Monsieur le Président, c'est un honneur pour mes collègues et moi de participer aujourd'hui à cet événement d'excuses officielles pour la tragédie historique du Komagata Maru, des excuses attendues depuis trop longtemps.
La chef de l'opposition officielle a tout à fait raison de souligner que le gouvernement antérieur, notamment celui du premier ministre de l'époque qui est aujourd'hui député de Calgary Heritage, a bel et bien présenté des excuses auprès de la communauté, ce qui a été fort apprécié.
Aujourd'hui, ici, à la Chambre, on rend officiel cet acte, que j'oserais appeler « acte de contrition », de la part de l'ensemble des Canadiens pour cette tragédie historique.
Nous reconnaissons tous que ce sont des politiques racistes — appelons un chat, un chat — fondées sur l'exclusion qui ont mené à la tragédie canadienne du Komagata Maru.
Il est en effet important de présenter des excuses et il est aussi important de nous rappeler pourquoi nous le faisons. Les députés se rappellent peut-être, comme moi, ce qui s'est produit il y a quelques années seulement lorsqu'un autre navire, le Sun Sea, est arrivé en Colombie-Britannique et la réception qu'on lui a réservée avec des tenues de protection contre les matières dangereuses pour toutes les personnes qui montaient à bord. La Cour suprême a fini par juger certaines dispositions de la loi inconstitutionnelles, mais cela nous rappelle qu'il n'y a pas qu'autrefois que ce genre de choses arrivait. Les mêmes attitudes peuvent encore avoir cours aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle nous devons tous nous rappeler de notre obligation d'être justes envers les personnes en détresse qui viennent d'autres pays, comme ce fut le cas avec les Tamouls qui sont venus ici il y a quelques années.
Les néo-démocrates sont fiers d'être solidaires des milliers de personnes dans la communauté sud-asiatique qui ont lutté sans relâche pour obtenir des excuses officielles pour la tragédie du Komagata Maru. Mon ancien collègue, Jasbir Sandhu, dont a fait mention le premier ministre, a mené la lutte pour l'obtention d'excuses officielles au Parlement et a présenté une motion de l'opposition à cette fin. Mon amie et ancienne collègue, Jinny Sims, qui est avec nous aujourd'hui, a parlé avec éloquence à la Chambre en faveur d'excuses officielles et s'est battue pour que le Canada soit généralement plus accueillant.
Comme on l'a déjà indiqué, cela fait un peu plus de 100 ans que le Komagata Maru a accosté au port de Vancouver. Ce bateau était plein de monde, plein de familles à la recherche de la sécurité et d'une vie meilleure. Tous les passagers ont été empêchés de débarquer, et le bateau est resté dans la baie Burrard pendant deux mois complets. Nous pouvons imaginer leurs conditions de vie. On leur a refusé l'accès à des produits de première nécessité, comme de l'eau et de la nourriture, et leurs conditions de vie se sont bien entendu aggravées.
En fin de compte, les 376 passagers ont été renvoyés dans leur pays, à l'exception de 20 d'entre eux. Ils ont dû affronter un grave danger. Lorsque le Komagata Maru est arrivé à Calcutta, la police a fait feu sur les passagers, et 19 sont morts. Beaucoup d'autres ont été emprisonnés. N'ayons pas peur des mots, c'est par racisme pur et simple que nos semblables ont été exposés ainsi à de graves risques.
Le règlement sur le voyage continu a été adopté pour des motifs racistes, tout comme la taxe d'entrée imposée aux Chinois, pour laquelle le gouvernement précédent a présenté des excuses dans cette enceinte, presque immédiatement après avoir été élu. Ce règlement a causé un préjudice incommensurable à des gens qui provenaient de l'Asie du Sud en les empêchant d'entrer au Canada. Des mères et des pères de famille, des frères et des soeurs ont été emprisonnés et ont parfois subi un sort encore pire, parce qu'ils n'ont pas été accueillis au Canada. Ce fut un chapitre terrible dans l'histoire d'un pays qui considère désormais la diversité et la tolérance comme de solides atouts.
L'histoire du Komagata Maru est le récit d'une tragédie canadienne. Des gens sont partis de chez eux à la recherche d'une vie meilleure, avec l'espoir de réaliser leurs rêves ici, au Canada. Ils ont été trompés. Trois cent soixante-cinq passagers ont été renvoyés d'où ils venaient sur la seule base de leurs origines. Ils ont vécu l'emprisonnement et l'exploitation et, pire encore, 19 d'entre eux sont morts fusillés par les autorités dès leur arrivée en Inde. C'était du racisme pur et simple.
Aujourd'hui, nous présentons enfin des excuses, mais nous sommes également solidaires de ceux qui continuent de se battre pour la liberté et la dignité en Inde et au Canada. Nous avons, envers ceux qui ont été renvoyés il y a plus de 100 ans, le devoir de poursuivre le combat pour la justice.
Pour que ce genre de tragédie ne se reproduise plus jamais, nous avons envers eux le devoir de continuer à bâtir un Canada plus accueillant, où la diversité est célébrée, où les gens peuvent retrouver leurs êtres chers grâce aux réunifications familiales et où les plus vulnérables peuvent trouver une terre d'asile, plutôt que d'être renvoyés sans égard à leurs importants besoins.
Les victimes du Komagata Maru ne méritent rien de moins. Les Canadiens ne méritent rien de moins.
Nous avons le devoir, en mémoire des victimes du Komagata Maru, d'éviter qu'une tragédie comme celle-ci ne se reproduise jamais encore. Ensemble, nous devons bâtir un Canada plus accueillant, où la diversité est valorisée et où plus personne n'est abandonné en situation de détresse.
[Le député s'exprime en pendjabi ainsi qu'il suit]
Waheguru Ji Ka Khalsa, Waheguru Ji Ki Fateh.