Madame la Présidente, je précise que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue la députée de Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je profite du fait que je dispose d'un peu plus de temps que lors de ma dernière intervention pour souligner à mon tour la contribution de mes proches dans cette belle aventure politique. D'abord, je remercie les nombreux bénévoles qui n'ont pas compté leurs heures pendant la campagne électorale. Nous savons tous ici qu'ils sont le nerf de la guerre, nous en sommes tous très conscients.
Je mentionne aussi ma très fidèle collaboratrice, qui est devenue une amie en cours de route, comme c'est souvent le cas, je pense. Je parle ici de Gisèle, qui s'occupe de tout dans la circonscription avec l'aide de nos formidables Andrée-Anne et Marie-Christine. Les citoyens de Drummond seront bien servis.
Je veux aussi souligner une présence inestimable dans la vie des politiciens: celle de nos conjointes ou conjoints. Il faut avouer que nous leur imposons un rythme de vie particulier. Cela prend de la compréhension et beaucoup de complicité de leur part pour accepter d'embarquer dans le tumulte de la politique, et même, parfois, de faire semblant d'aimer cela. Ma magnifique conjointe, Caroline, n'a pas choisi de faire de la politique, mais je la remercie de m'y avoir accompagné avec beaucoup d'ouverture et un enthousiasme grandissant.
Comme c'est la réalité de milliers de familles québécoises de nos jours, Caroline et moi formons une belle famille reconstituée, avec un total de quatre enfants: Christophe, Alexandrine, Lily-Rose et Tom. Avec deux garçons et deux filles, nous avons la parité. J'ai dit « famille reconstituée », ce qui sous-entend une garde partagée. Nous devons composer avec un autre parent. Je me dois de souligner la chance que j'ai de compter sur une ex-conjointe qui comprend l'implication que requiert l'engagement politique et qui accepte d'assumer plus que sa part de responsabilité auprès de nos enfants, Lily-Rose et Tom, afin qu'ils ne subissent pas trop les effets de ma nouvelle vie. Je remercie donc Marilou et je reconnais la valeur de l'harmonie que nous avons su installer dans notre relation de parents séparés. Cela me place, comme on le voit, en contexte minoritaire dans ma vie privée aussi. Je confirme donc que cela se passe bien et qu'il y a de l'espoir pour cette législature.
Je vais terminer mes hommages en mentionnant deux jeunes gens exceptionnels qui se sont révélés ces derniers mois d'une fougue insoupçonnée. Ce sont mes parents, Henriette Jolin et Louis Champoux. Comme il est impoli de dévoiler l'âge d'une dame, je me contenterai de dire qu'ils totalisent 159 ans à eux deux, si l'on compte les mois déjà écoulés. Ils ont montré une telle passion et une telle énergie pendant la campagne électorale que je ne serais pas surpris de les voir se présenter eux-mêmes aux prochaines élections.
J'espère sincèrement que ce ne sera pas contre moi. Il faut comprendre ma crainte. Mon arrière-grand-père Émile Fortin a siégé à la Chambre lors de la 30e législature comme député de Lévis. Son fils, mon grand-oncle Louis Fortin, a représenté Montmagny-l'Islet de 1958 à 1962. En fait, il a repris le siège de Jean Lesage à l'époque, quand ce dernier a quitté Ottawa pour aller à Québec. La seule génération qui n'a pas eu d'élu dans cette famille est donc celle de mon père, et je crains qu'il n'ait une envie soudaine de remédier à la situation.
Tous ces gens, l'ensemble de ma famille de même que mes amis, qui me sont très chers, ont été essentiels tout au long du parcours qui m'a amené ici.
Le discours du Trône nous a donné espoir de faire quelques avancées dans les dossiers qui sont chers aux Québécoises et aux Québécois. Par contre, il reste beaucoup de travail à faire. Il faut s'assurer que les bottines suivent les babines, comme on dit par chez nous.
Dans ce discours du Trône, il n'y avait rien sur la culture, rien sur la langue et rien sur l'aide aux médias, pourtant promise dans le budget de 2019. Les absents ont toujours tort, dit-on, mais nous allons faire en sorte que ces absents-là ne soient pas oubliés, et nous allons travailler fort.
Le Bloc québécois a mis en avant un grand nombre de propositions dans les mois précédant l'élection, et nous avons évidemment continué à en faire la promotion au cours de la campagne électorale. Ces propositions se sont trouvées dans notre plateforme. Sans surprise, plusieurs d'entre elles ont trouvé écho auprès de nos électeurs et nous pouvons en retrouver certains éléments, bien que de manière très incomplète, dans le discours du Trône. J'y vois tout de même une porte ouverte à la discussion et même, dans certains cas, une passe sur la palette.
Prenons la taxe sur les géants du Web. Le gouvernement a manifesté son intention d'agir rapidement et d'imposer une taxe aux GAFA, les Google, Apple, Facebook et Amazon de ce monde. C'est bien, mais ce n'est pas assez. Il faut que ces sommes prélevées soient considérées non pas comme une simple taxe, mais comme une redevance qui sera distribuée aux créateurs de contenu, aux artistes et aux médias. De plus, nous demandons que 40 % des sommes ainsi récoltées soient destinées aux créateurs de contenu et aux médias francophones, et ce, pas seulement pour le Québec, mais pour la francophonie de tout le Canada. C'est la culture francophone qui en dépend. C'est une question de survie culturelle, rien de moins.
Il est aussi temps de montrer que nous n'attendrons pas les décisions de l'OCDE ou l'humeur des Américains pour exiger que le contenu provenant de nos créateurs soit payé décemment. On doit mettre nos culottes et imposer la TPS aux géants du Web afin de mettre fin à une concurrence déloyale.
Les médias écrits traversent présentement une crise sans précédent. Des journaux ferment partout au pays, parce que les revenus publicitaires fondent au profit des géants du Web, encore une fois. Quarante-huit pour cent des revenus publicitaires ont diminué entre 2003 et 2016, et cela ne s'est pas amélioré depuis trois ans. Le nombre d'abonnements est toujours en déclin.
Encore une fois, le gouvernement propose un plan incomplet, mais qui peut être amélioré. Je tiens à dire que nous allons travailler de concert avec le milieu, ainsi qu'avec nos collègues à la Chambre qui ont aussi ce dossier à cœur, pour nous assurer que ce plan, qui sera mis en avant et qui sera implanté, répond aux besoins de l'industrie des médias et de ses artisans.
Par contre, cette crise des médias écrits a frappé fort et on doit aujourd'hui faire très attention, parce qu'on voit venir une crise similaire dans nos médias électroniques. Encore une fois, nous devons protéger nos médias contre la toute-puissance des GAFA. Nos médias sont partie prenante de notre démocratie et, même s'ils ne nous font pas toujours bien paraître, il nous appartient de protéger leur indépendance et leur santé financière en réglementant de manière équitable toutes les sources, peu importe d'où elles proviennent.
Presque tous mes collègues se sont empressés de me contacter pour me faire part de problèmes en lien avec l'installation de fibres optiques et de couverture cellulaire, et ce, dès l'annonce de mes responsabilités en tant que porte-parole en matière de communication pour mon parti. Cela m'a rendu très populaire. Je recommande même à tous ceux qui recherchent l'âme sœur d'indiquer la mention « porte-parole en matière de communication » dans leur profil, sur les sites de rencontre. « Ça pogne! »
Le fédéral a mis en avant un programme et de l'argent, mais Québec avait déjà un programme efficace et plus rapide. Il aurait été tellement plus simple de transférer les sommes au gouvernement du Québec, qui aurait géré cela en fonction des priorités.
Internet en région, ce n'est pas une fable. C'est la réalité pour plusieurs personnes, pour plusieurs petites entreprises, et pour des agriculteurs, en grande proportion, qui ne peuvent pas s'équiper de robots de traite comme le font plusieurs fermes laitières. Cela leur permettrait une opération beaucoup plus efficiente de leurs entreprises agricoles.
Des élus de petites municipalités absolument charmantes, comme Saint-Pie-de-Guire, Sainte-Brigitte-des-Saults ou plusieurs autres endroits situés dans la plus belle circonscription, celle de Drummond, dont je vous ai parlé récemment, aimeraient bien attirer des PME ou des travailleurs autonomes, mais l'accès à Internet est tellement déficient, et la couverture cellulaire tellement inefficace, que c'est impossible d'y penser.
Il faut qu'on comprenne, qu'on réalise, que l'accès à Internet haute vitesse n'est plus un luxe aujourd'hui. Il faut agir en fonction de cela. C'est un service essentiel au développement économique régional. Si on veut attirer des entreprises et si on veut que des emplois intéressants se développent en région, il faut accélérer le processus, sinon on ne s'en sortira pas et nos régions vont continuer de pâtir.
Que l'on me comprenne bien, je ne lance pas de roches aux grandes entreprises. Les entreprises travaillent dans les paramètres de marchés qu'on leur impose. C'est à nous, par contre, de voir à ce que ces paramètres soient ajustés et adaptés pour que nos gens et nos familles soient au cœur des décisions et des gestes que nous posons.
Je cite rapidement un exemple. La municipalité d'Amherst, au Québec, doit encore aujourd'hui dépendre d'un service de téléavertisseur pour joindre les premiers répondants en cas d'urgence.
J'ai interpellé le gouvernement à ce sujet. Le ministre avait une bonne oreille et une sensibilité concernant ce dossier. J'ai même parlé avec des gens de l'entreprise qui dessert présentement la municipalité. Tout le monde est ouvert. Tous les intervenants sont ouverts à faire cheminer ce dossier pour permettre aux gens de la municipalité d'Amherst de se doter d'un système plus moderne et plus efficace. Il ne manque qu'un peu de bonne volonté et le financement nécessaire. Cela ne peut pas attendre. On ne peut pas laisser des gens, dans une municipalité, sans possibilité d'avoir un service d'urgence. Cela est inadmissible.
À la lumière de ce que je viens d'énoncer, il est évident que la spécificité du Québec complique la tâche du gouvernement dans des dossiers aussi complexes que ceux de la culture et des communications. C'est pourquoi le Bloc québécois proposera la création d'un CRTC québécois, lequel serait mieux à même de protéger la culture, la langue et les médias francophones. Un tel organisme aurait aussi pour effet d'alléger considérablement la tâche des instances actuelles et permettrait à nos deux cultures distinctes de s'épanouir beaucoup plus librement.