Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir à la Chambre aujourd'hui au sujet du projet de loi C-81, une importante mesure qui reconnaît et affirme la dignité inhérente de tous les êtres humains sans égard à la présence de handicaps. Cette mesure vise à créer un contexte et un cadre susceptibles de faciliter la pleine participation des Canadiens handicapés à la société.
Les gens qui nous regardent peuvent être assurés que tous les partis représentés à la Chambre souscrivent à cette mesure. Aujourd'hui, nous ferons état de certaines occasions manquées et d'enjeux connexes à l'égard desquels nous sommes en désaccord avec le gouvernement quant à ses décisions. Nous discuterons notamment de certaines questions liées à l'emploi. Mon estimé collègue le député de Carleton avait présenté une mesure législative qui visait à faciliter la pleine participation des Canadiens handicapés à l'emploi. Les partis ont des divergences d'opinions quant à la meilleure façon de faire avancer ce dossier et d'affirmer ces principes.
Néanmoins, les personnes qui nous regardent doivent savoir que l'opposition officielle et les autres partis appuient l'adoption de cette mesure législative. Le projet de loi sera peut-être adopté aujourd'hui ou demain; je ne suis pas certain du calendrier précis. Toutefois, il sera adopté et il deviendra loi avant les prochaines élections. Ce sera un pas dans la bonne direction et une nouvelle encourageante.
Avant d'examiner certaines dispositions de cette mesure, je reviens sur ce que mon collègue de Foothills a dit. Il a fait de l'excellent travail sur cette mesure pour le compte du Parti conservateur, à l'instar du député d'Edmonton—Wetaskiwin et d'autres députés qui ont travaillé sur ce dossier. Le député de Foothills a signalé que, lors de l'étude initiale par le comité de la Chambre des communes, les ministériels ont rejeté les amendements proposés par les conservateurs et les autres partis. Il importe de souligner que les amendements n'ont pas été appuyés à cette étape.
Malgré des désaccords sur certains des détails des amendements proposés, nous avons appuyé le projet de loi à toutes les étapes. Après que le projet de loi eut franchi l'étape de la troisième lecture, il a été renvoyé au Sénat. Le Sénat a proposé un certain nombre d'amendements qui reflètent les préoccupations que des intervenants représentant les Canadiens handicapés avaient exprimées aux députés conservateurs. Le Sénat avait pris connaissance de ces préoccupations lors des discussions qui avaient eu lieu au comité sénatorial.
Le Sénat a proposé quelques amendements au projet de loi, puis il l'a renvoyé à la Chambre. Maintenant, nous cherchons à déterminer si nous accepterons et si nous appuierons les amendements du Sénat. Je pense que ces derniers jouiront d'un appui généralisé de tous les partis parce qu'ils améliorent le libellé du projet de loi.
Les personnes qui nous regardent devraient prendre note de la façon dont ce processus législatif règle les détails et du fait que les sénateurs ont exercé une plus grande influence sur la mesure législative que les députés. En effet, le gouvernement a rejeté les amendements proposés par les députés mais, quand les sénateurs ont présenté les mêmes amendements, il les a acceptés.
Ce n'est pas la première fois qu'on voit cela. Je me rappelle le projet de loi C-14, auquel un amendement relatif aux soins palliatifs avait été proposé. En fait, il n'avait pas seulement été proposé en comité: il avait fait l'objet d'un vote à la Chambre à l'époque et avait été rejeté. Puis, le sénateur Plett l'avait proposé au Sénat dans une forme semblable, et il avait été adopté, pour être ensuite adopté par la Chambre des communes.
Ce processus n'est pas rare au Parlement étant donné le manque relatif d'indépendance des députés en comité, leurs membres étant malheureusement tenus en bride, et la relative indépendance du Sénat par rapport à la Chambre des communes. Le Sénat n'est peut-être pas aussi indépendant que, peut-être, certains l'affirment, mais il l'est si on compare la liberté de mouvement des sénateurs par rapport à celle des députés, en particulier les députés ministériels, à la Chambre des communes. Le Sénat a, dans la pratique, une plus grande incidence sur le processus législatif.
Même si je suis heureux de voir que ces amendements ont été acceptés — je me répète —, je pense que cela devrait nous préoccuper sur le plan du processus législatif. Nous voulons que la Chambre et les députés, qui sont élus, assument pleinement leurs responsabilités.
Quoi qu'il en soit, même si nous contestons et nous déplorons la manière dont certaines de ces questions ont été abordées, nous sommes heureux de ces amendements. Ils remédient à des préoccupations soulevées par les parties intéressées ainsi que par des députés du Parti conservateur et, si je ne m'abuse, d'autres partis.
Cela dit, j'aimerais maintenant parler du détail du projet de loi C-81. En bref, le projet de loi vise essentiellement à obliger les entités réglementées par des lois fédérales, c'est-à-dire la fonction publique et les milieux de travail sous réglementation fédérale, à se doter d'un plan en matière d'accessibilité. Il exige également que le contenu de ces plans soit réglementé et appliqué.
Comme l'ont fait remarquer la ministre et d'autres personnes dans le cadre de l'étude du projet de loi, nos processus relatifs aux droits de la personne sont très souvent fondés sur les plaintes, c'est-à-dire que, lorsqu'il y a violation réelle ou potentielle des droits d'une personne, une plainte est déposée, puis celle-ci fait l'objet d'une décision.
La ministre a bien raison de dire que cette formule n'est pas une panacée. Il est important d'offrir cette voie aux gens, mais, dans ce contexte, nous voulons plus. Nous préférerions plutôt une approche proactive où l'on protège les droits dès le départ au lieu de simplement mettre en place un mécanisme qui permet de traiter les plaintes après que les droits d'une personne ont été violés.
Amener les entités réglementées à préparer un plan, à le publier, à le mettre en oeuvre et à en faciliter l'application crée des conditions propices à une approche plus proactive à l'égard de ces questions, par opposition à une approche simplement réactive. C'est une mesure sage et utile que tous les partis appuient. Elle établirait une conformité proactive et des mécanismes d'application. Les plans doivent être pluriannuels et comporter des objectifs, des exigences de reddition de comptes, des mécanismes d'enquête et divers processus visant à en assurer la pleine réalisation.
Ce projet de loi prévoit également la création de l'Organisation canadienne d'élaboration des normes d'accessibilité, l'OCENA, et un budget de 290 millions de dollars sur six ans est réservé à cet effet. Cet organisme sera intégré au sein de l'appareil gouvernemental et il aura pour mandat d'élaborer des règlements par rapport à diverses facettes du projet de loi, comme l'environnement bâti, l'emploi, la prestation de services, les technologies de l'information et de la communication, le transport ainsi que l'approvisionnement. L'objectif demeurera toujours l'intégration complète des personnes handicapées et la facilitation de leur pleine participation à une société exempte d'obstacles.
Le non-respect des normes fixées par l'OCENA entraînera des amendes. Il convient de noter que le champ d'action de l'OCENA s'appliquera uniquement aux entités sous réglementation fédérale et à l'intérieur même de l'administration fédérale. Toutefois, on espère que les normes établies grâce à ce projet de loi pourront être adoptées dans toutes les sphères de la société canadienne, y compris celles qui ne sont pas assujetties à la réglementation fédérale. On prévoit également d'embaucher 5 000 Canadiens en situation de handicap au sein de la fonction publique, ce que je trouve encourageant. Notre parti, comme tous ont pu le constater, s'est toujours opposé vigoureusement à ce que les personnes handicapées soient exclues arbitrairement de la fonction publique.
Ce sont là les contours du projet de loi, qui met en place des mécanismes et des processus qui assureront la pleine participation des personnes handicapées à la société dans son ensemble.
Aujourd’hui, nous discutons de sujets liés aux amendements proposés par le Sénat. La ministre s’est prononcée là-dessus, mais j’aimerais passer en revue les amendements du Sénat dont nous sommes saisis aujourd’hui. Même si le Sénat n’a pas retenu tous les changements que nous avions proposés en comité ou à la Chambre, ou qui avaient été suggérés par la communauté des personnes handicapées, tous les changements adoptés par le Sénat reflètent les préoccupations qui ont été soulevées.
Il y a tout d’abord la question de l’inclusion, dans le projet de loi, de la date à laquelle le Canada devrait être un pays exempt d’obstacles, soit 2040. Autrement dit, cet objectif doit être pleinement atteint d’ici 2040. Les amendements précisent également que le choix de cette date n’est pas une excuse pour attendre, comme on le voit trop souvent, la dernière minute avant de se mettre au travail, et que, par conséquent, ce travail doit être achevé à cette date-là. Bref, les amendements fixent une date butoir, mais interdisent qu’on retarde les choses ou qu’on attende pour lever la totalité des obstacles sous prétexte qu'on n'est pas encore en 2040. C’est très important.
Dans mon enfance, on me disait toujours que les dates butoir servent à susciter un élan et qu’on progresse plus vite quand on ne les perd jamais de vue. Par conséquent, les efforts déployés par la communauté et le Sénat pour fixer un échéancier de mise en œuvre de ces mesures sont tout à fait louables et nécessaires.
Un autre amendement du Sénat concerne la question de savoir si l’intersectionnalité devrait être prise en compte. Des amendements ont été proposés pour reconnaître les formes multiples et intersectionnelles de la discrimination, c’est-à-dire le fait que les personnes handicapées peuvent être victimes de discrimination pour des raisons d’intersectionnalité. Il faut donc que la solution prévue pour lever ces obstacles prenne cela en compte. Nous reconnaissons que cette réalité existe, et il faut que les plans qui seront mis en œuvre par les entités réglementées reconnaissent que l’intersectionnalité doit être prise en compte.
D’autres amendements proposés par le Sénat concernent la préservation des droits humains des personnes souffrant de handicaps. Ces amendements visent surtout à préciser les choses, mais les témoignages entendus au comité de la Chambre et à celui du Sénat ont insisté sur l’importance de cette clarification, même si les divers codes des droits de la personne imposent déjà des obligations, notamment dans le cas des entités fédérales assujetties à la Loi canadienne sur les droits de la personne et à d’autres lois fédérales. Plusieurs groupes de témoins ont insisté sur la nécessité de préciser que le nouveau dispositif mis en place par ce projet de loi ne porte aucunement atteinte aux droits et obligations existants et reconnus qui sont énoncés dans les codes des droits de la personne. Nous sommes en accord avec cela.
D’autres amendements du Sénat visent à garantir la protection des droits actuels des voyageurs souffrant de handicaps, par l’entremise de l’Office des transports du Canada.
On s'attend à ce qu'un grand nombre de plaintes proviennent de l'Office des transports du Canada. C'est ce qu'ont suggéré des personnes handicapées. Il est donc important que la mesure législative crée des normes exécutoires concernant les mesures que cet organisme doit prendre pour éliminer les obstacles. C'est aussi un élément important.
En ce qui concerne la question précise du transport, je voudrais lire brièvement un extrait d'une note d'information du ARCH Disability Law Centre:
Néanmoins, dans les faits, en vertu du paragraphe 172(2) — une disposition qui figure actuellement dans la Loi sur les transports au Canada —, une fois que l'Office des transports du Canada a établi ces règlements et que les prestataires de transport, comme les compagnies aériennes, les respectent, ils peuvent se laver les mains du reste.
C'est un problème parce que les règlements établis par l'Office peuvent ne pas satisfaire à l'obligation selon laquelle des mesures d'adaptation devraient être prises afin de respecter les droits dont jouissent les personnes handicapées en vertu des lois sur les droits de la personne.
Si un passager souffrant d'un handicap se plaint à l'Office de ce qu'un transporteur aérien ou un autre prestataire de transport n'a pas pris de mesures d'adaptation pour prendre en compte ledit handicap, sa plainte sera rejetée si le transporteur aérien s'est conformé aux règlements de l'Office en vertu du paragraphe 172(2). Une analyse plus détaillée est disponible dans le rapport juridique final.
Le comité n’a pas proposé d’abroger le paragraphe 172(2), mais plutôt de le modifier. L’amendement en question permet à l’Office des transports du Canada de conclure qu’il y a eu un problème d’accessibilité même si le transporteur a respecté les règles de l’Office. Pour les voyageurs souffrant de handicaps, cela signifie qu’ils peuvent porter plainte auprès de l’Office pour dénoncer un obstacle abusif dans le système de transport fédéral et pour demander que le transporteur fasse plus que ce qui est exigé par la réglementation de l’Office.
Le voyageur handicapé pourrait avoir gain de cause même si le transporteur respecte toutes les règles de l’Office. Toutefois, l’Office pourrait uniquement obliger le transporteur à prendre des mesures correctrices et ne pourrait pas l’obliger à indemniser le voyageur. Ce n’est pas la même chose que les autres plaintes qui sont déposées à l’Office pour des questions d’inaccessibilité dans le système de transport fédéral et pour lesquelles, en général, l’Office peut ordonner au transporteur de prendre des mesures correctrices et d'indemniser la personne concernée.
Même si l’amendement contribue à améliorer l’article en question, il reste quand même une lacune. Dans la communauté des personnes handicapées, on estime que les entreprises de transport comme les compagnies aériennes et les sociétés ferroviaires doivent prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins des personnes handicapées. On craint en effet que ces entreprises puissent se défendre en affirmant qu’elles respectent les normes réglementaires et qu’elles n’ont donc pas besoin d’en faire plus, si jamais on leur reproche de ne pas en avoir fait assez pour permettre la pleine participation d’une personne handicapée.
L’amendement du Sénat prévoit que, dans certains cas, l’Office des transports du Canada pourra conclure que le transporteur aurait dû en faire plus, même s’il a respecté les normes réglementaires minimales, mais qu’il ne pourra pas accorder des dommages-intérêts. C’est une amélioration apportée par le Sénat, mais comme en témoigne la discussion actuelle, les attentes qui ont été exprimées ne sont toujours pas comblées.
L’autre amendement concerne la langue des signes. Le projet de loi admet plusieurs langues des signes: la langue des signes américaine, la langue des signes québécoise et les langues des signes autochtones, qui sont les principales langues utilisées par les personnes sourdes au Canada. C’est une chose que la communauté des malentendants réclamait depuis longtemps, et que les autres intervenants appuient également.
Nous avons beaucoup discuté dans cette enceinte de l'importance des langues. Récemment, nous avons débattu d'un cadre législatif sur les langues autochtones, de l’importance des deux langues officielles du pays ainsi que des traditions et de la culture associées à l’utilisation d’une langue.
Nous reconnaissons tous aussi, je pense, que les langues des signes s'inscrivent dans ce contexte et nous permettent d'apprécier au sens large comment la langue est associée à la culture et aux traditions. Dans le cas des personnes dont la capacité de communiquer autrement est limitée, ces langues sont indispensables. Leur importance dépasse la simple nécessité de communiquer.
Je viens de passer en revue un certain nombre des amendements que le Sénat a adoptés pour ce projet de loi. Certes, ils ne répondent pas à tous les problèmes soulevés par la communauté des parties prenantes et la communauté dans son ensemble, mais ce sont des mesures qui vont dans la bonne direction et qui sont appuyées par tous les députés. Nous espérons par conséquent que ces amendements seront adoptés.
J’aimerais maintenant parler de ceux à qui s’adresse ce projet de loi, c’est-à-dire expliquer pourquoi les éléments techniques que j’ai abordés sont si importants.
À ce propos, j’aimerais dire quelques mots sur Jean Vanier, sur sa vision de l’inclusion, mais aussi sur quelque chose de beaucoup plus grand que l’inclusion. Jean Vanier est une personne qui devrait nous faire réfléchir car c’est certainement le plus grand défenseur des personnes souffrant de handicaps.
Il est décédé ce mois-ci, et son décès a suscité un grand nombre d’hommages de la part de nos politiciens et de nombreuses personnes de la société civile. C’était en quelque sorte un révolutionnaire, de par son action en faveur de l’inclusion dans la société des personnes souffrant de handicaps. C’était aussi un révolutionnaire sur le plan intellectuel. Son expérience de philosophe l’a aidé dans son action. Dans les biographies, on le décrit comme un philosophe et un humaniste, ce qui est une combinaison optimale et nécessaire. En effet, il est dangereux d’être un philosophe sans être un humaniste, et il est dangereux aussi de se présenter comme un humaniste sans tenir compte des racines philosophiques du travail humanitaire. Nous voyons donc chez Jean Vanier une osmose parfaite entre les idées qu’il défendait et les pratiques dont il s’est fait le chantre.
Jean Vanier venait d’une famille privilégiée. Ses parents avaient une certaine notoriété. Quand il est né, son père faisait partie d’une mission diplomatique. Il a aussi fait une carrière militaire, mais ensuite, il s’est orienté vers un doctorat en philosophie. Sa thèse devait asseoir les grands principes qu’il allait appliquer pendant le restant de sa vie. Cette thèse portait sur le bonheur en tant que principe et sur la fin de l’éthique aristotélicienne.
J’ai d’autant plus d’affinités avec lui que ma thèse de maîtrise portait sur la mesure du bonheur, qui était très influencé par Aristote. On ne discute pas assez du bonheur en politique. C’est pourtant important pour beaucoup de lois. Jean Vanier a proposé un cadre philosophique au travail qu’il a accompli et qui s’inspirait des concepts aristotéliciens du bonheur. Il s’est inspiré du concept aristotélicien du bonheur, qui est différent de la notion qu’on en a aujourd’hui. Cela a profondément marqué son action auprès des Canadiens souffrant de handicaps.
Jean Vanier ne voulait pas uniquement que les personnes handicapées jouissent d'une inclusion formelle et structurelle ou qu'elles soient capables d'accéder aux mêmes espaces que les autres. Il voulaient qu'elles connaissent l'amour et le bonheur grâce à la vie en communauté et à l'amitié. Ainsi, il a tenté de construire une communauté où personnes handicapées et non handicapées vivent ensemble et entretiennent une véritable amitié.
M. Vanier a écrit ceci:
Le cri des personnes handicapées était une question très simple: est-ce que tu m'aimes? Voilà ce qu'elles demandaient. J'ai été touché au plus profond de mon être parce que c'était une question fondamentale que moi aussi je me posais.
Il a souligné que les personnes handicapées recherchaient la reconnaissance de leur humanité, mais aussi le bonheur et l'amour, ce qui leur était souvent refusé par un système qui ne reconnaissait pas leur dignité. Les personnes handicapées veulent ce que nous voulons tous, et selon la vision et la sagesse de Jean Vanier, nous pouvons tous y parvenir ensemble.
Son travail avec les personnes handicapées a influencé sa conception du bonheur, un sujet sur lequel il écrira par la suite. Il s'est beaucoup inspiré de l'idée du bonheur d'Aristote. Aristote, qui écrivait en grec, utilisait évidemment le mot eudemonia, qui se traduit librement par « la vie bien vécue ». Dans ce contexte, il s'opposait aux notions de bonheur qui étaient davantage fondées sur le plaisir, le hasard et les aléas d'une bonne fortune dont la forme était généralement matérielle. Il avait une compréhension et une appréciation plus riches de ce qu'est le bonheur.
Selon Aristote, il existe un lien entre la vertu et le bonheur et les vertus représentent les qualités morales qui permettent à une personne de vivre une bonne vie; M. Vanier adhère à cette idée.
En tant que députés et êtres humains, nous savons que les gens passent une grande partie de leur vie à la recherche du bonheur. Nous ne nous entendons pas toujours sur ce que c'est et sur la façon de l'atteindre, mais nous consacrons une grande partie de notre vie à sa recherche.
Plus récemment, notre parti a été grandement influencé par l'école de pensée utilitariste, qui soutient que le bonheur est une question de plaisir l'emportant sur la douleur. C'est le cœur de la notion d'utilitarisme de M. Bentham. M. Mill en a été un partisan, mais il a réintroduit des aspects de la définition du bonheur d'Aristote en faisant valoir qu'un plus grand bonheur exige le développement d'une certaine noblesse de caractère.
La passion de Jean Vanier pour la philosophie et l'idée du bonheur s'est perpétuée tout au long de sa vie. En 2001, il écrit l'ouvrage intitulé « Le Goût du bonheur: au fondement de la morale avec Aristote ». Il y parle de trois vertus utilitaires: l'amour, la sagesse et la justice. J'aimerais lire un extrait du livre dans lequel il parle de l'importance de l'amitié et de l'amour, qui fait partie intégrante de l'amitié.
Il écrit ce qui suit:
Par l'amitié, j'ai pénétré dans la conscience que mon ami a de sa propre existence. Car, de la même manière que nous nous sentons vivants, que nous existons par l'activité et que nous en tirons du plaisir, de même, par l'amitié, nous sentons notre ami vivre et exister. L'union est si profonde que la bonté de la vie de notre ami s'étend à nous et nous fait plaisir. Dans l'amitié, il y a presque une communion, une fusion de deux êtres et de leur bien légitime. L'ami est un autre soi. Tout ce que je vis, il le vit [...] Dans cette relation d'amitié, nous continuons d'être deux, mais nous sommes un dans une grande et noble activité que nous réalisons ensemble. La conscience de la bonté de mon ami me remplit autant de joie que si c'était la mienne. Le bonheur de mon ami devient mon bonheur.
Telle était sa conception philosophique de l'amitié, qui était essentielle au bonheur et qui était facilitée par la vertu de l'amour. Elle a éclairé sa vision concrète de l'édification de communautés qui incluraient des personnes handicapées et des personnes non handicapées. Nous pourrions appeler cela l'inclusion, mais c'est un concept d'inclusion beaucoup plus riche et plus profond que le concept formel. C'est de vivre dans des communautés d'amour, de bonne volonté et de solidarité les uns envers les autres, dans le cadre d'une véritable relation d'amitié. Nous voyons notre prochain comme un autre soi et nous nous identifions à ce genre d'amour envers les autres. Cela fait partie de son concept du bonheur, qui suppose l'amitié et la vie en communauté.
Comme je l’ai dit, Jean Vanier a proposé un concept très riche du bonheur, de l’amour et de l’amitié, qu’il a mis en pratique dans son travail auprès des personnes handicapées. Quand il habitait Paris, au moment de la fondation de l’Arche, il est allé rendre visite à des gens qui vivaient dans des institutions, souvent dans des conditions difficiles. Il s’est rendu compte que, la plupart du temps, ces gens-là vivaient dans des conditions difficiles, mais que, parfois, elles étaient un peu meilleures. Or, ce dont ces gens-là avaient véritablement besoin, c'était d’être traités avec humanité, au sein de communautés d’amitié et d’amour, où les gens étaient ensemble à la recherche du bonheur. C’était là sa vision.
Sur le plan pratique, son premier geste radical a été de s’installer dans une maison avec des personnes handicapées. Pour lui, ce n’était pas seulement un geste d’humanité à l’égard d’autres personnes, mais aussi le début d’une communauté partagée. Il s’est rendu compte que, grâce à cette communauté partagée, il pouvait apprendre beaucoup de choses auprès des personnes avec lesquelles il vivait. Il voulait que les personnes qui n’avaient pas de handicap aient la possibilité d’apprendre et de s’épanouir grâce à ces amitiés et à ces communautés importantes, où les gens se mettaient ensemble à la recherche du bonheur.
Jean Vanier a dit: « L’Arche et Foi et Lumière font partie d'une véritable révolution. » Trop souvent, les gens qui souffraient d'un handicap intellectuel étaient source de honte pour leurs parents, et ils étaient même considérés comme un châtiment de Dieu. Leurs parents et leurs aidants naturels étaient souvent perçus comme des personnes extraordinaires, de saintes personnes, parce qu’ils s’occupaient de gens « comme eux ». Aujourd’hui, il est devenu évident que ce sont les gens qui ont un handicap intellectuel qui nous permettent de nous humaniser lorsque nous établissons un vrai lien d’amitié avec eux. Ils ne sont donc pas un châtiment de Dieu, mais plutôt un chemin vers Dieu.
Il avait compris que les personnes handicapées sont des êtres humains au sens le plus complet du terme, qui ont la même dignité et la même valeur que n’importe quel autre être humain. Elles ont des besoins à combler et des contributions à apporter, comme n’importe quel autre être humain. Ces besoins et ces contributions peuvent se réaliser et s’épanouir au sein d’une communauté. Il comprenait aussi qu’il est important que les structures sociales s’inspirent des valeurs et des structures familiales.
Je suis récemment allé à Bogotá, où j’ai eu l’occasion de visiter un orphelinat de SOS Villages d’enfants pour observer le travail qu'on y accomplit. Les responsables m’ont fait une remarque intéressante sur la façon dont ils s’occupent des enfants qui ne peuvent pas rester dans leur famille. Cela s’inspire beaucoup de la pensée de Jean Vanier, pour qui les structures institutionnelles ne donnent pas d’aussi bons résultats que les structures familiales. Dans ce village SOS colombien où je me suis rendu, les enfants sont placés dans des environnements qui ressemblent beaucoup au contexte familial. Ils sont dans des foyers, avec des parents qui s’occupent d’eux. Certes, ils ne sont pas chez eux, dans leur propre famille, mais ils vivent dans le même genre de structure et bénéficient du même soutien que celui que donne une famille, ce qui leur apporte l’amour, l’amitié et les rapports sociaux qui sont importants au sein d’une structure familiale. Jean Vanier l’avait bien compris; c'est pourquoi il a cherché à faire la même chose quand il a mis en place les structures du mouvement de l’Arche, grâce à des communautés quasi familiales, où les gens pouvaient vivre ensemble dans l’amour et l’amitié.
Très peu de temps avant sa mort, Jean Vanier a reçu le prix Templeton, qui est une grande distinction internationale. M. Vanier a parlé du travail qu'il avait accompli ainsi que des idées et de la vision qui le sous-tendaient. Son discours nous a montré le genre de sensibilité qui devrait animer nos travaux dans ce domaine. Je tiens à lire un extrait de son discours d'acceptation du prix Templeton. Il a dit ceci:
L’Arche et Foi et Lumière font partie d’une véritable révolution; si souvent dans le passé, les personnes ayant une déficience intellectuelle ont été considérées comme une source de honte pour leurs parents et, dans certains cas, comme une punition de Dieu. Leurs parents et ceux qui prennent soin d’elles ont souvent été considérés comme des personnes formidables, voire même des « saints », parce qu’ils s’occupaient de personnes « comme ça ». Aujourd’hui, il est de plus en plus évident que ce sont les personnes ayant une déficience intellectuelle qui nous humanisent et qui nous guérissent, si nous entrons dans une réelle amitié avec elles. Elles ne sont pas une punition de Dieu, mais au contraire un chemin vers Dieu [...]
Être avec, c’est vivre ensemble, entrer dans des relations mutuelles d’amitié et de bienveillance. C’est rire et pleurer ensemble, c’est être réciproquement transformés les uns par les autres. Chaque personne devient un cadeau pour l’autre, et révèle aux autres que nous faisons partie d’une immense et merveilleuse famille humaine, la famille de Dieu. Nous sommes tous profondément identiques en tant qu’êtres humains, mais aussi profondément différents; nous avons chacun un don particulier, chacun une mission unique.
Cette merveilleuse famille, depuis ses origines jusqu’à nos jours, avec tous ceux qui se sont disséminés sur cette planète de génération en génération, est composée de personnes de différentes cultures et diverses compétences; chacune d’elles a ses forces et ses faiblesses, et chacune d’elles est précieuse.
L’évolution de cette famille, depuis les origines jusqu’à nos jours, a certainement entrainé des guerres, des violences et une recherche sans fin de domination et d’accumulation de possessions. C’est aussi une évolution dans laquelle les prophètes de paix n’ont cessé de crier: « Paix, Paix » en appelant les gens à se rencontrer les uns les autres et à se découvrir beaux et précieux.
Beaucoup d’entre nous dans ce monde continuent d’aspirer à la paix et à l’unité. Cependant, beaucoup d’entre nous demeurent coincés dans nos cultures où nous sommes pris dans des luttes pour le pouvoir et l’accumulation de richesses. Comment pouvons-nous nous libérer d’une culture qui incite les gens, non pas à devenir responsables de la famille humaine et du bien commun, mais au succès individuel et à la domination des autres? Comment pouvons-nous nous débarrasser des tentacules et des entraves de cette culture, pour devenir libres d’être nous-mêmes, libres de nos egos surdimensionnés et de nos compulsions, libres d’aimer les autres tels qu’ils sont, différents et pourtant les mêmes?
Être avec, c’est aussi manger ensemble, comme nous y invite Jésus: « Lorsque tu donnes un festin, n’invite pas ta famille, ni tes amis, ni tes riches voisins, mais invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles; alors tu seras bienheureux. » Être bienheureux, nous dit Jésus, c’est inviter les pauvres à notre table (Luc 14).
Soyons clair, ce ne sont pas les invités qui sont bienheureux parce qu’ils se régalent à une fête; c’est bel et bien l’hôte qui est bienheureux par sa rencontre avec les pauvres. Pourquoi l’hôte est-il appelé bienheureux? N’est-ce pas parce que son cœur est transformé lorsqu’il est touché par les dons merveilleux de l’esprit cachés dans les cœurs des pauvres? Tel a été le don de mon cheminement personnel, et celui de tant d’autres. Nous avons été guidés, par ceux qui sont fragiles, sur le chemin de la béatitude de l’amour, de l’humilité et de la paix.
Pour être transformés, nous devons d’abord rencontrer des personnes qui sont différentes, et non pas les membres de notre famille, les amis ou les voisins qui nous ressemblent. Rencontrons-nous au-delà des différences — intellectuelles, culturelles, nationales, raciales ou religieuses. C’est à partir de cette rencontre initiale que nous pourrons construire une communauté et des lieux d’appartenance où vivre ensemble.
Une communauté n’est jamais appelée à devenir un groupe fermé où l’on se cache derrière les barrières identitaires de son groupe, préoccupé uniquement par son propre bien-être et sa propre vision, comme s’il était le seul, ou le meilleur. Une communauté ne peut être une prison ni une forteresse. Malheureusement, cela a été pendant longtemps la vision réductrice de certaines Églises et religions, chacune pensant être la meilleure, croyant posséder toute la connaissance et la vérité. Par conséquent, il n’y avait pas de communication ou de dialogue entre elles.
N’y a-t-il pas un danger que nous nous enfermions dans nos propres groupes — qu’ils soient professionnels, religieux ou familiaux — dans lesquels nous ne rencontrons jamais ceux qui sont différents de nous?
Une communauté est au contraire un lieu d’unité malgré les différences; les personnes y sont unies dans l’amour, et ouvertes aux autres. La communauté est alors comme une fontaine ou comme une lumière resplendissante, où un chemin de vie est expérimenté et révélé, en étant ouvert aux autres et intéressé par eux. C’est un lieu de paix qui révèle le chemin vers la paix et l’unité de la famille humaine.
La communauté est un lieu d’appartenance où chaque personne peut grandir pour devenir pleinement elle-même. Il s’agit d’appartenir pour devenir.
Nous nous appartenons les uns aux autres, et alors chaque membre peut devenir plus humain, plus aimant, plus libre, plus ouvert aux autres et particulièrement à ceux qui sont différents. Quand chaque membre peut développer son don unique et aider les autres à développer le leur, les membres ne sont plus en compétition, mais en collaboration, en coopération et en soutien mutuel.
Devenir, ce n’est pas prouver que je suis meilleur que toi, mais plutôt nous entraider en ouvrant nos cœurs. Ainsi la communauté est le lieu de la transformation. La communauté est le lieu de l’appartenance où chacun doit être transformé et devenir pleinement humain.
Quelles alternatives avons-nous, concernant notre croissance humaine? Une appartenance qui est trop rigide étouffe le développement personnel; par contre, trop de développement personnel ou un devenir sans appartenance peut se transformer en lutte pour atteindre les sommets, ou encore conduire à la solitude et à l’angoisse. Gagner, c’est toujours être seul; et bien sûr, personne ne gagne très longtemps.
La communauté n’est donc pas un groupe fermé, mais un chemin de vie qui aide chaque personne à grandir vers sa plénitude humaine. Les piliers de la communauté sont la mission et l’amour mutuel. Nous nous rassemblons pour vivre cette mission, et aussi pour être un signe d’amour; ou plutôt pour grandir dans l’amour les uns des autres. C’est la mission qui nous réunit et en étant ensemble, nous apprenons à nous aimer.
À L’Arche et à Foi et Lumière, notre mission est de promouvoir des communautés où les personnes les plus fragiles sont au cœur de la communauté, et où elles peuvent grandir dans leur humanité et leur capacité d’aimer.
La communauté est alors un lieu où nous apprenons comment nous aimer les uns les autres. Grandir dans l’amour est un long et difficile chemin; cela prend du temps. L’Arche et Foi et Lumière ne sont pas juste des lieux où nous faisons du bien aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Ce sont des lieux de relation où nous grandissons ensemble dans l’amour.
Mais qu’est-ce l’amour? Ce mot a souvent été réduit à des expériences émotionnelles ou des actes de bravoure de soldats qui se battaient pour l’amour de leur pays. Pour moi, aimer c’est reconnaitre que l’autre est une personne, qu’il est précieux, important et qu’il a de la valeur. Chaque personne a un don à apporter aux autres. Chaque personne a sa mission à l’intérieur de la grande famille humaine. Chaque personne révèle le visage secret de Dieu.
Nous avons besoin les uns des autres pour grandir dans cet amour sacré, qui implique l’amour de ceux qui sont différents, ceux qui me font sortir de mes gonds et me conduisent en dehors de mes murs de protection, à cause de la différence de leurs idées, de leur tempérament, de leur culture ou de leur approche. La communauté est un lieu où nous nous frottons les uns aux autres justement là où sont nos points sensibles.
De cette façon, avec un peu de chance, nous nous frotterons à certains traits, fastidieux ou aigris, de nos caractères, pour que nous devenions vraiment nous-mêmes. Aimer, c’est alors voir en l’autre le cœur de sa personne caché derrière tout ce qui nous gêne. C’est pourquoi aimer, selon les mots de Saint Paul, c’est être patient, ce qui signifie attendre et persévérer. C’est avoir confiance et croire que sous tout le désordre apparent de cette personne, il y a le secret de son être, il y a son cœur.
À L’Arche, certaines personnes que nous avons accueillies vivent de profondes angoisses, et même des violences. C’est parfois difficile de vivre en communauté avec elles. Nous devons être patients et croire que leur moi véritable émergera peu à peu. Nous devons aussi être patients envers nous-mêmes, et croire que si nous essayons d’aimer et d’être ouverts à une spiritualité d’amour, notre moi véritable émergera aussi peu à peu. Si nous aimons, si nous aimons vraiment les autres personnes, si nous croyons en elles, alors elles sont transformées, et nous sommes aussi transformés.
La communauté est alors un lieu de guérison, de transformation et d’humanisation des personnes. C’est un lieu où notre mission est de grandir dans l’amour et dans le pardon, et c’est un véritable travail… Si vous ne voulez pas être transformé ni grandir dans l’amour, alors ne faites pas partie d’une communauté. Quand nous trouvons la force d’accepter les personnes telles qu’elles sont, et de les rencontrer alors dans leur être le plus profond, elles nous ouvrent à l’amour.
Ces paroles de Jean Vanier sont extrêmement profondes et d'une grande importance, dans le contexte non seulement du débat d'aujourd’hui, mais de tous les débats qui se déroulent à la Chambre, parce qu’elles illustrent une façon de vivre ensemble. Nous devons trouver la combinaison nécessaire pour créer un sentiment d’appartenance au sein de communautés ouvertes auxquelles les gens peuvent s’intégrer librement et s’épanouir.
Quand nous rencontrons des gens qui viennent de milieux différents, qui souffrent de handicaps ou qui sont défavorisés pour une raison ou pour une autre, nous ne devons pas penser qu’ils ont besoin de la charité des autres mais plutôt qu’ils doivent être intégrés pleinement dans la communauté, afin que tous ensemble nous puissions nous épanouir et acquérir un sentiment d’appartenance.
C’est quelque chose que j’ai observé dans mes relations avec des membres de ma famille. J’ai une jolie cousine qui est atteinte du syndrome de Down. Elle était l'une des petites bouquetières à mon mariage. Je me souviendrai toujours de l’histoire que mon oncle racontait, qui montrait combien il avait appris en la côtoyant et nous permettait d'apprendre à notre tour. Un jour, il se trouvait à l’hôpital avec ses enfants, et il y avait une femme qui pleurait dans le couloir. Mon oncle a dit à ses enfants que, quelles que soient les raisons pour lesquelles elle pleurait, cela ne les regardait pas, ajoutant qu'il ne fallait pas la dévisager. Au moment où il donnait ses instructions, il était déjà trop tard, car sa fille Anastasia avait déjà entouré de ses bras la femme qui pleurait, pour la consoler.
Voilà un exemple qui montre comment réagit quelqu’un qui n’a pas nécessairement les mêmes inhibitions sociales qui nous empêchent de nous immiscer dans la vie des autres, et qui, au contraire, fait preuve d’ouverture et d’empathie pour manifester immédiatement son amour à l’égard d’une personne qui lui est complètement étrangère. C’est sa capacité à exprimer son amour et son instinct de communauté qui, avec cette anecdote, a ouvert les yeux de mon oncle et les miens et qui nous a montré que nous avions beaucoup à apprendre en renforçant nos liens avec des gens qui n’ont pas le même niveau de développement mental ni le même genre d’expérience mais qui ont beaucoup à offrir.
C’est là la philosophie de Jean Vanier, et ce sont là les objectifs du projet de loi.
Il ne faut pas oublier qu’en mettant en place un dispositif qui permettra d’avoir un pays exempt d’obstacles...