Madame la Présidente, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui. Je tiens à remercier le député de Parry Sound—Muskoka, notre porte-parole en matière d'affaires étrangères, d'avoir présenté cette motion aujourd'hui. Il s'agit d'une question importante.
Je suis déçu que le gouvernement n'ait pas proposé cette motion. Quand nous étions au pouvoir, nous avons adopté une position de principe selon laquelle tous les déploiements militaires et toutes les modifications aux missions devaient faire l'objet d'un débat à la Chambre.
Il importe que tous les députés participent aux décisions relatives à l'utilisation des Forces armées canadiennes pour lutter contre le terrorisme, déployer nos soldats, combattre les oppresseurs et mettre fin aux atrocités de masse.
Il est décevant que cette mission soit modifiée. Nous ne savons toujours pas pourquoi les libéraux ont même fait cette promesse au cours de la dernière campagne électorale. Ni le premier ministre, ni le ministre des Affaires étrangères, ni le ministre de la Défense nationale n'ont encore expliqué la logique justifiant le retrait de nos avions de la lutte contre l'EIIS.
Plus tard aujourd'hui, les chefs de tous les partis, je crois, se rendront à Toronto pour accueillir les premiers réfugiés syriens. Tous ces réfugiés tentent d'échapper au groupe État islamique. Si nous voulons mettre fin à la crise humanitaire et au génocide que commet ce groupe, nous devons le vaincre, et ce n'est pas en jouant un rôle de second plan que nous y parviendrons.
Nous devons nous rappeler que l'État islamique a déclaré la guerre au Canada. Comme le député de Parry Sound—Muskoka l'a dit tout à l'heure, quand nous parlions des atrocités, des actes terroristes et des meurtres qui ont été commis à San Bernardino, à Paris, à Beyrouth et en Égypte, n'oublions pas que l'État islamique a inspiré les attaques qui ont coûté la vie à l'adjudant Patrice Vincent et au caporal Nathan Cirillo.
L'État islamique a déclaré la guerre au Canada. Il est primordial que le gouvernement défende et protège notre pays et nos citoyens.
Les Nations unies l'ont compris. Le 20 novembre dernier, le Conseil de sécurité a déterminé que l'État islamique en Irak et au Levant, al-Sham, l'EIIL, l'EIIS, Daech, ou peu importe le nom qu'on lui donne, constituait une menace sans précédent à l'égard de la paix et de la sécurité internationales, et le conseil a appelé les États membres ayant la capacité requise à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et réprimer les actes terroristes de ce groupe sur le territoire qu'il contrôle en Syrie et en Irak.
Le Conseil a exhorté les États membres à intensifier leurs efforts afin d'endiguer le flot de combattants terroristes étrangers qui se rendent en Irak et en Syrie, et de prévenir et freiner le financement du terrorisme.
Je reprends l'image du tabouret à trois pattes utilisé par notre porte-parole en matière d'affaires étrangères. Il y a une crise humanitaire; nous ne devons pas ménager les efforts pour apporter de l'aide humanitaire, et l'aide aux réfugiés en fait partie. Nous devons empêcher l'EIIS de se financer et de financer sa guerre ainsi que ses activités terroristes. Enfin, il faut mettre fin aux activités de l'EIIS, et l'intervention militaire est le seul moyen d'y parvenir.
Le Canada est fier de lutter depuis longtemps contre ceux qui commettent des atrocités de masse. Pensons à Passchendaele et aux Canadiens qui ont franchi la crête de Vimy. Citons notamment les Canadiens qui ont combattu les nazis et mené l'attaque sur la plage Juno lors du jour J, ceux qui se sont opposés au génocide en Bosnie lors de la bataille de la poche de Medak, et ceux qui ont livré bataille aux talibans, en Afghanistan, notamment dans le district de Panjwayi.
Nous nous sommes toujours distingués. Il y a des Canadiens parmi les plus exceptionnels dans les Forces armées canadiennes. Dans toutes les disciplines, que ce soit au sein de l'Armée canadienne, de la Marine royale canadienne ou de l'Aviation royale canadienne, chacun des membres des Forces canadiennes est toujours prêt à combattre et toujours à la hauteur des tâches que le Parlement doit parfois lui confier.
Nous voulons être certains de faire ce qui s'impose et, en l'absence d'une motion du gouvernement pour définir quel est son plan, le Parti conservateur a présenté aujourd'hui sa propre motion afin que les parlementaires puissent se prononcer sur la lutte contre l'EIIS.
Je craignais surtout que, sans cette motion, nous constations que le plan prévoit le retrait de nos CF-18, peut-être de toute notre force opérationnelle aérienne, y compris le retour de nos avions de ravitaillement Airbus Polaris, de notre avion de reconnaissance Aurora et des 600 membres de l'Aviation royale canadienne et des autres qui sont actuellement en poste au sein de la force opérationnelle aérienne au Koweït. Je craignais qu'ils reviennent tous au bercail sans que rien ne soit fait pour améliorer la formation militaire des peshmergas kurdes, et que la décision soit prise et annoncée pendant le congé parlementaire de Noël alors que les Canadiens sont occupés à faire autre chose et qu'ils ne portent pas attention à ce qui se passe sur la scène internationale. Il est donc encore plus important que nous tenions ce débat aujourd'hui.
Aucun de nos partenaires au sein de la coalition ne s'est dit ravi que le Canada abandonne sa mission de combat. Les libéraux et le groupe État islamique semblent être les seuls à se réjouir du retrait de nos CF-18, une situation carrément embarrassante et dangereuse. Nous devons continuer de faire notre part. Le Canada a pour caractéristique de toujours répondre présent et de se surpasser. Nous en attendons autant du gouvernement, surtout dans le contexte des attaques récentes et de la nouvelle détermination de la coalition, résolue à renforcer l'intervention militaire et à redoubler la puissance et la fréquence des bombardements contre les positions du groupe État islamique. Le Canada devrait en faire autant. Nous devrions à tout le moins laisser les CF-18 poursuivre leur mission de combat.
Bien sûr, le Canada peut contribuer davantage à la formation. Le gouvernement aura tout notre appui s'il propose d'envoyer sur le terrain plus d'experts en planification et de militaires des forces spéciales pour qu'ils travaillent avec les peshmergas kurdes et les forces de sécurité irakiennes. Selon nous, cette guerre se gagnera, au final, grâce aux combattants sur le terrain. Ce sont justement ces combattants qui courront les plus grands risques.
Notre bilan en matière de formation d'unités d'intervention spéciale chez les peshmergas est, de loin, le plus reluisant de la région. Pourquoi? Non seulement nous leur avons donné les outils et inculqué les compétences nécessaires durant la formation, mais nous nous sommes aussi intégrés à la structure de commandement. Il s'agit d'une mission à la fois de formation et d'assistance. Il faut se rendre près de la ligne de combat pour observer la performance des forces peshmergas kurdes, ce qui est certainement plus dangereux, mais également beaucoup plus efficace.
La formation a été une véritable réussite selon M. Hillier, un ancien combattant des Forces armées canadiennes qui a combattu avec les peshmergas kurdes. M. Hillier a aussi déclaré que les frappes aériennes des CF-18 ont été encore plus efficaces. Les fonctionnaires de la région du Kurdistan nous ont dit que, s'il n'en tenait qu'à eux, ils demanderaient au Canada de continuer son intervention au moyen des CF-18 parce qu'elle a sauvé des vies et contribué à décimer l'ennemi.
Il faut maintenant que le Parlement détermine la meilleure façon d'intervenir pour le Canada. C'est ce que le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ne cessent de répéter. Selon eux, une mission de formation est notre seule forme de contribution possible. Cette mission doit cependant adopter une approche pangouvernementale et mettre à contribution tous les aspects des ressources militaires canadiennes. Nous avons déjà engagé des dépenses pour l'établissement d'une force opérationnelle aérienne. Nous avons aussi installé un campement, déployé des troupes et envoyé de l'équipement et du matériel au théâtre des opérations. En ce moment, il est plus important de laisser ces ressources là-bas pour qu'elles servent le plus possible au combat.
Comme mon collègue de Wellington—Halton Hills l'a signalé plus tôt, s'il est acceptable, durant la première semaine de décembre, que nous continuions d'envoyer des CF-18 effectuer des sorties et recueillir des renseignements et que nous décidions s'ils largueront des bombes sur des cibles de l'EIIS, alors pourquoi cela ne serait-il plus acceptable la semaine prochaine, en janvier ou tout au long de l'année prochaine?
Nous devrions continuer de participer aux efforts jusqu'à que nous ayons vaincu l'EIIS. C'est ce que les dirigeants mondiaux nous disent. C'est ce que les Nations unies nous disent aussi.
Il est important que le Canada maintienne sa participation s'il veut être un intervenant sérieux sur la scène mondiale. Nos alliés s'attendent à ce que nous fassions notre part. Si nous faisons marche arrière, reculons...