Monsieur le président, je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que la situation des droits de la personne est vraiment terrible en Iran.
Il existe de très nombreux problèmes. Il y a des violations répétées de la liberté de religion, de la liberté de presse ou d'expression et de la liberté d'association. Il y a aussi violation des normes et principes démocratiques. Le système de justice ne fonctionne pas comme il le devrait dans une société démocratique, et il existe de nombreux récits de cas de torture.
Plusieurs de mes collègues ont parlé ce soir de l'application de la peine de mort. Nous devrions tous nous opposer à la peine de mort, très fondamentalement, et en particulier en Iran, parce que ce pays détient un quasi malheureux championnat de la peine de mort.
À ces difficultés que rencontrent l'ensemble des citoyens iraniens s'ajoutent des difficultés particulières pour certains groupes de personnes qui sont visées, en plus de se voir nier leurs droits fondamentaux, simplement pour ce qu'elles sont. Je vais en donner trois exemples. D'abord, concernant les homosexuels, car on sait que les relations entre adultes consentants peuvent entraîner la peine de mort en Iran. C'est tout à fait inacceptable. Ensuite, on parle souvent de la minorité bahá'íe, victime de discrimination généralisée comme l'ensemble des minorités, mais il y a aussi les Arabes ahwazis. La semaine dernière, selon Amnistie internationale, plus de 75 d'entre eux, dont plusieurs mineurs, ont été arrêtés par des groupes d'hommes masqués, affiliés aux organes de sécurité et de renseignements iraniens, simplement en raison de leurs opinions politiques présumées. Ils témoignaient de leurs opinions politiques de façon pacifique, mais ils ont été arrêtés. Maintenant, dans plusieurs cas, nous ne savons ni où ils sont ni leur statut légal, ou si des accusations seront portées contre eux ou non.
Le troisième groupe dont j'aimerais parler, ce sont les femmes, car elles sont aussi victimes de discrimination systématique. Je vais lire une longue citation d'un récent reportage d'Amnistie internationale qui fait un travail extraordinaire sur le terrain. Nous devrions tous applaudir son travail. À mon avis, ce passage résume mieux que tout la situation:
Le témoignage d’une femme devant un tribunal vaut la moitié de celui d’un homme dans le cadre d’une procédure judiciaire et les réparations versées pour avoir tué ou blessé une femme correspondent à la moitié des indemnités dues lorsqu’il s’agit d’un homme.
Bref, une femme vaut la moitié d'un homme. Je continue la citation:
Le Code pénal fixe l’âge de la responsabilité pénale pour les filles à un peu moins de neuf ans, et à un peu moins de 15 ans pour les garçons. Le viol conjugal et les violences au sein du foyer ne sont pas reconnus en tant qu’infractions pénales. Avoir des relations sexuelles lesbiennes est passible de 100 coups de fouet; une quatrième condamnation est passible de la peine de mort. Les mariages précoces et forcés sont monnaie courante: 41 226 filles ont été mariées entre 10 et 14 ans, ainsi qu’au moins 201 fillettes âgées de moins de 10 ans, d’après le rapport annuel 2013-2014 de l’Organisation nationale du recensement civil. Dans certaines universités, les femmes n’ont pas le droit d’étudier certaines matières, allant de l’ingénierie à la littérature anglaise, en raison des quotas qui visent à inverser les progrès réalisés s’agissant du nombre et de la proportion d’étudiantes. Elles font aussi l’objet de restrictions pour assister à des événements sportifs dans les stades publics.
En ce moment, des projets de loi sont à l'étude en Iran qui visent aussi à limiter l'accès des femmes à toute une panoplie de services de reproduction, incluant notamment la planification familiale, bien sûr. Évidemment, nous continuons d'être très préoccupés quant à la situation des droits de la personne en Iran. Je dois souligner que cette situation ne s'améliore pas. En fait, elle semble empirer en ce moment.
Le programme nucléaire de l'Iran est une autre préoccupation majeure. Au moins, à ce niveau, il semble y avoir un peu d'espoir depuis l'entente négociée entre l'Iran et le P5+1.
Des voix: Oh, oh!
Mme Hélène Laverdière: Monsieur le président, j'entends des commentaires très étranges et très disgracieux pour la Chambre venir de l'autre côté de la Chambre.
Pour revenir à cette entente, bien sûr, il faut être extrêmement prudent. Personne ne le nie. Il ne faut pas se fier qu'aux paroles, il faut aussi se fier aux actes. Comme le dit Barack Obama, cette entente ne repose pas sur la confiance, mais sur une vérification sans précédent. Comme le dit aussi William Hague, ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, il est possible de travailler avec l'Iran et, dans le cadre de la diplomatie, de régler des problèmes en apparence intraitables. C'est la clé. Dans le cadre de la diplomatie, les négociations ne sont jamais simples, jamais faciles, mais, plus souvent qu'autrement, c'est la seule solution véritable et durable.
J'aimerais donner un exemple qui ne semble pas avoir de rapport direct. J'aimerais parler de la République centrafricaine. Nous avons appris hier que les groupes armés en République centrafricaine viennent de s'engager à libérer tous les enfants qu'ils ont dans leurs rangs et à cesser le recrutement de mineurs. On parle d'entre 6 000 et 10 000 enfants utilisés, soit comme enfants soldats, soit comme esclaves sexuels, qui sont ou seront libérés. C'est absolument énorme, et c'est grâce au travail de l'UNICEF. En effet cet organisme n'a pas dit que ces groupes armés étaient des méchants et qu'il ne leur parlait pas. C'est évident qu'il n'est pas d'accord avec ce que les groupes armés font, mais ces gens se sont assis et ils ont négociés avec eux.
Aujourd'hui, j'ai parlé avec quelqu'un de l'UNICEF qui était justement fier de cet accomplissement. Il disait qu'on ne pouvait rien faire si on ne parle pas et si on ne négocie pas. Malgré leur condamnation complète des activités des groupes armés, les gens de l'UNICEF ont pris le temps de s'asseoir avec eux. Le résultat, finalement, c'est que de 6 000 à 10 000 enfants seront libérés.
Il y a un parallèle à faire avec le P5+1. Ces personnes ne se sont pas contentées de dire que les Iraniens étaient terribles, elles se sont assises, ont mis des conditions, ont implanté de la vérification et se sont assurées d'établir un régime qui s'éloigne de la menace nucléaire potentielle iranienne et que la région devienne ainsi plus paisible et plus sécuritaire pour tout le monde.
Il en va de même avec les droits de la personne. On peut arriver à quelque chose par la diplomatie, par les pressions et par les sanctions; elle sont utiles.
Avec des sanctions, des dialogues et des pressions, nous allons vraiment pouvoir aider le peuple iranien dans ses aspirations à la liberté, à la paix et à la démocratie.