Monsieur le Président, je suis très heureux de pouvoir dire quelques mots sur le discours du Trône. Cependant, je veux d'abord parler de votre élection comme notre nouveau Président. Je vous félicite, et je vous souhaite bonne chance lors de cette législature qui, à mon avis, nous offre une véritable occasion d'accomplir de grandes choses pour les Canadiens. Nous avons une belle occasion de travailler ensemble comme députés.
Je crois fermement que tous les partis ont proposé de bonnes idées dans leur plateforme. Nous devons faire ressortir ces idées et travailler ensemble parce que les Canadiens nous ont fait comprendre qu'ils souhaitent que le Parlement fonctionne. Ils ne veulent plus voir les divisions que nous avons observées lors de la campagne électorale, ni les attaques personnelles ou les campagnes de désinformation inconcevables qui ont été lancées au cours de cette période. Ils désirent que nous collaborions dans l'intérêt de tous les Canadiens. C'est ce que doivent aspirer à faire les chefs de chaque parti et l'ensemble des parlementaires durant la 43e législature. J'espère, monsieur le Président, que vous réussirez à nous garder dans la bonne voie.
Je tiens également à remercier les habitants de ma circonscription, Malpeque, à l'Île-du-Prince-Édouard, de leur appui. J'ai la chance d'entreprendre mon neuvième mandat à titre de député, et c'est toujours un honneur. Peu importe le nombre de fois où un député est appelé à prendre la parole, cette enceinte demeure quelque peu intimidante. Bien peu de citoyens obtiennent le droit de se retrouver ici pour faire une déclaration, inviter ses pairs à débattre, ou être tenu de répondre aux questions d'autrui. La démocratie doit reposer sur ce genre d'échanges. Au sein de ce Parlement, nous sommes confrontés aux points de vue les plus divergents, mais nous sommes capables d'unir nos efforts afin de formuler de meilleures politiques.
À mon avis, les débats à la Chambre étaient plus ouverts il y a de nombreuses années. Les débats étaient plus énergiques, et les discours n'émanaient pas toujours de rédacteurs ou d'autres spécialistes. C'est en plein le genre d'endroit que, selon moi, la Chambre devrait être. Dans cette enceinte, nous devrions prendre la parole et présenter nos idées, quitte à devoir parfois en laisser tomber certaines. Lorsque j'ai commencé à siéger ici pour la première fois il y a 26 ans, je pensais que j'avais toutes les idées et toutes les réponses. Je sais aujourd'hui que ce n'était pas le cas. En fait, j'ai moins de réponses aujourd'hui que je pensais en avoir à l'époque. Cependant, nous devons avoir des discussions et des débats de cette nature, parce que chacun d'entre nous a de bonnes idées et que les critiques constructives ont leur place tant à la Chambre qu'au sein des comités.
Je tiens à dire aux nouveaux députés que c'est véritablement dans les comités que l'on effectue le travail. Les membres des comités voyagent ensemble et apprennent à se connaître sur le plan personnel. C'est en mettant de côté la partisanerie et les lignes de parti que l'on fait vraiment avancer les choses et que l'on trouve de bonnes idées. Les députés se font des amis des deux côtés de la Chambre, qui sont séparés par deux longueurs d'épée. Nous tissons des liens d'amitié et progressons ensemble. C'est ainsi que les choses devraient se passer dans cette enceinte. J'espère que c'est ce que nous pourrons faire à la Chambre et au sein des comités durant la 43e législature.
J'aimerais maintenant parler du discours du Trône et lire quelques phrases qui figurent sous la rubrique Allocution d'ouverture:
Cet automne, les Canadiens ont été appelés aux urnes. Et ils ont élu un gouvernement minoritaire à Ottawa. Cela reflète la volonté du peuple, et vous avez été choisis pour y donner suite.
Nous ouvrons donc cette 43e législature en lançant un appel à l’unité dans la poursuite d’aspirations et d’objectifs communs.
Comme je l'ai dit il y a un instant, je sais que cela va représenter un défi. J'ai participé à neuf élections, mais c'est cette dernière élection générale qui a le plus semé la discorde sur le terrain dans la circonscription que je représente, comme dans bien d'autres d'ailleurs, à ce qu'on m'a dit. Les fausses informations ont fusé de partout. Lorsqu'on répète une fausse information assez souvent et qu'elle n'est jamais contestée, elle devient la vérité dans l'esprit de certaines personnes. Ce fut souvent le cas pendant la dernière campagne électorale, ce qui a créé beaucoup d'amertume.
Le pays est ressorti divisé par ce que je considère être de fausses informations. Prenons le projet de loi C-69, qu'on a qualifié de « projet de loi anti-pipelines ». Il n'est rien de tel. On peut avoir des réserves à son sujet, mais du point de vue du gouvernement, c'était un moyen de régler des enjeux environnementaux. Il nous a aussi permis d'instaurer certaines mesures en matière de pipelines et de ressources naturelles sans la constante possibilité de se retrouver éventuellement devant les tribunaux. Telle était l'intention, mais ce surnom dont on a affublé le projet de loi a rendu bien des gens méfiants et a suscité la division. Pendant cette législature, nous devons tenter d'éviter ce genre d'expressions, de nous en tenir aux faits et de rendre la Chambre plus efficace.
Regardons la première partie du discours du Trône, où il est question de lutte contre les changements climatiques:
Les enfants et les petits-enfants du Canada jugeront cette génération selon ses actions, ou son inaction, à l'égard du plus grand défi de notre époque: les changements climatiques.
Des feux de forêt aux inondations, de la pollution des océans à l'érosion côtière, les Canadiens vivent les effets des changements climatiques tous les jours. Les données scientifiques sont claires; elles le sont depuis des décennies.
Je sais bien que le sujet est loin de faire l'unanimité, mais nous avons l'avis de la communauté scientifique et des soi-disant experts. Avec les experts, il faut faire attention, car leur expertise est parfois en deçà de celle qu'ils s'attribuent, mais les données scientifiques, elles, disent que, de façon générale, une taxe sur le carbone est une bonne mesure. Le premier ministre en a déjà parlé à fond aujourd'hui. Une fois en place, la taxe sur le carbone, qui est considérée comme un des meilleurs moyens de lutter contre les changements climatiques, permettra aux gens d'améliorer leur sort et nous aidera à protéger l'environnement pour les générations à venir. Cette mesure est nécessaire. Le projet de loi sur la taxe sur le carbone a déjà été débattu et l'objectif du chef de l’opposition ne devrait pas être de dire qu'il veut faire tomber le gouvernement.
Nous avons été élus à la Chambre pour remplir des fonctions et travailler en collaboration. Faisons-le. Penchons-nous sur la question de l'environnement et tirons parti des ressources naturelles de diverses façons.
Notre plateforme renferme un certain nombre de mesures visant à protéger l'environnement et le climat à stimuler l'économie. Je veux les énumérer afin que les députés de l'opposition sachent ce que nous avons dit. J'imagine qu'ils ont tous lu notre plateforme de toute façon, mais ils doivent demander des comptes au gouvernement et faire en sorte que nous nous penchions sur les questions que nous avons promis d'aborder à titre de gouvernement. Je m'attends à cela de mon propre parti.
Nous voulons faire du Canada un pays carboneutre d'ici 2050, réduire de moitié les impôts des entreprises qui produisent des technologies propres à émission zéro, offrir aux propriétaires et aux locateurs qui veulent rendre leurs propriétés plus éconergétiques des prêts sans intérêt pouvant atteindre 40 000 $, augmenter le pourcentage de terres et d'océans protégés à 25 % et planter deux milliards d'arbres, ce qui entraînera la création de 3 500 emplois par an. Ce sont là quelques-unes des mesures que nous avons proposées.
Lors de la campagne électorale, j'ai visité quelqu'un de ma circonscription qui venait de construire ce qu'on appelle une maison passive. C'est l'une des mesures que nous pourrions prendre. Cette maison a des murs de 18 pouces d'épaisseur, je crois, voire un peu plus, une grande quantité d'isolants ainsi qu'un mur intérieur et un mur extérieur. À l'Île-du-Prince-Édouard, où les hivers ne sont pas vraiment aussi cléments qu'à Vancouver et à Victoria, la personne en question et sa femme pourront chauffer cette maison pour 300 $ par an en raison de la façon dont elle est construite. Voilà un exemple de ce qu'on peut faire quand on prend les bonnes mesures.
J'ai visité une autre maison passive construite il y a environ six ans, et il en coûte 340 $ par an aux propriétaires pour chauffer cette maison de 2 000 pieds carrés. Le reste de la population qui a une maison de la même taille paie probablement 6 000 $ par an pour chauffer au mazout et produit beaucoup plus de gaz à effet de serre. Voilà qui montre ce qu'on peut faire quand le gouvernement est prêt à apporter son aide en matière d'infrastructures et de logement, ce que les libéraux ont proposé de faire dans leur plateforme.
Le discours du Trône indique également que le gouvernement contribuera à rendre les habitations écoénergétiques plus abordables, instaurera des mesures afin de bâtir des collectivités propres, efficaces et abordables et de faciliter l'accès aux véhicules zéro émission. Voilà comment on s'y prend pour faire des progrès en matière de lutte contre les changements climatiques.
Passons à un autre passage du discours du Trône. Je cite le discours du Trône parce que, souvent, nous omettons de revenir à ces documents après leur lecture et de nous attarder à leur contenu. Nous avons nos propres programmes à défendre et nos propres déclarations à faire à la caméra, dans l'espoir que les habitants de notre circonscription les entendent. Penchons-nous sur ce que le gouvernement propose au juste. En ce qui concerne le renforcement de la classe moyenne, le discours du Trône indique: « La première mesure que le gouvernement prendra consistera à réduire les impôts de tous les Canadiens, à l’exception des plus riches, pour remettre plus d’argent aux familles de la classe moyenne et aux personnes qui en ont le plus besoin. »
Dans leur plateforme, les libéraux ont proposé d'augmenter à 15 000 $ le montant de l'exemption personnelle de base, ce qui permet à tous de garder plus d'argent dans leurs poches. Une telle mesure vient en aide à une très grande partie de la population. Je crois que le montant était 12 200 $ et il passera à 15 000 $. L'impôt ne sera donc pas perçu sur 2 800 $ de plus, ce qui profite à tous les Canadiens.
Les libéraux proposent de réduire les frais de téléphonie cellulaire de 25 %, comme il est indiqué dans le discours du Trône. Nous viserons à permettre aux petites entreprises d'économiser jusqu'à 7 500 $ en faisant passer leur taux d'imposition de 11 à 9 %, ce que nous avons commencé à faire à la dernière législature. Nous ferons en sorte qu'il soit plus facile pour les Canadiens d'acheter leur première maison en lançant l'Incitatif à l'achat d'une première propriété, qui offre jusqu'à 10 % de remise sur le prix d'achat. Ce sont là quelques-unes des mesures que nous proposons afin de renforcer la classe moyenne.
Je pourrais aussi parler des accords commerciaux que nous avons conclus, de ce qui a été accompli. Pendant la campagne électorale, j'ai découvert avec surprise que beaucoup de gens n'avaient aucune idée de ce qu'était l'Allocation canadienne pour enfants, même s'ils recevaient les prestations. Dans ma circonscription seulement, cette mesure représente plus de 2 millions de dollars libres d'impôt qui sont versés directement aux familles tous les mois. Voilà le genre d'initiatives que le gouvernement a pu mettre en place à la dernière législature. Nous devons maintenir le cap pendant la 43e législature.
Je n'en discuterai pas en détail, mais le discours du Trône parle longuement du chemin de la réconciliation. Le dossier de la réconciliation avec les communautés autochtones suscite toujours la controverse. Cependant, comme l'a mentionné le premier ministre, nous avons fait des progrès à cet égard. Les Autochtones représentent le segment de la population qui croît le plus rapidement. Sur le plan des ressources humaines, ils sont le plus grand atout du pays. Ils peuvent assurer leur propre prospérité et celle des autres Canadiens, faire fructifier l'économie et créer des communautés et des foyers sûrs. Par le passé, il y a eu de sérieux problèmes causés par des gouvernements et d'autres intervenants. Nous devons collaborer avec les communautés touchées pour en faire des collectivités sûres et prospères où la culture autochtone sera protégée, de façon à ce que les Autochtones puissent être fiers de leur histoire et de leur pays, et de façon à les encourager à collaborer à l'essor du Canada, pour le bien des Canadiens et des gens du monde entier.
L'autre aspect dont traite le discours du Trône concerne l'assurance-médicaments et certaines questions liées aux soins de santé. J'aimerais le citer, car je pense qu'il illustre bien ce point. Voici ce qu'il en dit:
Il arrive trop souvent que les Canadiens qui tombent malades soient lésés deux fois, tout d'abord lorsqu'ils tombent malades, puis lorsqu'ils ont des difficultés financières en raison du coût des médicaments.
Le chef du Nouveau Parti démocratique en a parlé plus tôt aujourd'hui.
Le discours du Trône poursuit ainsi:
Compte tenu de cette réalité, l'assurance-médicaments est l'élément crucial qui manque dans le modèle de soins de santé universels au Canada. Le gouvernement prendra des mesures pour créer et mettre en œuvre un régime d'assurance-médicaments afin que les Canadiens puissent avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin.
Nous devons absolument prendre cette mesure. Je suis certain que tous ceux d'entre nous qui ont fait du porte-à-porte pendant la campagne électorale ont rencontré des gens qui n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments dont ils ont besoin pour guérir ou qui leur ont parlé des membres de la famille qui souffrent parce qu'ils ne peuvent pas bénéficier des médicaments, des soins dentaires ou des autres choses dont ils auraient besoin pour vivre le reste de leur vie en santé. C'est pour cela que nous devons prendre cette mesure. Je sais que cela va entraîner des discussions difficiles parce que le gouvernement doit évaluer le coût d'un tel régime. Le gouvernement doit aussi examiner le partage des responsabilités fédérales et provinciales. Il lui faut déterminer l'ampleur du régime d'assurance-médicaments. Servira-t-il uniquement à combler les lacunes ou s'agira-t-il d'un régime universel? Ce sera là un débat crucial.
Je pense qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Je vais donc conclure en ces termes: dans une vie antérieure, j'étais président du Syndicat national des cultivateurs. J'ai eu l'occasion, à ce titre, de me rendre dans toutes les régions du pays et de vivre dans des fermes pendant un bon nombre d'années, que ce soit à Peace River, en Colombie-Britannique, ou en Ontario. J'ai passé beaucoup de temps en Saskatchewan et en Alberta, un peu de temps au Québec et beaucoup de temps dans les Maritimes. Au syndicat, nous ne cessions de répéter que, vu les ressources et les caractéristiques différentes de chaque région, il fallait faire attention de ne pas laisser les intérêts régionaux nous diviser. Le pays peut être plus fort que la somme de ses parties, et nous devons nous y employer.
Compte tenu de la composition du présent Parlement, où personne n'a la majorité, si nous travaillons tous ensemble, le pays sera plus fort que la somme de ses parties. Nous en profiterons tous et surtout, l'ensemble des Canadiens en profitera.