Monsieur le Président, le 26 octobre 2018, quelques jours après que des militants eurent visité Ottawa à l'occasion de la Journée Logement sur la Colline, j'ai saisi l'occasion de souligner certaines des difficultés éprouvées par des organismes de première ligne qui espèrent pouvoir accéder au Fonds national de co-investissement de la Stratégie nationale sur le logement.
J'ai demandé au ministre s'il serait prêt à alléger le fardeau administratif excessif imposé aux groupes disposant de ressources limitées qui sont forcés de remplir des formulaires de demande longs et compliqués contenant presque 200 questions, s'ils veulent avoir la possibilité d'accéder au Fonds national de co-investissement.
Toutefois, ce n'est manifestement pas le seul problème posé par ce fonds. Il y a aussi le fait qu'il s'applique uniquement aux projets d'au moins cinq logements, ce qui exclut des petits projets viables, dont beaucoup auraient pu être réalisés dans des petites villes et des localités rurales.
Le système en ligne qui permet de s'inscrire au Fonds est lourd, et il est difficile de s'y retrouver. Le gouvernement n'offre pas une aide suffisante aux demandeurs. Les demandeurs ont dit qu'il était déjà arrivé que des employés du gouvernement ne soient pas capables de répondre à des questions fondamentales et, pire encore, qu'ils donnent des renseignements erronés. Un demandeur a affirmé qu'il avait l'impression d'apprendre à connaître le processus en même temps que les employés gouvernementaux qui administrent le programme.
Il est logique que le financement soit conditionnel à la participation des administrations municipales ou des gouvernements provinciaux, mais attendre des engagements garantis de ces partenaires empêche souvent les projets d'être soumis en temps opportun. Nous sommes en pleine crise, et nous avons besoin de logements maintenant.
En novembre dernier, à l'occasion du premier anniversaire du lancement de la Stratégie nationale sur le logement, les Canadiens ont reçu une mise à jour sur les réalisations jusque-là. L'annonce semblait indiquer que le gouvernement allait rendre compte des réalisations de la Stratégie nationale sur le logement, mais en fait, il s'agissait de toutes les activités liées au logement depuis 2016, les investissements faits avant le lancement de la stratégie.
Les progrès réels des initiatives énoncées dans la stratégie, annoncées avec beaucoup d'éclat, de beaux discours, des communiqués de presse et des manchettes dans les médias, sont beaucoup moins impressionnants. Si nous souhaitons véritablement évaluer le succès de la toute première stratégie nationale sur le logement, le gouvernement doit respecter ce qu'il a dit au sujet de la transparence et de la reddition de comptes. Les Canadiens et les parlementaires méritent des renseignements pertinents et exacts permettant d'évaluer réellement l'efficacité de la stratégie. Tous préféreraient davantage de faits et moins de tambours et trompettes.
Le gouvernement a promis des changements concrets, mais le déploiement de la Stratégie nationale sur le logement ne semble pas tenir compte de la réalité. Malheureusement, le gouvernement a été très lent à faire de nouveaux investissements et à mettre en oeuvre les programmes annoncés dans la stratégie. De beaux discours ont été prononcés, mais aucune somme n'a été versée pour améliorer concrètement la situation.
Chaque année, 235 000 personnes vivent une forme d'itinérance au Canada et près de trois millions de Canadiens consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement. Face à ces chiffres troublants, l'extrême lenteur de la mise en oeuvre de l'initiative nationale sur le logement est frustrante pour de nombreux intervenants et, plus important encore, pour les nombreux ménages qui sont dans le besoin et toutes les personnes qui vivent dans la rue et qui fréquentent les refuges d'urgence partout au pays.
Le ministre ou un représentant a-t-il pris le temps d'écouter ceux qui connaissent bien la situation, comme les fournisseurs de logements à but non lucratif? Leur a-t-il accordé la souplesse qu'ils demandaient? Le gouvernement a-t-il apporté les changements nécessaires pour que toutes les collectivités puissent se mettre au travail et s'attaquer à la crise du logement et de l'itinérance au Canada? J'aimerais beaucoup qu'on me réponde par un oui ou par un non et qu'on me fournisse des détails.