Monsieur le Président, je rends aujourd'hui hommage à sir John A. Macdonald, Père de la Confédération et premier à occuper la fonction de premier ministre du Canada. Il est né à Glasgow, en Écosse, le 11 janvier 1815, il y a exactement 200 ans cette année, et son histoire est indissociable de celle du Canada.
Âgé d'à peine cinq ans, sir John A. Macdonald quitte Glasgow, en Écosse, pour immigrer à Kingston, en Ontario. Il vient d'une famille d'honnêtes travailleurs, mais il grandit dans des conditions financières quelque peu difficiles. À 15 ans, il travaille donc déjà, entreprenant peu après un stage dans un cabinet d'avocat. Il devient un juriste et un homme d'affaires florissant, mais surtout un fin politicien.
L'observateur avisé conclura que M. Macdonald a accompli son meilleur travail avant même la Confédération. Son sens de l'organisation et sa compréhension profonde de l'être humain lui ont permis de rebâtir, de moderniser et d'unifier un Parti conservateur qui battait de l'aile, un exploit que des chefs conservateurs ont dû relever à leur tour au fil du temps.
Cependant, ce n'était là que le prélude à sa plus grande réalisation, j'ai nommé la Confédération et la fondation du Canada.
M. Macdonald était conscient des menaces qui planaient alors sur l'Amérique du Nord britannique: un voisin expansionniste et déterminé, au Sud, doté de centaines de milliers de soldats rompus au combat dont beaucoup avaient soif de nouvelles aventures, une mère patrie qui tendait de plus en plus à considérer sa colonie nord-américaine comme un élément de passif dont la défense représentait un gouffre financier et, enfin, une partie de la population de plus en plus admirative du modèle américain qui, sous le couvert du républicanisme et de la modernisation, caressait en fait l'espoir d'une annexion aux États-Unis.
Dans ce contexte, M. Macdonald s'est démarqué en tant que rassembleur ayant compris que la survie d'un Canada indépendant des États-Unis reposait sur la réaffirmation et l'unité. Pour que le Canada devienne maître de sa propre destinée, il fallait établir un dominion souverain. Il fallait de la vision et du discernement, mais, surtout, de véritables qualités de chef.
Sir John A. Macdonald était doué pour bâtir une nation. Sa vision était celle d'un pays où les citoyens auraient un avenir commun et partageraient les mêmes valeurs, qu'ils soient francophones ou anglophones, qu'ils soient établis dans l'Est ou dans l'Ouest, qu'ils soient de nouveaux Canadiens ou des citoyens de longue date et qu'ils vivent en ville ou à la campagne. Sa vision était celle d'un pays prospère, généreux, tolérant et conciliant. Sa vision des perspectives d'avenir du Canada est sans égale encore aujourd'hui.
Il l'a bien exprimé lorsqu'il a dit à la Chambre de communes, vers la fin de sa vie:
[...] Si je pouvais exercer une quelconque influence ou un certain pouvoir sur l'esprit et l'intelligence des habitants du Canada, je leur laisserais cette recommandation en héritage. « Quoi que vous fassiez, adhérez à l'Union. Nous avons un grand pays et nous en ferons l'un des plus grands de l'univers si nous le préservons. Nous sombrerons dans la médiocrité et dans l'adversité si nous acceptons qu'il soit détruit. » Dieu et la nature ont uni les deux Canada. Dieu et la nature ont fait des deux Canada un seul pays. Qu'il ne soit permis à aucun factieux de les séparer.
Cette vision, devenue réalité grâce à la capacité remarquable de Sir John A. de rassembler les gens, a été consacré dans notre Confédération établie par l'Acte de l'Amérique du Nord britannique que Sir John A. a lui même rédigé en grande partie.
La preuve de son génie est la réussite de notre pays. Le Canada est l'un des plus jeunes grands pays, mais sa Constitution est l'une des plus anciennes toujours en application. Son cadre s'est avéré utile depuis presque 150 ans, guidant le Canada alors que ses provinces sont passées de quatre à dix, que trois territoires s'y sont ajoutés et que sa population de 3,5 millions d'habitants, au départ, a grimpé à près de 35 millions de personnes. Son juste équilibre et ses structures nous sont encore utiles aujourd'hui.
La passion de John A. pour le Canada et sa sagesse en politique l'ont motivé et lui ont permis de réaliser son ambition pour le pays à un rythme remarquable. Durant ses années comme premier ministre, le Canada a connu une croissance et une prospérité sans précédent. Le Manitoba, l'Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique ont fait leur entrée dans la Confédération. La ligne transcontinentale du chemin de fer Canadien Pacifique a rapidement été achevée — c'était tout un accomplissement en 1885 — et, pour la première fois, les Canadiens ont été reliés d'un océan à l'autre.
Sir John A. Macdonald a créé la Police montée du Nord-Ouest, qui a été renommée plus tard Gendarmerie royale du Canada. Il a aussi créé le premier parc national canadien, à Banff, en Alberta. Sir John A. Macdonald a uni notre pays, surmontant les pires obstacles.
On raconte une histoire qui se serait produite en 1871, lors des négociations du Traité de Washington. Macdonald était l'un des trois membres de la délégation impériale et, peut-être, le seul à vraiment défendre les intérêts du Canada. Les autres semblaient plus soucieux d'améliorer les relations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Lors d'une activité sociale organisée pendant ces négociations, la femme d'un sénateur américain a engagé la conversation avec un charmant Canadien qui se trouvait là-bas.
« Je suppose que vous venez du Canada », a-t-elle dit.
« Oui, madame », a-t-il répondu.
« Vous pouvez compter sur un homme très intelligent, l'honorable John A. Macdonald », a-t-elle fait remarquer.
« Oui madame, il est très intelligent. »
« Par contre, certains affirment qu'il est un vaurien. »
« Oui madame, c'est un vrai vaurien. »
« Mais alors, pourquoi les Canadiens lui permettent-ils de demeurer au pouvoir? »
« Eh bien, c'est parce que sans lui, ils sont incapables de s'entendre. »
À ce moment précis, le sénateur américain les a rejoints et a dit: « Ma chère, laissez-moi vous présenter l'honorable John A. Macdonald. »
La femme était mortifiée, mais John A. l'a rapidement rassurée: « Ne vous excusez pas. Tout ce que vous avez dit est tout à fait vrai, et ce n'est un secret pour personne au Canada ».
J'aime beaucoup cette histoire, car elle montre bien qui était John A. et quelles étaient ses forces et ses faiblesses. Elle nous montre aussi qu'il comprenait l'être humain et ses imperfections, y compris les siennes, et c'est cette compréhension qui faisait de lui un excellent leader.
Sir John A. Macdonald n'était pas seulement un visionnaire sur le plan économique; il était aussi en avance sur son temps, car il a été le premier dirigeant national ayant cherché à accorder le droit de vote aux femmes.
En 1885, sir John A. Macdonald a présenté un projet loi de réforme électorale qui proposait d'accorder le droit de vote aux femmes et aux Autochtones. En ma qualité de leader parlementaire, je tiens à signaler que les libéraux se sont opposés farouchement à ces changements, y ont fait obstacle et les ont retardés — ils estimaient que c'étaient des changements partisans qui allaient profiter au Parti conservateur — à point tel qu'ils ont retardé l'adoption du projet de loi pendant près de deux ans.
Le projet de loi a été adopté seulement après que sir John A. et les conservateurs aient retiré, à contrecoeur, les dispositions relatives au droit de vote des femmes. Ce droit donc a été retardé jusqu'à ce que le gouvernement conservateur du premier ministre Borden complète l'initiative entreprise par sir John A.
Cependant, les Autochtones, eux, ont obtenu le droit de vote grâce au projet de loi de 1887 proposé par Macdonald. Malheureusement, le gouvernement de Laurier leur a retiré ce droit en 1897, une injustice qui n'a été redressée qu'en 1960, quand le premier ministre conservateur John Diefenbaker a restauré le droit de vote des Autochtones.
En plus d'avoir une approche visionnaire, Sir John A. Macdonald était un fier défenseur de nos valeurs et de nos frontières. Il a veillé à ce que le Canada soit un pays distinct des États-Unis. Il a aussi cherché à éviter ce qu'il considérait comme les points faibles des États-Unis. Il a reconnu que nous étions un grand pays sur le plan géographique et que notre population présentait une grande diversité. Il a su apporter une approche particulière pour rassembler tous les Canadiens.
Les grandes réalisations de Sir John A. Macdonald en tant que politicien et premier ministre semblent encore plus admirables si l'on tient compte des pénibles épreuves qu'il a subies au cours de sa vie privée, marquée par la tragédie et d'immenses chagrins: le décès de sa première femme, celui de son fils nourrisson et la maladie débilitante de sa fille unique.
Le leadership visionnaire de John A. Macdonald pour son Dominion du Canada, lorsqu'il a jeté les bases du pays qui s'est révélé être le meilleur au monde, s'est effectivement concrétisé aujourd'hui. Il y a de quoi être ébahi par sa clairvoyance et être reconnaissant de ses réalisations.
Deux cents ans après la naissance de notre premier premier ministre, n'oublions pas que le Canada que nous aimons aujourd'hui a été rendu possible par une personne que notre premier ministre actuel a récemment qualifié d'homme ordinaire de qui l'on attendait peu, mais qui a réalisé de grandes choses quand il en a eu l'occasion.
Souvenons-nous de l'immense succès de la Confédération, qui était le rêve de John A. Macdonald, un projet bien personnel qui a eu des répercussions mondiales pour un pays qui fait aujourd'hui l'envie du reste du monde.
Mr. Speaker, I rise today to celebrate the Right Hon. Sir John A. Macdonald, founding father and Canada's first prime minister. Born 200 years ago this year, on January 11, 1815, in Glasgow, Scotland, Sir John A. Macdonald's story is the story of Canada.
Sir John A. Macdonald left Glasgow, Scotland when he was just five years old and emigrated to Kingston, Ontario. The child of a hard-working family, he grew up under somewhat stressful financial circumstances and by 15 was out working and soon after was articling at a law firm. He became a successful lawyer and businessman, but most notably a wise and skillful politician.
Astute observers will conclude that John A.'s greatest work was done before Confederation. Through his organizational skills and keen understanding of people, he was able to rebuild, modernize and unify a Conservative Party that was struggling. It is a feat that Conservative leaders have been compelled to repeat from time to time since.
However, that was only a prelude to his life's greatest achievement, Confederation and the creation of Canada.
Macdonald appreciated the threats facing British North America at the time: an expansionist and determined neighbour to the south, with hundreds of thousands of battle-hardened soldiers, many looking for new adventures; a British homeland which increasingly saw its North American outpost as a liability, costly to defend; and finally, a section of domestic society which increasingly looked to the American model with admiration, cloaking a desire for annexation in the rhetoric of Republicanism and modernization.
In this environment, Macdonald stood out as a leader who understood that the survival of a Canada distinct from the United States depended upon a new assertiveness and unity. It required the building of a sovereign dominion of Canada to be master of its own destiny. It required vision, judgement, but most of all, strong leadership.
Sir John A. Macdonald was a gifted nation builder. His vision was of a country where people could live together as citizens with a common future, sharing values in common, without regard for whether they were French or English, east or west, new Canadians or long-time citizens, city or country. It was a vision of a country of prosperity, generosity, tolerance and accommodation. His vision of Canada’s possibility and opportunity for the future remain without parallel today.
He captured it well when he said in the House of Commons, toward the end of his life:
—if I had influence over the minds of the people of Canada, any power over their intellects, I would leave them this legacy—“whatever you do, adhere to the Union—we are a great country and shall become one of the greatest in the universe if we preserve it; we shall sink into insignificance and adversity if we suffer it to be broken.” God and Nature have made the two Canadas one—let no factious men be allowed to put them asunder.
This vision, achieved by his remarkable skill at bringing people together, was consecrated in Confederation—built on the framework of the British North America Act, which was overwhelmingly personally penned by John A.
The proof of its genius is the success of Canada. While Canada is one of the youngest great countries of the world, our Constitution—the British North America Act—is one of the oldest operating constitutions. The framework has served well for almost 150 years, guiding Canada as it grew from four provinces to ten provinces and three territories—and as we have grown from 3.5 million people at Confederation to close to 35 million today. Its wise balance and structures serve us well today.
John A.'s passion for Canada and his wisdom in politics served to drive him and his ambition for the country at a remarkable pace. During his years as prime minister, Canada experienced unprecedented growth and prosperity. Manitoba, Prince Edward Island and British Columbia all entered Confederation. The Canadian Pacific Railway's transcontinental line was completed with great speed, quite an accomplishment in 1885, for the first time linking Canadians together from coast to coast.
Sir John A. Macdonald established the North-West Mounted Police, later renamed the Royal Canadian Mounted Police. He also created the first Canadian national park in Banff, Alberta. Sir John A. Macdonald bound this country together against impossible odds.
There is a story from the 1871 negotiations on the Treaty of Washington while they were under way. Macdonald was one of three on the imperial delegation and perhaps the only one who was really looking out for Canada's interests. The others seemed more anxious to try to improve British-U.S. relations.
At a social event during those negotiations, an American senator's wife struck up a conversation with a charming Canadian who was present.
“I guess you are from Canada”, she said.
“Yes, ma'am”, he replied.
“You've got a very smart man over there, the Honorable John A. Macdonald”, she commented.
“Yes, ma'am, he is”.
“But they say he's a regu'ar rascal”.
“Yes, ma'am, he's a perfect rascal”.
“But why do they keep such a man in power?”, she asked.
“Well, you see, they cannot get along without him.”
At that moment, the American senator arrived on the spot and said, “My dear, let me introduce you to the Honorable John A. Macdonald”.
As the woman looked mortified, John A. quickly set out to put her at ease, “Now, don't apologize. All you've said is perfectly true, and it is well known at home”.
I like that particular story because it captures so much about the essence of John. A., his strengths, his weaknesses, his understanding of humanity and its frailties, including his own, and it is part of that understanding that made him such a great leader.
Not only was Sir John A. Macdonald an economic visionary, he was ahead of his time as the world's first national leader to try to grant women the right to vote.
In 1885, Sir John A. Macdonald brought forward an electoral reform bill that proposed to extend the vote to both women and aboriginals. As a House leader, I would observe that the Liberals so fiercely opposed, obstructed and delayed these changes—they thought the changes were partisan and that they would benefit the Conservative Party—that they held up the bill for the better part of two years.
The bill only passed when Sir John A. and the Conservatives reluctantly removed the provision for votes for women. As a result, it delayed the vote for women until Prime Minister Borden's Conservative government completed John A.'s initiative.
However, aboriginals did win the right to vote in Macdonald's 1887 bill. Sadly, Laurier's government would remove that vote for aboriginals in 1897, an injustice that would not be corrected until Conservative Prime Minister John Diefenbaker restored aboriginal votes in 1960.
In addition to that visionary approach, Sir John A. Macdonald was a fierce defender of both our values and our borders. He ensured that Canada was a country that was distinct from the United States. He also sought to avoid what he considered to be flaws in the American model. He recognized that we were a big country geographically, a diverse country in terms of the types of people we had, and that it took a special approach to bring them all together.
Macdonald's great achievements as a politician and as prime minister seem to be all the more admirable when one considers the great challenges he experienced in a private life filled with tragedy and heartbreak—the death of his first wife, a son who died in infancy and his only daughter born with a debilitating illness.
The visionary leadership of John A. Macdonald for his Dominion of Canada, when he rendered the blueprint for what has proven to be the best country in the world, has indeed become a reality today. We can be amazed at his foresight and thankful for his legacy.
Two hundred years after the birth of our first prime minister, let us all remember that the Canada we love today was made possible by what our current Prime Minister has recently said was an ordinary man of whom little was expected but who, given the opportunity, did extraordinary things.
Let us reflect on the tremendous success of Sir John A. Macdonald's dream of Confederation, a truly personal project of global consequences of a country that is today the envy of the world.