Madame la Présidente, le Canada est profondément préoccupé par la crise qui continue de sévir au Myanmar et par ses effets sur le pays voisin, le Bangladesh. Depuis les attaques menées le 25 août par des militants nationaux contre des avant-postes de sécurité, près de 480 000 Rohingyas ont fui le Nord de l'État de Rakhine pour se réfugier au Bangladesh, s'ajoutant aux centaines de milliers de personnes ayant traversé la frontière ces dernières décennies. Au cours des dernières semaines, une grande partie des arrivants au Bangladesh ont été des femmes et des enfants, y compris des femmes enceintes. Pas moins de 1 500 enfants sont nés durant les 20 derniers jours dans les camps de Rohingyas.
Grâce à l'aide de la communauté internationale, y compris du Canada, le gouvernement du Bangladesh accueille temporairement les très nombreuses personnes qui ont été déplacées à cause de ce qui a été qualifié de « nettoyage ethnique » au Myanmar et des actes de violence alimentés par l'hostilité qui existe envers les Rohingyas dans l'État de Rakhine. J'ai reçu d'innombrables courriels et appels d'habitants de ma circonscription, ainsi que de gens d'Ottawa et de partout au Canada, me faisant part de leurs inquiétudes quant à la violence au Myanmar.
Je veux attirer l'attention sur deux organismes qui ont manifesté leur appui aux Rohingyas. Les organismes Human Concern International et South Nepean Muslim Community, ou SNMC, situés dans ma circonscription, se sont employés à sensibiliser la population à la crise qui sévit au Myanmar et à recueillir des fonds pour gérer cette crise. En outre, plusieurs organismes d'Ottawa organisent une manifestation qui aura lieu sur la Colline du Parlement le 1er octobre prochain.
Un résidant de ma circonscription, M. Richard Harmston, de la Société asiatique des partenaires Canada, m'a envoyé une longue liste d'organismes de la société civile qui ont livré un message très important sur la question pressante des réfugiés rohingyas et le sort des Rohingyas en Birmanie, que l'on appelle maintenant le Myanmar. Au nombre de ces organismes figurent notamment la Burmese Muslim Association, le Comité Canada Tibet, la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, le Syndicat canadien de la fonction publique, Lawyers' Rights Watch Canada, le Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, le Fonds de justice sociale de l'Alliance de la Fonction publique du Canada, la Rohingya Association of Canada, le Fonds de justice sociale d'Unifor, USC Canada et Entraide universitaire mondiale du Canada.
En date du 25 septembre, les nouveaux arrivants sont hébergés dans des installations ou des camps de fortune établis dans les collectivités d'accueil, ainsi que dans de nouveaux sites qui poussent comme des champignons, surtout à Cox's Bazar, au Bangladesh, et dans ses environs. Toutes ces personnes ont un besoin urgent de nourriture, d'eau, d'abris, d'installations sanitaires, de médicaments et d'autres produits de première nécessité. Le manque d'hygiène est un problème de taille, qui nécessite une attention immédiate, à défaut de quoi ces conditions favoriseront l'apparition de maladies, dont une épidémie de choléra, qui se fait menaçante. La communauté internationale, y compris des ONG et le gouvernement du Bangladesh, mène des opérations de secours d'envergure pour venir en aide à ces personnes vulnérables.
Imaginons un moment devoir prendre soin de toute la population d'Halifax, qui se présenterait en l'espace de quatre semaines. Sans la collaboration de tout le monde, cette crise humanitaire risque de se transformer en catastrophe majeure. L'hospitalité du Bangladesh est louable, surtout lorsqu'on considère qu'il s'agit d'un des pays les plus densément peuplés du monde, avec plus de 161 millions d'habitants sur une superficie environ deux fois plus grande que le Nouveau-Brunswick. Il fait partie des pays les moins développés; environ 30 millions de personnes y vivent avec moins de 1,90 dollar américain par jour. La majorité des gens vivent dans des régions rurales, et la campagne est susceptible d'être touchée par des catastrophes naturelles, comme des cyclones et de graves inondations.
Le Canada est actif pendant cette période de grand besoin du Bangladesh, un pays dont il a été l'un des premiers à reconnaître l'indépendance en 1971. Touché par l'envergure de la catastrophe actuelle et le fait qu'aucun pays ne devrait avoir à affronter seul une crise d'une telle ampleur, le Canada appuie le Bangladesh dans sa poursuite d'une solution pacifique à la situation violente et tandis qu'il offre de l'aide aux Rohingyas déplacés.
Sur le plan politique, le Canada a dit sans équivoque souhaiter le retour volontaire des Rohingyas déplacés dans leur foyer. Il demande l'arrêt immédiat des hostilités au Myanmar et exhorte les autorités militaires et civiles à s'acquitter de leurs responsabilités de protéger les civils et de répondre à leurs besoins fondamentaux. Le Canada demande également un accès immédiat à l'État de Rakhine pour les organismes d'aide humanitaire et la mise en oeuvre rapide des recommandations du rapport final de la Commission consultative sur l'État de Rakhine, présidée par Kofi Annan, afin de s'attaquer aux causes profondes de la crise actuelle.
Compte tenu de l'ampleur des besoins humanitaires dans le Sud du Bangladesh, le gouvernement du Canada n'a pas tardé à réagir en versant une première somme destinée à répondre aux besoins vitaux des demandeurs d'asile nouvellement arrivés. Nous avons accordé 3,35 millions de dollars à nos partenaires humanitaires présents au Bangladesh afin de répondre aux besoins les plus pressants des personnes affectées par la crise, notamment pour leur donner accès à de la nourriture, à un abri, à de l'eau et à des installations sanitaires. L'aide humanitaire accordée par le Canada en 2017 aux personnes affectées par la crise, y compris les Rohingyas, atteint ainsi 9,18 millions de dollars au Bangladesh et au Myanmar. Notre aide vise à soutenir tous ceux qui sont dans le besoin en respectant le contexte local, quelle que soit l'identité ethnique ou religieuse de ces gens. Le Canada est prêt à accorder de l'aide supplémentaire selon les besoins et l'évolution de la situation sur le terrain.
Le Canada entretient depuis longtemps une relation avec le Bangladesh en matière de développement. Ce pays est l'un de nos partenaires les plus importants dans ce domaine. Les contributions du Canada s'élèvent à plus de 4 milliards de dollars jusqu'à aujourd'hui. Le Bangladesh a fait d'importants progrès sur la voie du développement, grâce à l'aide fournie par le Canada et d'autres donateurs. L'incidence de la pauvreté a constamment diminué, et le taux de croissance du PIB a atteint une solide moyenne de 6 % par année.
Le Bangladesh a en outre réalisé des progrès considérables en santé et en éducation et il figure dans le peloton de tête des pays ayant le plus réduit la mortalité maternelle et la mortalité des enfants de moins de cinq ans.
Au Bangladesh, l'aide au développement offerte par le Canada vise à faciliter la mise en place de systèmes de santé et d'éducation et à promouvoir la gouvernance et les droits de la personne. Nos efforts ont aussi permis de réduire le nombre de mariages d'enfants, de mariages précoces et de mariages forcés, de lutter contre les changements climatiques et de mettre en place des programmes axés sur la sécurité alimentaire.
De grandes organisations non gouvernementales canadiennes travaillent au Bangladesh depuis des années et ont établi des partenariats de longue date qui continueront de nous servir bien au-delà du soutien que nous avons déjà offert à l'égard de la lutte contre la violence envers les femmes, des besoins des personnes handicapées, de la participation à la société civile et à la démocratie, du développement communautaire, de l'agriculture et de la sécurité alimentaire, de l'enseignement supérieur et du microfinancement.
Pour conclure, je dirai que le Canada croit fermement qu'un État moderne doit promouvoir, protéger et servir les intérêts de tous les citoyens et bâtir des sociétés qui respectent les droits de la personne ainsi que les principes de liberté de religion et de gouvernance inclusive. Nous allons continuer de travailler avec le gouvernement du Bangladesh et les donateurs internationaux afin d'empêcher que le choc causé par la plus récente crise humanitaire détourne le Bangladesh de la voie du progrès auquel il s'est engagé afin d'assurer la prospérité et les libertés démocratiques à l'ensemble de sa population, de développer rapidement la classe moyenne et d'assumer son rôle de force progressiste au sein de la communauté des nations.