Monsieur le Président, je suis ravie de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du Règlement qui encadre le déroulement des travaux de cette auguste assemblée.
J'aimerais d'abord parler du rôle du gouvernement. Il doit venir débattre des mesures législatives et des décisions à mettre en oeuvre dans l'intérêt supérieur des Canadiens, ainsi qu'accorder le financement nécessaire aux circonscriptions et aux programmes afin que le Canada demeure un pays où il fait bon vivre.
À l'époque où la Chambre et ses traditions ont vu le jour, les communications se faisaient plus lentement. Le déroulement des événements à l'échelle mondiale se faisait à un rythme qui nous permettait de réagir plus lentement, mais de façon réfléchie. Pour traiter les questions plus pressantes, on a mis en place les débats d'urgence. Cependant, au fil du temps, l'enchaînement des événements à l'échelle mondiale et de leurs répercussions sur notre pays a fini par s'accélérer, au point où nous devons maintenant adapter notre processus parlementaire. Par ailleurs, à l'époque où nos traditions parlementaires ont été établies, on jugeait raisonnable d'exiger que les parlementaires puissent s'éloigner de leur famille sur demande et à tout moment, mais la société accorde maintenant plus d'importance aux efforts et au temps que les deux parents consacrent à leur famille, à l'équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle, ainsi qu'à la souplesse des horaires et des conditions de travail.
D'abord, je tiens à dire que j'ai un respect total pour toutes les traditions parlementaires de la Chambre, et même s'il n'y a aucun changement, je continuerai d'être honorée d'être ici, au service de ma circonscription, et de tirer le meilleur parti des systèmes qui existent déjà et qui continuent de faire du Canada un pays meilleur.
Cela dit, quand on m'a donné un livre de 1 200 pages sur la procédure de la Chambre des communes, lors de la cérémonie de mon assermentation, on m'a dit de lire ce livre. Alors, j'ai lu le livre, 100 pages par soir, jusqu'à ce qu'il soit achevé. J'ai lu ce livre avec le désir d'embrasser ma nouvelle réalité politique, mais je l'ai aussi lu à travers la lentille d'un individu qui a présidé de nombreux comités, dirigé des équipes mondiales et négocié et obtenu d'excellents résultats.
Je suis ingénieure, et c'est dans la nature des ingénieurs de rechercher constamment l'efficacité, de cerner les problèmes et de fournir des solutions. J'observe le Parlement depuis maintenant un an. Je préside le comité de la condition féminine et j'ai également observé les travaux d'autres comités.
J'ai 32 années d'expérience dans le commerce mondial au sein de plusieurs entreprises, dont l'une est reconnue pour sa productivité. J'ai analysé l'organisation du travail du Parlement, et voici ce que je constate.
La Chambre siège du lundi au vendredi, d'environ 10 heures à 20 heures, ou plus tard certains soirs, et même parfois jusqu'à minuit. Il semble que, dans le passé, la Chambre siégeait encore plus longtemps chaque jour. Seulement un cinquième des députés est présent chaque jour, sauf pour la période des questions, qui dure une heure, et il y a beaucoup moins de députés présents les lundis et les vendredis. Puis les travaux des comités et autres réunions des parlementaires remplissent nos emplois du temps. Il est donc presque impossible pour les députés et les ministres de se réunir et de discuter du soutien dont ils ont besoin relativement aux circonscriptions et aux programmes. Les députés disposent parfois d'une minute ou deux pour discuter avec un ministre avant ou après la période des questions, mais c'est à peu près tout.
Dans le système actuel, des questions sont posées pendant la période des questions, mais aucune réponse n'est jamais fournie, et de nombreux fonds publics sont consacrés aux travaux des comités, mais, le plus souvent, on n'assiste qu'à des jeux partisans ou les recommandations formulées ne sont jamais mises en oeuvre.
En outre, le ton du respect dans le monde des affaires a changé au fil du temps. Même au sein de la dernière décennie, il y a eu une grande amélioration dans les milieux de travail canadiens sur les plans du respect de la personne, du respect de la diversité ainsi que les réunions ordonnées et la facilitation de l'équipe.
Dans le monde, aujourd'hui, il est considéré impoli de parler quand celui qui est désigné pour prendre la parole est en train de parler. Les conversations privées doivent être exclues des réunions afin d'éviter de distraire ceux et celles qui essaient d'écouter. Les formes d'intimidation et de harcèlement, qui remettent en question la compétence d'un individu ou entravent sa capacité à parler, sont considérées inacceptables.
J'ai déjà observé chacun de ces mauvais comportements à la Chambre, au sein de tous les partis, et je crois que pour aligner les pratiques canadiennes, cela doit cesser.
Je viens de faire état de bien des choses qui clochent dans le système actuel. Je crois donc qu'il est justifié de ne pas se contenter du statu quo. Et si on procédait à un changement qui offrirait une meilleure conciliation travail-famille, permettrait de tenir les Canadiens au courant des enjeux, permettrait aux comités de mieux recueillir des renseignements au sujet des mesures législatives, et offrirait aux ministres davantage de temps pour discuter des besoins des circonscriptions et des programmes? Et si le Règlement permettait de concilier discussions respectueuses et prise de décisions rapide?
Voici ma proposition après une analyse de la situation. Je propose que la Chambre siège les mardis et les jeudis de 10 heures à 18 heures et que tous les députés soient présents. Le mardi serait une journée consacrée aux projets de loi d'initiative ministérielle. Au moment des débats, chaque parti choisirait des représentants pour présenter sa position, et tous les députés, y compris ceux qui sont membres de comités, seraient présents pour écouter le débat et amender le projet de loi en fonction des commentaires entendus. Tous les votes auraient lieu le mardi après la période des questions.
Le jeudi serait consacré aux projets de loi d'initiative parlementaire et aux journées de l'opposition. On y débattrait de quatre projets de loi, et les députés disposeraient d'une heure par projet de loi. Quant aux motions de l'opposition, plusieurs députés de chaque parti pourraient en débattre.
La période des questions aurait lieu chaque jour de la semaine afin de tenir les Canadiens et les médias au courant des sujets d'actualité. Je préférerais avoir de véritables réponses aux questions plutôt que de vagues réponses préfabriquées, mais cheminons au moins dans cette bonne direction.
Ainsi, les ministres auraient quasiment trois jours complets de plus pour discuter avec les députés de partout au pays des projets qui ont besoin de financement. Les approbations viendraient plus rapidement, l'argent aussi, et nous pourrions améliorer plus efficacement la vie au Canada.
Les comités se réuniraient le lundi et le mercredi, et tous les projets de loi débattus pendant la semaine, qu'ils soient d'initiative ministérielle ou parlementaire, devraient être examinés et amendés par les comités, puis renvoyés à la Chambre. Nous pourrions ainsi réduire la durée du cycle législatif.
Pour ne pas nuire à la vie de famille, je suis d'avis que les séances des comités et de la Chambre qui se prolongent jusqu'à tard le soir devraient être l'exception, et non la norme.
Pour que les travaux se fassent sous le signe du respect, les députés n'auraient pas le droit de parler quand quelqu'un d'autre a la parole, et être rappelés personnellement à l'ordre s'ils se font prendre à parler. La période des questions pourrait faire exception, si on admet que, quand il est fait intelligemment, le chahut peut servir à attirer l'attention des médias, ce qui est après tout le seul intérêt de cette période. J'aimerais savoir ce que les autres députés pensent de mon idée.
Les votes devraient toujours avoir lieu après la période des questions, comme je le disais, et non le soir. Et si nous voulons vraiment nous débarrasser du superflu, je crois qu'on devrait arrêter de nous demander si nous sommes d'accord pour que tel ou tel article reste au Feuilleton, puisque la réponse est toujours « oui ».
Pour accélérer le processus de vote, nous pourrions nous servir d'iPad codés fournis par le gouvernement et activés à l'aide d'empreintes digitales pour mettre aux voix les motions. Ces appareils que nous avons tous permettraient de compter et d'inscrire les votes instantanément. Cela nous ferait gagner plusieurs heures.
Les changements proposés visent à adopter les meilleures pratiques utilisées actuellement au sein des entreprises pour améliorer la façon de procéder du gouvernement. Dans les entreprises, nous pourrions, en quelques heures, entendre l'opinion de tous sur un sujet qui serait débattu pendant des jours à la Chambre, présenter un plan d'action et le mettre en oeuvre.
Si le gouvernement souhaite apporter aux Canadiens l'aide dont ils ont besoin en cette période difficile, il doit dès maintenant modifier les procédures de la Chambre, accroître l'efficacité de l'appareil gouvernemental, réduire au minimum le temps perdu et fournir rapidement aux collectivités le soutien nécessaire.
Je crois en l'amélioration continue, ce qui signifie que nous devons modifier le processus, les procédures et les traditions pour nous adapter à la nouvelle réalité, pour mieux nous adapter à l'univers planétaire complexe et trépidant dans lequel les Canadiens évoluent désormais.