Merci, monsieur le président.
Je me réjouis de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser au Comité au nom de l'Agence de la santé publique du Canada.
Permettez-moi de commencer en vous donnant quelques définitions importantes qui, je pense, illustreront l’importance primordiale de soutenir et d'améliorer la santé mentale pour assurer la santé publique. L'Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel chaque personne réalise son potentiel, fait face aux difficultés normales de la vie, travaille avec succès de manière productive et peut apporter sa contribution à la communauté ».
La maladie mentale fait référence à des problèmes de santé mentale généralement diagnostiqués et traités par les professionnels de la santé mentale. La dépression et l'anxiété sont les deux maladies mentales les plus répandues, mais il en existe d'autres, comme la schizophrénie.
Nous savons que la maladie mentale est l’une des causes importantes de la pauvreté. Nous savons également que vivre dans la pauvreté peut nuire à la santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé a récemment souligné que la pauvreté, le logement inadéquat et la difficulté à trouver un emploi ou à faire des études étaient des facteurs de risque en santé mentale.
Comprendre les facteurs sociaux et économiques qui influencent la santé mentale est essentiel à l’élaboration de programmes de santé publique efficaces. À l’Agence de la santé publique, nous travaillons en amont pour aider à renforcer les facteurs de protection qui favorisent la santé mentale en aidant les Canadiens à acquérir de la résilience et des habiletés d'adaptation pour prévenir la maladie mentale. Parallèlement à d’autres stratégies de réduction de la pauvreté, une bonne santé mentale peut aider à briser les cycles de la pauvreté.
Les activités de l’agence en matière de promotion de la santé mentale comprennent des programmes de surveillance et de dépistage — que l’on appelle également des « recherches en matière d’intervention » — et des programmes communautaires destinés aux populations vulnérables comme les enfants, les jeunes, les survivants de violence et les personnes âgées.
J’aimerais prendre quelques minutes pour vous parler de certains des investissements de l'agence dans ces domaines.
Étant donné que nous nous concentrons sur la prévention et la promotion, nous avons fait du soutien aux enfants et aux jeunes vulnérables une priorité de santé publique. Chaque année, nos programmes de soutien prénatal et parental touchent 278 000 enfants et parents à risque dans plus de 3 000 collectivités du Canada.
Nous investissons environ 112 millions de dollars par année dans trois programmes: le Programme canadien de nutrition prénatale, le Programme d’action communautaire pour les enfants et le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques. Les familles qui ont recours à ces programmes sont confrontées à des conditions de vie difficiles telles que le faible revenu, la monoparentalité ou la parentalité des jeunes, l'isolement social ou géographique, les situations de violence ou de négligence, ainsi que les problèmes de toxicomanie. Ces programmes favorisent la parentalité positive, la participation des parents, l'attachement, la résilience et les relations saines. Ce sont tous des facteurs de protection associés à la santé mentale.
Les évaluations des programmes et les sondages auprès des participants nous montrent que ces programmes ont des effets positifs importants sur les parents et leurs enfants, y compris l’amélioration de la santé mentale.
L'Agence de la santé publique évalue également les interventions de promotion de la santé mentale pour comprendre quels types d'interventions fonctionnent, pour qui et dans quel contexte. Plus précisément, nous investissons 1,5 million de dollars par année dans des projets axés sur les enfants, les jeunes et leurs familles, qui augmentent les facteurs de protection de la santé mentale, comme le soutien social aux parents vulnérables, l'attachement entre les parents et les enfants, la résilience et la capacité de créer des relations saines. Par exemple, le « Fourth R » est un programme de prévention en milieu scolaire qui favorise des relations saines entre les jeunes. Le programme comprend la modélisation de rôles pour renforcer les habiletés relationnelles, le mentorat par les pairs, la prévention de l'intimidation, des séances sur l'utilisation sécuritaire des médias sociaux ainsi que des leçons pour traiter et prévenir la violence dans les fréquentations.
En outre, l'agence appuie les projets communautaires qui favorisent autant la santé physique que la santé mentale des survivants de la violence familiale. La pauvreté, le chômage et le stress économique font partie des nombreux facteurs de risque de violence familiale. La violence familiale peut causer de graves problèmes de santé et sociaux tout au long de la vie d’une victime, y compris un risque accru de problèmes de comportement chez les enfants, la consommation de drogues et d'alcool, des tentatives de suicide chez les adolescents et la maladie mentale.
L’agence soutient des projets à l’échelle du pays qui touchent les populations vulnérables, notamment les jeunes de la rue, les populations autochtones et du Nord, ainsi que les parents et les enfants touchés par la violence. Ces projets évaluent également l'efficacité des approches novatrices de promotion de la santé en mesurant les changements dans les résultats de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et les troubles liés au stress post-traumatique.
À toutes les étapes de leur vie, les Canadiens peuvent souffrir d’une mauvaise santé mentale. Les personnes âgées n’y échappent pas. Les personnes âgées à faible revenu sont plus exposées à l’isolement social, à la solitude et à la dépression, ainsi qu’à une mauvaise santé et à un décès prématuré. D’autres experts l'ont dit: la lutte contre la pauvreté ne se limite pas au soutien du revenu. II s’agit également de renforcer les liens de la communauté et de donner aux Canadiens la possibilité d’accéder à des services de soutien sociaux. C’est pourquoi l’Agence de la santé publique continue de travailler en étroite collaboration avec les provinces et les territoires, ainsi qu’avec l’Organisation mondiale de la santé, pour assurer le fonctionnement de l’Initiative des collectivités amies des aînés. Au Canada, cette initiative a renforcé l’inclusion sociale dans plus de mille collectivités en réunissant les aînés, leurs aidants, les gouvernements et d’autres intervenants afin d’aider les aînés à demeurer actifs, engagés et en bonne santé dans leurs collectivités.
L’agence collabore également avec des partenaires pour sensibiliser les gens à la santé mentale des aînés et à mettre des ressources à leur disposition. Par exemple, l'agence a accordé des fonds à la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, en collaboration avec Shoppers Drug Mart, afin d'élaborer des ressources pour les aînés et leurs familles pour lutter contre certains problèmes de santé mentale chez les personnes âgées. Cette initiative assure également aux pharmaciens une formation continue et un accès à l’information dont ils ont besoin.
Je conclurai ici en soulignant que l’investissement dans la promotion de la santé mentale peut contribuer à la réduction de la pauvreté. Toutefois, la complexité des problèmes de pauvreté et de mauvaise santé exige une approche pluridisciplinaire pour assurer le succès des mesures prises pour y remédier.
Merci de votre attention et du temps et de l'énergie que vous consacrez à ce sujet. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.