Monsieur le Président, que se passe-t-il lorsque le pouvoir entre en conflit avec le sexe? La réponse du gouvernement à cette question et à la mise au jour d'autres allégations de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles faites contre des acteurs politiques puissants a été de prévoir le débat sur le projet de loi C-65 cette semaine. Le projet de loi vise à imposer un nouveau cadre aux employeurs canadiens, y compris les députés, afin de prévenir le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles. J'ai l'impression que le projet de loi obtiendra beaucoup d'appui à la Chambre. Les mesures qu'il prévoit sont louables et il constitue un pas dans la bonne direction.
Aujourd'hui, mes collègues à la Chambre aborderont vraisemblablement les éléments du projet de loi qu'ils souhaitent qu'on clarifie et qu'on améliore lorsqu'il passera à l'étape du comité. Cela dit, la mesure législative en soi ne réglera pas tous les problèmes liés à la situation actuelle quant au harcèlement sexuel et au sexisme sur la Colline. Loin de moi l'idée de porter un coup à la mesure législative. Je lance plutôt un appel à l'action pour que nous examinions plus objectivement l'état actuel des choses sur la Colline et pour nous obliger à en faire davantage afin de changer la culture qui permet au harcèlement sexuel de survenir.
Commençons par une mise en contexte. Ottawa est une ville intense du Canada, car on y trouve une concentration de pouvoir. Les leaders des trois pouvoirs du gouvernement, les hauts fonctionnaires, les chefs militaires, le corps diplomatiques, la tribune de la presse parlementaire, les lobbyistes grassement payés, le personnel politique intelligent, la société civile et les chefs d'entreprise convergent tous vers un monde très restreint. Ils essaient tous d'accomplir de grandes choses. Beaucoup sont déterminés et ambitieux. Beaucoup sont hautement qualifiés dans leur domaine. Beaucoup occupent des postes d'influence privilégiés et beaucoup ont une très haute estime d'eux-mêmes. Ottawa est un environnement très tribal où l'information a un prix et où la partisanerie aveugle, où la conformité, la loyauté et l'acquiescement sont souvent des traits beaucoup plus recherchés que le jugement, la compassion ou le fait d'agir avec dignité.
Lorsqu'on ajoute à cette réalité des absences prolongées et fréquentes des conjoints; des jeunes loups naïfs par rapport à l'environnement et impatients de gravir les échelons ou de faire avancer une cause; des journalistes à la recherche d'une exclusivité; des gens qui veulent simplement faire leur travail sans être dérangés; et tout un tas de bourreaux de travail qui sont célibataires ou qui le deviendront bientôt, la question de définir ce qui constitue un comportement sexuel approprié devient cruciale. Ajoutons à tout cela de l'alcool pour composer avec cette réalité, pour s'intégrer, ou encore comme excuse.
De plus, notre situation à tous est précaire. À chaque élection, à chaque remaniement du Cabinet, ce sont de nouveaux visages qui arrivent. Élément plus important encore, cette précarité tient du fait que nous dépendons du bon plaisir de nos patrons, sans la protection du Code canadien du travail. À un moment ou à un autre, tout le monde ici a à évaluer ce qu'il lui en coûterait de déposer une plainte ou de ne pas acquiescer à quelque chose, à peser les risques d'être remercié discrètement, de ne pas figurer sur la liste des candidats à une promotion, de perdre sa place, qu'un autre candidat se présente contre nous en douce ou qu'on omette complètement de signer nos déclarations de candidature. Ce genre de chose ne s'applique pas à un seul parti politique et le milieu de la presse n'en est pas exempt non plus.
Dire que le rapport de force est inégal serait un euphémisme. Qui plus est, malgré tout ce qu'on dit sur le féminisme et les droits de la femme, il n'y a pas d'égalité hommes-femmes sur la Colline du Parlement. On utilise encore les femmes pour bien paraître sur les photos, pouvoir présenter des chiffres positifs ou faire bonne impression, sans leur donner le pouvoir décisionnel qui devrait aller avec leur supposée fonction. Pour l'obtenir, les femmes doivent se battre, farouchement, et accepter d'être accusée de ne pas avoir l'esprit d'équipe ou d'être une — insulte au choix — lorsqu'elles le font. Cela, ce n'est que pour celles d'entre nous qui ont la chance de s'être créé une plateforme et un profil qui nous permettent de le faire parce que les plus puissants risqueraient d'y laisser des plumes s'ils essayaient de nous empêcher de parler.
On touche encore les femmes: une main sur les cheveux, sur l'épaule, une étreinte ou un baiser sur la joue qui dure un peu trop longtemps. Histoire de nous intégrer, nous continuons de rire aux blagues grivoises et allons même parfois jusqu'à en raconter une nous-mêmes pour faire en sorte qu'on ne craigne pas de nous côtoyer et d'être acceptées.
De plus, les femmes qui osent parler de harcèlement sont accusées d'haïr les hommes. Leurs préférences sexuelles sont remises en question, et on suppose que celles-ci seraient la cause de leurs problèmes. Elles sont victimisées encore et encore. Ces stratégies sont employées pour les contrôler, les diminuer et les faire taire.
Ensuite, il y a ceux qui disent: « Pourquoi est-ce que vous ne vous défendez pas, tout simplement? » Ce matin, mon ancienne collègue Megan Leslie m'a raconté quelque chose qui lui est arrivé alors qu'elle participait à un événement: un homme plus âgé qu'elle l'a attirée près de lui et a raconté une histoire aux gens qui se tenaient autour, tout en la tenant par la taille. Un journaliste lui a demandé comment elle avait pu lui permettre de faire cela. Elle a répondu: « Il y avait quatre autres hommes présents. Pourquoi ont-ils gardé le silence? » Voilà le problème. Nous sommes si nombreux à agir comme de simples spectateurs devant des actes de harcèlement, à laisser la femme, comme l'a dit Megan, « se dégager en riant ou en blaguant, pour ensuite pleurer toute seule en rentrant chez elle ».
Cela m'amène aux changements que nous devons effectuer pour aller de l'avant.
D'abord, nous ne pouvons pas demeurer de simples spectateurs. Nous devrions tous exiger que le Parlement adopte une définition claire du harcèlement sexuel, des limites du milieu de travail et du consentement dans le milieu de travail. Ensuite, nous devrions tous — c'est-à-dire les stagiaires, les bénévoles, les députés, les ministres, le personnel, bref tout le monde — être tenus de suivre une formation obligatoire sur la prévention du harcèlement sexuel et la signification du consentement sexuel. Au minimum, il devrait être obligatoire de suivre cette formation une fois l'an.
Les femmes qui travaillent ici doivent faire front commun, peu importe leur allégeance politique. Elles doivent se soutenir mutuellement lorsque des allégations sont formulées et exiger que les dirigeants prennent des mesures relativement à ces allégations. Les hommes doivent dénoncer leurs pairs lorsqu'un incident de harcèlement survient. Les députés doivent faire comprendre à leur personnel qu'il peut et devrait s'exprimer.
Le système de rumeurs et de chuchotements dont nous nous servons pour communiquer ce que nous avons vu ou entendu ne peut plus être considéré comme le principal moyen de gérer les incidents de harcèlement. Il s'agit d'un système privilégié qui ne protège aucunement les victimes, qui ne leur donne pas les moyens de signaler les abus et qui ne prévient pas la violence et le dépôt de plaintes vexatoires.
Deuxièmement, nous devons dissiper les mythes sur les rapports sexuels consensuels. Peut-on dire qu'une employée en état d'ébriété a consenti à avoir une relation sexuelle avec un supérieur hiérarchique qui s'est montré insistant? Dans tous les codes de conduite en milieu de travail, la réponse devrait être un non sans équivoque.
Aujourd'hui, on a entendu dire qu'à un moment critique, dans mon parti, ce sujet a été débattu, et ce qui est arrivé est dégoûtant. Lors de cet incident, selon les médias, des gens discutaient dans un groupe de très haut niveau et se querellaient sur les mots pour déterminer si des mesures devaient être prises dans notre milieu de travail dans un cas où des accusations au criminel n'avaient pas été portées. Ces gens devraient avoir honte et ils ne devraient exercer aucune fonction et n'avoir aucune influence dans ce parti politique ou dans n'importe quel autre, ce qui m'amène à mon point suivant.
Pour la femme concernée, il n'existait aucun moyen de porter officiellement plainte. Pensons un instant à la décision qu'elle a dû prendre, mettant dans la balance sa sécurité d'emploi dans le contexte d'une plainte, dans le cadre d'un processus mal défini contre une personne dans un milieu constamment sous la loupe des médias. Une plainte de cette nature aurait dû suffire à amener un changement.
La plupart des allégations récentes concernent des hommes d'un certain âge qui auraient agressé des jeunes femmes. Dans ces situations, l'une des personnes a souvent plus de pouvoir que l'autre du fait de son âge et de son expérience professionnelle. J'invite les députés à se mettre à la place d'une jeune femme pendant un instant. Elle fait ses premiers pas dans ce qui sera, elle l'espère, sa nouvelle carrière, et elle se voit confrontée à des décisions qu'elle n'avait jamais imaginées: devrait-elle se taire afin de protéger son emploi? Est-ce que cela pourrait nuire à sa carrière, ou l'aider? Si elle en parle à quelqu'un, sera-t-elle bannie à tout jamais du monde politique? Et la ronde incessante des questions se poursuit. Il s'agit d'un choix impossible, auquel personne ne devrait être confronté.
Quand ces terribles situations surviennent, nous devrions penser avant tout à la justice, à la sécurité et à la dignité des personnes, et non à la gestion efficace des crises politiques. C'est pourquoi il faut faire connaître le nouveau réseau de soutien qui a été établi afin que les employés de la Colline qui subissent du harcèlement puissent le signaler et chercher justice sans crainte de représailles.
Il s'agit d'offrir un processus équitable à toutes les parties impliquées dans ces incidents et de parvenir à une solution finale qui permet de dénoncer tout incident comme il se doit. Ce système devrait faire l'objet d'un examen pour en vérifier l'efficacité et l'améliorer au fil du temps. Il faudrait également surveiller le système pour s'assurer qu'il est à l'abri de l'ingérence de la part d'un parti politique, qu'il demeure impartial et que les mesures et les résultats escomptés sont établis de façon transparente.
Même si l'initiative est fort louable, je ne crois pas que ce système sera suffisant. Les partis politiques devraient aussi adopter un code de conduite et un processus de reddition de comptes officiels à l'égard de ce qu'ils considèrent comme un comportement approprié lorsqu'il est question de sexualité, de harcèlement sexuel et de consentement. Tous les candidats et les membres du personnel politique devaient être tenus d'adhérer à ce code avant de pouvoir se porter candidat ou travailler pour un parti.
Il devrait y avoir des conséquences pour ceux qui violent ce code. J'irais jusqu'à dire que cette mesure ne devrait pas être volontaire et qu'un parti politique ne devrait pas être reconnu officiellement s'il n'a pas adopté un code de cette nature. Jumelée au processus déjà en place sur la Colline, l'adoption d'un tel système au sein de chaque parti politique permettrait d'exercer un contrôle pour s'assurer que des normes rigoureuses sont établies et suivies. Il serait probablement utile d'adopter une telle initiative à l'égard des accréditations fournies aux journalistes de la tribune de la presse parlementaire.
La mise en place de systèmes de reddition de comptes et de codes de conduite devrait donner aux gens l'assurance qu'ils ont le droit de se défendre et de dénoncer le harcèlement lorsqu'il se produit, peu importe les circonstances. S'il nous est impossible de le faire, nous devrions tous avoir l'assurance que les systèmes en place nous permettront de faire part de nos préoccupations et d'obtenir de l'aide pour résoudre les problèmes sans craindre des représailles.
Dans le cadre de l'élaboration de ces codes de conduite, les acteurs politiques ne devraient pas hésiter à s'attaquer au tabou entourant les questions suivantes, en plus d'imposer une conversation non dogmatique sur celles-ci. Un subordonné direct ou un employé en général peut-il donner librement à son patron ou à quelqu'un en position de pouvoir son consentement à un acte sexuel? Le même type de question se pose entre un journaliste et une source, entre un lobbyiste et un client ou un ministre, ou encore entre un diplomate et un sous-ministre. Les relations sexuelles devraient-elles être permises dans ces situations? Comment peut-on distinguer les cas où une personne influente utilise des insinuations ou des avances sexuelles pour réduire au silence ou rabaisser quelqu'un de ceux où elle cherche légitimement à développer une relation intime? Y a-t-il une différence? Devrions-nous même en discuter?
Troisièmement, nous devons cesser de remplir la période des questions d'envolées partisanes sur des cas de sexisme et de harcèlement. Chaque fois qu'une femme prend la parole pour affirmer que son parti est plus vertueux qu'un autre, nous abaissons la barre. Nous devons tous faire preuve de jugement pour créer une culture qui rendra un jour une telle approche inutile.
Voilà où l'électorat entre en jeu. Nous devons collectivement défendre des principes directeurs en matière de sexe et de pouvoir, et faire en sorte que les élus adoptent les mêmes. L'électorat doit aussi condamner sans exception ces types d'incidents.
Il faut notamment reconnaître que nous avons tous le droit à notre propre vie sexuelle. Au Canada, la loi nous reconnaît le droit de choisir la personne avec qui nous exprimons notre sexualité, ainsi que la façon et le moment dont nous l'exprimons. Ce droit ne nous autorise en aucune façon à priver quelqu'un de sa dignité ou à agir contre son gré. Au contraire, cette personne peut refuser en tout temps son consentement, et les activités non consensuelles ainsi que les agressions ne sont jamais permises. En outre, ce n'est pas parce que certains comportements sexuels ne sont pas illégaux qu'ils sont acceptables dans un contexte professionnel.
Il faut donc adopter un code de conduite. Il faut se demander constamment s'il est acceptable de faire des avances à quelqu'un et, avant d'agir, s'interroger sur la justesse du moyen employé. Il faut que la personne consente d'abord et avant tout aux avances. Il faut savoir accepter les refus avec dignité, respect et amour. Les refus ne doivent pas être vus comme un simple défi à relever, c'est-à-dire comme une invitation à recommencer.
À l'inverse, il faut bien comprendre que les activités sexuelles consensuelles ne nous dispensent pas de tenir compte des conséquences sociales, psychologiques, physiques ou financières qu'elles pourraient avoir. Si une personne regrette d'avoir consenti à certains rapports sexuels qui ne dérogent ni à la loi ni aux codes de conduite établis, cela ne l'autorise pas à porter plainte pour harcèlement ou agression. Cette situation ne devrait permettre à personne de déposer des plaintes abusives, qui affaiblissent la crédibilité des autres survivants, engorgent le système de traitement des plaintes et détruisent indûment la réputation d'autrui.
Voilà qui montre encore à quel point il est important d'adopter des codes de conduite efficaces qui définissent clairement ce que sont le harcèlement et le consentement, et des mécanismes de signalement qui garantissent un processus juste, équitable et non partisan et qui prévoient des sanctions claires et mesurables correspondant à la gravité de l'acte commis. Il existe déjà de nombreux modèles de codes de pratique de ce genre dans les entreprises canadiennes et la société civile. Qu'on n'en soit encore qu'au début de nos démarches en ce sens montre à quel point le rapport de force est déséquilibré sur la Colline du Parlement.
Je trouve incroyable que nous ayons cette conversation. Je n'arrive vraiment pas à le croire. Au cours des six dernières années de ma carrière, il m'est arrivé si souvent de recevoir des demandes de la part des médias concernant un cas de conduite indécente, où on me demande quel parti est le parangon de vertu dans l'affaire ou mon opinion concernant le sexisme ambiant, que j'en viens à me demander pourquoi on ne s'adresse qu'à moi sur cette question. Pourquoi suis-je devenue tout à coup la figure de proue de cette lutte? Pourquoi chacune de mes collègues et la ministre du Travail doivent-elles aborder ce sujet alors qu'il y en a tant d'autres et qu'il s'agit tout simplement de traiter ses semblables avec décence?
Voilà que nous consacrons la première journée de la reprise à cette question. Certes, il s'agit d'un débat important, et je ne cherche pas à le diminuer, mais le fait que nous devions légiférer en la matière m'empêche de traiter d'autres dossiers, comme l'économie et les affaires étrangères.
Il est abject que certains se croient en droit d'abuser de leur pouvoir pour mal se conduire, bafouer la dignité des autres et les réduire au silence. Il est odieux que certains pensent d'abord et avant tout en termes de gestion de problèmes quand il est question des femmes.
Je ne veux pas axer la discussion sur la dynamique entre les sexes, car cela détournerait complètement le débat. Le fait qu'on se sente incapable de dénoncer des abus et qu'on se pense obligé de les endurer au travail montre que nous n'avons pas réussi à établir l'égalité entre les sexes et à instaurer un certain idéal féministe. Le comble, c'est que nous avons l'avantage de posséder des droits qui ne sont pas acquis partout dans le monde. Je ne peux pas m'imaginer une ancienne esclave sexuelle yézidie, par exemple, assister à l'actuel débat et se dire « Ma parole, sont-ils vraiment en train de discuter de cela? »
Ce projet de loi ne suffit pas. C'est un bon pas dans la bonne direction, mais on ne peut pas légiférer contre les mauvais comportements. On ne peut pas légiférer contre une personne qui choisit de profiter de son influence ou d'un déséquilibre des forces pour porter préjudice à une autre. Qu'on en dise ce qu'on voudra, on doit probablement mettre en place des codes de conduite plus sévères. Cela ne doit pas non plus ne se limiter qu'aux partis politiques à la Chambre. On sait tous que le mouvement #MoiAussi va gagner la tribune de la presse, la communauté des lobbyistes et le corps diplomatique. On a tous été témoins de ce genre de choses ici à la Chambre. Si l'on continue d'éviter la discussion difficile qui s'impose et de la juger taboue, on ne pourra pas régler ce problème et on continuera de débattre de tout le reste des choses qui doivent changer pendant encore des années. J'en ai assez. Je ne veux pas avoir à nouveau cette conversation à la Chambre. Je ne veux pas qu'une autre femme ait à venir dans mon bureau pour me parler de ce genre de choses. Il faut que cela cesse immédiatement. Il incombe à chaque personne ici et à chaque personne qui nous écoute de prendre la responsabilité à titre personnel de faire primer la dignité et les droits de la personne sur l'abus ou le désir sexuel.
Pour revenir au projet de loi C- 65, le Parti conservateur appuie ce projet de loi et s'engage à l'analyser attentivement afin de suggérer des améliorations, le cas échéant. L'inconduite sexuelle et le harcèlement sexuel n'ont pas leur place dans la société canadienne, tout particulièrement au sein de notre système politique. Les conservateurs veulent faire en sorte que le gouvernement mette l'accent sur l'aide aux victimes, comme il a promis de le faire. Par exemple, des préoccupations ont été soulevées en ce qui concerne la médiation comme moyen pour résoudre les plaintes de harcèlement. Le gouvernement doit être clair quant aux répercussions du projet de loi sur des questions comme celle-là. Nous voulons que le gouvernement s'exprime clairement sur les questions relatives au financement. Par exemple, quel sera le budget affecté par le gouvernement à la campagne de sensibilisation au harcèlement sexuel? Nous voulons que la campagne de sensibilisation soit efficace et nous voulons savoir combien de fonds y seront affectés et comment ces fonds seront dépensés.
Je suis certaine que le projet de loi sera vivement débattu au comité et que de nombreux experts se prononceront sur les raisons pour lesquelles ce projet de loi est si important ou ne remédie pas à toutes les lacunes relevées. Au bout du compte, toutefois, ce qui ne fera pas l'objet de discussions au comité — et je suis convaincue que nous en reparlerons —, c'est la responsabilité qui nous incombe à tous de cesser d'agir comme des spectateurs, de cesser les chuchotements, de rendre compte de nos actes et d'intervenir lorsque nous constatons que des collègues ou d'autres personnes ont des comportements répréhensibles. Cela signifie qu'il faut donner des moyens aux membres de notre personnel, leur faire savoir qu'ils peuvent compter sur nous et qu'ils n'ont pas à tolérer ce genre de situation. Cela signifie qu'il faut changer de manière fondamentale la culture qui règne sur la Colline. Cela signifie que les organisateurs du dîner La politique et l'écrit, du dîner de la Tribune de la presse parlementaire et du circuit des réceptions doivent tous tenir compte du fait qu'il s'agit d'endroits propices pour ce genre d'incidents et aussi que nous devons retirer d'un coup sec le pansement. Nous devons cesser de prétendre que ce projet de loi corrigera comme par magie les mauvais comportements.
Mr. Speaker, what happens when power collides with sex? The government's response to this question and to more sexual harassment and assault allegations against politically powerful people coming to light was to schedule Bill C-65 for debate this week. The bill seeks to impose a new framework on Canadian employers, including members of Parliament, to prevent sexual harassment and assault. I suspect the bill will garner a large amount of support in the House. Its measures are laudable and it is a positive step in the right direction.
My colleagues in this place today will likely bring up aspects of the bill that they hope to see clarified and improved upon when the bill moves to the committee stage. That said, this measure, in and of itself, will not correct all the issues associated with the current state of affairs of sexual harassment and sexism on the Hill. This is not meant to be a knock against the legislation, but rather a call to action to have a more honest look at our current state of affairs on the Hill and to place an onus on all of us to do more to change the culture that allows sexual harassment to occur.
Let me set the scene. In Ottawa, in the sense of it being a nexus of power in Canada, it is an intense place. Leaders in all three branches of government, senior public servants, military leaders, the diplomatic corps, the Parliamentary Press Gallery, highly paid lobbyists, smart political staff, civil society, and business leaders all converge in one tightly confined space. They are all trying to accomplish big things. Many are assertive and ambitious. Many are highly skilled at their crafts. Many hold privileged positions of influence, and many think very highly of themselves. It is a highly tribal environment where information is a commodity and blind partisanship, conformity, loyalty, and acquiescence are often traits significantly valued above judgment, compassion, or acting with dignity.
When this context is taken and combined with prolonged or frequent absence from spouses, young guns who are both naive to the context and hungry to advance a career or a cause, journos that are chasing a scoop, people who just want to work and be left alone, and a whole bunch of workaholics who are single, or well on their way to getting there, the issue of what constitutes appropriate sexual behaviour becomes critical. Then, mix in alcohol. It is used to cope, to fit in, and as an excuse.
Further, all of us here are in precarious positions. Every time there is an election or a cabinet shuffle, everyone, all the people here, change. More importantly, this precariousness is rooted in the fact that we exist at the pleasure of our bosses, outside of the Canada Labour Code. At any moment, everyone here weighs the opportunity cost of making a complaint or committing an non-acquiescent action with the threat of quiet dismissal, being overlooked for a promotion, being shuffled out of a spot, having a nomination candidate quietly run against us, or not having our nomination papers signed at all. This is not unique to any political party, nor is the press corps immune to this either.
To say that there is a power imbalance here is an understatement. Further, for all the talk of feminism and pursual of women's rights, there is not gender equality in the broader context of Parliament Hill. Women are still used as photo-op props, included for quotas or optics without having the authority of real decision-making automatically attached to their perceived utility. For that, women have to fight, and fight hard, and put up with being accused of not being a team player, or being an “insert choice of gender expletive here” when they do. That is only for those of us who are lucky enough to have built a platform and a profile that allows us to do that without those in the top tiers of power having to take a bit of damage in order to suppress our voices.
Women are still touched. Our hair is still stroked. Our shoulders are still rubbed. We are still given hugs and cheek kisses that linger a bit too long. To fit in, we still laugh at the lewd jokes, and maybe even tell one ourselves to be considered safe to socialize with and to be considered “one of the boys”.
Further, those who dare to raise issues of harassment are labelled as man-haters. Their sexual proclivities are questioned. Speculation abounds as to whether their sexual proclivities were even the cause of their experience. They are re-victimized over and over again. These things are used to control us, to demean us, and to silence us.
Then there are those who say, “Why don't you just stand up for yourself?” This morning, my former colleague, Megan Leslie recounted a story to me about being at an event where a senior male pulled her close to him and told a story to a group while holding her around the waist. She was asked by a reporter how she could have let this happen. She responded by saying, “There were four other men there. Why did they stay silent?” That is the problem. So many of us are bystanders to harassment, leaving a woman to, in Megan's words, “extract yourself with a laugh and some good-natured ribbing, then silently cry to yourself on your way home”.
This takes me to what we need to do to change and move forward.
First, we cannot be bystanders any longer. All of us should demand that Parliament adopt a clear definition of sexual harassment, what the workplace extends to, and what consent means in the context of our workplace. Then all of us, interns, volunteers, MPs, ministers, staff, everyone, should be required to take mandatory training on how to prevent sexual harassment and also education on what sexual consent means. This training should be required to be completed on an ongoing annual basis, at a minimum.
Women here need to stand together regardless of political stripe, support each other as these claims occur, and demand that our leadership take action when they occur. Men need to call out their peers when harassment happens. MPs need to let their staff know that they have voices and that they should use them.
Using the whisper network, the gossip chain that we use to tell each other when we see something or hear something, can no longer be seen as the main way to manage incidents of harassment. It is a privileged system that does nothing to protect victims, nothing to empower them to come forward to report abuse, nothing to prevent violence, and nothing to prevent vexatious complaints from being made.
Second, we need to dispel the myths of what consensual sex means in this environment. Is it possible for a drunk staffer to give consent for sex to a senior male within their workplace organization who aggressively propositions that staffer? Within any standard workplace code of conduct, the answer to that should be unequivocally no.
Today there was a report that at one critical point within my party this was a topic for debate, and that is disgusting. In that incident, media reports say that people sat around a very senior table and argued semantics around whether action in our workplace should be taken because criminal charges were not proceeded with. Those people should be ashamed of themselves and they should have no role or influence in this or in any political party, which brings me to the next point.
For the woman at the centre of this issue there was no process for anyone to file a “formal” complaint. Think about her decision-making process for a minute, weighing job security in the context of making a complaint in an ill-defined process against someone in an environment with high media scrutiny. A raised complaint like this should have been enough to effect some sort of change.
The trend in most of the allegations that have surfaced recently is that of older men preying on younger women. Age and level of experience works as another dynamic of power that is often at play. I would ask members to try to put themselves in their shoes for a moment. A person thinks she has finally gotten her foot in the door of what she hopes to be her new career only to be met with decisions she never thought she would have to make. Does she keep quiet to save her job? Will this hurt or help her career? If she tells someone, will she ever get to work in politics again? On and on it goes. It is an impossible choice that no one should have to make.
In these terrible situations we should be managing to justice, safety, and dignity, not to successful political issues management. This is why we need to build awareness of the new support system that has been put in place to allow Hill employees who experience harassment to report and seek some form of justice without fear of reprisal.
The aim here is to afford all parties involved in these incidents due process and to drive toward an end solution that appropriately responds with censure to any incident. This system should be reviewed for efficacy and improved over time. In doing so, it should be monitored to ensure that it stays arm's length from any political party influence, remains impartial, and is transparently scoped in its operation and desired outcome.
While it is very laudable, I do not think that this system will be enough. Political parties should also adopt formal codes of conduct and reporting processes regarding what they deem appropriate behaviour when it comes to sex, sexual harassment, and consent. All candidates and political staffers should be required to sign off and adhere to this code prior to being allowed to run or work for a party.
There should be consequences for breaking this code. I would go as far as saying that this should not be voluntary, that a political party should not be recognized with official party status unless it has one of these codes on its books. Having a system like this within each political party, in addition to the process that exists on the Hill, would serve as a check and balance to ensure high standards are set and followed. It would probably be helpful if the Parliamentary Press Gallery did the same thing before credentialing its reporters.
Reporting systems and codes of conduct should enable people to know that, regardless of any other factor, they have the right to speak up for themselves and to call out harassment in the moment. We should all be able to walk confident in the fact that, if that is not possible, systems exist so that we can report concerns and get assistance in dealing with those concerns without fear of reprisal.
In the development of these codes of conduct, political actors should ensure that they do not shy away from stripping the taboo from the following questions, and should force a non-dogmatic conversation on the same: Can a direct report employee or an employee writ large truly give consent to a sexual act to their boss or to someone of a higher power influence? It is the same question, but for a reporter to a source, a lobbyist to a client or a minister, or a diplomat to a deputy minister: Should sexual relations be permissible in these situations at all? How can someone tell when a person of influence is using sexual advances or innuendo to silence or demean them as opposed to when someone legitimately wants to explore the possibility of an intimate liaison? Is there a difference, and should we even be having this conversation to begin with?
Third, we need to stop making incidents of sexism and harassment partisan question period fodder. Every time a woman gets up and pretends that her party is more virtuous than the other we set the bar back. We all need to use some judgment to create a culture that would eventually render the necessity of such a system moot.
This is where the electorate comes in. We need to collectively value guiding principles when it comes to sex and power, and ensure that the people we elect reflect the same. The electorate needs to have a zero tolerance policy as well for these types of incidents.
These principles include a recognition that we all have the right to our own sexual agency. In Canada, we have the legal right to control how and when we express our sexuality, and with whom. However, this does not mean acting in a way that removes someone else's dignity, or failing to obtain consent. Rather, it is understanding that consent can be withdrawn at any point, and that at no point is non-consensual activity legal nor is assault legal. While a certain sexual encounter might not be illegal, it does not make it right in the context of a workplace.
In practice, this means adhering to codes of conduct. It means constantly asking oneself about whether it is right to proposition someone, and question the appropriateness of the method by which it is done prior to doing so. It means seeking consent for this type of attention in and of itself. It means accepting rebukes with grace, deep respect, and love. It means accepting rebukes not with a way of seeing it as a challenge to try again.
Conversely, we need to show an understanding that consensual sexual activity does not absolve us of the societal, emotional, physical health, or financial consequences that might occur when engaging in consensual sexual behaviour. Regret for a consensual sexual liaison that occurs within the boundaries of legality and established codes of conduct does not constitute harassment or assault, and should not be used to make vexatious complaints that diminish the legitimacy of other survivors, backlog complaint systems, and unduly destroy the reputation of others.
This is yet another point that underscores the need to have functional codes of conduct with clear definitions of harassment and consent, clear reporting systems that undertake due process free of partisanship, with clear and measurable consequences that fit the severity of the incident. There are many models of best practice for these types of codes of practice in corporate Canada and in civil society. The fact that we are only starting to implement them shows how deeply entrenched the power imbalance on the Hill has been.
I cannot believe that we are having this conversation; I really cannot. Given the number of times in my career in the last six years that the number one media request in my inbox has been about someone committing some sort of indecency, or somebody trying to get a partisan comment on which party is more virtuous in terms of this, or how I feel about sexism, I am starting to say, why does just my voice have to be used on this? Why all of a sudden am I the key issue bearer? Why does every single one of my colleagues and the minister of labour have to stand up and talk about this when there are so many other issues? This should be common sense decency that we treat each other with.
We are spending the first day back on this issue. It is an important debate and I am not trying to diminish it; however, that we have to legislate this behaviour actually takes my voice away. It takes away my ability to talk about the economy or foreign affairs, or any other issue today.
The fact that there are people who feel it is within their purview to act badly, to use their power imbalance to silence and demean others is disgusting. The fact that there are people today who still look at women and the first thing they think of is political issues management is disgusting.
I do not want to make this a gender or heterosexual conversation because that would be completely misconstruing the context here. The fact that people feel they cannot report abuse or that they have to work and live with abuse says that we have not achieved gender equality, that we have not achieved some sort of utopia on feminism. Worst of all, we are sitting here with the privilege of having certain rights that other people in the world do not. I cannot imagine some woman, for example, a Yazidi sex slave survivor, watching this debate and saying, “Oh my God, are they really talking about this?”
This bill is not enough. It is a good step in the right direction, but we cannot legislate against bad behaviour. We cannot legislate against someone choosing to use their influence or power imbalance to diminish someone else. At the end of the day, we probably have to have more severe codes of conduct. It cannot just be within political parties here either. We all know that the #MeToo movement is going to head up to the press gallery, the lobbyist community, and the diplomatic corps. We have all sat here and watched these things happen. If we do not have that more difficult conversation, if we do not strip away the taboo from doing this, we are not going to fix this problem and we will be here for more years talking about what else needs to change, and I am tired of it. I do not want to sit in this place and have this conversation again. I do not want another woman coming into my office on this. This needs to stop and it needs to stop now. It is the job of every person here and every person who is listening to take on that personal responsibility of putting dignity and human rights ahead of abuse or sexual desire.
Returning to Bill C-65, the Conservative Party supports this bill and will commit to carefully analyzing it in order to provide suggestions on areas where there needs to be improvement. Sexual misconduct and sexual harassment have no place in Canadian society, especially within our political system. As Conservatives, we want to ensure that the government focuses on supporting victims, as it has pledged to do. For example, there is a concern about the option of mediation as an avenue to solve harassment complaints. The government needs to be clear about the implications of the bill in such areas of concern. We want the government to be clear on questions of funding. For example, what will the budget be on the government's campaign to raise awareness on sexual harassment? We want an effective awareness campaign and we need to know how much and where we will spend this money.
I am sure this bill will be vigorously debated at committee. I am sure many experts will come forward to talk about why this bill is important or how it does not address all the gaps. But at the end of the day, what is not going to be discussed at committee, and I am sure we will talk about this again, is the individual responsibility of all us to stop being bystanders, to stop the whisper network, to be accountable for our actions, and when we see our colleagues or someone else behaving badly, to intervene. It means that we empower our staff, that we have their backs, that they do not have to put up with this garbage anymore. It means fundamentally changing the culture on the Hill. It means the organizers of Politics and the Pen, the parliamentary press gallery dinner, and the cocktail circuit all understand that this is the breeding ground for where this stuff happens and we need to rip the band-aid off of it. We need to stop pretending that somehow this legislation is going to magically fix bad behaviour.