Monsieur le Président, comme le savent la plupart de mes collègues à la Chambre, je compte actuellement parmi les députés ayant les plus longs états de service. J'ai siégé dans l'opposition, puis au gouvernement pour revenir ensuite dans l'opposition. Le plus important, c'est que, tout ce temps où j'ai siégé d'un côté ou l'autre de la Chambre, l'harmonie a régné entre les députés, parce que tous se reconnaissaient à titre de représentants élus ayant un devoir envers les électeurs et le pays.
J'ai souvent voyagé à l'étranger avec des députés des deux côtés de la Chambre et des autres partis, y compris l'actuel leader du gouvernement, du temps où son père était gouverneur général du Canada.
Durant ces voyages partout dans le monde, on nous faisait toujours la même remarque. Dans certains Parlements que nous avons visités, les députés étaient indisciplinés et incapables de contrôler leurs émotions. Il n'était pas rare de voir des députés en venir aux poings, par exemple. On nous disait constamment: « Vous, les Canadiens, êtes tellement respectueux les uns des autres. Il est remarquable que l'opposition et le gouvernement arrivent à travailler de concert. Nous aimerions que nos politiciens fassent de même et que notre Parlement se comporte comme le vôtre. » Ces propos nous remplissaient de fierté.
Monsieur le Président, avant de continuer, j'aimerais dire que je partagerai mon temps avec mon collègue, le député de Flamborough—Glanbrook.
Nous étions réputés dans le monde pour le respect que nous avions les uns à l'égard des autres.
L'épisode d'hier nous a absolument choqués. Cette altercation scandaleuse a fait le tour du monde, et les gens se demandent vraiment où est passé le grand respect dont les Canadiens faisaient preuve. Le respect que tous les députés de cette institution avaient a été terni hier et il l'a grandement été.
Bien sûr, le premier ministre a présenté des excuses à cet égard. Je suis ravi qu'il assume l'entière responsabilité de ses actes, comme il se doit.
Néanmoins, je veux me servir de mon expérience à la Chambre pour expliquer ce qui a mené à l'incident d'hier.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons eu d'autres gouvernements. Lorsque nous étions au pouvoir, nous respections tous ce que nos gouvernements respectifs avaient fait ainsi que les méthodes qu'ils avaient employées. Ils soulevaient des arguments intéressants, comme tous les gouvernements. Cependant, lorsque le gouvernement actuel a accédé au pouvoir, la première chose qu'il a faite a été d'insulter les autres gouvernements et les autres députés à la Chambre.
Pendant son premier voyage à l'étranger, le premier ministre a déclaré que le Canada était de retour. Je venais de passer 10 ans à travailler d'arrache-pied pour le Canada sur la scène internationale, et voilà que quelqu'un se promenait d'un pays à l'autre en insultant non seulement le travail que nous avions accompli, mais aussi celui des fonctionnaires et de toutes les personnes qui avaient trimé dur pendant toutes ces années.
Voilà l'attitude qui caractérise le gouvernement: il insulte ce que font les autres, fort de l'impression que la population canadienne lui a confié un mandat extraordinaire. Mais bénéficie-t-il réellement d'un mandat solide? En fait, seulement 38 % des électeurs ont voté pour les libéraux.
Bien drapé dans son attitude, le gouvernement fait tout son possible pour museler l'opposition. Les libéraux ont déjà été dans l'opposition. Toutefois, la plupart des députés d'en face siègent pour la première fois à la Chambre des communes. Certains étaient déjà ici lors des législatures précédentes, mais la plupart siègent ici pour la première fois. C'est leur première expérience, et on aurait souhaité qu'ils voient le premier ministre, le gouvernement et le député d'en face, qui siège ici depuis longtemps, traiter les autres députés avec respect puisqu'ils ont déjà été dans l'opposition.
Quand nous étions au pouvoir, nous n'avons jamais traité l'opposition comme le gouvernement le fait actuellement.
La motion no 6 enlèverait à l'opposition le droit de faire son travail et d'apporter sa contribution au programme du gouvernement.
L'attitude adoptée par le gouvernement, tissée d'insultes envers l'opposition et les députés, a abouti hier à un geste concret, dont nous avons tous été témoins. Le premier ministre était en colère. Il était en colère parce que les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait.
C’est l'attitude qu’il manifeste depuis que le gouvernement qu'il dirige a été élu, à savoir un mépris complet de l’institution, qui est le siège de la démocratie et où, par le truchement du gouvernement et de l’opposition, la Chambre fait preuve d’une extraordinaire expérience. Le gouvernement libéral a réduit tout cela à néant.
C'est incroyable de constater à quel point l’orientation que prennent les libéraux ne respecte pas l’institution démocratique, et ce que nous avons vu hier en est un exemple. J’ai reçu d’horribles gazouillis remplis d'insultes à caractère racial, mais on semble oublier que nous avons été élus. Nous avons tous été élus pour représenter la population.
Un député de l’autre côté a qualifié le précédent gouvernement de « rétrograde ». Allons, soyons honnêtes. Nous avions gagné des élections. Si nous avions été rétrogrades, pensez-vous que nous aurions été élus avec une majorité en 2011? Les gouvernements changent. Le dernier gouvernement n’est plus. Le gouvernement du premier ministre Chrétien n’est plus. Le gouvernement du premier ministre Martin n’est plus. Les gouvernements changent, mais ce n’est pas une raison pour s’insulter ou déblatérer contre l’opposition.
Nous apportons notre expérience à la Chambre. Notre rôle est de demander des comptes au gouvernement. À bien des égards, nous sommes d’accord avec lui. En tant que porte-parole de l’opposition en matière de développement international, j’ai été d’accord avec le gouvernement sur certaines des positions qu’il a prises, dont je le félicite, mais c’est ainsi que l’on collabore. Les libéraux présentent maintenant un nouveau projet de loi, mais ils ont empoisonné l’atmosphère au point que nous ne pouvons plus faire confiance au gouvernement. Nous sommes censés collaborer dans l’intérêt de la population et non pas nous battre les uns contre les autres.
Mes collègues d'en face recevront des invitations à prendre la parole dans des écoles. Ces derniers mois, j’ai été invité dans deux écoles secondaires et, ce soir, je m’adresserai à des élèves d’une école de Calgary. La démocratie intéresse beaucoup les jeunes, de même que le fonctionnement de la Chambre des communes. Je leur donne donc des explications très claires, mais jamais partisanes. Je leur dis de quelle façon fonctionnent le gouvernement, l’opposition officielle et les partis tiers.
Ce qui s'est passé hier est tout à fait choquant, mais néanmoins conforme à l'attitude du premier ministre. Je suis heureux de l'avoir entendu offrir ses excuses. Comme l'a dit la chef de l'opposition, il a présenté des excuses officielles, et c'est la première étape, mais la deuxième étape consiste à respecter l'opposition et à respecter tous les députés afin qu'ils puissent faire le travail pour lequel ils ont été élus. C'est essentiel.
Maintenant que l'incident a eu lieu, nous devons aller de l'avant, et la seule façon de le faire consiste à nous respecter les uns les autres. Lorsque je voyage ailleurs dans le monde, tous les gens que je rencontre me disent à quel point ils sont impressionnés par la façon dont fonctionne le Parlement du Canada. Nous devons avoir le même respect entre nous.