Merci.
Je pense que nous devrions peut-être arrêter de raconter des inepties.
Vous êtes assis ici, monsieur le ministre, dans une position inventée avec des bureaucrates qui ne relèvent pas de vous, mais qui, néanmoins, ont le malheur de travailler avec vous. Nous en sommes aux derniers jours d'une législature qui a vu votre gouvernement donner volontairement — encore une fois, peu importe votre opinion sur le président américain — un coup de poing dans l'oeil des Américains avec le mot-clic #BienvenueAuCanada, puis permettre à plus de 40 000 personnes d'entrer illégalement au pays et d'y demander l'asile, tout en disant que l'Entente sur les tiers pays sûrs respecte... puis mettre en place une ville de tentes permanente, établir des programmes de transport en autobus vers la région du Grand Toronto et dépenser des centaines de millions de dollars en frais d'hôtels pour des gens qui, de l'aveu de vos propres collègues, n'ont probablement pas présenté de demande d'asile valide.
Puis, vous décidez de vilipender tout Canadien qui a dit qu'il se trouve peut-être des gens dans le Nord de l'État de New York qui n'ont pas vécu le même niveau de persécution qu'une personne qui vient du Nord de l'Irak. Nous ne devrions peut-être pas dépenser des centaines de millions de dollars en frais d'hôtel et créer des facteurs d'attraction dans notre système qui débouchent sur des arriérés de plusieurs années.
Vous avez vilipendé n'importe qui. Votre collègue, le ministre de l'Immigration, et le premier ministre lui-même ont tenté de marquer des points politiques faciles avec le mot-clic #BienvenueAuCanada, désignant ensuite les gens qui le remettaient en question comme anti-Canadiens et racistes, ce qui a exacerbé les tensions. Vous vous êtes assis ici et avez dit en fulminant que nous ne pouvions pas déclarer que c'était illégal, puis vous avez dépensé des centaines de millions de dollars de plus sur ce programme. Vous avez intensifié la rhétorique jusqu'à ce que nous commencions à nous rapprocher d'une élection.
Puis, tout d'un coup, nous avons la section 16 de la Loi d'exécution du budget, qui comprend des mesures qui ont été constamment critiquées par presque tous les professionnels en immigration au Canada et qui ne pourraient vraisemblablement pas soutenir la moindre contestation judiciaire que ce soit. Bien franchement, les gens témoigneront durant ces audiences que ces mesures sont susceptibles d'entraîner un arriéré et un fardeau administratifs encore plus importants pour le système.
Votre collègue et vous avez ensuite jeté le blâme de cette situation sur Stephen Harper. Bravo; il faut ce qu'il faut, être payé pour être un communicateur. Mais la réalité, c'est que vous avez hérité d'un arriéré de 10 000 cas, qui avait bien sûr été réduit à partir d'un arriéré massif de la CISR sous un gouvernement libéral précédent. Nous nous retrouvons maintenant avec un arriéré de 71 000 cas à la CISR, d'après le vérificateur général.
Vous avez dit que le système est rapide. Cela veut dire plus de cinq ans pour la tenue d'une audience relative à une demande d'asile.
Vous avez augmenté l'arriéré en levant l'obligation de visa pour le Mexique tandis que votre gouvernement n'avait pas effectué d'examen officiel du système. Nous avons maintenant vu, je crois, plus de 1 500 demandes en provenance du Mexique au cours des 2 derniers mois. Nous savons qu'environ 22 % de ces demandes seront réputées valides. Le nombre de cas moyen en ce moment, ou le niveau moyen, est d'environ 55 %, et nous savons que bon nombre de ceux-ci sont des demandes bidon.
Je crois que notre système d'octroi de l'asile devrait être solide. Nous devrions accepter au pays des gens qui ont des besoins légitimes en raison de la persécution, mais vous avez géré ce système comme une farce pour obtenir des votes. Rapide, vraiment? C'est la faute de Stephen Harper? Lorsque nous formerons le gouvernement en octobre, nous devrons faire le ménage dans un arriéré de 120 000 cas que vous nous aurez laissé.
Maintenant, dans les derniers jours de la présente législature, quand les sondages ont révélé que votre mauvaise gestion de ce dossier est impopulaire parce que les gens disent que ce n'est pas juste, soudainement, vous voulez injecter quelque chose dans un projet de loi omnibus sur le budget. Un de mes collègues au Comité a dû se battre pour le faire analyser ici — un seul texte de loi était parvenu jusqu'au Comité durant l'intégralité de la présente législature — et cela ne va même pas fonctionner. C'est probablement illégal et inconstitutionnel.
Vous n'avez même pas pris le téléphone pour appeler les Américains. Votre ministère est littéralement resté assis à ne rien faire, et nous lui avons demandé si le gouvernement lui avait fourni une quelconque orientation pour éliminer les échappatoires dans l'Entente sur les tiers pays sûrs. La réponse, monsieur le ministre — au cas où vous n'avez pas eu l'information —, c'était non. C'est parce que vous n'avez même pas pris le téléphone, disant que vous ne savez même pas si les Américains peuvent... Vous n'avez même pas pris le téléphone pour dire que nous avons un problème ici et que nous devrions peut-être nous en occuper.
Non. Vous avez demandé à votre ministre des Affaires étrangères de s'asseoir sur une scène au milieu d'une négociation commerciale avec le président américain — encore une fois, peu importe votre sentiment à son égard — et l'avez comparé à Bashar al-Assad et au dictateur de la Corée du Nord. Ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire au milieu d'un accord commercial pendant que vous essayez de négocier la réforme du système d'octroi de l'asile.
C'est de l'incompétence. J'ai vu beaucoup d'incompétence, mais celle-ci a un visage humain, parce que les centaines de millions de dollars que vous avez dépensés pour colporter des inepties ont fait perdre de l'argent aux contribuables canadiens. Cela fait perdre de l'argent aux gens qui essaient d'entrer légalement au pays, car vous redirigez des ressources vers des personnes qui profitent de notre système et haussez les taxes pour les Canadiens. Ce n'est pas ainsi qu'il faut gérer un système d'immigration.
Ensuite, pis encore, le gouvernement vous embauche. Il vous embauche pour agir comme communicateur dans le dossier. Vous n'avez aucun pouvoir sur ces bureaucrates. Vous n'avez pas la capacité de présenter un mémoire au Cabinet ou de donner à la GRC des instructions sur ce genre de choses. Vous êtes un porte-parole glorifié pour le premier ministre dans ce dossier.
Cela a des répercussions réelles. Vous avez tellement maltraité ce dossier — tellement que c'est embarrassant — et vous devriez en être tenus responsables à l'automne. Nous sommes juste fatigués. C'est une comédie. C'est une farce.
Ma question pour vous est la suivante. Êtes-vous à l'aise avec votre héritage personnel — vous avez connu une longue carrière en tant que ministre —, c'est-à-dire avoir immolé le système d'immigration du Canada sur l'autel des gains politiques pour vous-même et pour le Parti libéral?