Monsieur le Président, je vais commencer mon intervention sur la chasse au phoque, l'un des sujets les plus controversés au Canada, en parlant de l'un des commentateurs les plus controversés du pays: Don Cherry.
Don Cherry, dont la carrière a toujours tourné autour de la glace, s'en est pris récemment aux chasseurs de phoque de Terre-Neuve-et-Labrador, d'autres personnes qui gagnent leur vie grâce à la glace. C'était un samedi soir, plus tôt ce mois-ci, à l'émission Hockey Night in Canada. Don Cherry présentait sa chronique habituelle, Coach's Corner, en compagnie de son fidèle coanimateur de la CBC, Ron MacLean, qui se trouvait ce jour-là à St. John's, à Terre-Neuve, où il participait à une diffusion de Rogers Hometown Hockey. Durant la chronique, MacLean a mentionné qu'il avait mangé un hamburger à la viande de phoque plus tôt dans la journée, qui avait été cuisiné par le chef Todd Perrin du restaurant Mallard Cottage, à Quidi Vidi, à l'est de St. John's. Il s'agit de l'un de nos meilleurs restaurants. En fait, nos restaurants sont parmi les meilleurs du Canada.
L'idée de manger un hamburger au phoque a clairement dégoûté Don Cherry, c'est ce que j'ai perçu dans son visage. « C'est comme manger un bébé phoque », a dit Cherry, avant de demander à McLean s'il était un sauvage ou un barbare. Je ne sais pas si Don Cherry était sérieux, c'était difficile à dire, ou s'il taquinait MacLean comme il le fait si souvent. Quoi qu'il en soit, les commentaires de Don Cherry n'ont pas été bien reçus par les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador. C'est la pire insulte possible: lorsqu'on s'en prend à la chasse au phoque, on s'en prend à Terre-Neuve-et-Labrador. Même se faire traiter de « Newfie » n'est pas aussi grave. Les Terre-Neuviens et les Labradoriens prennent les critiques contre la chasse au phoque comme des attaques personnelles; on s'en prend alors autant à nous en tant que peuple qu'à nos ancêtres, qu'à une partie de notre âme. Attaquer la chasse au phoque revient à attaquer Terre-Neuve-et-Labrador. Gare à celui qui dénigre la chasse au phoque, car nous nous défendrons bec et ongles. La chasse au phoque ne saurait être l'objet de plaisanteries. Nous n'en sommes pas encore là. Les incessantes attaques ont laissé des plaies qui sont encore trop vives. C'est un sujet pour le moins délicat à Terre-Neuve-et-Labrador, pour des raisons bien compréhensibles.
Pour reprendre les mots de Bernie Halloran, qui est propriétaire d'une petite boutique de vêtement d'extérieur à St. John's et qui vend des produits dérivés du phoque depuis 30 ans, aucune autre industrie du monde n'est aussi vilipendée que celle de la chasse au phoque. C'est ce que Bernie Halloran a écrit dans la lettre qu'il a fait parvenir à Don Cherry.
Par la suite, Don Cherry a présenté ce qui semblait être davantage des précisions que des excuses. Il a dit qu'il n'avait rien contre les chasseurs et la viande de phoque. Il a tout de même ajouté qu'il trouvait personnellement très étrange de commander un hamburger de phoque au restaurant pour le dîner. C'est peut-être étrange pour Don Cherry, mais ce ne l'est pas pour moi. La « flipper pie » est un mets fin typique de Terre-Neuve-et-Labrador. De toute ma vie, la meilleure viande que j'ai mangée est un filet de phoque assaisonné de sel et de poivre et sauté au beurre dans une poêle en fonte, qu'on a laissé reposer pendant 15 minutes. C'est le paradis dans votre assiette.
Don Cherry s'y connaît peut-être en hockey, mais il ne connaît pas grand-chose à Terre-Neuve-et-Labrador, à ses gens et à son industrie culturelle. Don Cherry serait-il devenu un tendre? Comme l'a dit quelqu'un de ma circonscription: « Allez acheter “Rock 'Em Sock 'Em 97” et vous verrez des hommes se taper sur la gueule pendant deux heures. » Et ça, ce n'est pas barbare?
Un autre Terre-Neuvien m'a dit: « Je me demande de quoi sont faites les ailes de poulet et les côtes levées vendues dans la chaîne de restaurants de Don Cherry? » Boeuf, poulet, phoque — n'est-ce pas un peu hypocrite? On calomnie l'industrie du phoque.
Je cite encore une fois Bernie Halloran, propriétaire d'un magasin de produits du phoque au centre-ville de St. John's: « À mon avis, si la chasse au phoque est condamnable, alors le reste du monde l'est aussi. »
Ce qui nous amène au projet de loi à l'étude aujourd'hui. L'opposition officielle de sa Majesté, le Nouveau Parti démocratique du Canada, appuie le projet de loi C-555 sur le permis d'observation pour la pêche du phoque.
Le projet de loi augmenterait la distance que les observateurs non officiels — des contestataires, par exemple — doivent maintenir entre eux et le lieu où des activités de chasse au phoque sont en cours. À l'heure actuelle, la loi interdit aux observateurs non officiels de s'approcher à moins d'un demi-mille marin de la chasse. Le projet de loi C-555 porterait cette zone tampon à un mille marin. La distance à respecter passerait donc d'un demi-mille marin à un mille marin
Lorsque j'ai pris la parole au sujet de ce projet de loi en mars 2014, il y a bientôt un an, je l'ai qualifié de mesure illusoire conçue pour donner l'impression que le gouvernement conservateur fait quelque chose pour les chasseurs de phoque. Ce projet de loi n'est qu'une mascarade pour faire croire que le gouvernement défend la chasse au phoque, une illusion qui donne l'impression que le gouvernement s'est fait le champion de la cause des chasseurs de phoque.
Faire passer d'un demi-mille marin à un mille marin la distance à maintenir par les observateurs non officiels de la chasse n'a absolument aucune valeur si l'on ne fait rien pour faire respecter la zone tampon en vigueur.
Les chasseurs de phoque de ma province, Terre-Neuve-et-Labrador, approuvent l'idée, mais ne voient pas comment elle changera quoi que ce soit à la situation actuelle. Sous le gouvernement conservateur, les marchés du phoque de la côte Est ont connu le pire effondrement de leur histoire. C'est un fait.
La Russie, le Kazakhstan, le Bélarus, Taiwan, l'Union européenne et tous ses pays membres ont interdit l'importation des produits canadiens du phoque. Le gouvernement conservateur est resté les bras croisés, se contentant d'exprimer vigoureusement son appui indéfectible à la chasse au phoque.
Les groupes qui s'opposent à la chasse au phoque ont fait un excellent travail pour discréditer notre industrie. Je me suis récemment rendu à Taiwan avec une délégation parlementaire. J'ai été curieux de savoir pourquoi Taiwan avait interdit les produits canadiens du phoque en 2013, car c'est ce qu'on nous a dit ici: un autre pays se ligue contre la chasse au phoque au Canada.
Cependant, j'ai appris que l'interdiction de Taiwan sur l'exportation ou la vente de produits de mammifères marins s'applique uniquement aux produits japonais de la chasse à la baleine et au dauphin. Elle ne s'applique pas aux produits canadiens du phoque. La chasse au phoque ne pose pas problème à Taiwan. C'est un pays où les gens mangent des brochettes de calmar cuites sur le barbecue. Taiwan et les pays asiatiques similaires sont de grands amateurs de fruits de mer.
Le gouvernement conservateur doit redoubler d'efforts pour éduquer les gens partout dans le monde sur la chasse au phoque au Canada, qui est durable et sans cruauté. Le gouvernement n'en fait pas assez pour passer le mot. Les Taiwanais prennent pour parole d'évangile ce que Greenpeace et le Fonds international pour la protection des animaux disent au sujet de la chasse au phoque, alors qu'ils ne devraient même pas être cités.
Pour conclure, mon parti appuie le projet de loi sur l'élargissement de la portée du permis d'observation pour la pêche du phoque, projet de loi qui, cela dit, n'aura aucun impact sur la chasse. Il ne rouvrira aucun marché qui nous a été fermé. Il ne lèvera pas l'interdiction des produits du phoque décrétée par de nombreux pays. Il n'empêchera pas les gens comme Don Cherry de qualifier de barbares ou de sauvages les gens qui mangent des steaks de phoque. Même en blague, de telles observations ne favorisent en rien le secteur de la chasse au phoque. Elles sont cinglantes.
Je viens d'assister au festival Frosty de Mount Pearl, festival de 10 jours dans la circonscription que je représente, St. John's-Sud—Mount Pearl. Mount Pearl est une localité voisine de St John's que je décrirais comme un avant-port enclavé. Elle est peuplée de pêcheurs de première, deuxième ou troisième génération qu'on appelle « baymen ». Le terme « baymen » désigne les habitants des régions rurales de la province, qui ont la chasse au phoque dans le sang.
Les articles de mode en peau de phoque que j'ai vus au festival — les bottes, vestes et manteaux, surtout pour femmes — étaient franchement magnifiques. En plus de lui avoir envoyé une note, Bernie Halloran de St John's a envoyé trois cravates en phoque à Don Cherry, dont une bleue à la mémoire de son chien décédé, Blue. N'était-ce pas un beau geste? C'est caractéristique de chez nous.
La meilleure chose qui pourrait arriver à la chasse au phoque, c'est qu'une personnalité au style inimitable comme Don Cherry décide d'appuyer notre secteur, prenne goût à notre style et commence à l'intégrer au sien.
Don Cherry arborant une veste et une cravate en peau de phoque recevrait une pénalité de deux minutes pour avoir si belle apparence.