Merci, monsieur le président.
Chers membres du comité, je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à participer à vos travaux.
En tant que représentant de l'industrie des services financiers de Montréal, j'aimerais partager avec vous notre point de vue sur l'impact du développement du Centre canadien d'échange du renminbi. De façon globale, nous voyons ce centre d'échange de façon très positive. Le Canada et la Chine ont de bonnes relations qui sont établies depuis longtemps. Ces liens historiques sont profonds et forment une excellente fondation sur laquelle nous pouvons continuer de bâtir, notamment dans l'industrie des services financiers.
L'internationalisation du renminbi représente une occasion d'écrire un nouveau chapitre des relations bilatérales entre le Canada et la Chine. À notre avis, deux principaux éléments seront touchés par le Centre canadien d'échange du renminbi.
Premièrement, les entreprises canadiennes seront en mesure de faire des échanges commerciaux directement en renminbi avec leurs partenaires d'affaires chinois. Cela devrait accroître les activités commerciales entre les deux pays et procurer un avantage concurrentiel supplémentaire aux entreprises canadiennes en raison de la diminution du coût des transactions sur devises.
Deuxièmement, l'industrie des services financiers du Canada, incluant celle de Montréal et du Québec, sera en mesure de créer et de distribuer des produits financiers libellés en renminbi. Cela générera de nouvelles lignes d'affaires pour les institutions financières, procurera de nouvelles occasions d'investissement pour leurs clients institutionnels et particuliers, et accroîtra la réputation mondiale de l'expertise qui caractérise l'industrie des services financiers du Canada, y compris dans le marché des devises.
Le Centre canadien d'échange du renminbi profitera aussi à la Chine, dont l'économie passe de celle de producteur de biens manufacturés à une économie davantage orientée vers la consommation nationale et les investissements mondiaux dans des industries stratégiques. Grâce au Centre canadien d'échange du renminbi, la Chine aura un accès direct aux marchés financiers de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud, qui fonctionneront selon les mêmes fuseaux horaires. Les Chinois pourront aussi bénéficier de la solidité du système financier canadien et de son expertise de classe mondiale, d'un encadrement réglementaire éprouvé protégeant les investisseurs et les consommateurs ainsi que d'un régime fiscal favorable.
J'aimerais ajouter que l'accroissement des relations financières entre le Canada et la Chine n'est pas qu'un pari sur la croissance. Il s'agit aussi d'un investissement dans le changement. On parle ici d'un changement dans la façon dont nous faisons des affaires ensemble. Il s'agit d'un changement dans les produits donnant accès au marché chinois et d'un changement dans les comportements des professionnels de la finance du Canada et de la Chine. En effet, ils s'habitueront de plus en plus aux pratiques en vigueur dans les deux pays. En somme, c'est un investissement dans un futur où la collaboration entre nos communautés financières sera plus importante.
Finance Montréal soutient Toronto et Vancouver dans leur volonté d'agir comme principaux lieux d'échange du renminbi au Canada. À titre de plus grand centre financier du Canada où se trouve la majorité des activités d'échange de devises, Toronto a la capacité et le savoir-faire nécessaires pour gérer une part significative des transactions et des services de compensation en renminbi ayant lieu au Canada.
En tant que porte d'accès vers l'Asie du Pacifique, Vancouver est, de son côté, également très bien positionnée. La ville comporte une population substantielle d'origine chinoise et la Colombie-Britannique offre un programme fiscal incitatif qui peut exempter l'échange de devises étrangères du régime de taxation provincial. La Colombie-Britannique a aussi agi comme pionnière dans les marchés financiers en devenant, en novembre 2013, le premier gouvernement provincial à émettre des obligations libellées en renminbi d'une valeur de 425 millions de dollars.
Quel rôle spécifique Montréal peut-elle jouer dans l’établissement et la mise en oeuvre d’un centre d’échange du renminbi au Canada?
Au Québec, il y a environ 150 000 emplois dans le secteur financier, dont près de 100 000 sont situés à Montréal. Le PIB du secteur financier génère 6,2 % de l'activité économique de la province. Montréal se classe au 18e rang du Global Financial Centres Index parmi les endroits les plus importants au monde. En 2008, elle était classée 31e, ce qui démontre que l'industrie locale est en croissance, qu'elle a eu un bon rendement depuis la crise financière et que le volume d'affaires généré par des institutions financières internationales a augmenté au cours des dernières années.
Montréal entend jouer un rôle actif dans le développement et la mise en oeuvre du Centre canadien d'échange du renminbi. En plus de créer et distribuer des produits financiers libellés en renminbi, la communauté financière de Montréal occupera des fonctions spécifiques dans le marché du renminbi, soit tout ce qui a trait aux produits dérivés. Puisque le centre d'échange canadien des produits dérivés est la Bourse de Montréal, les produits dérivés sur la devise du renminbi qui seront créés par les institutions financières pourront être échangés à Montréal. Notre ville est spécialisée dans ce domaine de pointe.
Des contrats à terme sur devises et des swaps de devises libellées en renminbi pourraient contribuer à diversifier l'offre de produits dérivés échangés à la Bourse de Montréal tout en augmentant le rayonnement international de cette institution financière.
Par ailleurs, Montréal a une relation particulière avec la ville de Shanghai, puisque les deux villes sont jumelées depuis près de 35 ans. Un exemple de cette proximité est l'entente de partenariat signée en 2013 entre Finance Montréal et la Shanghai Financial Association. Cette entente augmentera les échanges entre les étudiants et les professionnels des deux industries financières, particulièrement dans le secteur des produits dérivés.
En 2013 et 2014, des représentants de Finance Montréal ont visité la zone de libre-échange à Shanghai qui a été conçue pour faciliter le commerce international des produits et services. Elle a aussi pour objectif d'accroître les investissements et la libéralisation des services financiers, incluant à terme la conversion libre du renminbi, ce qui ouvrira davantage le secteur bancaire chinois.
Les liens personnels créés entre les représentants des communautés financières de Montréal et de Shanghai pourraient être utilisés comme levier dans le cadre de la mise en oeuvre du Centre canadien d'échange du renminbi. Nous voyons également un intérêt accru de la part des banques chinoises à ouvrir des succursales à Montréal, comme l'a fait, par exemple, la Banque de Chine en ouvrant son premier bureau en 2013. La ICBC a également annoncé son intention d'ouvrir une première succursale à Montréal en 2015.
Le Centre canadien d'échange du renminbi pourrait accélérer la pénétration du marché montréalais par les institutions financières chinoises, ce que nous voyons d'un bon oeil. Tous ces éléments sont de bon augure pour les relations financières entre le Canada et la Chine, mais également pour Montréal en tant que membre de la communauté financière canadienne.
C’est maintenant à nous d’agir et de saisir les occasions qui émergeront de l’établissement du Centre canadien d’échange du renminbi. Ensemble, travaillons à développer un partenariat avec nos contreparties chinoises.
Je vous remercie.