Monsieur le Président, cela me fait plaisir de me lever de nouveau aujourd'hui à la Chambre pour m'exprimer sur le budget de 2017.
De plus en plus de citoyens me parlent des belles promesses faites durant les campagnes électorales et de l'enchaînement des déceptions et autres désillusions qui suivent lorsque le parti élu forme le gouvernement. Voilà ce que j'entends à propos des libéraux depuis plus d'un an et demi. Le budget de 2017 ne fait pas exception à cette règle, et nombreux sont les secteurs dans lesquels l'investissement est insuffisant, voire inexistant.
Comment ce gouvernement peut-il justifier aux six chômeurs sur dix qui n'ont pas accès aux prestations de l'assurance-emploi qu'il ne compte faire aucun investissement pour en améliorer l'accès? L'absence d'accès à ces prestations prive bon nombre de travailleurs et de travailleuses des ressources dont ils ont besoin pour survivre.
Le gouvernement ne cesse de nous répéter qu'il crée des emplois, mais on ne peut accepter de laisser celles et ceux qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins sans assistance. L'assurance-emploi est subventionnée par les cotisations des employés et des employeurs et elle doit servir à aider ceux qui en ont besoin quand ils en ont besoin.
Le système de l'assurance-emploi doit être modifié pour permettre aux 60 % des laissés-pour-compte d'avoir accès à ces prestations. Nombre d'entre eux enchaînent les emplois précaires, et c'est la raison pour laquelle ils ne peuvent avoir accès à ces prestations. C'est notamment le cas des travailleurs saisonniers, et je me permets de rappeler encore une fois à ce gouvernement qu'au moins 15 000 personnes sont dans cette situation chaque année, dont près de 40 % sont Québécois. C'est aussi le cas des jeunes, car 40 % des emplois exercés par les gens de 18 à 34 ans sont des emplois précaires.
Comment nos PME peuvent-elles créer de bons emplois lorsqu'elles ne possèdent pas les infrastructures adéquates? L'accès à Internet est un enjeu fondamental pour toutes les personnes et les entreprises établies dans les zones rurales. Pourtant, nulle part dans le budget le gouvernement n'annonce de nouveaux investissements pour permettre aux municipalités rurales d'avoir accès à un service Internet à haute vitesse.
Dans la circonscription de Saint-Hyacinthe—Bagot, que je représente, nous faisons partie de ceux qui sont laissés à l'écart d'Internet à haute vitesse. C'est un handicap pour notre population, en particulier pour nos PME. Je me suis engagée à apporter la fibre optique dans toute la circonscription, et je continuerai à me battre pour cela. Le gouvernement doit investir dans les infrastructures publiques pour rendre les nouvelles technologies accessibles à tous et partout.
Puisqu'on parle de PME, les microbrasseries et les petits producteurs de vin représentent une part vitale de notre économie. Les PME créent 80 % des bons emplois. L'augmentation de la taxe d'accise créerait des charges supplémentaires pour les microbrasseries et les petits producteurs de vin. Les brasseries paient les mêmes droits d'accise sur chaque litre de bière au gouvernement fédéral, sans égard au volume, et cette mesure est inéquitable pour les microbrasseries qui ne peuvent concurrencer les géants de l'industrie brassicole.
Le gouvernement fédéral devrait plutôt aider les microbrasseries, les microdistilleries et les vignerons à faire valoir leurs produits sur le marché. Il doit supprimer l'augmentation de la taxe d'accise pour les microbrasseries et les petits producteurs de vin.
Ce gouvernement ne cesse de répéter qu'il veut aider la classe moyenne qui travaille fort. Là encore, les libéraux font le grand écart entre leurs paroles et leurs actes. Les coûts des services de garde ont augmenté de plus de 8 % au cours des deux dernières années. Cette classe moyenne forte que le gouvernement veut bâtir paie des frais très importants pour la garde de ses enfants, alors que le budget ne prévoit pas un sou supplémentaire pour créer de nouvelles places en garderie cette année et que les montants prévus pour l'avenir sont largement inadaptés aux besoins des parents.
En campagne électorale, les libéraux ont critiqué le plan des néo-démocrates, affirmant qu'il était trop lent. Pourtant, notre plan prévoyait plus d'argent pour la première année que ce que le gouvernement prévoit investir lors de la cinquième année. Certaines familles paient jusqu'à 1 600 $ par mois par enfant pour la garderie. Même si on travaille fort, c'est un grand trou dans le budget de son ménage.
Les libéraux suppriment également le crédit d'impôt pour le transport en commun qui permettait à beaucoup de personnes d'économiser jusqu'à 200 $ par année. Les familles attendent que ce gouvernement agisse pour elles, mais celui-ci préfère manifestement faire un cadeau de 725 millions de dollars par an aux PDG les plus riches du Canada. Serait-ce là la vision de la construction d'une classe moyenne forte par les libéraux?
Dans la longue liste de celles et ceux qui ont été floués, il nous faut ajouter les producteurs laitiers. Le gouvernement avait promis, en novembre dernier, d'investir 350 millions de dollars pour aider les producteurs laitiers à faire face aux répercussions de l'Accord économique et commercial global signé avec l'Union européenne, mais aucune ligne du budget ne prévoit un tel investissement. À l'image de beaucoup de promesses des libéraux, il semble s'être envolé. Beaucoup de producteurs laitiers de la circonscription de Saint-Hyacinthe—Bagot et d'ailleurs, au Québec comme au Canada, attendaient un soutien de la part du gouvernement fédéral. Il serait temps d'avoir un gouvernement qui protège nos producteurs et leur vienne réellement en aide.
Les citoyens ne semblent pas pouvoir compter non plus sur ce gouvernement, en ce qui concerne les frais de santé. Malgré toutes les demandes qui ont pu être faites par les provinces, les libéraux choisissent encore une fois de ne pas rendre le crédit d'impôt pour personne handicapée remboursable. Des personnes à faible revenu vivent ainsi la double peine de vivre avec des limitations fonctionnelles, tout en étant maintenues dans la précarité par un gouvernement qui les ignore, préférant accorder des crédits d'impôt aux plus riches.
Les inégalités en matière de santé concernent également le prix des médicaments. Le Canada occupe le deuxième rang des pays qui paient les médicaments le plus cher dans le monde, mais le gouvernement s'obstine à ne pas vouloir entendre la souffrance de ceux qui ne peuvent plus se soigner correctement. Certaines personnes ne prennent pas tous leurs médicaments, et même ne se soignent pas du tout, faute d'argent. D'autres doivent choisir entre se soigner et manger. Malheureusement, le système actuel peut tuer et il coûte chaque année 7 milliards de dollars en trop, faute d'un programme national d'assurance-médicament.
Cette année, nous fêtons le 150e anniversaire du Canada et le gouvernement ne cesse de déployer des moyens de communication pour nous le rappeler. Pourtant, il serait bon qu'il garde en tête d'autres chiffres. Neuf cent quatre-vingt-dix mille, c'est le nombre d'enfants qui vivent sous le seuil de la pauvreté au Canada, en 2017. Ces 990 000 enfants sur les 4,5 millions de Canadiens et de Canadiennes pauvres forment la réalité contre laquelle nous devons lutter. Les gens deviennent de plus en plus pauvres. Le taux d'endettement des ménages représente en moyenne 167 % de leur revenu.
Cependant, lorsque je dis que les gens deviennent de plus en plus pauvres, je parle bien entendu de la majorité d'entre eux. Une petite minorité, la plus aisée, devient, elle, de plus en plus riche. Si la totalité des revenus de travail de nos salariés, ceux qui travaillent fort, sont imposés, seulement la moitié des revenus des ventes d'action le sont, et peut-être le gouvernement l'ignore-t-il, ce n'est pas la classe moyenne et encore moins les plus précaires qui vivent de l'achat et de la vente d'action.
Le taux d'imposition des grandes compagnies ne cesse lui aussi de baisser depuis 15 ans. Il ne s'agit là que de ce qu'elles paient au gouvernement. Malgré une baisse d'impôt constante des grandes compagnies, l'évasion fiscale continue d'être un fléau et fait perdre jusqu'à 7 milliards de dollars par an à l'État.
Cela dit, cela devient réellement indécent lorsque le gouvernement lui-même permet aux plus riches d'échapper à l'impôt. La déduction pour les options d'achat d'actions pour les PDG des grandes compagnies nous fait perdre un revenu de 800 millions de dollars par an. Ce gouvernement veut promouvoir ceux et celles qui travaillent fort, mais même en travaillant au maximum, la plupart des gens ne peuvent gagner autant que ce que gagne un seul d'entre les plus riches avec ses actions. Posséder des actions qui rapportent des millions de dollars, ce n'est pas travailler.
On remarque alors de quelle négligence se rend coupable ce gouvernement. Alors qu'il laisse s'échapper autant d'argent — les crédits d'impôt pour les plus riches — et qu'il ne lutte pas contre la fraude fiscale, des gens souffrent à cause de la pauvreté.
Rappelons que plus de 800 000 personnes ont recours aux banques alimentaires chaque mois. C'est 28 % de plus qu'en 2008, et 36 % d'entre eux sont des enfants. La solution est à portée de réformes, et il serait temps que le gouvernement agisse.