Monsieur le Président, je remercie le député d'Abbotsford de la contribution qu'il apporte à notre société et au débat d'aujourd'hui en présentant cette motion. Je suis heureux d'en parler et de l'appuyer. C'est pour moi un sujet important, et je vais expliquer pourquoi.
Les changements climatiques ont eu de graves conséquences dans ma circonscription et partout en Colombie-Britannique. D'après les données scientifiques, nos hivers ne sont plus aussi froids qu'auparavant. Par conséquent, le dendroctone du pin a réussi à survivre aux mois d'hiver. Cet insecte s'est donc propagé davantage et a dévasté nos forêts. Cela a entraîné deux problèmes. Le premier est d'ordre économique. Dans l'ensemble de la Colombie-Britannique, y compris dans ma circonscription, nombre de scieries ont fermé leurs portes. Cela peut avoir des conséquences terribles pour les petites collectivités rurales. C'est tout simplement désastreux. Ces fermetures sont partiellement attribuables à un approvisionnement insuffisant en matière première. L'industrie du bois d'œuvre manque de matière première parce que le dendroctone du pin a tué trop d'arbres dans nos forêts. C'est un grave problème.
La combinaison de tout ce bois mort et de nos étés chauds constitue un baril de poudre alimentant les feux de forêt, ce qui pose un deuxième problème majeur. Il ne faut pas se leurrer. Que le feu de forêt soit provoqué par la foudre ou par l’activité humaine, ce bois mort produit des feux de forêt d’une ampleur encore jamais vue en Colombie-Britannique. Cela nuit non seulement au tourisme, mais aussi à la santé de la population. Les personnes souffrant de problèmes respiratoires éprouvent beaucoup de difficultés à cause de la fumée et des cendres. Il faut également tenir compte de la perte de maisons et de petites entreprises ainsi que du coût énorme de la lutte contre ces incendies. Tous ces éléments font partie d’un grave problème.
Mais le hic, c’est que la taxe sur le carbone est loin de régler le problème. Elle ne contribue en rien à améliorer la situation. Les libéraux aiment prétendre le contraire, mais après dix ans d’imposition de la taxe sur le carbone en Colombie-Britannique, la situation des feux de forêt ne fait que s’aggraver.
Oublions cette réalité un instant et voyons si la taxe sur le carbone a une autre utilité en Colombie-Britannique. Entre 2004 et 2008, les émissions totales de gaz à effet de serre dans cette province ont diminué. Il s'est produit parallèlement à peu près la même diminution à l'échelle nationale, et c'est principalement attribuable à l’effondrement de l’économie mondiale survenu vers la fin de cette période.
À l'été 2008, l'ancien premier ministre Gordon Campbell a mis en place la toute première taxe sur le carbone au Canada à l'approche de l'élection générale de 2009 en Colombie-Britannique. À l'époque, le NPD de la Colombie-Britannique s'opposait à la taxe sur le carbone.
Qu'est-il arrivé en Colombie-Britannique depuis l'introduction de la taxe sur le carbone à la fin de 2008? C'est une bonne question. Je suis désolé de l'apprendre aux libéraux, mais les émissions totales de gaz à effet de serre dans la province ont augmenté. Oui, elles ont augmenté. D'ailleurs, seulement depuis 2015, les émissions ont augmenté de 1,5 % en Colombie-Britannique. Je vais le répéter pour la ministre de l'Environnement. Depuis 2015, les émissions en Colombie-Britannique ont augmenté de 1,5 %, malgré l'existence d'une taxe sur le carbone. Autrement dit, la taxe sur le carbone ne fonctionne pas.
Nous avons également découvert autre chose, ce qu'on appelle la fuite de carbone. Qu'est-ce que la fuite de carbone? Je vais donner un exemple aux députés. En 2008, lorsque la taxe sur le carbone a été instaurée en Colombie-Britannique, pratiquement tout le ciment utilisé dans la province y était aussi produit. Eh bien, c'est normal. Le béton n'est pas ce qu'on pourrait appeler une marchandise légère et peu coûteuse à importer et à transporter d'un endroit à l'autre. Qu'est-il arrivé une fois que la taxe sur le carbone a été imposée au béton produit en Colombie-Britannique en 2008? Évidemment, il est devenu plus cher. En 2014, le béton produit en Colombie-Britannique représentait environ 65 % de tout le béton utilisé dans la province, parce qu'il était plus économique d'importer du béton d'autres endroits où il n'y a pas de taxe sur le carbone. C'est une perte de 35 % de la part du marché intérieur de la Colombie-Britannique.
Bien sûr, le gouvernement fédéral libéral est bien au courant de la situation. C'est pourquoi, en douce l'été dernier, les libéraux ont commencé à accorder des exemptions de la taxe sur le carbone à certains des plus importants pollueurs au pays. Par contre, le plan des libéraux ne comprend aucune exemption pour les petites entreprises ou, dans ma province, pour la famille type de la classe moyenne. D'ailleurs, en Colombie-Britannique, le NPD a fait de la taxe sur le carbone une ponction fiscale d'un milliard de dollars qui touche durement les familles et les petits entrepreneurs.
Paradoxalement, le gouvernement de la Colombie-Britannique intervient dans le litige concernant la taxe sur le carbone en faisant valoir que, si les autres provinces n’ont pas de taxe sur le carbone, la compétitivité de la Colombie-Britannique en souffrira. Évidemment, le même principe s’applique aussi au Canada: à l’international, nous essayons de concurrencer certains de nos principaux partenaires commerciaux qui n’ont pas de taxe sur le carbone.
Voici comment sont définies les fuites de carbone en Colombie-Britannique:
[...] des industries qui entrent en concurrence avec une industrie dans des pays où la tarification du carbone est faible ou inexistante. Si l’industrie perd sa part du marché au profit de concurrents qui créent plus de pollution, cela a une incidence sur notre économie et ne réduit pas les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
En somme, l’exemple de la Colombie-Britannique montre que, après 10 ans d’imposition, la taxe sur le carbone n’a rien fait pour prévenir les graves problèmes liés aux changements climatiques auxquels nous devons faire face en Colombie-Britannique. Pire encore, les faits montrent aussi qu’elle n’a rien fait pour réduire les émissions totales de gaz à effet de serre. En fait, les émissions ont même augmenté depuis l’établissement de la taxe sur le carbone en Colombie-Britannique. Cela rend la Colombie-Britannique moins concurrentielle, tout en laissant les grands pollueurs s’en tirer à bon compte. Essentiellement, le seul rôle que la taxe sur le carbone a joué en Colombie-Britannique, c’est de servir d’énorme ponction fiscale pour le gouvernement néo-démocrate.
J'aimerais présenter un autre fait sur le même sujet. Le projet de gaz naturel liquéfié de la Colombie-Britannique tant vanté par le gouvernement libéral — et qui, soit dit en passant, avait d'abord été approuvé par le gouvernement précédent —, bénéficie d'une exemption complète d'augmentation de la taxe sur le carbone. C'est d'ailleurs ce qui va permettre sa réalisation. Ce projet va faire augmenter les émissions de gaz à effet de serre en Colombie-Britannique. Franchement, les faits démontrent clairement que ce projet de gaz naturel liquéfié ne cadre pas du tout avec les objectifs environnementaux du gouvernement.
Si certains députés ne sont pas convaincus par les faits et les données probantes concernant la Colombie-Britannique, ils n'ont qu'à consulter le rapport publié la semaine dernière par le directeur parlementaire du budget. En effet, ce rapport indique très clairement que si le gouvernement libéral persiste dans la voie actuelle, il risque de rater complètement les cibles qu'il s'est lui-même fixées, à moins, évidemment, que son véritable objectif soit d'augmenter massivement le fardeau que représente la taxe sur le carbone pour les citoyens ordinaires. Je ne vois pas comment les choses pourraient être plus claires.
Le gouvernement libéral envoie des messages contradictoires à ce sujet. Les libéraux hausseront-ils considérablement — ou non — la taxe sur le carbone s'ils sont réélus? Leurs réponses ne sont pas claires.
Où cela nous mène-t-il? Nous nous retrouvons avec la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, qui ne fait qu'énoncer une évidence. La taxe sur le carbone est inefficace. Elle n'a toujours pas d'effet. Débarrassons-nous-en, alors, pour que nous puissions trouver d'autres façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons collectivement le devoir de réduire notre empreinte carbone. Nous ne pouvons pas rester là, les bras croisés, devant cette taxe inefficace et prétendre que nous agissons concrètement pour réduire les émissions. En réalité, nous ne faisons rien. Tout au plus, nous ne faisons qu'accorder encore plus d'exemptions aux grands pollueurs et aux grands projets, comme le projet de gaz naturel liquéfié de la Colombie-Britannique.
On peut prétendre que j'invente, mais c'est bel et bien la réalité. Pourquoi le gouvernement libéral a-t-il accordé un allégement de la taxe sur le carbone de 95,5 % aux centrales au charbon polluantes du Nouveau-Brunswick pour la production d'électricité? Y a-t-il quelqu'un qui pense vraiment qu'on peut réduire les émissions de gaz à effet de serre en subventionnant l'électricité produite à partir du charbon? C'est une vraie farce, mais nous nous sacrifierons nous-mêmes et nous hypothéquerons notre avenir si nous continuons de jouer la comédie.
Je me soucie des prochaines générations autant que les députés d'en face, alors finissons-en avec cette mascarade. Reconnaissons que la taxe sur le carbone est inefficace. Elle l'a été et elle continuera de l'être. Oui, elle fonctionne peut-être en théorie si tout le monde est sur la même longueur d'onde, mais les fuites de carbone prouvent que ce n'est pas le cas. Débarrassons-nous de cette taxe et unissons plutôt nos efforts en mettant en œuvre des moyens concrets de réduire nos émissions et notre empreinte carbone.
C'est pour tout cela que je vais voter en faveur de la motion, aujourd'hui. Je remercie encore une fois le député d'Abbotsford de tout ce qu'il fait dans ce dossier.