Mesdames, messieurs, je vous remercie. C'est un réel plaisir d'être ici aujourd'hui, devant vous.
Comme mes collègues le disaient plus tôt, l'heure est grave. Je crois que s'ils en avaient l'occasion, tous les patrons de presse vous diraient aujourd'hui à peu près la même chose, c'est-à-dire que nos revenus traditionnels en matière d'imprimé diminuent et que les revenus numériques ne compensent pas les pertes. Qu'on me comprenne bien: je ne retournerais pas à l'ère du papier. Nous ne sommes aucunement des dinosaures, ici. La révolution numérique est fantastique, mais pour notre modèle d'affaires, cela revient à dire que nous avons échangé des dollars analogiques contre des cents numériques. Nous ne réussissons pas à atteindre un modèle d'affaires stable.
Nos recommandations se divisent en deux parties: des mesures d'aide directe, d'une part, et des mesures d'aide indirecte, d'autre part. La première, qui est peut-être la plus importante, est une mesure indirecte. À défaut de nous aider, l'État pourrait cesser de nous nuire et utiliser les budgets publicitaires qui sont à sa disposition pour financer en premier lieu nos médias, soit les médias nationaux du Québec et ceux du reste du Canada.
En ce moment, le gouvernement fédéral investit environ un demi-million de dollars dans ses publicités destinées aux journaux de l'ensemble du Canada. Il y a 10 ans, cette somme était de 20 millions de dollars. Pour nous, cette chute, ce passage de 20 millions à un demi-million de dollars, est brutal.
Où sont passées toutes ces publicités gouvernementales?
Ce n'est pas un grand mystère. En effet, on a retrouvé sur les plateformes numériques, en 2014-2015, quelque 19 millions de dollars. Ces 19 millions ou, si on arrondit ce chiffre, ces 20 millions de dollars, sont essentiellement de l'argent dont héritent les géants américains que sont Google et Facebook.
La première recommandation est donc, bien sûr, d'augmenter de manière significative et durable le placement publicitaire gouvernemental dans nos médias. En outre, les annonceurs qui ont encore le courage de soutenir la presse d'ici devraient, à notre avis, bénéficier de crédits d'impôt pour leur placement publicitaire dans nos plateformes. Quand je dis « plateformes », cela inclut nos pages imprimées, mais aussi nos écrans, étant donné que nous nous retrouvons tous sur des tablettes et des téléphones mobiles, à l'heure actuelle.
Il serait aussi très important de mettre à jour la Loi sur le droit d'auteur. Les pays européens sont en avance sur le Canada et les États-Unis à cet égard. Ici, on a laissé cette entité surnommée GAFA, soit les géants Google, Amazon, Facebook et Apple, vampiriser nos contenus et les monétiser. C'est un exode de recettes, donc un exode fiscal, très important. La bonification de la Loi sur le droit d'auteur permettrait de négocier des ententes et d'obtenir des redevances quand nos contenus seraient utilisés sur ces grandes plateformes.
Nous demandons aussi d'être traités comme tous les autres médias. De nos jours, dans le domaine numérique, un écran est un écran. On doit considérer que les médias écrits présents sur les plateformes numériques vont aussi faire de la vidéo à l'occasion et être présents sur Internet. Or pour l'instant, nous ne bénéficions d'aucun programme d'aide. Des programmes gérés par le Fonds des médias du Canada ou Téléfilm Canada ne nous sont pas accessibles. Si nous voulons développer une offre vidéo sur notre mobile pour rejoindre de nouveaux clients, des jeunes, nous devons le faire par nos propres moyens. Nous n'avons accès à aucun crédit d'impôt, aucune aide, qu'elle soit directe ou indirecte. C'est le cas du quotidien Le Devoir et de tous les membres de la Coalition, en ce moment.
Nous estimons que des crédits d'impôt relatifs à la masse salariale, pour l'embauche de journalistes qualifiés, et des crédits d'impôt portant sur la création d'applications nous permettraient de poursuivre notre virage numérique. Nous ne nous attendons pas à une aide perpétuelle de l'État. Nous ne demandons pas de vivre à ses crochets. Nous estimons qu'une aide transitoire nous permettrait de poursuivre les activités que nous avons déjà amorcées et de payer des journalistes. En effet, l'information a un prix, une valeur. Or cette valeur est celle des cerveaux, de l'intelligence des gens que nous engageons et qui se déploient sur le terrain pour rapporter du matériel de qualité. Ces crédits nous permettraient certainement de respirer un peu, le temps que nos modèles d'affaires se mettent en place.
Enfin, nous payons la TPS sur nos produits ainsi que la TVQ, au Québec. Nous demandons aux deux ordres de gouvernement, autant à Québec qu'à Ottawa, de se coordonner pour exempter les médias écrits de la TPS et de la TVQ. Bien sûr, cette mesure allégerait un peu la difficulté. Vous pouvez constater par vous-mêmes et dans votre entourage que, dans le domaine culturel, la gratuité est très répandue, en particulier chez les nouveaux consommateurs d'information. Il y a des limites à ce qu'on peut demander comme prix d'abonnement. Au journal Le Devoir, nous avons un mur payant.
Nous sommes un des rares médias qui réussit à faire payer les abonnés pour une information de qualité. Nous savons très bien que nous testons l'élasticité de la demande en augmentant constamment les prix. L'exemption de la taxe nous permettrait d'avoir une marge de manoeuvre. L'industrie du livre au Québec bénéficie d'une exemption de la TVQ. Les magazines canadiens ont bénéficié d'exemption de taxes et ont eu droit au Fonds du Canada pour les périodiques.
Ladies and gentlemen, thank you. It's a real pleasure to be here before you today.
As my colleagues said earlier, the situation is serious. I think that, if given the opportunity, every media owner would tell you pretty much the same thing today, which is that our traditional revenue from print is decreasing and digital revenue isn't offsetting the losses. Let me be clear: I wouldn't go back to the paper era. We aren't dinosaurs here. The digital revolution is fantastic, but for our business model, it means that we have traded analogue dollars for digital cents. We are failing to achieve a stable business model.
Our recommendations are in two parts: measures that provide direct assistance and measures that provide indirect assistance. The first, which is perhaps the most important, is an indirect measure. If the government can't help us, it could stop hurting us and use the advertising budgets at its disposal to fund our media, the national media of Quebec and of the rest of Canada.
The federal government currently invests about half a million dollars in its advertising in Canadian newspapers. Ten years ago, that amount was $20 million. For us, that drop from $20 million to half a million dollars is brutal.
Where has all the government advertising gone?
It's no big mystery. In fact, the investment in 2014-15 in digital platforms was some $19 million. That $19 million or, if we round up, that $20 million is basically money inherited by American giants like Google and Facebook.
So the first recommendation is, of course, to make a significant and lasting increase to government advertising investment in our media. In addition, we think advertisers who are still brave enough to support the press here should benefit from tax credits for their advertising investment in our platforms. When I say “platforms”, that includes our printed pages, but also our screens, as we can now all be found on tablets and cell phones.
It would also be very important to update the Copyright Act. European countries are ahead of Canada and the United States on this. Here, we have let this entity called GAFA, or the giants Google, Amazon, Facebook and Apple, bleed our content dry and monetize it. It's an exodus of revenue, a major fiscal exodus. Improving the Copyright Act would make it possible to negotiate agreements and obtain royalties when our content is used on these major platforms.
We are also asking to be treated like all other media. These days, in the digital world, a screen is a screen. We need to consider that print media on digital platforms will also sometimes have a video and be on the Internet. For now, we don't have access to any assistance programs. Programs managed by the Canada Media Fund and Telefilm Canada aren't available to us. If we want to develop a video offering on our mobile site to reach new clients, young people, we have to pay for it ourselves. We don't have access to any tax credits, any assistance, direct or indirect. That the case for Le Devoir and all coalition members at the moment.
We think that payroll tax credits for hiring qualified journalists, and tax credits for creating applications would enable us to continue our digital shift. We don't expect ongoing assistance from the government. We aren't asking to be dependent on it. We think that transitional help would let us continue the activities we've already started and to pay journalists. In fact, information has a price, a value. But this value is that of brains, the intelligence of the people we hire and who are in the field to bring back quality material. These credits would certainly give us some breathing room, some time to get our business models in place.
Lastly, we pay GST on our products and QST in Quebec. We are asking both levels of government, Quebec City and Ottawa, to coordinate to exempt print media from the GST and QST. Of course, this measure would alleviate the problem a little. You can see for yourselves and around you that in the cultural arena, freebies are widespread, particularly among new information consumers. There are limits to what we can charge for subscriptions. We have a pay wall at Le Devoir.
We are one of the rare media that is successful in having our subscribers pay for quality information. We are well aware that we are stretching their flexibility to the limit by constantly increasing prices. A tax exemption would give us some manoeuvring room. The book industry in Quebec is exempt from the QST. Canadian magazines benefit from tax exemptions and have had access to the Canada Periodical Fund.