Monsieur le Président, alors que nous nous préparons à quitter la Chambre et à mettre fin à la 42e législature, je suis heureux de pouvoir parler de la motion d'aujourd'hui, qui se lit comme suit:
Que, étant donné que, à son taux actuel, la taxe sur le carbone ne réduira pas les émissions et qu’elle fait déjà augmenter le coût de la vie pour les Canadiens, la Chambre demande au gouvernement d’abroger la taxe sur le carbone et de la remplacer par un véritable plan pour l’environnement.
C'est une initiative qui me tient beaucoup à coeur, et j'en ai parlé ici à maintes reprises. D'ailleurs, lorsque je retourne dans ma circonscription, mes concitoyens me parlent sans cesse de la taxe sur le carbone, me demandant comment on peut s'en débarrasser le plus rapidement possible. La taxe sur le carbone est un sujet qui a marqué particulièrement l'esprit des gens de ma circonscription, et pas de façon positive.
J'ai eu le privilège de servir les gens de Souris—Moose Mountain au cours des quatre dernières années, et si je parle de la motion d'aujourd'hui, c'est en partie en raison de l'engagement que j'ai pris en devenant député. J'ai promis en effet de ne pas rater une seule occasion de servir les intérêts de tous mes concitoyens et je suis fier d'intervenir aujourd'hui pour dénoncer la taxe sur le carbone des libéraux, qui est inefficace, et les effets négatifs qu'elle a sur les Canadiens du pays tout entier.
En fait, comme il est mentionné dans la motion d'aujourd'hui, la taxe sur le carbone des libéraux ne permet pas de réduire les émissions et elle augmente le coût de la vie pour tous les travailleurs canadiens. Les libéraux semblent penser qu'il n'y a que des zones urbaines au Canada. Si je dis cela, c'est parce que la plupart de leurs politiques, et plus particulièrement celles liées à la réduction des émissions, ciblent les zones urbaines, tenant à peine compte des personnes vivant en milieu rural. Lorsqu'une grande ville acquiert de nouveaux autobus écologiques, quels avantages cela procure-t-il aux gens de ma circonscription? La réponse? Aucun avantage.
De plus, la taxe sur le carbone va faire très mal aux Canadiens qui habitent en zone rurale et, d'une certaine façon, plus qu'à ceux vivant en milieu urbain. Il est courant et acceptable pour les habitants du Sud-Est de la Saskatchewan de parcourir plus de 30 milles simplement pour se rendre à l'épicerie. Parcourir 50 milles ou plus pour voir un médecin est la norme, et personne ne s'en plaint parce qu'il en a toujours été ainsi. Les petites entreprises n'ont aucun moyen de réduire la taxe sur le carbone qu'elles payent. Elles finissent par l'absorber, par la comptabiliser dans les frais généraux ou par la refiler à leurs clients, au risque de les perdre.
Ce qui génère de la frustration et de la colère chez les gens, c'est que le gouvernement décide unilatéralement que les Canadiens doivent désormais payer plus cher pour vaquer à leurs occupations quotidiennes, sans pour autant bénéficier des mêmes avantages que les habitants des régions urbaines. La taxe sur le carbone des libéraux n'aide pas l'environnement; elle nuit plutôt aux Canadiens en faisant grimper les prix, notamment ceux de l'essence, de l'épicerie et du chauffage.
J'aimerais vous faire part de l'expérience de certains de mes concitoyens, qui disent à quel point la taxe sur le carbone est mal conçue et inefficace.
Comme les députés le savent, le carburant utilisé à des fins agricoles est censé être exempté de la taxe sur le carbone, mais ce n'est pas le cas ici. Étant donné que les libéraux ont laissé une échappatoire dans le projet de loi, les agriculteurs qui s'alimentent en carburant à la pompe et non à partir d'installations désignées fonctionnant avec une carte-accès paient la taxe sur le carbone alors qu'ils ne le devraient pas. Il n'existe pas de mécanisme pour corriger cette lacune, ce qui crée de gros problèmes pour les agriculteurs. J'ai écrit des lettres à la ministre, mais je n'ai pas reçu une seule réponse.
Nombre d'agriculteurs ne sont pas en mesure de se faire livrer du carburant à leur ferme parce qu'ils ne peuvent pas l'entreposer. Ils doivent donc se rendre à une station-service pour pouvoir faire leur travail. Il faut assumer des coûts supplémentaires énormes pour établir un lieu d'entreposage qui ne pose aucun problème sur le plan environnemental et, surtout, qui est sécuritaire. Par ailleurs, s'il n'y a pas de station fonctionnant avec une carte-accès à une distance raisonnable, alors la station-service est la seule option pour ces agriculteurs.
Par exemple, un agriculteur qui est à 20 miles à l'est d'une station-service et qui doit se rendre à la station pour remplir le réservoir de son véhicule ou de son équipement n'a même pas droit à l'exemption. Cet agriculteur pourrait avoir une terre agricole à 30 kilomètres dans l'autre sens ou à l'ouest de son point de départ. Nous sommes maintenant à la fin des semailles du printemps, et les agriculteurs doivent encore se battre pour que le gouvernement respecte son engagement de ne pas leur imposer la taxe sur le carbone. C'est un autre exemple qui montre que la taxe libérale sur le carbone cause toujours des ennuis aux Canadiens.
Malheureusement, les Canadiens ont l'habitude de voir les libéraux les induire en erreur et leur fournir de mauvais renseignements, surtout en ce qui concerne la taxe sur le carbone. Lorsque cette taxe a été annoncée, le ministre a dit que la totalité des recettes seraient remises aux Canadiens et que cette mesure n'aurait aucune incidence sur les recettes. Lorsqu'on leur a demandé précisément si leurs chiffres comprenaient la TPS, les libéraux ont répondu qu'on n'aurait pas à payer la TPS en plus. Or, nous avons appris que c'est absolument faux et qu'on impose la TPS en plus de la taxe sur le carbone. Il s'agit essentiellement d'une taxe sur une taxe.
Voici quelques chiffres sur la taxe sur le carbone et sur la TPS qui s'y ajoute. En 2017, le Canada a consommé 43,6 milliards de litres d'essence. À raison de 4 ¢ le litre, la taxe sur le carbone donne 1,7 milliard de dollars en recettes. Les libéraux refusent de dire aux Canadiens dans quelle mesure ils augmenteront cette taxe. Les habitants de ce pays ne peuvent donc pas planifier concrètement leur avenir.
Selon le directeur parlementaire du budget, pour atteindre les objectifs de Paris que les libéraux se sont engagés à respecter, il faudrait fixer la taxe sur le carbone à au moins 100 dollars la tonne. Pour atteindre ces mêmes objectifs, il faudrait, selon le directeur parlementaire du budget, augmenter le prix de l'essence de 23 ¢ le litre. Les libéraux prétendent que le Canada est en bonne voie d'atteindre ces cibles, mais certains faits prouvent manifestement le contraire. Encore une fois, les libéraux cherchent à induire les Canadiens en erreur afin de ne pas perdre la face par rapport à leur taxe sur le carbone qui ne permet aucunement de réduire les émissions à effet de serre.
J'aimerais souligner le travail novateur effectué au Canada dans le domaine de la réduction des émissions. Je parle de la technologie de captage et de stockage du carbone. Dans ma circonscription, l'unité 3 de la centrale électrique du barrage Boundary est équipée d'un système de captage et de stockage du carbone. Ce système permet de capter les émissions de CO2 produites par l'unité et de les stocker trois ou quatre kilomètres sous terre, ce qui les empêche d'être libérées dans l'atmosphère. Le CO2 stocké est ensuite utilisé par l'industrie pétrolière à des fins comme la récupération assistée du pétrole. Ce procédé produit également des cendres volantes, un sous-produit vendable utilisé dans la production du ciment. La récupération assistée du pétrole permet à l'industrie pétrolière de réduire ses émissions et les cendres volantes aident les cimenteries à réduire leurs émissions de carbone.
Bien qu'il puisse s'avérer coûteux de moderniser les centrales électriques de façon à intégrer la technologie de captage et de stockage du carbone, une étude récente de l'International CCS Knowledge Centre montre que le coût de la modernisation de la centrale électrique de Shand serait 67 % moins élevé par tonne de CO2 captée que celui de la centrale électrique actuelle du barrage Boundary.
Selon l'Accord de Paris, le captage et le stockage du CO2 est l'une des trois ou quatre options possibles pour réduire les émissions. D'ailleurs, lors d'une visite du barrage Boundary, M. Michal Kurtyka, secrétaire d'État au ministère de l'Environnement de la Pologne, et M. Pawel Leszczynski, directeur du bureau de la présidence de la COP24, ont dit essentiellement que les mécanismes de captage et de séquestration du carbone seront importants et contribueront à l'atteinte d'une empreinte carbone neutre.