Madame la Présidente, je vous informe que je partagerai mon temps de parole avec la députée de Sherbrooke.
Je suis content de pouvoir parler du discours du Trône d'hier et des effets qu'il aura sur les habitants de Charlottetown, que j'ai l'immense fierté de représenter.
J'aimerais commencer par saluer certaines personnes qui se sont particulièrement distinguées pendant la pandémie, à commencer par les fonctionnaires fédéraux. Les programmes qu'ils ont réussi à créer et à adapter en toute vitesse ont permis d'assurer la sécurité des Canadiens et de répondre à leurs besoins les plus pressants. Leurs efforts méritent toute notre considération, tout comme l'excellence dont ils n'ont cessé de faire preuve.
Il y a aussi quelques personnes plus proches de moi que je tiens à saluer.
Au début de la pandémie, j'ai eu l'honneur d'assister à une réunion d'information publique portant sur une panoplie de sujets. Dans la salle se trouvait un infectiologue, le Dr Greg German. Il a indiqué aux gens présents que l'Île-du-Prince-Édouard était prête à affronter la pandémie, qu'elle avait de bonnes réserves d'équipement de protection individuelle et qu'elle s'était déjà dotée de protocoles de dépistage, ce qui s'est révélé exact sur toute la ligne. Le Dr German et son équipe méritent nos félicitations, car, à l'heure où on se parle, l'Île-du-Prince-Édouard peut mener un nombre toujours grandissant de tests de dépistage.
Par ailleurs, la médecin hygiéniste en chef de l'Île-du-Prince-Édouard, la Dre Heather Morrison, a travaillé sans relâche pour protéger les insulaires, et les résultats sont éloquents. À l'Île-du-Prince-Édouard, il y a eu très peu de cas de COVID-19. Il n'y a pas eu hospitalisation, de décès ou de transmission dans la collectivité. C'est en bonne partie grâce aux efforts acharnés de la Dre Morrison. Je la salue ainsi que tous ceux qui ont fait de l'excellent travail pour protéger les Prince-Édouardiens.
Au début de la pandémie, les gens avaient vraiment peur. La pandémie était effrayante; elle l'est toujours, d'ailleurs. Je dirais que, dans les premiers jours, la peur était probablement notre pire ennemi, mais je crois qu'il est juste de dire qu'elle s'est aussi avérée très motivante. C'est la peur qui a amené d'innombrables personnes à demeurer vigilants et à écouter les séances d'information quotidiennes. C'est la peur qui nous a amenés à rester vigilants, mais on ne peut pas continuer de vivre de cette façon, alors nous nous sommes adaptés. De l'équipement de protection individuelle a été acquis et expédié. La Prestation canadienne d'urgence a été mise en œuvre. Des salaires ont été subventionnés. De l'argent a été envoyé pour soutenir les provinces, et on a fait appel à l'armée pour aider les aînés à risque dans le réseau des établissements de soins de longue durée. Nous nous sommes adaptés, nous avons tiré des leçons, et cela nous a permis d'éviter en grande partie les situations catastrophiques observées dans d'autres pays.
Nous savons maintenant que nous avons la capacité de gagner cette bataille. La peur est donc beaucoup moins grande. À mon humble avis, alors que nous entrons dans la deuxième vague, la complaisance est maintenant la plus grande menace qui nous guette. Si la peur pousse les gens à agir, la complaisance les rend indifférents. Pendant une pandémie, une telle attitude peut avoir des conséquences funestes. En fait, nous nous sommes montrés complaisants par rapport à plusieurs choses depuis quelque temps. C'est la complaisance qui a affaibli notre filet de sécurité sociale et c'est aussi la complaisance qui a mené aux situations absolument épouvantables dans des établissements de soins de longue durée, comme l'ont rapporté les forces armées qui ont été envoyées en renfort.
La complaisance mène à l'austérité. Selon cette façon de penser, nous ne pouvons tout simplement pas faire mieux et nous devrions abandonner devant tout le travail à faire. Je me rappelle les effets dévastateurs que la politique d'austérité a eus sur le Canada atlantique pendant les années Harper. À l'échelle du pays, elle s'est traduite par une hausse des inégalités en plus d'un taux de croissance anémique. Dans le discours du Trône d'hier, on a souligné que l'heure est à l'action et non à la complaisance, et certainement pas à l'austérité.
Je vais maintenant parler d'un élément qui a été mentionné dans le discours du Trône et qui est extrêmement important pour l'Île-du-Prince-Édouard et toutes les économies saisonnières: le système d'assurance-emploi.
Hier, le gouvernement s’est engagé à prendre des mesures pour réformer le régime d’assurance-emploi. Ces mesures seront très bien accueillies par les gens de l’Île-du-Prince-Édouard, car ils les attendent depuis longtemps. J’ai personnellement constaté que des hommes et des femmes qui participaient à l’économie saisonnière étaient désavantagés par des décisions qui ne correspondaient absolument pas à la réalité sur le terrain. Je pense notamment à la décision prise en octobre 2014 par le gouvernement Harper de diviser l’Île-du-Prince-Édouard en deux zones d'assurance-emploi.
Résultat: avec une population aussi dense et aussi unie que celle de l’Île-du-Prince-Édouard, cette mesure n’a pas tardé à braquer les travailleurs les uns contre les autres. Ce qui est pire, c'est qu'elle a encouragé la malhonnêteté, parce qu’elle a incité les gens qui habitaient dans une zone à enregistrer leur résidence dans l’autre zone pour des raisons de survie. Cela a été corrigé par une mesure prise par le gouvernement actuel et qui sera applicable pendant l’année qui vient, à savoir que les travailleurs saisonniers et ceux qui ont besoin de l’assurance-emploi seront traités de la même façon, partout dans l’Île-du-Prince-Édouard.
L’annonce qui a été faite dans le discours du Trône qui vise à réformer le régime d’assurance-emploi se traduira, je l’espère, par une pérennisation de cette mesure temporaire. Personnellement, j’ai l’intention de prôner la consultation du public quant aux mesures qui seront prises, car je suis convaincu que les changements désastreux de 2014 à l'Île-du-Prince-Édouard ont été apportés sans qu'aucune consultation du public n'ait été menée. L’assurance-emploi est une idée du XXe siècle qui a désespérément besoin d’une réforme digne du XXIe siècle.
Il ne faut pas se leurrer, nous sommes dans la phase de relance. Certains parlent de rebâtir en mieux, mais très franchement, je pense qu’il va falloir attendre encore quelques mois. Il ne faut pas aller trop vite. Nous devons d’abord nous assurer que nous sommes sur un terrain ferme avant de pouvoir bâtir quoi que ce soit, et à ce moment-là, je pense que les réformes que nous apportons à l’assurance-emploi ainsi que la Prestation canadienne d’urgence vont constituer le point de départ à un débat important sur le revenu universel de base. Je pense que le revenu universel de base doit faire partie du débat. Il y a dans notre pays trop de pauvreté et d’inégalité, en comparaison de notre richesse. Nous avons mis en place toute sorte de mesures pour réduire la pauvreté: la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, l’assurance-emploi, la Prestation canadienne d’urgence, l’aide sociale, les indemnités d’accident du travail, l’Allocation canadienne pour enfants et les remboursements de TVH. Tout cela constitue notre filet de sécurité sociale. Chacune de ces mesures a ses propres règles et ses propres formalités administratives afin que les prestations soient versées aux personnes qui y ont droit.
De nombreuses études ont été faites sur la nécessité de simplifier tout cela. La pandémie nous oblige à considérer sérieusement cette idée. Je pense que l’Île-du-Prince-Édouard est particulièrement bien placée pour accueillir un projet pilote de ce genre, mais encore une fois, c’est quelque chose dont nous pourrons parler quand nous serons retombés sur nos pieds.
En terminant, j'aimerais formuler quelques observations au sujet de cette réelle menace qui pèse sur notre existence, à savoir la menace que représentent les changements climatiques. On peut amplement débattre des façons de lutter contre un problème si grave que ses répercussions s'échelonneront sur des périodes géologiques. Voici ce que le gouvernement a l'intention de faire: élaborer un plan de travail qui permettra de surpasser les objectifs climatiques du Canada pour 2030; légiférer pour que l'objectif canadien de zéro émission nette d'ici 2050 ait force de loi; créer des milliers d'emplois dans la rénovation de maisons et d'immeubles, ce qui aura l'avantage supplémentaire de réduire les coûts énergétiques et investir dans la réduction des effets des catastrophes climatiques, notamment les inondations et les feux de forêt.
Madame la Présidente, je constate que mon temps de parole est écoulé. Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de communiquer certaines réflexions par rapport au discours du Trône. Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues.