Merci et bonjour. Nous sommes ravies d'avoir la possibilité de donner le point de vue des femmes asiatiques dans le cadre de l'étude du projet de loi C-36. Nous vous avons également fourni un mémoire.
L'objectif de l'Asian Women Coalition Ending Prostitution est de changer les comportements sociaux à l'égard des femmes, plus particulièrement de celles d'origine asiatique. Nous travaillons à faire progresser l'égalité des sexes et à donner la possibilité aux femmes asiatiques de participer de façon importante à la société civile et de jouer un rôle de premier plan. À notre avis, la prostitution est une forme de violence masculine contre les femmes qui nuit à l'égalité des femmes et qui favorise la violence raciste. Nous croyons également que la prostitution peut être éradiquée.
Nous formons un groupe féministe et bénévole. Nos membres font des activités de prévention de la prostitution dans les écoles et fournissent des services de parrainage juridique aux femmes qui participent au programme des aides familiaux résidants. Nous faisons du travail de première ligne dans des centres féministes de lutte contre la violence. Nous fournissons de l'aide concrète aux femmes battues et violées, y compris aux prostituées.
Nous avons agi en tant qu'intervenantes dans l'affaire Bedford. Nous avons fourni une analyse raciale critique pour contribuer à l'examen de la Cour suprême.
Je veux tout d'abord dire que nous saluons l'objectif énoncé dans le préambule du projet de loi, c'est-à-dire de protéger la dignité et l'égalité des femmes. Cela correspond au principe selon lequel toutes les lois canadiennes doivent être interprétées dans le contexte de la Charte des droits et libertés. Le préambule met en évidence la nature systémique de la prostitution et les conséquences de l'inégalité des femmes fondée sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur et le sexe.
Nous comprenons également que le projet de loi fait ressortir le danger inhérent à la prostitution ainsi que l'exploitation profonde des femmes par les proxénètes, les tenanciers de maisons de prostitution, les annonceurs et les clients, plus particulièrement ses répercussions sur les femmes asiatiques et d'autres femmes racialisées. Nous recommandons que cet élément du préambule soit renforcé en y mentionnant les effets disproportionnés qu'a la prostitution sur les femmes racialisées.
Nous appuyons la disposition qui criminalise la publicité de services sexuels en raison du rôle que joue la publicité dans la normalisation et le renforcement des stéréotypes racistes et sexistes. Par exemple, nous avons rassemblé des annonces en ligne sur une période de 24 heures à partir de la section des services pour adulte de Craigslist à Vancouver. Nous avons constaté que pour 67 % des femmes des 1 472 annonces que nous avions rassemblées, une description ou une photo indiquait qu'il s'agissait de femmes asiatiques.
Seulement 30 % de la population de la région métropolitaine de Vancouver est d'origine asiatique. On peut raisonnablement présumer que les femmes asiatiques représentent environ 15 % de la population, mais elles sont surreprésentées dans la publicité. Dans les annonces, on indique que les femmes asiatiques offrent une expérience de petite amie. On les présente comme des écolières japonaises, de très jeunes poupées chinoises, des canons asiatiques, et il y a des photos.
Les proxénètes, les souteneurs, les tenanciers de maisons de prostitution, les annonceurs et d'autres personnes qui participent à la vente et à la commercialisation des prostituées répondent à ces demandes profondément racistes. Il est dans leur intérêt commercial de continuer à normaliser les stéréotypes dans la société canadienne afin d'élargir le marché pour leur produit.
Nous subissons des conséquences néfastes lorsque nos attributs, qu'ils soient réels ou imaginés, sont sexualisés et traités comme des marchandises pour la promotion de services sexuels. Ces stéréotypes déshumanisent et sexualisent les femmes asiatiques et, que nous soyons prostituées ou non, ils bloquent notre accès à la Charte des droits.
D'après notre expérience, il y a des liens entre la prostitution et la violence conjugale, le viol et l'inceste. Le plus souvent, ces actes de violence sexistes sont commis par des hommes dans des endroits privés, comme à la maison, où l'intimité est utilisée pour emprisonner les femmes, renforcer le pouvoir de l'attaquant et cacher de la vue du public les gestes de violence qui sont commis. La prostitution ayant lieu dans des lieux fermés ne protège pas davantage les femmes de la violence masculine en général. Toutefois, les lieux fermés, comme les salons de massage asiatiques, accroissent la sécurité des hommes. Ils protègent les proxénètes, les tenanciers de maisons de prostitution, les souteneurs et les clients de la surveillance et ils cachent la violence à laquelle ils ont recours pour contrôler les femmes, qui est inhérente à la prostitution.
Nous appuyons l'approche législative adaptée qu'offre le projet de loi. Elle cible les hommes qui sont la source des torts liés à la prostitution.
Nous savons également que le projet de loi fait une distinction en ce qui concerne les personnes qui dépendent du revenu d'une femme et qui ne se soucient pas de la façon dont elle le gagne, ce qui inclut les enfants à charge, les coiffeuses et d'autres fournisseurs de service. Ces personnes sont très différentes des parasites qui contribuent à l'entrée et au maintien des femmes dans la prostitution, comme les gardes du corps, les petits amis souteneurs, les tenanciers de maisons de prostitution et les annonceurs de prostitution.
Nous pensons également qu'il est important que le projet de loi empêche les hommes d'utiliser un permis de mariage ou une famille ou une autre relation pour échapper à une responsabilité pénale visant la violence et l'exploitation dont ils sont les auteurs.
Nous demandons un amendement visant à retirer les dispositions qui criminalisent la communication dans des endroits publics, car il va à l'encontre de l'objectif d'égalité.
Nous convenons qu'il est nuisible pour les enfants et les adultes de voir un acte flagrant de racisme et d'exploitation sexuelle, surtout dans une situation où l'on a l'impression de ne pas être en mesure d'intervenir de manière efficace. Toutefois, il est probablement plus dommageable pour les enfants et les adultes de voir ou de savoir qu'une personne exploitée sera ensuite punie par le gouvernement. Nous préférerions qu'elle reçoive la protection de la loi et de la Charte.
Arrêter et accuser les clients et les proxénètes — et non les femmes — est un moyen efficace de réparer les torts causés par la communication dans un endroit public.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Alice Lee, qui fait également partie de notre groupe. Elle vous parlera de la traite des personnes.
Thank you and good morning. We appreciate the opportunity to include the perspectives of Asian women into the consideration of Bill C-36. We have also provided a brief.
The Asian Women Coalition Ending Prostitution has the goal of changing societal attitudes towards women, especially women of Asian descent. We work to advance equality for women and to create opportunities for Asian women to have meaningful participation and to take leadership roles in civil society. We see prostitution as a form of male violence against women that prevents women's equality and that encourages racist violence. We also believe that prostitution can be eradicated.
We're a feminist volunteer group. Our members have provided prostitution prevention education in the school system and legal advocacy to women involved in the live-in caregiver program. We've been front-line workers in feminist anti-violence centres. We've provided concrete aid and support to battered women and raped women, including prostituted women.
We were interveners in the Bedford case, where we provided a critical race analysis to help inform the Supreme Court's considerations.
I'll start by saying that we applaud the intent stated in the preamble setting protection of women's dignity and equality as an objective of the bill. This is consistent with the principle that all Canadian law is to be understood and interpreted in the context of the Charter of Rights and Freedoms. The bill's preamble demonstrates an understanding of the systemic nature of prostitution and the consequence of undermining women's equality on the basis of race, national or ethnic origin, colour, and sex.
We also appreciate that the bill acknowledges the danger that's inherent in prostitution and the profound exploitation done by the pimps, the brothel-keepers, the procurers, the advertisers, and the customers of prostitution to women, especially as it affects Asian and other racialized women. We recommend strengthening this acknowledgement by noting in the preamble the disproportionate impact of prostitution on racialized women.
We support the section of the bill that criminalizes advertising of sexual services because of the role that advertising plays in normalizing and entrenching racist and sexist stereotypes. For example, when we gathered online ads that were posted over a 24-hour period from the adult services section of the Vancouver Craigslist website, we found that 67% of the women advertised in the 1,472 ads we gathered were described or displayed by photo as Asian.
The Asian population of metro Vancouver is only 30%. It's reasonable to assume that Asian women comprise approximately 15% of that population but we're massively disproportionately overrepresented in that advertising. The advertising describes Asian women as providing a girlfriend experience. They're Japanese school girls, really young China dolls, Asian cuties, and they are paired with photos.
The pimps, procurers, brothel-keepers, advertisers, and others who are involved in the sales and marketing of prostituted women cater to these deeply racist demands. It's in their commercial interest to continue to normalize these stereotypes into Canadian society in order to grow the market for their product.
We experience negative consequences when our characteristics, whether they are real or imagined, are sexualized and commodified to promote sexual services. These stereotypes dehumanize and sexualize Asian women and they block our access to our Charter of Rights regardless of whether or not we are prostituted.
From our experience, prostitution overlaps with wife battering, rape, and incest. These are all acts of sexist violence that are usually committed by men in private venues, such as the home, where privacy is used to confine women, reinforce the attacker's authority, and hide the violence from public view. Being indoors does not increase women's safety from male violence in general. However, indoor venues such as Asian massage parlours do enhance safety for men. They shield the pimps, brothel-keepers, procurers, and customers from scrutiny and they hide the violence that's used to control women and the violence that is inherent to prostitution.
We support the tailored legislative approach offered by the bill. It accurately targets the men who are the source of the harm in prostitution.
We also appreciate that the bill differentiates between those who depend on a woman's income without caring about how it's earned. That includes dependent children, hairdressers, and other service providers. These people are very different from the people who are parasitically invested in having a woman enter and stay in prostitution. Those people include pimps posing as bodyguards, pimping boyfriends, brothel-keepers, and prostitution advertisers.
We also think it's important that the bill prevents these men from using a marriage licence or a family or other intimate relationship to escape criminal responsibility for their violence and exploitation.
We call for an amendment to remove the sections that criminalize communication in public areas because it undermines the objective of equality.
We agree that it's harmful for children and adults to observe a blatant act of racist and sexist exploitation, particularly in a situation where one feels they can't effectively intervene. However, it's more harmful for children and adults to observe or know that an exploited person will be punished by the state for their own exploitation. We'd much rather that they were offered the protection of the law and the charter.
Arresting and charging male customers and pimps—and not the women—will effectively address the harms caused by communication in a public place.
I'm now turning the mike over to Alice Lee, who is another member of our group, to talk about human trafficking.