Merci, monsieur le président.
Je commencerai en disant que je suis un peu moins nerveux que la dernière fois que j'ai comparu devant ce comité.
[Le témoin parle en inuktitut.]
Bonjour. Merci de me donner l'occasion de parler de la chasse au phoque et en particulier de la Loi instituant la Journée nationale des produits du phoque.
Je voudrais remercier personnellement les membres de ce comité ainsi que M. Simms pour son travail en faveur de cette loi et de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui. Je voudrais aussi en profiter pour remercier les nombreux députés, dont certains siègent à ce comité, qui se sont continuellement exprimés en faveur de cette loi à la Chambre des communes.
Enfin, et c'est peut-être le plus important, je voudrais remercier l'ancienne sénatrice Céline Hervieux-Payette qui a parrainé cette initiative au Sénat en 2014 et dont le travail acharné nous a conduits à ce stade du processus aujourd'hui. Merci.
La chasse au phoque est un aspect crucial de la culture et du mode de vie inuit au Canada et cela depuis des milliers d'années. La triste vérité, c'est que très peu de gens comprennent l'importance de cette question aux yeux des Inuits. De nombreux Canadiens du Sud connaissent l'existence du marché de la fourrure de phoque et peuvent comprendre comment cela peut être bénéfique du point de vue économique. Ce que les gens ont du mal à comprendre c'est la nécessité de cette chasse pour l'alimentation de nos communautés.
Bien que le programme Nutrition Nord Canada soit bien intentionné, il est insuffisant, d'ailleurs il est interrompu. Sur ce point, je dois dire que je me réjouis de voir bientôt des changements positifs.
L'insécurité alimentaire est l'un des principaux problèmes du Nunavut, où presque 50 % des foyers y sont confrontés. Ce qui est encore pire que cela et très inquiétant, c'est que 60 % des enfants vivent dans des foyers connaissant des problèmes d'insécurité alimentaire. Les Inuits ont besoin du phoque pour se nourrir. Lorsqu'un chasseur revient dans sa communauté avec un phoque, cela permet de nourrir sa famille et plusieurs autres membres de la communauté. Cela procure des protéines et des vitamines indispensables et permet à la communauté de survivre. Cela permet aussi de rassembler la communauté et cela a toujours été comme ça.
Au-delà de l'utilisation immédiate du phoque comme source de nourriture, la fourrure était traditionnellement utilisée comme vêtement pour rester au chaud durant les mois d'hiver. Au fil des années, les fourrures sont devenues une marchandise utilisée pour faire du commerce avec les marchands qui se rendent dans le Nord, ce qui a permis de générer des revenus très utiles aux collectivités du Nord. La vente des produits du phoque tels que la fourrure et la commercialisation internationale des produits du phoque a conduit à une durabilité économique, ce qui a permis aux Inuits de continuer à chasser le phoque et à profiter de la sécurité alimentaire.
Toutefois, avec la Marine Mammal Protection Act adoptée aux États-Unis en 1972, plus tard suivie de l'interdiction des produits du phoque prononcée par l'Union européenne, le marché des produits du phoque a lentement décliné. En conséquence, le prix et la demande de nos produits ont baissé, ce qui a réduit les bénéfices du commerce et a rendu le marché non viable.
C'est une industrie de petite taille. Il est important que nous travaillions ensemble pour garantir son succès.
Il y a des exemptions dans l'interdiction de l'Union européenne qui permettent le commerce de produits du phoque produits par les Inuits au Nunavut. Cependant, les Inuits de plusieurs autres régions du Canada, en particulier ceux du nord du Québec et du Labrador, ne font pour l'instant pas partie de cette exemption. J'encourage fortement les organisations des produits du phoque à tenter de nouvelles approches des acteurs de ces régions afin d'établir des partenariats, dans un effort visant à les inclure dans une optimisation et une maximisation de l'exemption inuite de cette interdiction.
La limitation de notre capacité à faire commerce de ces produits sur le marché international a réduit une source de revenus cruciale et les Inuits ont désormais des difficultés à pouvoir aller chasser le phoque. La chasse au phoque coûte cher. Il faut acheter du matériel, du carburant pour les motoneiges et les bateaux et des munitions pour les armes à feu. Ce n'est pas bon marché, surtout dans le Nord. Avec ces coûts de la chasse et l'augmentation du coût de la vie au Nunavut, le besoin de générer un revenu grâce à l'industrie du phoque se fait plus que jamais sentir.
Les groupes de défense des animaux européens sont à l'origine de l'interdiction du commerce des produits du phoque et cela a conduit à la perte d'une source majeure de croissance économique. Ils ont jusqu'à ce jour présenté de fausses informations sur la population de phoques et la chasse de bébés phoques.
C'est bouleversant parce que ces arguments mensongers ont pour but d'obtenir des dons mensuels et sont aujourd'hui utilisés même en Chine, un marché potentiel pour les produits du phoque. En réalité, la population de phoques, comme nous l'avons entendu, a triplé au cours des 30 dernières années et la population actuelle, estimée entre 8 et 9 millions d'individus, pourrait doubler d'ici 2030. De plus, la chasse des bébés phoques blanchons, comme nous le savons tous, est illégale et n'est plus pratiquée depuis presque 30 ans.
Il y a aussi des abattages de phoques européens qui, de façon surprenante, se poursuivent. Le secret est bien gardé. Des milliers de phoques ont été tués sur plusieurs années au large des côtes de Grande-Bretagne pour tenter de protéger les stocks de poissons. Ces abattages sont très différents des pratiques des chasseurs inuits et canadiens parce que les phoques ne sont pas récupérés. Ils sont simplement tués, laissés dans l'eau et gaspillés. Comme vous l'imaginez, c'est très frustrant pour les chasseurs inuits et canadiens puisque ce sont les activistes européens, certains venant de Grande-Bretagne, qui sont à l'origine du mouvement hostile à la chasse au phoque. Je trouve cela assez ironique et parfaitement hypocrite que ces abattages soient faits dans l'intention de préserver une bonne source de nourriture.
À ce sujet, je crois qu'il est important que le gouvernement poursuive ses recherches sur les populations aquatiques et des approches basées sur la science doivent être mises en oeuvre pour garantir qu'une population croissante de phoques n'appauvrisse pas les populations de cabillaud, de saumon et de crevettes dans les eaux canadiennes.
Pour terminer, je crois qu'il est extrêmement important que le Canada soutienne ce projet de loi afin de promouvoir les produits du phoque et pour inverser la mentalité négative qui existe actuellement vis-à-vis de ce marché. L'adoption de la Loi instituant la Journée nationale des produits du phoque renforcera le soutien du Canada envers ses communautés culturelles des côtes. En tant que personne qui s'exprime au nom des peuples du Nunavut et comme connaisseur de cette industrie dans l'est du Canada, je crois que cette reconnaissance est très importante. Elle renforcera la relation entre le Canada et les Inuits. Elle peut contribuer au renouveau d'une source très utile de revenus pour les Inuvialuit et pour ceux qui en ont besoin sur la côte Est.
Merci beaucoup, j'attends vos questions.
Thank you, Mr. Chair.
I'll start off by saying that this is a little less nerve-racking than the last time I appeared before this committee.
[Witness speaks in Inuktitut]
Good morning. Thank you for allowing me to speak about the seal harvest, and in particular about the act respecting national seal products day
I would personally like to thank committee members, and Mr. Simms for his work in supporting this act, and for inviting me to be here to speak with you today. I would also like to take this time to thank the many members of Parliament, including some who are on this committee, who have spoken out continually in support of this act in the House of Commons.
Last, but definitely not least, I would like to thank former senator Céline Hervieux-Payette, who championed this initiative in the Senate in 2014, and whose hard work has led us here to this stage of the process today. Thank you.
The seal harvest is a crucial aspect of Canada's Inuit culture and livelihood, and it has been for thousands of years. The sad truth is that very few people truly understand the importance of this issue to Inuit. Many southern Canadians are aware of the seal fur market, and can understand how this could be beneficial from an economic standpoint. What people have difficulty grasping is the necessity of this harvest for sustenance for our communities.
Although the nutrition north program is well-intentioned, it's insufficient, and broken by the way. On that, I would like to say that I look forward to some positive changes coming soon.
Food insecurity is one of the biggest issues in Nunavut, where nearly 50% of the households experience it. What's worse than that, and deeply concerning, is that 60% of children are living in food-insecure households. Inuit rely on the seal for food. When a hunter returns to his community with a harvested seal, the food feeds his family and several others members of the community. It provides much-needed protein and vitamins, and allows the communities to survive. It also brings the community together, and this is the way it has always been.
Beyond the immediate use of seal as a food source, seal furs have traditionally been used as clothing to keep us warm in the winter months. Over the years, furs have become a commodity used to trade with merchants who travel the north, generating much-needed income for northern communities. The sale of seal products like fur, and the international commercialization of seal products led over time to economic sustainability, which allowed Inuit to continue to harvest seals and enjoy food security.
However, with the United States' Marine Mammal Protection Act, enacted in 1972, and later, the European Union's ban on seal products, the market for seal products has slowly declined. As a result, the cost of and demand for our products has been driven down, diminishing profits from trade, and making the market non-viable.
This industry is small. It's important that we work together to ensure its success.
There are exemptions in the European Union ban that allow for the trade of seal products produced by Inuit in Nunavut. However, Inuit in several other regions of Canada, particularly those in northern Quebec and Labrador, are so far not part of this exemption. I would really encourage new partnering approaches from sealing organizations with those in these regions, in an effort to include them as well in taking advantage of and maximizing the indigenous exemption in the ban.
By limiting our ability to trade and sell products in an international market, a crucial revenue stream has been diminished, and Inuit now struggle to afford being able to go harvest seals. Harvesting seals is expensive. You have to buy equipment, fuel for snowmobiles and boats, and ammunition for your firearms. It's not cheap, especially in the north. With these harvesting costs and the increased costs of living in Nunavut, the need to generate income from the seal fur industry is needed now more than ever.
European animal activists groups initiated the mission to end the seal fur trade, and in doing so, a major source of economic growth was lost. To this day, they present false information regarding seal populations and the harvesting of baby seals.
This is very upsetting because this fraudulent sales pitch is done in an effort to gain monthly donations and is currently being used now even in China, a potential market for seal products. In reality, the seal population, as we've heard, has tripled over the last 30 years, and the current population of between eight and nine million could double by 2030. Also, the harvesting of baby whitecoat seals, as we all know, is illegal and hasn't been practised for almost 30 years.
There is also a European seal cull that surprisingly continues. They like to keep that one quiet. Over several years thousands of seals have been killed off the coast of the United Kingdom in an attempt to protect their fish stocks. This cull is much different than what Inuit and Canadian harvesters practise because the seals are not harvested. They're just killed, left in the water, and wasted. As you can imagine, this is frustrating for Inuit and Canadian harvesters to hear as European activists, some from Britain, initiated the anti-sealing hunt movement. I find it somewhat ironic and completely hypocritical that this cull is done with the intention of preserving a food source.
On this topic, I feel it's important that government continue to conduct research on aquatic populations, and science-based approaches must be practised to ensure that an increasing seal population doesn't deplete cod, salmon, and shrimp populations in Canadian waters.
To close, I think it's extremely important that Canada support this bill to promote seal products and reverse the current negative mentality towards this market. Enacting national seal products day will reinforce Canada's support for its cultural coastal communities. Speaking on behalf of the people of Nunavut and as a person who is aware of the industry in eastern Canada, this recognition is extremely important. It will strengthen the relationship between Canada and Inuit. It can contribute to the revival of a much-needed source of income for the Inuvialuit and those who have relied on it on the east coast.
With that, thank you very much, and I look forward to your questions.