Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à ce débat très important sur le projet de loi C-14, qui vise à mettre en œuvre certains aspects de l'énoncé économique de l'automne qui a été déposé au Parlement il y a quelques mois. Avant d'aborder les mesures particulières incluses dans le projet de loi C-14, je pense qu'il est important de réfléchir à l'année que nous venons de passer et à la pandémie qui sévit toujours aujourd'hui.
Au cours de la dernière année, les souffrances de certaines collectivités ont été telles que je ne pensais jamais voir cela de mon vivant. D'autres collectivités partout au Canada ont réagi d'une manière si admirable que c'est quelque chose que je n'aurais pu concevoir il y a seulement un an et demi.
Je me souviens de la peur que le terme COVID-19 a suscitée dans nos collectivités quand il est entré dans notre vocabulaire collectif. Je me souviens de ce que c'était que d'arriver à l'épicerie et, alors qu'on disait aux gens de rester à six pieds de distance les uns des autres, de voir qu'ils faisaient de leur mieux pour rester à 20 pieds de distance. Les gens y allaient alors en portant des gants Rubbermaid pour la vaisselle et des masques faits maison. C'était avant qu'il soit possible d'en acheter.
Les précautions que j’ai vu les gens prendre sont sans doute ce qui était le plus encourageant. Les comportements qu’ont adoptés les gens étaient rarement motivés par leur intérêt personnel, mais plutôt par le désir d’aider leur prochain et de protéger l’intégrité de notre système de soins de santé. Les médias nationaux lançaient des avertissements sur les pressions exercées sur le système public de soins de santé dans diverses provinces et sur la capacité de prendre soin des plus vulnérables de nos communautés. Je n’ai jamais été aussi fier d’être Canadien et d’appartenir à ma communauté que lorsque j’en ai vu les membres se mobiliser pour aider leur prochain.
J’ai aussi été très fier de faire partie d’un gouvernement qui a adopté le même comportement. Je dois dire que j’accorde tout le crédit à certains députés de divers partis politiques qui m’ont tendu une main non partisane pendant cette pandémie pour me montrer qu’ils avaient eux aussi des idées qui pourraient aider les gens de leur communauté.
Notre approche de la lutte contre la COVID-19 a consisté, tout d’abord, à déployer tous les efforts possibles pour enrayer la propagation du virus le plus rapidement possible et, ensuite, à soutenir les ménages et les entreprises du Canada afin qu’ils soient encore là pour contribuer à la reprise une fois cette pandémie terminée. L’énoncé économique de l’automne met en œuvre certaines parties de ce plan. Bien entendu, dans les premiers jours de la pandémie, alors que le Parlement ne siégeait pas comme il le fait habituellement, nous avons proposé une série de mesures pour aider les gens à ne pas sombrer.
Je pense à la PCU, qui a aidé plus de 9 millions de Canadiens à subvenir à leurs besoins, à la subvention salariale, qui a permis à plus de 5 millions de Canadiens de conserver leur emploi, et à des programmes comme le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, qui a aidé près de 1 million d’entreprises à littéralement garder leurs portes ouvertes. Ce sont des programmes importants qui, selon moi, seront perçus très favorablement quand l’histoire se penchera sur l’intervention économique du Canada durant cette pandémie mondiale.
J'en arrive au projet de loi C-14, dont la Chambre des communes est saisie. Ce projet de loi comprend diverses mesures précises s’inscrivant en grande partie dans la stratégie que j’ai décrite au début de mon exposé; elles consistent à atténuer la propagation de la COVID-19 dans nos communautés, surtout parmi les plus vulnérables, et à soutenir les ménages et les entreprises alors que nous continuons à affronter cette tempête, pour qu’ils puissent contribuer pleinement à la reprise économique quand le moment sera venu de le faire.
La première politique sur laquelle j’attirerai l’attention des députés est l’Allocation canadienne pour enfants. C’était l’un des engagements phares de notre campagne électorale de 2015. J’ai récemment vu des données indiquant que l'Allocation canadienne pour enfants a aidé à sortir plus de 435 000 enfants canadiens de la pauvreté. J’en suis extraordinairement fier, mais il reste encore du travail à faire.
Quand je regarde les données sur la pauvreté infantile dans ma province, la Nouvelle-Écosse, je trouve inacceptable que des enfants soient privés de la nourriture dont ils ont besoin ou vivent dans un foyer où les parents, sans que ce soit de leur faute, ne peuvent pas se permettre d’acheter les produits de base que tant d’entre nous tiennent pour acquis. C’est pourquoi j’appuie la mesure visant à augmenter l’Allocation canadienne pour enfants jusqu’à un maximum de 1 200 $ par enfant de moins de 6 ans pour cette année civile.
Autre élément important, les périodes de paie de janvier et d'avril sont passées, ce qui signifie que, dès que le projet de loi aura obtenu la sanction royale, les versements bonifiés de l'Allocation canadienne pour enfants pourront commencer à être envoyés aux familles canadiennes dès cette année.
C'est le genre de mesure qui non seulement sort des enfants de la pauvreté, mais aide les familles à couvrir le coût croissant des services de garde, une responsabilité de plus en plus difficile pour bien des familles. Je peux témoigner des problèmes qu'entraîne la nécessité de trouver un service de garde pour des besoins ponctuels, parce que j'ai une fille de cinq ans et, certains jours, elle participe au programme préscolaire de la Nouvelle-Écosse, alors que d'autres, elle est à la maison. Il peut être difficile pour les parents de trouver quelqu'un pour s'occuper des enfants. Je sais que l'augmentation jusqu'à 1 200 $ de l'Allocation canadienne pour enfants cette année facilitera la vie à de nombreuses familles.
Je veux également parler des modifications au Fonds d'aide et de relance régionale. Je considère que l'une des forces de notre réponse à la pandémie — et c'est aussi ce que des gens de ma circonscription me disent depuis le début de la pandémie —, c'est le fait que nous avons toujours été prêts à prendre la première version de nos politiques et à l'adapter en fonction de ce qu'exige la situation.
Au début de la pandémie, nous avons mis en place un certain nombre de programmes qui ont été ajustés au fil du temps. L'augmentation de la subvention salariale en est un bon exemple: cette dernière est passée de 10 % à 75 %. Je pense aussi à des modifications comme l'augmentation du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes; à l'origine, il se chiffrait à 40 000 $, dont 10 000 $ pouvaient être radiés, et il atteint maintenant 60 000 $, dont 20 000 $ peuvent être radiés.
Certains des changements que nous cherchons à apporter au barème de la Prestation canadienne d’urgence exigent de modifier la loi pour aider les entreprises qui n’étaient peut-être pas admissibles au Fonds d’aide et de relance régionale offert par les organismes de développement régional. Le projet de loi harmoniserait ces deux programmes pour faire en sorte que si une entreprise n’a pas eu accès à la Prestation canadienne d’urgence, elle recevrait à peu près les mêmes prestations en vertu du Fonds d’aide et de relance régionale. Selon les témoignages entendus au comité des finances, dès que le projet de loi recevra la sanction royale, l'argent pourra être versé aux entreprises afin qu'elles puissent garder leurs portes ouvertes.
J’aimerais aussi attirer l’attention des députés sur quelques autres programmes et, avant de parler de certaines mesures de santé publique, j’aborderai un autre programme qui concerne l’aide directe aux particuliers. Bien avant d’entrer en politique fédérale, j’ai fait mes premiers pas en présidant le syndicat étudiant lors de mes études universitaires de premier cycle à l'Université St. Francis Xavier. À ce titre, j’ai plaidé auprès de députés fédéraux en faveur de politiques qui faciliteraient la vie des étudiants et des jeunes professionnels.
Nous cherchions toujours à alléger les intérêts sur les prêts étudiants. Le même problème se pose aux étudiants des collèges communautaires ou des écoles polytechniques bénéficiant d'un prêt canadien aux apprentis. L’un des changements apportés par le projet de loi mettrait fin aux intérêts qui s’accumulent cette année sur les prêts obtenus dans le cadre de programmes fédéraux.
Compte tenu de l’impact disproportionné et négatif de la COVID-19 sur les perspectives économiques des jeunes partout au Canada, il s’agit d’une bonne politique. Elle rendra la vie un peu plus facile pour les jeunes qui démarrent leur carrière.
J’aimerais attirer l’attention de la Chambre sur certaines des mesures de santé publique incluses dans le projet de loi C-14, car nous savons que c’est ce qu’il faut faire non seulement pour combattre le virus, mais aussi d’un point de vue économique. Des données récentes indiquent que la meilleure stratégie économique que nous puissions adopter est une intervention majeure en matière de santé publique afin d'éradiquer la COVID dans nos communautés.
Étant originaire de Nouvelle-Écosse, je tiens à souligner que nous avons très bien géré la pandémie de COVID-19 par rapport à certains de nos homologues dans différentes régions du Canada. Dans ma communauté, je peux encore emmener ma fille à ses cours de natation. En fait, c'est ce que je devrai faire ce soir quand la séance sera terminée à la Chambre. Je peux encore rendre visite à un nombre limité d’amis sans distanciation sociale ni masque. Toutefois, plusieurs d’entre nous préfèrent encore prendre ces précautions.
La majorité des entreprises restent ouvertes, malgré les premiers confinements très très stricts, et la réaction du public a vraiment montré qu’il adhère à l’idée que nous devons continuer à prendre soin les uns des autres en cette situation d'urgence. Bien que je dise qu’il s’agit également d’une solide politique économique, les députés n’ont pas besoin de me croire sur parole. Nous pouvons regarder directement les résultats de la récente enquête sur la population active, qui sont publiés chaque mois. J’avance ces arguments parce qu’ils sont vrais.
La Nouvelle-Écosse a maintenant atteint 100 % de son niveau d’emploi prépandémie. Ce taux aurait été impossible à atteindre si nous n’avions pas eu une aussi bonne intervention en matière de santé publique face à la COVID-19. Bien entendu, il est logique que, lors de fermetures d’entreprises visant à protéger la santé de la population, les emplois dans ces entreprises disparaissent de l’enquête sur la population active. Cependant, si ces entreprises ont d’abord pris la sage décision de fermer lorsqu’il était indiqué de le faire et qu’elles ont ensuite continué à suivre de près la propagation de la maladie dans la communauté, elles auront alors la possibilité d’ouvrir leurs portes en toute sécurité dans leur communauté.
Ces stratégies bénéficient d’investissements fédéraux importants dans le cadre de l’Accord sur la relance sécuritaire conclu avec les provinces. Elles bénéficient d’investissements importants et de matériel, comme des tests rapides et de l’équipement de protection individuelle. Elles bénéficient également de certaines des mesures économiques que nous avons adoptées pour soutenir les ménages et les entreprises. Ensemble, ces mesures ont permis à certaines provinces de prendre des décisions qui pouvaient sembler difficiles à un certain moment, mais qui devaient être prises; des décisions qui, en fin de compte, étaient les bonnes.
En ce qui concerne le projet de loi C-14, il y a certaines mesures de santé publique qui continueront d’améliorer l’intervention en matière de santé publique dans l’ensemble du Canada et qui contribueront à accélérer l’entrée dans la phase de reprise. Plus précisément, je veux attirer l’attention des députés sur les questions concernant les soins de longue durée.
Les décès dont nous avons été témoins dans les établissements de soins de longue durée du Canada n’ont été rien de moins qu’une tragédie nationale. Je pense que tous les députés de la Chambre, qu’ils participent à distance ou en personne, connaissent quelqu’un qui a été touché par la propagation de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée. Je prends tout le monde au mot quand ils disent qu’ils veulent s’attaquer à ce problème. Ce projet de loi permettra d’avancer plus de 500 millions de dollars à nos établissements de soins de longue durée. Il contribuera à réduire la propagation de la COVID-19 dans les populations vulnérables qui vivent dans ces établissements.
Cependant, ce n’est pas la seule mesure de santé publique incluse dans ce projet de loi. Avant que la COVID-19 ne fasse partie de nos vies, les soins de santé étaient la priorité numéro un de mes électeurs. C’était globalement une priorité absolue selon les électeurs, à qui on avait demandé maintes fois quelle était leur priorité absolue. Plus particulièrement, la santé mentale et l’accès aux médecins de famille étaient tout en haut de la liste.
Ce projet de loi ne règlera pas nécessairement les lacunes du système de santé provincial en ce qui concerne l’accès aux soins primaires ou l’élargissement du soutien à la santé mentale, mais il aura un effet bénéfique à court terme de façon bien précise. Ce projet de loi avancera 133 millions de dollars pour les soins virtuels et de santé mentale.
Voici une chose à laquelle j’invite les gens à réfléchir. Si quelqu’un n’a jamais utilisé les soins virtuels, la télésanté ou un portail en ligne pour la santé mentale, il est facile de les rejeter en disant qu’ils sont inférieurs à la présence d’une personne. Pour certains gens, les soins en personne sont essentiels, mais d’autres pourront accéder à distance aux soins de qualité dont ils ont besoin.
Je vais donner un exemple de télésanté que j’ai entendu récemment dans ma communauté. C’était en réponse à un commentaire sur le fait que les numéros 1-800 offrant certains soins de santé ne donnent pas vraiment les résultats que certaines personnes aimeraient voir. La réponse provenait de la directrice générale d’un organisme local sans but lucratif. Elle a cité Jeunesse, J’écoute, un des services de santé mentale offerts par le truchement d’un numéro 1-800.
Elle a expliqué à une salle bondée de personnes qui remettaient activement en question la valeur de ces services de télésanté que lorsqu’un enfant appelle Jeunesse, J’écoute, c'est souvent parce qu'il ne sait pas vers qui se tourner. Il n’a pas d’autre option, mais son interlocuteur n’est pas un opérateur ou un robot qui ne comprend pas ce qu’il vit ou quelles ressources peuvent exister dans sa région. En fait, dans cet exemple précis, la personne à l’autre bout du fil a dit: « Je connais un organisme local sans but lucratif dans ta communauté. C’est à quelques rues de chez toi. Tu peux y aller et parler à une personne qui va trouver un adulte qui pourra t'aider dans ta situation. » Je m’abstiendrai de donner des détails sur l’identité de ces personnes pour préserver leur confidentialité.
Ce qu'il faut retenir, c'est que l’accès à ce service de télésanté a permis à un jeune de ma communauté d’avoir accès à un professionnel avec qui il a pu parler et avec qui il continue d’entretenir une relation aujourd’hui. C’est un résultat positif de l’adoption de la télésanté.
J'ai parlé à beaucoup de gens qui ont eu l'occasion de traiter directement avec un médecin par vidéoconférence ou simplement par message texte ou au téléphone. Le portail Espace mieux-être, mis sur pied pendant la pandémie grâce au soutien financier du gouvernement fédéral, a permis à de nombreux Canadiens de faire des auto-évaluations et d'avoir accès à un professionnel. J'encourage tous ceux qui éprouvent des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie à consulter le portail Espace mieux-être qui a été mis en ligne pendant la pandémie. Il a déjà aidé beaucoup de Canadiens.
J'espère que certaines des mesures décrites dans ce projet de loi et mises en place en réponse à la pandémie seront maintenues après elle. Ma province souffre depuis longtemps d'une pénurie de médecins de famille. J'espère donc qu'un jour un Néo-Écossais qui n'a pas accès aux soins primaires en Nouvelle-Écosse pourra s'adresser à un médecin de l'Ouest canadien qui cherche de nouveaux patients pour obtenir, en ligne, de simples services d'ordonnances ou de recommandations. Les innovations de ce genre lancées pendant la pandémie pourraient comporter des avantages systémiques durables pour les Canadiens de partout au pays.
Les mesures que nous avons prises durant la pandémie ont certes coûté cher, mais le prix de l'inaction aurait été encore plus élevé. Nous savons que pour bien faire les choses, il fallait faire d'importants investissements pour maintenir les entreprises à flot, aider les travailleurs à conserver leur emploi et à nourrir leur famille et veiller à ce que les provinces aient accès aux tests de dépistage et à l'équipement de protection individuelle dont elles avaient besoin.
Maintenant que la vaccination progresse, nous pouvons voir la lumière au bout du tunnel. Mes parents devraient se faire vacciner plus tard cette semaine, ce qui, je dois l'avouer, m'encourage beaucoup, même si je vis dans une région où le nombre de cas est relativement faible. Je trouve très encourageant de voir que les membres de ma famille, mes amis, mes voisins et, surtout, mes concitoyens les plus vulnérables et les travailleurs de première ligne dans le système de santé et les commerces de détail commencent à réaliser que la crise tire à sa fin.
Cependant, nous ne sommes pas encore sortis du tunnel. Nous devons continuer de déployer des efforts pour mettre en œuvre les mesures de soutien qui sont énoncées dans le projet de loi C-14. Encore une fois, je suis ravi d'avoir pris la parole pour m'exprimer sur cet important projet de loi. J'espère que le Parlement l'adoptera à l'unanimité pour que les Canadiens aient accès aux mesures de soutien dont ils ont désespérément besoin. Ce projet de loi contribuerait à protéger notre santé et notre économie à long terme.