Merci.
Je vous remercie tous de m'avoir invité à vous faire part de mes idées alors que vous étudiez la question et que vous tentez d'intégrer d'autres langues à vos réunions.
Je suis aussi très heureux de pouvoir me prononcer sur le sujet.
Je tiens à vous dire que je parlerai en anglais de temps à autre lorsque j'aborderai certaines questions. Vous ne comprendrez peut-être pas si je parle uniquement en cri. Ainsi, lorsque je parlerai de la Constitution, je m'adresserai à vous en anglais.
Je sais que nous en avons déjà parlé dans le passé. J'aimerais discuter d'une chose: je sais qu'on peut facilement faire venir des gens ici pour que nos peuples puissent s'exprimer dans leur langue autochtone et je peux vous aider à cet égard. Je sais que nous pourrons nous exprimer en cri. Je vous avise toujours à l'avance des sujets que je vais aborder. Je peux vous donner mon avis et je crois que c'est facile.
Pouvez-vous entendre l'interprétation de Priscilla en arrière-plan? Je tiens à la remercier. Elle est ici pour nous aider aujourd'hui.
Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps pour vous parler, mais je vais essayer d'aborder les sujets essentiels.
Je crois vraiment que vous allez aider les gens, surtout les Autochtones, en leur permettant de parler dans leur langue. Cela nous aide beaucoup. Vous savez probablement qu'avant qu'on ne m'envoie ici, il n'y avait pas de titre pour les gens qui font mon travail. On ne savait pas quel titre donner à ce que vous appelez un député. Nous avons tenté de trouver un nom. Aujourd'hui, je peux vous dire que nous les appelons « les gens qui parlent en notre nom, en leur nom. » C'est ainsi qu'on m'appelle et c'est ce que je fais ici à Ottawa. Nous n'avions pas cela avant. Vous aviez des représentants, mais nous n'en avions pas. Maintenant, nous avons ce qu'on appelle le « patron des mots ».
C'est comme cela qu'on peut s'entraider... en permettant aux Autochtones de s'exprimer dans leur langue. Je crois que nous nous attardons trop à la Constitution. Il faut tenir compte de l'article 16 de la partie I de la Constitution, mais ce n'est pas la seule disposition à étudier. Il faut aussi tenir compte des articles 22, 25, 26 et 34, de façon tout aussi importante, afin de comprendre d'où nous venons, quelles sont nos connaissances et comment nous pouvons parler notre langue.
Monsieur le président, j'ai lu des choses que le Sénat a faites dans le passé concernant la faisabilité de ce que je propose depuis mon élection en 2011. Est-ce faisable? D'après moi, ce l'est, absolument.
Comme je l'ai dit en cri, ceux qui souhaitent parler leur langue autochtone peuvent le faire savoir à l'avance, que ce soit pour poser une question, faire une déclaration ou prononcer un discours. L'avis peut être adapté en conséquence. Créer un bassin d'interprètes comme Priscilla est facile. Cela devrait se faire de concert avec le député. Il y a des interprètes connus dans ma circonscription, dont un bon nombre parle le cri. Je crois qu'il s'agit de résoudre les questions de technologie et d'espace requis. Je ne sais pas s'il y en a parmi vous qui ont visité les cubicules que les interprètes utilisent à la Chambre des communes. Ils sont très petits. Ce ne serait pas possible aujourd'hui, à cause de cela.
J'ai aussi mentionné dans ma déclaration que la reconnaissance de mon droit de parler le cri à la Chambre des communes sera bénéfique pour toutes les langues autochtones. Si nous tenons vraiment à reconnaître les droits, dans ce pays, nous devons le faire. Je vais parler de l'aspect constitutionnel tout à l'heure.
La protection et la préservation des langues autochtones sont une chose, mais il y a aussi l'aspect du développement des langues autochtones, une fois qu'on reconnaît le droit des Autochtones de parler leur langue à la Chambre des communes. J'ai donné deux exemples. Nous n'avions pas de mot en cri pour désigner un député jusqu'à ce que je me fasse élire, et il a fallu en concevoir un.
J'ai expliqué aux anciens ce qu'un député fait. Ils ont suggéré quelques mots, et nous avons opté pour yimstimagesu, qui signifie « celui ou celle qui parle en notre nom ». Nous avons fait de même avec « Président ».
Je sais que mon temps passe rapidement, mais je voulais vraiment parler de certains aspects particuliers. Nous semblons nous concentrer trop sur l'article 16 de la partie I de notre Constitution, qui reconnaît les deux langues officielles du Canada et de la Chambre des communes. Nous devons lire l'article 16 en parallèle avec les articles 22, 25, 26 et, bien sûr, 35 de la Constitution du Canada. Je crois que si vous faites cela, vous constaterez que j'ai manifestement le droit constitutionnel de le faire à la Chambre des communes.
En plus de cela, depuis notre Constitution, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la DNUDPA, a été adoptée en 2007 par l'Assemblée générale des Nations unies, et on peut y lire, à l'article 13.2:
Les États prennent des mesures efficaces pour protéger ce droit et faire en sorte que les peuples autochtones puissent comprendre et être compris dans les procédures politiques, juridiques et administratives, en fournissant, si nécessaire, des services d'interprétation ou d'autres moyens appropriés.
D'après moi, il y a dans la DNUDPA un article pertinent. Je crois que le gouvernement actuel s'est engagé à respecter cette déclaration et à la mettre en oeuvre, ce qui comprend, dans une certaine mesure, l'article 5 également.
La Commission de vérité et de réconciliation a également recommandé ce qui suit au gouvernement, dans l'appel à l'action 13:
Nous demandons au gouvernement fédéral de reconnaître que les droits des Autochtones comprennent les droits linguistiques autochtones.
C'est l'appel à l'action 13. Je crois que le gouvernement actuel a approuvé les 94 appels à l'action. Je crois que le Comité doit se pencher sur ces deux choses.
C'est le cadre que nous voulions présenter, monsieur le président.
J'ai écouté attentivement les exposés des greffiers. J'ai soulevé ces enjeux constitutionnels et ces droits constitutionnels, car je ne veux pas qu'on me dise, parce que je suis autochtone: « Oui, nous allons vous permettre de parler votre langue; oui, nous allons vous donner la permission de parler votre langue à la Chambre des communes. » C'est de la charité, et je n'en veux pas. Je veux qu'on reconnaisse et qu'on respecte mes droits dans ce lieu. J'ai toujours défendu ces droits, et je vais continuer de le faire.
Il y a un autre aspect qu'il faut mentionner, et c'est que dans son arrêt le plus important, rendu en juin 2014, l'arrêt Tsilhqot'in, la Cour suprême a parlé pour la première fois des droits de la personne dans le contexte des peuples autochtones. La Cour suprême a dit, dans cette décision, que la Charte des droits et libertés formant la partie I de la Constitution et l'article 35 de la partie II de la Constitution sont apparentées. Il faut donc voir mon droit de parler le cri à la Chambre des communes comme un droit constitutionnel et un droit de la personne.
Je ne sais pas s'il me reste beaucoup de temps, monsieur le président, mais...