Merci beaucoup.
Veuillez excuser mon retard. Alors que la méthode « juste à temps » semble marcher dans l'industrie automobile, elle ne marche pas du tout avec les compagnies aériennes.
Merci beaucoup de me donner la possibilité de participer à votre étude du PAMM.
Il y a beaucoup de choses que j'aime bien dans ce document, et il y a certaines choses qui, selon moi, pourraient renforcer son impact. Permettez-moi de mentionner d'emblée que mes remarques sont celles d'une enseignante en commerce international, de quelqu'un qui a travaillé pendant 20 ans à l'étranger à plusieurs titres différents, et de quelqu'un qui essaye maintenant de faire exactement ce que le PAMM essaye de faire, c'est-à-dire amener un plus grand nombre de nos PME à tirer profit des opportunités qui existent au-delà de nos frontières.
L'une des choses qui m'ont impressionnée au sujet du PAMM est l'ampleur des consultations qui ont précédé sa production. Les parties concernées n'ont pas seulement été consultées, elles ont aussi été écoutées, ce dont témoigne clairement le plan. Les consultations doivent continuer avec le conseil consultatif qui est proposé et avec ses deux sous-comités permanents sur les marchés émergents et sur les marchés établis. Je pense que c'est l'une des forces de ce plan.
Ce qui m'a cependant le plus réjouie quand j'ai vu le PAMM, c'est qu'il est focalisé sur les PME. Celles-ci sont la colonne vertébrale de notre économie, et elles ont énormément de possibilités d'accroissement de leurs exportations. Seulement 10 % d'entre elles exportent. Sur celles qui exportent, la plupart le font aux États-Unis. Moins d'un tiers exportent en Europe, environ 21 %, en Asie, et beaucoup moins encore dans les autres parties du monde.
Cela dit, si l'on veut considérer le verre à moitié plein, l'examen de la croissance de nos exportations en Asie montre que les PME canadiennes font beaucoup mieux que nos grandes entreprises en Chine, en Inde, à Hong Kong et sur cinq des marchés de l’ANASE.
La troisième chose que j'ai appréciée au sujet du PAMM, c'est qu'il fixe un ordre de priorité entre les marchés. Je n'ai encore jamais vu cela au niveau gouvernemental, alors que c'est une mesure importante. Toutefois, quand j'examine la liste, elle est bien longue. Est-ce que tous ces marchés sont prioritaires? Est-ce qu'on peut vraiment se concentrer sur toute la liste? Est-ce qu'on ne devrait pas plutôt faire un classement plus précis en établissant des priorités primaires et secondaires dans chacune des régions?
J'ai aussi lu avec plaisir dans le plan qu'un des objectifs consiste à « améliorer et coordonner l'image de marque et la promotion du Canada à l'étranger » car nous avons pendant trop longtemps été trop modestes à cet égard. Après tout, ce n'est pas anticanadien de se vanter un peu, de montrer ce que nous avons à offrir.
Dernière remarque, l'indication que ce plan doit être « souple et adaptable » est cruciale. Les événements avancent très vite dans le monde d'aujourd'hui, et nous devons être assez souples pour pouvoir tirer parti des nouvelles occasions qui se présentent. Il est bon aussi qu'on ait prévu de revoir périodiquement la stratégie pour la recalibrer s'il y a lieu.
Cela dit, il y a certaines choses sur lesquelles j'aurais aimé qu'on mette un peu plus l'accent, c'est-à-dire les services, qui constituent une part énorme du commerce du Canada, laquelle mérite plus de place dans le PAMM. Il y a des services dans les 22 secteurs prioritaires énumérés, mais je pense qu'on aurait dû leur accorder plus de place.
L'un de ces services est l'éducation. Quand j'ai vérifié sur le site Web du MAECD les statistiques sur le commerce international des services, par catégorie, je n'ai pas pu trouver l'éducation. A-t-elle été regroupée dans les services gouvernementaux? Peut-être bien, mais ce qu'on ne voit pas n'est généralement pas mesuré et n'est généralement pas comptabilisé. Or, les étudiants étrangers ajoutent beaucoup à l'économie du Canada. Je suis heureuse de voir qu'il y a aussi une stratégie internationale de l'éducation, mais j'aurais aimé voir un lien plus étroit entre le PAMM et la stratégie internationale de l'éducation. Sinon, ça deviendra un silo. Intégrer un commissaire au commerce à la stratégie internationale de l'éducation est une bonne chose, mais j'aurais aimé qu'on fasse plus. N'oubliez pas que les étudiants étrangers, quand ils retournent dans leur pays, obtiennent souvent à terme des postes d'influence. Quand ils auront à prendre des décisions d'approvisionnement à l'international, ils se tourneront d'abord vers le pays qu'ils connaissent le mieux, le Canada. Je l'ai déjà constaté avec d'autres pays, et j'aimerais pouvoir le constater plus avec le Canada.
Toujours en ce qui concerne l'éducation, le PAMM est focalisé sur les gens d'affaires d'aujourd'hui, ce qui est compréhensible, mais qu'en est-il de la génération suivante? Essayons de voir loin et de mieux préparer les successeurs. Établir des partenariats avec les universités et collèges serait une bonne chose pour relier le présent à l'avenir, comme le fait EDC actuellement. À preuve, mon poste d'enseignante, puisque je suis professeure EDC de commerce international à Schulich.
J'aimerais aussi qu'on mette un peu plus l'accent dans le plan sur l'accès aux agences de prêt multilatérales, comme la Banque asiatique de développement. Nous avons toujours eu de très bons résultats à la BAD pour les services de consultance, mais pas du tout aussi bons pour les produits beaucoup plus lucratifs, les travaux publics et les services connexes. N'y aurait-il pas moyen pour le PAMM d'aider les PME à entrer dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises répondant aux appels d'offres de ces projets, et d'aider aussi nos plus grandes entreprises? Ce serait extrêmement bénéfique pour le Canada.
Je voudrais parler aussi — et j'ai probablement cela en tête parce que j'en parlerai à des réunions de l'APEC à Beijing la semaine prochaine — du commerce mobile. Je ne vois strictement rien à ce sujet dans le PAMM. Or, le commerce mobile représente un pas en avant par rapport au commerce en ligne, et c'est dans cette voie que s'en va le monde. Il serait bon d'en parler dans le PAMM, dans le but d'aider les PME à avoir accès à la technologie la plus récente.
Le PAMM est un très bon document pour exposer une stratégie, mais il faut aussi qu'elle soit mise en oeuvre. Une stratégie qui reste sur le papier ne vaut rien. Ajouter plus de ressources au service des délégués commerciaux est un bon début. Au-delà, je vois plusieurs domaines où il faudrait agir. Premièrement, comment allez-vous communiquer les informations aux PME? Il y a beaucoup d'informations dans la nature, provenant de toutes sortes de sources, et les PME auxquelles je parle n'ont strictement aucune idée de la manière dont elles peuvent les rechercher. Bien souvent, si elles débutent dans le commerce transfrontalier, elles ne savent même pas quelles questions poser. Même celles qui ont une certaine expérience en la matière estiment qu'il est toujours difficile de s’y retrouver parmi toutes les différentes sources d'information. Un guichet unique ou un portail avec une interface conviviale que vous pourriez faire connaître comme étant l'endroit où trouver toutes les informations, avec des liens vers toutes les agences pertinentes, serait extrêmement utile.
En ce qui concerne l'éducation des PME, pratiquement tous ceux qui parlent du monde des affaires canadien mentionnent son conservatisme et son aversion au risque. Or, de par sa nature même, le commerce international implique un risque, mais c'est un risque gérable. Il incombe aux PME de surmonter leurs craintes si elles veulent réussir internationalement. Elles ont besoin de savoir comment gérer ce risque, et on peut les y aider par l'éducation. L'éducation peut se faire au moyen de tribunes, de colloques, de mentorat, d'accélérateurs. Ce sont certaines des choses que nous essayons de faire au Schulich Centre for Global Enterprise.
Une autre chose que je veux mentionner est que, parmi les six ou sept raisons pour lesquelles une entreprise ne fait pas de commerce international — et maintes études l’ont montré —, on trouve le fait qu'elle ne comprend pas la culture des affaires, qu'elle ne parle pas la langue, ou qu'elle n'a pas d'expertise en gestion. Or, il s'agit là de facteurs qu'on peut régler au moyen de colloques ou par le mentorat, mais on peut aussi s'y attaquer en mettant l'entreprise en contact avec des étudiants en gestion des affaires qui possèdent ces compétences, qu'on peut recruter pour un projet donné, comme stagiaires ou comme employés à temps plein.
Cela m'amène au partenariat, pas seulement à la consultance mais au partenariat avec d'autres organisations partageant le même but. Nous sommes nombreux à avoir le même objectif consistant à aider un plus grand nombre de PME à faire des affaires à l'étranger, et je veux parler ici du CME, d’I.E. Canada, des chambres de commerce, de mon propre Centre for Global Enterprise. Ce partenariat peut engendrer des synergies et permettre de faire plus avec des ressources rares.
Il devrait y avoir dans le PAMM un plan de suivi pour suivre l'évolution d'entreprises individuelles. Sans cela, certaines prendront peut-être un bon départ mais elles risquent de ne pas aller très loin ensuite. C'était l'un des problèmes des anciennes missions d'Équipe Canada. Il n'y avait quasiment pas de suivi. Beaucoup d'entreprises allaient à l'étranger pour donner quelques coups de pieds dans les pneus, on avait l'impression que beaucoup de choses allaient se passer mais, une fois qu'elles étaient revenues au Canada, elles oubliaient tout.
Finalement, nous avons besoin d'une vue holistique du commerce. Le commerce est une route à deux sens. C'est de l'importation autant que de l'exportation et, aujourd'hui, c'est de plus en plus faire partie d’une chaîne d'approvisionnement mondiale. Je n'ai pas vu cette idée de chaîne d'approvisionnement mondiale être reflétée comme elle aurait dû l'être dans le PAMM. Un autre élément de cette vue holistique du commerce, bien que je pense que ça sort probablement de la portée du PAMM, c'est qu'il serait très utile d'assurer plus de coordination entre les ministères. J'ai souvent vu ce qui me semblait être un MAECI — sous la forme qu'il avait auparavant — et une CIC agir à contre-courant, le premier essayant de promouvoir le commerce et l'investissement, et la deuxième essayant de le ralentir au moyen de visas faisant barrière.
Je crois qu'un témoin précédent a parlé des règlements sur l’importation qui relèvent du ministère de la Sécurité publique et qui ne sont pas toujours harmonisés avec les règlements sur l'exportation. Or, cette harmonisation est absolument essentielle à notre époque où les entreprises sont souvent aussi bien importatrices qu’exportatrices.
Il y a ensuite les barrières interprovinciales au commerce. La situation est meilleure qu'elle l'a déjà été, mais nous risquons bientôt de nous retrouver dans une situation où il sera plus facile de faire du commerce avec la Corée qu’entre l'Ontario et la Colombie-Britannique, ce qui est un mystère absolu pour les entreprises étrangères.
En conclusion… Me reste-t-il du temps, monsieur le président?