Merci, monsieur le président, et je remercie les députés de la Chambre des communes de m'avoir invité et de m'accueillir ici, aujourd'hui.
Je ne sais pas quelles données contextuelles vous avez reçues à mon sujet, mais je vais vous présenter une courte biographie de mon expérience dans le domaine des pêches. J'ai commencé en 1979, dans le secteur de la pêche de Terre-Neuve-et-Labrador. Mon premier emploi consistait à conduire un chariot élévateur à fourche sur un quai. Dans les 36 années qui ont suivi, j'ai fait un certain nombre de choses. J'ai géré des usines de transformation. J'ai rédigé plus de 100 rapports, y compris des rapports sur les politiques et des rapports techniques pour des clients. J'ai été membre de l'équipe de l'OPANO du Canada — à l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest —; j'ai été délégué au sein de cette équipe pendant un certain nombre d'années. J'ai été conseiller stratégique supérieur du ministre fédéral des Pêches et chef du personnel d'un autre ministre fédéral des Pêches, et j'ai siégé pendant deux ou trois ans au Comité sénatorial des pêches. Mon expérience est variée et très complète dans le secteur des pêches de Terre-Neuve-et-Labrador, et, effectivement, dans le secteur des pêches canadien et international.
Je pourrais passer toute la journée à parler de la pêche, mais il y a deux ou trois éléments particuliers qui, selon moi, sont importants et que le Comité devrait prendre en considération dans ses délibérations. Le premier, ce sont les marchés du poisson de fond. S'il y a effectivement un retour du poisson de fond comme espèce primaire pour Terre-Neuve-et-Labrador, je pense qu'il importe que les membres du Comité reconnaissent qu'il ne s'agit pas de la bonne vieille pêche à la morue, où régnait la morue. Désormais, la morue est soumise à une forte concurrence — et, de fait, elle est perdante dans cette concurrence — avec d'autres espèces de poisson blanc, comme le tilapia, la goberge et l'aiglefin. Dans la plupart des cas, la morue n'a pas perdu sa place en tant que première espèce de poisson plat. Je pense qu'il importe de le reconnaître. Il y a un nouveau paradigme sur le marché.
Ensuite, il y a le modèle d'affaires différent qui est présenté. Dans le passé, nous avions plusieurs centaines d'usines de transformation du poisson de fond et plusieurs centaines de postes de débarquement. Ce n'est plus le cas depuis l'imposition du moratoire, au début des années 1990. Tout ce système s'est effondré et a été retiré et remplacé par un paradigme différent, celui des espèces primaires et des crustacés, principalement la crevette et le crabe. Je pense que cela doit aussi être pris en considération quand se posera la question de ce qui arrive au secteur émergent de la pêche au poisson de fond, la morue en particulier, mais aussi d'autres poissons de fond.
Une autre chose à laquelle, selon moi, vous devriez accorder une certaine attention, c'est la reconstitution du secteur de la pêche à la morue de Terre-Neuve-et-Labrador. Comme je l'ai dit dans mon argument initial, c'est un endroit différent. Nous avons moins de pêcheurs. Nos effectifs sont âgés dans le secteur de la transformation. Le chiffre qui a été utilisé il y a deux ou trois ans pour l'âge moyen d'un travailleur de la transformation du poisson était 56 ans. C'était il y a deux ou trois ans, et les jeunes n'arrivent plus dans le secteur de la transformation comme cela a déjà été le cas. Naturellement, cette situation entraînera une augmentation de la mécanisation, et cela change le paradigme du secteur de la transformation.
Il y a aussi des restrictions à l'entrée dans le secteur de la pêche, c'est-à-dire les permis de pêche, et, pour les personnes qui en détiennent un, des restrictions à l'accès à d'autres stocks. Il s'agit de quelque chose qui, selon moi, devrait être pris en considération. Bien sûr, j'ai mentionné le nombre de lieux de débarquement et d'usines de transformation et leur emplacement. La qualité se détériore de façon importante, plus le trajet en camion entre un lieu de débarquement et une usine de transformation est long. Je pense que la chose la plus importante à faire, c'est d'envoyer la matière brute vers l'usine de transformation, où qu'elle soit, le plus rapidement possible.
Le dernier élément que je veux mentionner, c'est la gestion de l'industrie. Actuellement, nous sommes dans une situation où le secteur de la pêche est géré par le gouvernement fédéral — relève de la compétence fédérale —, alors que le secteur de la transformation — ou dès que le produit débarque sur le quai — est géré par la province et relève de sa compétence. Je pense qu'un énorme mur se dresse entre les deux. Il est difficile et, en fait, presque impossible d'avoir une industrie intégrée lorsque deux administrations gèrent deux aspects cruciaux de la pêche. J'aurai peut-être certains commentaires à formuler à ce sujet par la suite, si les gens s'y intéressent.
Merci beaucoup.