les gouvernements dans le monde jouent un rôle de premier plan pour assurer la réussite de leurs exportateurs.
Comme John Manley, président et chef de la direction du CCCE, l'a dit au sujet du Plan d'action sur les marchés mondiaux, le plan:
... harmonise les ressources du Canada liées à la promotion commerciale pour aider les entreprises canadiennes à tirer parti des perspectives offertes par les marchés émergents à forte croissance et les marchés traditionnels vigoureux. En désignant la diplomatie économique comme élément clé de l'avancement des intérêts commerciaux du Canada, le gouvernement fédéral fait en sorte que les entreprises canadiennes bénéficient du soutien nécessaire pour réussir à l'étranger.
L'approche axée sur le partenariat pour réussir sur les marchés mondiaux, qui consiste à amener le milieu des affaires et les gouvernements à collaborer afin de saisir des occasions, est au coeur du Plan d'action sur les marchés mondiaux. Le CCCE demande maintenant au gouvernement d'appliquer efficacement le Plan d'action sur les marchés mondiaux, ou le PAMM.
On se fondera sur quatre éléments clés pour évaluer le succès du PAMM.
Premièrement, on examinera si le Canada entretient des relations commerciales solides et positives avec les États-Unis et si un nouveau partenariat nord-américain a été établi.
Les États-Unis sont un partenaire commercial indispensable pour le Canada. Les échanges de biens et de services entre le Canada et les États-Unis en 2012 ont atteint près de 742 milliards de dollars, ou 41 % du PIB canadien. Il y a ensuite l'UE, qui détient un peu plus de 5 % du marché. En troisième position, il y a la Chine, avec environ 4 % des exportations totales de biens et de services.
Les exportations vers les États-Unis représentent près de 73 % des exportations totales du Canada. Permettez-moi de vous répéter les chiffres. Pour les États-Unis, c'est 73 %, tandis que pour l'UE, c'est environ 5 %. On parle ici de biens et de services de toutes sortes. Le commerce de marchandises est peut-être plus élevé; on parle peut-être de 11,5 % pour l'UE. Pour ce qui est de la Chine, c'est 4 %. Ce sont des proportions qu'aucun autre partenaire n'a pu égaler.
Nos échanges avec les États-Unis sont vraiment uniques en raison de la proportion de contenu américain que l'on retrouve dans les produits finaux canadiens.
Selon les prévisions d'EDC, du Conference Board et d'autres, les niveaux d'exportations canadiennes de marchandises devraient revenir à ce qu'ils étaient avant la récession, mais tout dépendra de la reprise américaine et de la demande de produits canadiens en 2014.
La priorité du PAMM doit être d'améliorer la sécurité aux frontières et les systèmes frontaliers au Canada, conjointement avec les États-Unis, pour accroître la coopération en matière de réglementation et continuer de favoriser la sécurité et la viabilité des ressources énergétiques en Amérique du Nord.
Le CCCE exhorte les gouvernements du Canada et des États-Unis à transformer l'excellent travail effectué dans le cadre du projet pilote Par-delà la frontière en procédures frontalières généralement appliquées.
Le CCCE demande également au gouvernement fédéral américain et aux gouvernements d'États américains de soustraire les entreprises canadiennes à l'application des dispositions néfastes d'achat aux États-Unis qui nuisent aux entreprises de toutes tailles. S'il faut négocier avec les États-Unis à ce sujet, alors entamons les discussions.
Dans une optique plus générale, les possibilités d'établir un nouveau partenariat nord-américain sont grandes. Il sera essentiel de collaborer avec le Mexique en ce sens. Compte tenu de la production énergétique croissante au Canada et aux États-Unis et des importantes réformes énergétiques au Mexique, nous avons une excellente occasion d'améliorer la sécurité énergétique continentale et la viabilité environnementale. De plus, un approvisionnement en énergie plus diversifié et des prix concurrentiels rendront l'Amérique du Nord plus attrayante pour l'exploitation des ressources et l'établissement d'industries manufacturières, et s'appuieront sur des maillons importants de la chaîne d'approvisionnement.
Pour ce qui est de la deuxième priorité, à partir de laquelle on peut évaluer le succès du PAMM, il s'agit bien entendu de la mise en oeuvre de l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou l'AECG.
J'ai témoigné devant votre comité dans le passé, où j'avais discuté de l'importance de l'AECG. Je n'entrerai donc pas dans les détails. Je dirai simplement que l'accord de principe a été annoncé il y a de cela plus de six mois, en octobre 2013. Le CCCE demande aux deux parties, le Canada et l'Union européenne et ses États membres, de terminer les négociations techniques et d'annoncer la conclusion finale de l'accord avant la pause estivale, pour pouvoir ensuite entamer la ratification de l'AECG le plus rapidement possible à l'automne 2014.
La troisième priorité consiste à établir une stratégie pour l'Asie qui comprendrait un partenariat stratégique avec la Chine.
En 2012, le Canada a officiellement adhéré au Partenariat transpacifique, qui englobe maintenant 12 pays dont les PIB combinés s'élèvent à près de 22 billions de dollars. J'avais témoigné devant le comité pour discuter de l'importance du PTP. Je n'entrerai donc pas dans les détails, mais je dirai simplement que le Canada a tout intérêt à participer activement au PTP et le CCCE l'encourage pleinement à prendre part à ces négociations.
Le CCCE souhaite également que l'accord de partenariat économique entre le Canada et le Japon soit conclu rapidement, comme le PAMM en fait état.
Toutefois, plusieurs pays qui sont considérés comme étant des marchés prioritaires dans le PAMM ne le sont pas dans le PTP, notamment la Chine, la région administrative spéciale de Hong Kong, l'Inde et l'Indonésie.
Par conséquent, le CCCE recommande que le Canada poursuive ses négociations avec l'Inde pour établir un accord de libre-échange, qu'il crée un partenariat stratégique avec la Chine semblable à celui de l'Australie, ce qui pourrait accroître les échanges commerciaux dans des secteurs d'intérêt commun, ou qu'il fasse ce que la Nouvelle-Zélande a fait, c'est-à-dire négocier un accord de libre-échange avec la Chine.
Dans un premier temps, nous demanderions que l'accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers soit présenté et ratifié avec la Chine. Nous demandons que l'accord de libre-échange avec la Corée du Sud soit mis en oeuvre le plus rapidement possible. Nous exhortons également le gouvernement à s'engager à offrir une empreinte de service de délégués commerciaux plus vaste en Asie, et plus particulièrement dans les marchés où les relations commerciales sont en train de se resserrer et qui offrent de grandes possibilités pour l'exportation.
La quatrième priorité est l'augmentation des exportations canadiennes vers des marchés émergents. Comme la Chambre de commerce du Canada l'a recommandé dans son rapport intitulé « Un point tournant: Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers », le Canada devrait examiner la viabilité de ses outils de financement des activités commerciales pour développer des marchés. En outre, je recommanderais au comité d'envisager de demander à Industrie Canada de lui fournir des données sur le nombre de PME qui exportent par l'entremise des chaînes d'approvisionnement de grandes sociétés vers des marchés émergents.
Compte tenu que les ventes de filiales étrangères excèdent maintenant la valeur des exportations canadiennes — nous vendons davantage nos produits sur des marchés que nous pouvons en exporter vers d'autres marchés —, cela met en évidence l'importance d'intégrer des traités bilatéraux d'investissement dans les politiques commerciales du Canada.
Il serait audacieux de la part des marchés émergents d'éliminer unilatéralement tous les tarifs douaniers et de ne pas attendre que les autres pays fassent de même, comme en fait état l'étude que nous avons rendue publique hier. Le gouvernement fédéral mérite des félicitations pour avoir éliminé les droits de douane sur les intrants manufacturiers. Il reste à savoir pourquoi on n'élimine pas les droits de douane pour d'autres secteurs, surtout ceux dans les marchés de pays en développement.
Pour terminer, si l'on veut réussir, il faut des ressources et des infrastructures. Le PAMM est justement une feuille de route pour approfondir les liens avec les partenaires établis et cibler de nouveaux clients. Alors que nous sommes à la recherche de nouvelles occasions à l'étranger, nous prévoyons mettre en oeuvre le PAMM de manière efficace et miser sur nos forces au pays. Il faut commencer avec les sociétés. C'est notre responsabilité. Les entreprises canadiennes doivent avoir les produits, la stratégie et les plans de commercialisation pour cibler de nouveaux clients et leur vendre leurs produits.
Dans de nombreux marchés, surtout dans les marchés émergents, le gouvernement est un partenaire essentiel au début pour trouver de nouveaux clients, et plus particulièrement pour les PME. Dans le cas des grandes sociétés, des relations de haut niveau sont indispensables pour appuyer les stratégies de vente et faire en sorte que les produits canadiens aient une bonne réputation.
Pour ce qui est du gouvernement, il est essentiel que les outils visant à tisser de nouvelles relations commerciales soient assortis de ressources suffisantes pour répondre aux objectifs et aux priorités que j'ai énoncés dans mon exposé d'aujourd'hui. Les services gouvernementaux, dont Exportation et développement Canada, les équipes de négociations commerciales, les ressources diplomatiques à l'Organisation mondiale du commerce, ainsi que le service des délégués commerciaux, sont des instruments clés.
Le CCCE recommande que votre comité fasse une analyse exhaustive des budgets, du personnel à temps plein et des outils de recrutement et de formation de tous les programmes de promotion du commerce du gouvernement fédéral. Il vous faut ces données pour vous assurer que les organismes de promotion du commerce offrent des services aux entreprises rationalisés, possèdent le sens des affaires et des connaissances des marchés locaux et ont accès à du financement catalyseur et aux outils numériques pour communiquer avec les entreprises de partout dans le monde afin de saisir efficacement les occasions.
Nous appuyons également la proposition de la Chambre de commerce du Canada de mettre sur pied un comité de planification, conjointement avec le secteur privé et d'autres ordres de gouvernement, afin de coordonner des délégations sous la bannière canadienne.
Je recommanderais également au comité d'examiner les systèmes de logistique — routes, ports, rail et aéroports. D'après des données de Transports Canada, le délai d'expédition des produits entre l'UE et le Canada et entre l'Asie et le Canada ne s'améliore pas et, dans certains cas, il a augmenté. Le récent ralentissement au port Metro Vancouver ne fera qu'empirer la situation en 2014, et nous espérons pouvoir renverser la tendance.
Nous sommes ravis que le PAMM ne se penche pas uniquement sur les outils traditionnels et qu'il tienne compte également de l'infrastructure logistique qui permettra aux entreprises de toutes tailles de tirer parti des possibilités d'exportation.
Pour conclure, le CCCE appuie sans réserve les objectifs présentés dans le Plan d'action sur les marchés mondiaux. Le moment est venu de concentrer les efforts sur les ressources requises pour mettre le plan en oeuvre et rivaliser avec les meilleurs au monde.
Merci.