Monsieur le Président, c'est mon anniversaire.
[Les députés chantent Joyeux anniversaire.]
M. Mark Warawa: Monsieur le Président, j'ai dû passer 15 jours à l'hôpital, dernièrement, et je dois dire que mon intérêt pour la chose politique a été à peu près nul pendant tout ce temps, surtout depuis que je sais que mes jours sont peut-être comptés. Pourtant, il a suffi d'à peine quelques minutes ici, au Parlement, pour que je retrouve ma soif politique.
Je ne briguerai pas de nouveau les suffrages, je l'ai déjà annoncé. Cela dit, je tenais à faire un discours d'adieu. La tradition veut que les députés puissent remercier leurs collègues et leur dire au revoir. Le 22 mai prochain, je subirai une chirurgie pour le cancer du côlon, alors il me reste seulement cette semaine pour faire mes adieux. J'aimerais donc avoir quelques instants pour faire le point sur ma situation et remercier mes collègues.
Je participais à une mission d'observation électorale avec un collègue, mais j'ai dû rentrer au pays plus tôt que prévu parce que j'étais devenu jaune. J'avais vraiment mauvaise mine. Je suis donc revenu et quand je suis allé à l'hôpital, quelques jours plus tard, les médecins ont découvert une tumeur sur mon pancréas. Ils ont ensuite constaté que j'avais le cancer du côlon, puis que le cancer du pancréas, le même que Steve Jobs a eu, s'était propagé aux poumons. Le pronostic des médecins n'est pas très réjouissant. Pourtant, j'ai solidement foi en Dieu. C'est Lui qui m'a créé, alors Il peut me guérir.
J'aimerais parler un peu de ma vie. Toute ma vie, il y a eu de merveilleux moments divins, des pépites de sagesse et des interventions qui me montraient la voie à suivre.
Les gens me demandent pourquoi je suis entré en politique. Tout a commencé par un rêve, en 1990. J'ai rêvé qu'il y avait des élections municipales et que j'étais élu. C'était tout à fait inattendu; je n'avais aucun intérêt pour le rôle d'élu.
Plus tard, le même jour, quelqu'un m'a abordé pour me dire qu'il avait fait un rêve à mon sujet. « Vraiment? », j'ai demandé. « De quoi avez-vous rêvé? » La personne avait rêvé que je m'étais présenté aux élections et que j'étais élu. Lorsque ce genre de choses arrive, il faut y porter attention. Très souvent, on est tellement occupé qu'on ne le fait pas. J'ai fait inscrire mon nom sur le bulletin de vote et — ô surprise — j'ai été élu. C'était en 1990.
J'ai siégé au conseil municipal d'Abbotsford avec le merveilleux, l'intelligent, le très beau député d'Abbotsford. J'y ai siégé pendant 14 ans, et ce fut tout un honneur pour moi.
Puis il y a eu un autre moment divin. J'étais sorti avec ma magnifique femme, Diane, pour notre anniversaire. Je lui ai dit qu'un jour, avant de prendre ma retraite, j'aimerais bien me lancer dans la gestion ou l'exploitation d'un atelier de carrosserie. Je venais de vendre une entreprise, et elle m'a dit de ne pas en démarrer une nouvelle. Je lui ai dit que je ne faisais que penser à voix haute, car j'adore les voitures et que c'est vraiment quelque chose que j'aimerais faire. C'est arrivé samedi. Lundi matin, le téléphone a sonné et un dénommé Gary d'un atelier de carrosserie m'a dit qu'il envisageait de prendre sa retraite et m'a demandé si je souhaitais gérer son atelier.
Je me suis ensuite rendu à l'Insurance Corporation of British Columbia, puis j'ai apporté de l'argent à Langley et j'ai commencé à réparer des choses. Je me suis fait connaître, et l'instant d'après, je me suis lancé en politique fédérale.
Encore une fois, il y a ces petites voix et ces petits moments dans nos vies où nous devons écouter et suivre la voie tracée par Dieu. C'est pourquoi je suis ici. Je ne suis qu'un homme ordinaire qui a eu l'honneur incroyable de servir notre collectivité avec les députés.
Je remercie Dieu et ma famille.
Diane et moi nous sommes mariés en 1972, il y a près de 47 ans. C'est ma meilleure amie. Nous avons 5 enfants et 10 petits-enfants. Nous sommes vraiment choyés.
Je me suis toujours passionné pour l'environnement, la justice, la famille, les aînés, les enjeux qui concernent les enfants et la nécessité de respecter la vie du début jusqu'à la fin.
Quand nous nous sommes rencontrés, Diane et moi, nous étions étudiants à l'Université Trinity Western. La fin de semaine, comme je n'avais pas beaucoup d'argent pour l'inviter à sortir, j'allais avec elle dans un foyer d'aînés, et nous chantions en jouant de la guitare. Nous adorions passer du temps avec les aînés. Nul besoin d'être des chanteurs hors pair pour qu'ils nous apprécient.
Nous sommes vraiment choyés par nos enfants et nos petits-enfants: Jon, Jen et leurs enfants, Carrington et Rich; Ryan; Eric, Carolyn et leurs enfants, Christian, Jonah, Jeremiah et Jakob; Nathan; et puis Kristen, Russel et leurs enfants, Mya, Mark et Will.
Les sports ont toujours occupé une place dans ma vie, et je comprends toute l'importance du travail d'équipe. On n'accomplit rien en solitaire; il faut faire partie d'une équipe. C'est aussi essentiel en politique. Mes employées, Annette, Kim, Jane, Liat, Monique, Megan et Rebeca, forment une équipe formidable. Sans elles, je n'aurais rien accompli.
Comme les députés le savent, la meilleure partie du travail, c'est d'être capable d'aider les gens; c'est une telle bénédiction. Nous adorons notre circonscription, et ce fut un honneur incroyable pour moi de servir ses habitants.
Lorsque j'ai annoncé que je n'allais pas me représenter, j'ai senti que Dieu écrivait un nouveau chapitre de ma vie. Je me préparais à être aumônier et à offrir des services de pastorale à des personnes âgées. J'étudiais et je lisais, et voilà que je suis tombé malade. Je lisais toutes ces études de cas sur le choix d'opérer ou de donner des soins palliatifs, puis notre chef m'a fait l'honneur de me confier la responsabilité des soins palliatifs. Je me suis ensuite retrouvé à l'hôpital, une surprise, et j'ai vécu ce que c'est que d'être confronté à la fin de sa vie. J'ai fait toutes ces lectures et toute cette préparation, mais ce n'était peut-être pas pour offrir des services de pastorale aux autres; c'était peut-être pour me préparer à cette épreuve. Je tiens à remercier tout le monde.
Lorsqu'une personne reçoit le diagnostic d'un problème de santé grave, les médecins prennent l'aspect physique en charge. L'être humain est toutefois beaucoup plus qu'un corps. Il a aussi des aspects spirituels, émotionnels et psychosociaux, ce qui n'est pas pris en compte. Pendant que les médecins se penchaient sur mon état physique, le reste était laissé de côté. C'est un enjeu extrêmement important. Les médecins posent un diagnostic et cherchent des façons de soigner le patient. Ils doivent déterminer quel type de chirurgie ou de chimiothérapie sera approprié. Qu'en est-il de la personne? Qu'en est-il de la famille et de la détresse ressentie? Il faut encourager le système médical à fournir de l'aide pour tous les autres aspects de la personne.
Je me trouvais à l'hôpital général de Vancouver, qui est un établissement formidable doté d'excellents médecins et chirurgiens, mais rien n'a été offert pour combler ce besoin.
J'ai demandé des soins palliatifs. J'ai été hospitalisé pendant 15 jours. Parmi les milliers de médecins, il y en avait deux qui étaient spécialisés en soins palliatifs à cet hôpital. Je ne les ai jamais vus. Ils sont venus pendant que j'étais encore en réveil, tout endormi. Ce besoin n'a donc malheureusement pas été comblé.
J'ai constaté personnellement à quel point il est difficile d'avoir accès à des soins palliatifs. Selon les statistiques disponibles, nous savons que de 70 à 84 % des Canadiens n'y ont pas accès. C'est tragique. Le système canadien n'est pas conçu pour répondre à ce besoin. Nous tentons de soigner le corps, mais, parfois, il est préférable de renoncer à l'acte héroïque, de ne pas subir l'ablation d'un organe ou de ne pas avoir recours à la chimiothérapie. La recherche scientifique a démontré que les gens peuvent vivre plus longtemps et avoir une meilleure qualité de vie, dans certains cas, s'ils reçoivent des soins palliatifs. Pourtant, on ne m'a pas offert ces options. Pourquoi en est-il ainsi?
Le système ne fonctionne pas et il faut y remédier. Nous avons adopté le projet de loi C-277. La présente législature tire à sa fin, mais j'espère que le prochain gouvernement s'engagera à résoudre ce problème et à jouer un rôle structurant au Canada. Cela pourrait se faire au moyen d'une chaire universitaire consacrée à cette question. Les gens sombrent dans le désespoir, ils sont à fleur de peau, ils n'ont aucun soutien familial et ils n'ont pas accès aux soins palliatifs. Quelle solution leur reste-t-il? Si l'opération n'est pas une option, ils doivent songer à recourir à l'aide médicale à mourir. Je siégeais au comité législatif lorsque cette proposition a été débattue et adoptée. Nous n'avions pas le choix en raison de l'arrêt Carter.
À l'heure actuelle, au Canada, les besoins fondamentaux des patients ne sont pas comblés et, en désespoir de cause, ils se disent que la meilleure solution est de mettre fin à leur vie au moyen d'une piqûre. Selon eux, il s'agit de la mesure la plus humaine, mais nous ne pouvons pas les obliger à prendre une décision de la sorte. Nous devons leur fournir des soins palliatifs.
Ce fut un honneur incroyable de travailler à la Chambre. J'ai été élu député fédéral en 2004, et 15 années se sont rapidement écoulées depuis. Je suis très honoré d'avoir eu cette chance.
Personne n'est ici par hasard. J'en suis convaincu. J'ai une très grande confiance en Dieu. Si nous ne sommes pas ici par hasard, cela veut dire que des responsabilités ont été confiées à chacun d'entre nous.
On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié.
Il est donc de notre responsabilité de faire ce qui est juste, d'être honnêtes, d'être intègres en faisant du Canada un pays meilleur et de travailler ensemble quand il s'avère approprié de le faire.
Je n'ai pas toujours fait les choses correctement. J'ai une nature très espiègle, comme peuvent en témoigner les présidents des différents comités, et je tiens donc à m'excuser pour certains des problèmes que j'ai créés.
La Mort vient tous nous visiter un jour et certains, très tôt. Nous venons juste de dire au revoir à un ami très cher. Il a eu un anévrisme et il est parti. Dieu m'a donné un peu de temps. Peut-être que je serai là longtemps et peut-être pas. Nul ne le sait.
Voici le plus important: je vous encourage tous à vous aimer les uns les autres, à vous soutenir les uns les autres, parce que Dieu nous aime. Priez pour un autre que vous. Priez pour ce qui est vraiment important. Aidez-vous les uns les autres. Pensez à ce que Dieu attend de vous chaque jour. Faites ce qui est juste. Soyez honnêtes.
Dans les Galates, on peut lire ce qui suit:
Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi: contre de telles choses, il n'y a pas de loi.
Tout cela est licite. Tout cela est bon.
La vie est précieuse. La vie est sacrée. La vie s'est chargée de me rappeler, très récemment, combien elle est inappréciable et précieuse, de son commencement jusqu'à sa fin.
Que Dieu vous bénisse. Je vous aime tous. J'ai hâte de servir les Canadiens, depuis mon bureau de circonscription probablement, jusqu'au mois d'octobre. Que Dieu soit loué.