Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de l'important projet de loi qui nous est soumis et qui nous permet, selon moi, de mettre en évidence ce qui distingue les partis politiques représentés aux Communes.
Il m'apparaît important de souligner d'entrée de jeu que nous entendons beaucoup parler de la classe moyenne du Canada aujourd'hui, et c'est bien ainsi. Cependant, je dirais que, depuis que le chef du Parti libéral occupe son poste actuel, soit depuis deux ans environ, il a élevé le niveau du débat sur la classe moyenne, et nous avons pu voir les autres partis politiques représentés aux Communes épouser cette cause très importante, c'est-à-dire celle de la classe moyenne au Canada. Le chef du Parti libéral a été le premier à mettre le sujet à l'ordre du jour, et on peut voir aujourd'hui que, depuis lors, tous les partis politiques essaient de faire valoir leurs propositions concernant la classe moyenne parce qu'ils croient, eux aussi, que c'est une question importante.
Ce qui nous distingue des autres partis, c'est que nous croyons vraiment que la réponse à nombre de problèmes actuels est de renforcer la classe moyenne du Canada. Dès qu'on est conscient de l'importance de la classe moyenne comme principal facteur de croissance économique au pays, investir dans la classe moyenne pour la renforcer devient une solution incontournable. Pour assurer la vigueur de l'économie canadienne, il nous faut une classe moyenne robuste, avec des assises solides.
C'est le 10e budget du gouvernement actuel. Or, on ne peut que constater que ce budget donne surtout aux Canadiens qui en ont le moins besoin. Il est temps de faire place à de nouvelles idées, d'investir dans les emplois et la croissance de la classe moyenne et de ceux qui font tout ce qu'ils peuvent pour en faire partie. Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, les Canadiens de la classe moyenne doivent travailler plus — et plus fort — pour joindre les deux bouts. À notre avis, c'est injuste.
Nous voulons que les choses soient justes. Prenons l'exemple du budget. Tout, en fait, est une question de priorités. Voyons plutôt ce que ferait le Parti libéral du Canada pour rendre les choses plus justes.
Un gouvernement libéral rendrait le régime fiscal plus juste et allégerait le fardeau fiscal de la classe moyenne de 7 %. On parle d'une réduction d'impôt de 3 milliards de dollars pour ceux qui en ont le plus besoin. En instaurant une prestation non imposable plus généreuse et plus juste, les libéraux verseraient plus d'argent chaque mois aux familles afin de les aider à assumer ce qu'il en coûte d'élever des enfants. Voyons ce que ça donne, concrètement: selon le plan des libéraux, la famille typique composée de deux parents et de deux enfants et gagnant 90 000 $ par année recevrait un montant non imposable de 490 $ par mois. Par contre, la même famille ne recevrait que 275 $ après impôt si le premier ministre était reporté au pouvoir.
Les ministres et les ministériels n'arrêtent pas de dire que les libéraux annuleraient l'allégement fiscal en question, mais rien n'est pourtant plus faux. En réalité, les libéraux verseraient plus d'argent chaque mois aux familles de la classe moyenne avec enfants que les conservateurs. Ça, c'est la vérité.
Nous demanderons en outre aux Canadiens les mieux nantis de payer un peu plus afin que ceux de la classe moyenne paient un peu moins. En clair, le Parti libéral annulerait le programme de fractionnement du revenu et tous les cadeaux fiscaux que le premier ministre a donnés aux plus riches et nous créerions une nouvelle fourchette d'imposition pour la frange de 1 % des Canadiens qui gagnent plus de 200 000 $.
Les députés connaissent sans doute très bien le programme de fractionnement du revenu. C'est un programme de 2 milliards de dollars que les conservateurs ont mis en place. Des centaines de millions de dollars seront retirés à la classe moyenne chaque année pour soutenir moins de 15 % des habitants les mieux nantis du Canada. Il s'agit d'un programme très coûteux, qui n'est tout simplement pas nécessaire. Même l'ancien ministre des Finances, le regretté Jim Flaherty, avait convenu que le programme était une mauvaise idée et qu'il n'était pas équitable. Néanmoins, le premier ministre a décidé de présenter un programme de fractionnement du revenu, qui coûtera très cher.
Nous sommes d'avis que ce n'est pas correct. C'est une mesure semblable à une autre prévue dans le budget, c'est-à-dire celle qui a trait aux droits de cotisation à un CELI, que le gouvernement a doublés. Quelles personnes seront les plus susceptibles de profiter de cette mesure fiscale? Une fois de plus, ce seront certains des Canadiens les plus nantis. Quand je pense aux résidants de Winnipeg-Nord, que je représente, ceux qui gagnent un revenu familial de 40 000 $ à 70 000 $ ne disposent pas d'une somme supplémentaire de 10 000 $ pouvant être versée dans un CELI. Les gens qui en ont les moyens sont très rares.
J'estime que cette mesure montre à quel point la politique fiscale du gouvernement est injuste. Qu'il s'agisse de contributions à un CELI ou de fractionnement du revenu, il existe une différence considérable entre la façon dont les libéraux gouverneraient et ce qui est prévu dans le budget conservateur.
Le premier ministre offre des allégements fiscaux aux riches. Les libéraux, quant à eux, croient dans un pays équitable pour tout le monde. Notre chef a été très clair. Nous devons soutenir les Canadiens de la classe moyenne — ce sont eux le fondement de notre économie — qui n'ont pas eu d'augmentation digne de ce nom en 30 ans.
Les libéraux continueront de présenter des solutions pour faire croître notre économie. La croissance, c'est très important. Nous sortons tous gagnants lorsque le gouvernement du Canada met ses priorités à la bonne place dans le budget. Nous l'avons vu dans le cas de certaines industries au cours des dernières années. On n'a qu'à penser à l'industrie manufacturière, surtout en Ontario, qui a été très durement touchée. Nous parlons de dizaines de milliers d'emplois perdus dans le secteur manufacturier en Ontario seulement, pour la plupart de bons emplois de qualité, parce que le gouvernement national a ignoré ce dossier. Les emplois qui se créent ne suffisent pas à remplacer ceux qui ont été perdus.
Les Canadiens sont inquiets et je les comprends. Voilà pourquoi ils veulent qu'Ottawa fasse preuve de leadership dans ce dossier. Les conservateurs disent qu'ils ont créé 1,3 million d'emplois, mais, en réalité, le gouvernement n'a pas été à la hauteur. Au cours des dernières années, il a peut-être créé quelques centaines d'emplois. De quel genre d'emplois s'agit-il? Ils ne sont pas de la même nature ou valeur que les emplois que nous avons perdus. Le gouvernement continue d'avancer des chiffres pour essayer de donner une fausse impression, comme s'il faisait du bon travail dans le dossier de la création d'emplois, alors que rien n'est plus faux.
À preuve, le débat sur le commerce. Les ministres prennent la parole, les uns après les autres, pour s'enorgueillir des accords commerciaux que le gouvernement a signés. Certes, il a signé quelques accords commerciaux. Toutefois, l'accord avec l'Union européenne, qui compte pour 28 des 38 pays auxquels les conservateurs font souvent référence, n'a toujours pas été signé. Cet accord n'est pas finalisé. Le premier ministre arrive de l'étranger. Je doute qu'il ait réalisé des progrès notables dans ce dossier.
Le président ukrainien était ici pour faire part à tous les parlementaires et, par l'intermédiaire de la Chambre, à tous les Canadiens de son désir qu'un accord commercial soit signé entre l'Ukraine et le Canada. Cependant, même sur ce front, le gouvernement n'a pas répondu à nos attentes. Il aurait pu en faire davantage. Si nous regardons ce que l'Union européenne a fait avec l'Ukraine sur le plan commercial par rapport à ce que le Canada a fait, nous constatons que le Canada n'a pas été à la hauteur.
Les conservateurs peuvent bien se vanter de notre merveilleuse performance commerciale. Toutefois, la réalité est tout autre. Quand il est question de commerce, ce qui importe, c'est si le Canada affiche un excédent commercial ou s'il accuse un déficit commercial.
Sous les gouvernements libéraux, il affichait toujours un excédent commercial, mais ce n'est pas le cas sous le gouvernement conservateur. Je pense que cela fait 51 mois que nous devons composer avec des déficits commerciaux. En fait, quand le premier ministre actuel a remplacé Paul Martin, nous avions un excédent commercial de plus de 1 milliard de dollars. Le premier ministre a transformé cet excédent en déficit, et la situation n'a pratiquement jamais changé depuis.
Les conservateurs peuvent parler de leur grande capacité à conclure des accords commerciaux, mais la vérité, c'est qu'ils ont fait preuve d'une incapacité flagrante dans ce domaine, et que cela nous a coûté très cher. Nous nous demandons pourquoi nous avons perdu des dizaines de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier. Il faudrait peut-être commencer à examiner la balance commerciale et la performance commerciale guère impressionnante des conservateurs. Cela nous permettra de comprendre que le passage d'un excédent commercial à un déficit commercial a entraîné la perte de milliers d'emplois et de débouchés.
Nous pouvons aussi parler des répercussions que cela a eues sur le budget et de la mauvaise façon dont le gouvernement a géré cette situation. Pensons à ce que ferait le projet de loi d'exécution du budget. Il créerait ce que le gouvernement appelle une loi sur l'équilibre budgétaire.
Imaginez-vous un peu: le gouvernement fait des sermons sur l'équilibre budgétaire malgré le fait qu'il n'a pas réussi à équilibrer le budget. La seule fois qu'il a équilibré le budget, c'est l'année suivant le départ du premier ministre Paul Martin. Le gouvernement libéral de Paul Martin a enregistré un excédent de plusieurs milliards de dollars. Les conservateurs avaient le bénéfice d'un énorme excédent lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir. Deux ans plus tard, encore avant la récession, ils avaient transformé cet énorme excédent en un déficit de plusieurs milliards de dollars. Ils se disent de bons gestionnaires financiers, mais je n'en crois rien.
Et maintenant, quelques mois avant les élections, le gouvernement affirme avoir équilibré le budget. Il ne peut berner les Canadiens. Il suffit de voir comment il s'y est pris pour équilibrer le budget. Il a vendu, à prix de gros, pour 2 milliards de dollars d'actions de GM et puis il a puisé dans le fonds d'urgence, chose que certains de ses ministres avaient dit qu'ils ne feraient jamais. Il a fait cela pour parvenir à un faux équilibre budgétaire. Il a puisé dans le fonds d'urgence et vendu des actions de GM pour quelques milliards de dollars pour pouvoir enregistrer un excédent de 1 milliard de dollars.
Je ne crois pas que le budget sera équilibré. Je crois qu'après les prochaines élections, lorsque tous les chiffres seront disponibles, on apprendra que ce parti conservateur-réformiste, ce gouvernement bidon, n'aura pas pu présenter un budget équilibré en 2015-2016.
Ce qui me dépasse, c'est que les conservateurs osent dire aux libéraux qu'ils ne savent pas comment équilibrer un budget. En fait, la seule personne dans cette enceinte à avoir réussi à équilibrer un budget en tant que ministre des Finances, c'est le député qui siège devant moi, le député de Wascana, qui est le chef adjoint du Parti libéral.
Les gouvernements dirigés par Jean Chrétien et Paul Martin ont équilibré le budget à maintes reprises. Nous savons toutefois que les conservateurs sont incapables d'équilibrer un budget. Ils vivent dans un monde imaginaire et prétendent à tort que l'équilibre budgétaire n'a aucun secret pour eux. En réalité, c'est exactement le contraire qui se produit. Le Parti conservateur n'a absolument aucune crédibilité en ce qui a trait à l'équilibre budgétaire. Le passé nous montre clairement que le Parti libéral peut équilibrer le budget et qu'il l'a déjà fait.
En même temps, le Parti libéral sait ce qui est important aux yeux des Canadiens et veille au financement des mesures en conséquence. J'aimerais présenter deux exemples à cet égard.
Il y a aussi les pensions. Il y a quelques années, lorsque le premier ministre se trouvait de l'autre côté de l'océan, il a annoncé que l'âge de la retraite passerait de 65 à 67 ans. Le Parti libéral sait quels sont les coûts de cette mesure pour les Canadiens. C'est un coût que nous ne sommes pas prêts à accepter. En adoptant cette politique, le gouvernement conservateur précipitera des milliers d'aînés de plus dans la pauvreté.
Les raisons invoquées par les conservateurs pour justifier leur décision de faire passer l'âge de la retraite à 67 ans sont tout à fait fallacieuses. Ils ont essayé de créer une situation de crise. Rien ne justifie que le gouvernement prenne une telle décision. Essentiellement, c'est ce que le directeur parlementaire du budget, qui agit de façon indépendante, affirme, et c'est aussi ce qu'affirment des intervenants externes.
C'est un enjeu que j'entends aborder lorsque je ferai du porte-à-porte pour rencontrer les électeurs de ma circonscription. Le Parti libéral a été très clair: nous allons revenir en arrière et ramener l'âge de la retraite à 65 ans. Nous ne permettrons pas au gouvernement conservateur de s'en tirer à bon compte en faisant passer l'âge de la retraite à 67 ans.
En ce qui concerne le RPC, il ne fait aucun doute que le premier ministre a déjà mentionné qu'il n'appuie pas le RPC. En fait, il aimerait mieux que ce régime disparaisse. Le premier ministre refuse maintenant de rencontrer ses homologues des provinces et des territoires pour trouver des façons d'améliorer le RPC. Il est donc de plus en plus clair que le premier ministre ne se soucie guère du fait que les trois régimes de pensions du Canada offrent un filet de sécurité sociale à la population. Les mesures qu'il a prises et les propos qu'il a tenus le montrent hors de tout doute.
Le premier ministre ne se rend pas compte que les Canadiens ont véritablement à coeur certaines choses et croient vraiment en leur l'importance, notamment notre système de soins de santé. Le Parti libéral, quant à lui, a véritablement à coeur le RPC. Nous avons à coeur notre système de soins de santé. Nous estimons aussi qu'il est très important d'avoir un filet de sécurité sociale. Par contre, nous ne pouvons pas faire confiance aux conservateurs à cet égard.